Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 052 270
Derniers commentaires
Archives
28 juillet 2012

Tournez Manège (Vegas sur sarthe)

Quand l'oncle Hubert a dit qu'y préparait la retraite des cadres, on l'a pas cru vu qu'il avait jamais été plus loin qu'le certif, et c'est pas les bruits de perceuse, de scie et de coups de marteau qui nous rancardaient plus sur c'qu'y trafiquait dans la remise.
Avec ses Aïe, ses M..... et ses B..... de M..... , on a bien compris que sa dernière invention dépassait tout ce qu'il avait pu inventer depuis son accessit au Concours Lépine de 1963!
Oubliés le canif à treize lames, la chaise-longue incoinçable, l'essoreuse à pédale... cette fois c'était du lourd, du méga-top, le genre de truc à faire la première page de l'Eveil de Champignolles.
Même le parasol auto-bronzant qu'il avait fièrement offert à sa polonaise - brûlée depuis au second degré - allait faire figure de gadget.
Pendant c'temps-là, pauv'pommes on cherchait nos vélos.

Dès le dernier coup d'marlin, un zombie noir de graisse et puant le cambouis sortit d'sa remise et nous réunit pour ce qu'il appela "une préparation spychologique poussée et nécessaire pour appréhender l'Oeuvre de toute une vie".
Moi, Marcel et Eglantine - j'aime bien dire moi en premier - on en bavait d'impatience pendant qu'il abordait le sujet à grands coups de métaphores.
J'ai appris plus tard que les métaphores ça a rien à voir avec les catadioptres ni les écrous papillon.
A l'entendre on allait connaître l'ivresse de la vitesse, le vertige des sommets inviolés, l'exaltation de la compétition, la fierté que ni le grand Merckx ni le petit Archambaud - dit Le Nabot - n'avaient connu en leur temps...

Pas fastoche de s'habituer à la pénombre quand on arrive d'en plein cagna mais j'ai tout de suite aperçu mon vélo tout comme les deux autres, soudés à un truc de ouf, un étrange manège de bois de palettes et de tubes de chauffage!
L'oncle Hubert trépignait sur place, interprétant notre silence comme une admiration muette alors que chacun essayait de retrouver dans cette monstruosité, son cadeau de Noël dernier.
La belle invention! On allait se courir après sans jamais se rattraper, sans jamais se télescoper ni pouvoir faire demi-tour quand on veut et - honte suprême - ne jamais savoir qui finirait premier.
Encore heureux que l'oncle Hubert ait rien trouvé pour faire la queue du Mickey!

Comme Eglantine commençait à pleurnicher, l'oncle jura sur la tête de Monsieur Lépine que tout ça était démontable mais Marcel et moi on s'est vite tirés vu que les mecs ça chouine pas! En plus, j'étais placé devant Eglantine et j'aurais même pas pu mater ses cuisses quand elle aurait pédalé.
Privé de mon vélo - la prunelle de mes vieux comme on dit pisque c'est eux qu'ont payé - j'en venais presque à trouver passionnant mon cahier de devoirs de vacances... mis à part ce foutu problème de maths où on doit calculer la distance parcourue par un cheval de manège qui fait trente huit tours dans un rayon de trois mètres quarante cinq. Et je vous cause pas d'la burette à lubrifier l'manège qui contient deux litres d'huile mais qui en perd quinze millilitres à chaque tour à cause d'une P..... de fuite!  
Sur ce coup-là, si l'oncle Hubert - premier accessit au Concours Lépine de 1963 - n'est pas foutu de m'aider, j'irai passer la pommade à sa polonaise pour qu'elle me rancarde.

Au fait, depuis l'temps que j'promets d'raconter comment il a déniché sa polonaise, y faudra que j'en cause un d'ces quatres.  

Publicité
Commentaires
C
Un délicieux morceau de bravoure que je ne regrette pas d'avoir lu en entier (ben oui, sur l'heure de la sieste, les textes trop longs me donnent mal aux cheveux) J'ai adoré!
Répondre
A
Et nous voilà revenus au thème du manège: logique puisque il tourne en boucle! Moi aussi j'ai pensé à l'oncle de Boris Vian dans sa chanson. L'oncle Hubert aurait dû faire cela pour immortaliser les vélos des enfants au moment où ils devenaient en âge d'en recevoir un grand. Un peu façon MAP. Mais bon, les savants suivent le petit vélo qu'ils ont dans la tête et ne se préoccupent pas souvent de grand chose d'autre. Il ne s'appelait pas Tournesol, Hubert?
Répondre
J
Mouahah, assis confortablement dans un train ca en donne, ce texte !!! C'est du verbe haut et fort comme on les aime... Encore !
Répondre
V
Merci à tous pour vos sympathiques commentaires... du coup j'ai une grosse envie d'aller pédaler :)
Répondre
D
Ca alors Géo Trouvetou revisité façon Hubert !<br /> <br /> Je ne sais pas pourquoi, la retraite des cadres j'ai pensé à des cadres de tableaux... Un peu à côté de la plaque, j'aurais dû me souvenir du sujet :-)<br /> <br /> Je crois que je lui en aurais voulu moi, le vélo c'était l'essentiel de mes journées quand j'étais p'tit.<br /> <br /> Très vivant comme texte, ça se lit tout seul.
Répondre
L
Dès les premiers mots "retraite des cadres" je suis morte de rire car je m'attends à une suite de la même veine. Et pas loupée, il m'a fallu dix minutes avant de pouvoir écrire quelque chose et encore bien terne...<br /> <br /> Mais où va tu chercher tout ça...<br /> <br /> Tiens ce la me fait penser la chanson de Boris Vian.<br /> <br /> @ tantôt avec le sourire et plus puisque affinité
Répondre
J
Tes textes sont toujours d'une richesse de tournure et d'esprit, mais celui-ci me paraît extra-riche, Vegas, et un que je savoure avec mon café ce matin.
Répondre
V
c'est là que tu te la chopes hein ? ... toujours les bons mots de Walrus!
Répondre
W
Dis, tonton, la Polonaise, c'est là que tu te la chopes hein ?
Répondre
M
E-PA-TANT !!!!! Hi,hi,hi !!!! Que d'inventions -grâce (à cause) à l'Oncle Hubert !!! C'est du <br /> <br /> " méga-top" Vegas !!! Vivement la suite avec la polonaise !!! :-D
Répondre
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité