A travers un reflet (Djoe l'Indien)
J'avais choisi cette maisonnette car j'aimais l'endroit où elle avait posé ses fondations : tout en haut d'une colline, juste à l’aplomb d'une falaise qui se perdait dans le lointain d'une vallée dont elle semblait être la gardienne.
Je l'avais visitée un matin où la-dite vallée était noyée de brumes, alors que le soleil se hissait par-dessus les crêtes qui lui faisaient face. Les ors matinaux d'un dieu s'éveillant se déversaient sur le brouillard en contrebas, et j'étais tout simplement tombé amoureux.
Ce matin-là je m'éveillais un peu après que le soleil ait franchi les montagnes qui pointaient d'une mer de nuages. Le ciel avait déjà pris la couleur bleue d'une chaude journée de printemps, l'astre du jour était rond et d'un jaune déjà vif, malgré la fraîcheur qui se battait encore sur la campagne. J'ouvrais les volets donnant sur la terrasse qui jouxtait la falaise pour profiter d'un petit déjeuner en plein air, de ce plein air qui me permettait de plonger mes yeux encore rêveurs dans les nuages de la vallée.
Surprise !
Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?
Que faisait donc cette ouverture dans le ciel ? Fenêtre, porte ? Que sais-je... Elle flottait là, au dessus de la vallée, à quelques pas du rebord de la falaise, dansant légèrement au gré d'une légère bise. Au travers j'apercevais un ailleurs qui semblait au moins aussi agréable que le lieu où je me trouvais. Un ruisseau semblait chanter une ballade douce à un arbre étrange qui se tenait à ses côtés, et celui-ci semblait apprécier la chose, assez pour faire onduler ces branches au rythme de cette musique.
Que faire ?
Je me sentais irrésistiblement curieux, Mais comment atteindre cette porte ?
En m'avançant il m'a semblé que l'air semblait étrangement réel, comme une passerelle lancée depuis le bord de la terrasse. J'ai posé un pied... Qui n'a pas traversé le vide. Cela semblait même assez solide pour me supporter.
J'avouerai tout de même que c'est le coeur battant que j'ai levé le second pied pour le faire avancer devant le premier ! Mais une fois le premier pas fait, pourquoi reculer ? Et c'est ainsi que, la sueur au front, j'ai atteint l'ouverture et m'y suis engouffré. Quel soulagement lorsque j'ai à nouveau foulé la terre ferme. Il régnait une douce chaleur malgré la petite brise qui courait, le soleil était déjà haut dans le ciel et jetait ses rayons que quelques poissons reflétaient dans la rivière.
J'ai commencé à longer la rivière sans trop faire de bruit, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre : monde peuplé de créatures énormes assoiffées de chair fraîche ? Ou au contraire quelques paisibles herbivore sans animosité ?
Je l'ai suivie longtemps sans voir rien d'autre que des reflets aux couleurs étranges dans le ruisseau, qui ne correspondaient nullement avec ce que je voyais autour de moi. Par contre il me sembla plusieurs fois que le paysage se reflétait dans le ciel, juste de petits morceaux, comme si des miroirs avaient été accrochés à d'invisibles nuages... Peut-être étaient-ce d'autres ouvertures vers d'autres mondes, qui sait ? C'est à ce moment-là que je me suis demandé comment j'allais retourner dans le mien, d'ailleurs. Mais bien vite je me suis persuadé qu'il me suffirait de remonter la rivière dans l'autre sens.
Bientôt je trouvais un sentier qui s'éloignait de la rivière, et au loin aperçus une petite maison, ou une cabane. Même que de la fumée semblait s'en échapper, formant un léger nuage bleuâtre. J'ai donc pris ce sentier, je n'avais rien à perdre. Au bout d'une dizaine de minutes, il n'y avait plus de doute, c'était une petite maison de bois bordée de haies en fleur.
C'est alors qu'un bruit de course me fit me retourner ! Le temps de dire "ouf", un grand lapin blanc me passa sous le nez en criant "je suis en retard, je suis en retard !", les yeux rivés sur une montre qui sonnait.
C'est à ce moment-là que je me suis réveillé. Effectivement, je n'allais pas tarder à être en retard si je ne me levais pas tout de suite.
J'ouvre les volets donnant sur la terrasse qui jouxtent la falaise pour profiter d'un petit déjeuner en plein air, de ce plein air qui me permet de plonger mes yeux encore rêveurs dans les nuages de la vallée.
Mais...
Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?
Que fait donc cette ouverture dans le ciel ?