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Le défi du samedi
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11 août 2012

Participation d'Adrienne

 78037189[1]

Nous l’avions trouvé grâce à une amie de ma mère qui l’appelait saint Antoine sous prétexte qu’il en avait une effigie sur sa cheminée. Il habitait notre rue et pourtant jamais nous n’avions soupçonné qu’il y avait là, derrière ces petites fenêtres voilées de blanc, l’échoppe d’un cordonnier.

Dès qu’on poussait la porte, l’odeur de vieux cuir et de pieds nous prenait. Par terre, toutes les chaussures étaient alignées dans un ordre connu de lui seul, sans distinction visible pour nous entre les réparées et celles à réparer. Jamais il ne devait chercher, il repérait avant nous celles que nous lui avions apportées trois jours plus tôt.

Trois jours, c’est tout ce qu’il lui fallait pour remettre à neuf, coller, clouer, cirer, lustrer. Il nous les rendait comme neuves pour seulement trois francs six sous. Quand j’ai voulu recoller moi-même un bout de semelle, j’ai payé plus cher le petit tube de colle que si j’avais confié le tout à saint Antoine. Mais il venait de fermer sa boutique pour toujours.

Je le regrette encore aujourd’hui : pour la qualité de son travail, pour son infinie gentillesse et pour sa sagesse. Un jour que je poussais sa porte avec la troisième paire de chaussures à ressemeler en trois semaines, je lui ai dit en riant:

- Hé oui, c’est encore moi ! Mon mari use vraiment beaucoup ses chaussures !

- Ce serait bien pire, m’a-t-il répondu, s’il ne les usait plus.

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Commentaires
A
merci MAP :-)<br /> <br /> <br /> <br /> aha tu écris un roman, Anémone? bravo!<br /> <br /> <br /> <br /> merci à tous et bonne fin de journée!
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A
J'ai toujours été fascinée par les boutiques de cordonniers à l'ancienne et par ce métier. J'ai en tête un modèle de cordonnier philosophe qui ressemble au tien. Il a sa place dans le roman que j'ai commencé à écrire.<br /> <br /> A Toulouse j'ai trouvé une boutique de cordonnier qui ressemblait à un musée, tenu par deux cordonniers associés qui avaient l'air d'anciens soixante-huitards chevelus, barbus et charmants à souhait.<br /> <br /> Je me suis réjouie d'avoir eu lors de mon passage des chaussures à réparer qui me les ont fait découvrir.
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M
Bel hommage rendu à un métier qui devient trop rare !<br /> <br /> J'aime beaucoup la réplique finale si juste !
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A
merci Lilou :-)<br /> <br /> (le rayon des souvenirs, c'est mon truc ;-))
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L
Moi aussi j'ai connu ce genre de cordonnier; Comme tous ces métiers, il disparait... Qui répare les chaussures maintenant... Je n'ai pas pu faire recoller une semelle dernièrement car tout est moulé ensemble dans un espèce de plastique à base de pétrole bien sûr. Ah l'odeur du cuir et de la colle au néoprène.<br /> <br /> Merci pour ce moment de lecture.<br /> <br /> avec le sourire
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A
merci KatyL<br /> <br /> <br /> <br /> oui, trainmusical, ce texte est un hommage, c'est le titre que je lui ai donné sur mon blog!<br /> <br /> <br /> <br /> merci Lorraine, j'aime t'avoir servi de madeleine ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> génial, venise, si le fils du cordonnier a autant de métier que son père ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> c'était un cordonnier humoriste, Walrus ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> oui Joye, j'avais beaucoup de sympathie pour ce monsieur<br /> <br /> <br /> <br /> merci EVP<br /> <br /> en effet, sa réponse m'a fait réfléchir... et ça doit faire plus de vingt ans que je la retiens...<br /> <br /> <br /> <br /> merci à tous et bonne soirée!
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E
Quelle sagesse !! Moi qui ai une fille paraplégique, je peux dire qu'elle n'use guère ses chaussures !! Très joli texte.
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J
C'est un petit cordonnier<br /> <br /> C'est un petit cordonnier<br /> <br /> Qui a eu ta préférence, lon-là<br /> <br /> Qui a eu ta préférence !<br /> <br /> <br /> <br /> ♫<br /> <br /> <br /> <br /> ;-)
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W
Il y a quelques années dans un village de l'Eifel, j'ai rencontré un cordonnier qui à défaut d'être philosophe prenait en tout cas la vie avec philosophie. Il était sur le pas de sa porte et une dame l'interpelait (je traduis de l'allemand) :<br /> <br /> "Alors, cordonnier, mes chaussures seront bientôt réparées ?"<br /> <br /> "Dans quelques jours, je dois encore les dépoussiérer une peu !"
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V
j'ai la chance d'avoir dans mon village le fils du cordonnier et c'est génial!!
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L
En te lisant, il m'est venu comme une bouffée d'antan: le petit cordonnier juste comme le tien, qui savait tout sur les chaussures, et habitait un modeste rez-de-chaussée qu'il fallait deviner et tous ces talons usés, ces semelles décollées, ces brides sans bouton, ces sandales tordues...Il y a pas mal de temps que je n'avais pensé à lui, enfoui comme tant d'autres au fond de ma mémoire. Mais ton beau texte fait resurgir les fantômes et mon image mentale est nette, précise, rassurante. Merci de l'avoir éveillée par cette évocation si juste, cnère Adrienne.
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T
Oui hélas un style d'artisan que nous ne trouvons plus dans nos quartiers.<br /> <br /> Ton histoire me fait penser à notre cordonnier quand j'étais enfant et habitant Genève. J'ai encore cet odeur de cuir.<br /> <br /> Bel hommage à la profession (presque) disparue.
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K
comme le gentil épicier de je ne sais plus qui ??<br /> <br /> ton cordonnier était vraiment très chouette<br /> <br /> j'aurai du apporter les chaussures d'EVA il aurait fait qq chose pour elle<br /> <br /> belle histoire<br /> <br /> bisous<br /> <br /> katyL
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