Là-haut (Sebarjo)
Là-haut
Il s'était finalement posé là. Sur ce haut plateau surplombant une espèce de forêt amazonienne mais en plus profonde, plus touffue, plus ténébreuse. En sa hauteur, la lumière éclatait, laissant l'ombre à la végétation épaisse et luxuriante. Le soleil scintillait toujours sur ce granit lissé par l'érosion multimillénaire. Et la nuit, la lune accompagnée de ces suivantes, les étoiles, prenait le relais. Un feu de joie perpétuel.
Cette contrée était idéale. Son idéal. Inimaginable pour le reste de l'humanité tant elle recelait de mystères et de beauté cristalline. On n'aurait même pas dit le sud. Elle était un point microscopique inconnu des cartes et des atlas établis à ce jour, aussi bien géologiques que touristiques. Même pas une patte de mouche pour Yann-Arthus Bertrand. Qu'il aille dessiner des coeurs ailleurs.
C'était son domaine, son sommet des Dieux. Son bout du bout du monde. Après la Terre ronde, plus rien que cette fragile péninsule idyllique.
Et, parce qu'à l'ubac de ce plateau, la roche prenait une forme étrange mais signifiante, il avait nommé son eden, le Cul de la chèvre. C'était aussi un sacré trou perdu. Le Larzac à côté, faisait figure d'Avenue des Champs-Elysées, un jour de défilé ou d'après coupe du monde victorieuse. C'était plutôt sa rue de la Paix. Sans hôtel évidemment. Et la case départ n'était qu'un cas de non retour.
Il était là. Tout simplement. Unique tunique au milieu de la Terre. Sans tipi ni cavalerie. Un fanfaron sans fanfare, jouant seul sa symphonie du nouveau monde. Planté dans l'étendue sauvage. Déconnecté et isolé de l'humanité entière...
C'était un peu ça le Cul de la chèvre, un lieu antinomique à l'envahisseur Fesse-bouc...