Le Bûcheron (Djoe l'Indien)
Il s'en allait au bois la hache sur l'épaule
La scie et le merlin en prise à pleine main
Et le teint buriné comme du parchemin
Armé pour découper plus gros que simple gaule
Long était le chemin mais en partant à l'aube
Se trouva à pied d'oeuvre encore bien assez tôt
Pour tailler le jambon d'un grand coup de couteau
Tout près du vieux moulin et de sa roue à aubes
Alors il commença dans la forêt profonde
A faire résonner le fer contre le bois
Et il cognait vaillant au moins de tout son poids
A croire qu'il voulait que sa cognée en fonde
Le rythme régulier emplissait la montagne
Et il semblait parfois que plus un autre son
Ne venait ébranler cette étrange chanson
Si ce n'est un écho comme unique compagne,
Lorsqu'un long craquement mit fin à la bataille.
Après une courte pause au branchage il s'en prit
Qui devait disparaître avant que de la nuit
Il ne soit prisonnier. Voici la scie qui taille
Mettant le tronc à nu de sa gaie ritournelle
S'échauffant sous l'action qu'on aurait pu penser
Qu'elle allait en rougir tant l'homme était pressé,
Sous l'oeil attentionné d'une pie sentinelle.
Enfin il put rentrer, laissant l'amas difforme
De branches derrière lui ; il reviendra tantôt
Pour débiter le tronc, et les bûches bientôt
S'empileront bien haut en tas de belle forme