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Le défi du samedi
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9 juin 2012

Ombre et lumière (Célestine)

Comme une ombre, il glissait furtivement dans sa vie. Sa vie qui s’écoulait tel un morne ruban gris, sans joie, sans saveur, sans surprise. Il ne poinçonnait pas aux Lilas comme son illustre grand-père, pour la bonne raison que les portails étaient devenus lâchement automatiques.

Par une inhumaine restructuration de la société.

Les crissements des roues souterraines vrillaient ses tympans chaque jour un peu plus. Il ramait dur, son balai à la main. Les rames allaient et venaient dans son univers sombre de balayeur obscur. Des monceaux de mégots formaient son butin journalier, des monceaux de mégots froids, écrasés sur les ternes quais de son destin, par des voyageurs pressés qui couraient sans le voir, comme s’il était transparent.

Alors, chaque semaine, il choisissait dans les affiches placardées sur les murs du métro une actrice, une chanteuse, ou une simple vanteuse de lessive. Il la choisissait pour sa fulgurante beauté, la forme de ses yeux ou la courbe de  ses seins. Et pour ses pauvres yeux rougis de travailleur de l’ombre, cette femme devenait la lumière.

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Commentaires
L
On la voit cette ombre, ce balayeur, ce sans-joie, cet écrasé, cet invisible! Et puis, très vite, comme un éclair, on voit le brusque éclat d'un rire, d'une chevelure, d'un regard, d'une lumière! Remarquablement contrasté, ce texte hurle de vérité.
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S
Après "le poinçonneur des lilas", voici<br /> <br /> le balayeur de Ternes par Célestine,<br /> <br /> le type dans l'ombre qui ne mégote pas<br /> <br /> Qui fait des ronds avec son balai<br /> <br /> Qui s'voyait déjà avec les belles<br /> <br /> En tête d'affiche<br /> <br /> <br /> <br /> Joli portrait !!!
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K
j'aime beaucoup ce travailleur de l'ombre qui s'illumine avec ces femmes -lumière.<br /> <br /> bien dit!! tout à fait réaliste<br /> <br /> si vrai, si touchant<br /> <br /> en rentrant chez lui , il a sans doute regarder avec tendresse sa "moitié" moins jolie peut-être?<br /> <br /> mais sa lumière réelle à LUI , son étoile..<br /> <br /> je l'espère pour lui<br /> <br /> bisous<br /> <br /> katyL
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J
J'aurais aimé mieux ton protagoniste s'il avait pu se transporter en voyant d'autres choses qu'une femme. Je ne sais pas pourquoi, je subodore l'idée qu'un travailleur n'aurait pas droit à être aimée par une femme ? et je n'aime pas cette idée. Qui dit qu'il n'a pas une nana superbe chez lui, digne de tout le travail dur et ingrat qu'il fait pour nourrir leur couple ? Cela dit, le texte est très, très bien écrit, et j'ai l'impression que toi et ta belle plume ne savez pas faire autrement. Alors, bravo !
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A
Tu as su décrire de façon très suggestive la vie des héros de l'ombre, chère Célestine, évoquant leur labeur comme les rêves qui leur permettent de rester debout. J'ai vu à travers tes mots très distinctement ton balayeur du métro. Mais j'ai vu aussi les travailleurs de l'ombre par excellence: les mineurs. Personne n'a pensé à parler d'eux ici, toutefois par ton texte tu leur rends indirectement hommage car la sensibilité de ton écriture permet cette dimension et cette portée. Merci!
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C
Merci beaucoup, c'est très gentil.
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C
Oui, ce monde est impitoyable: ce qui me stupéfie le plus, c'est l'indifférence des gens dans le métro. On a l'impression qu'ils jouent un rôle, tellement ils se mettent tous en mode "tirage de gueule". Aussi, quand un groupe de gens rigolent et chantent, soudain, on a l'impression qu'une grande bouffée d'air pur est entrée dans les couloirs...
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C
Le mot pacotille n'est sûrement pas péjoratif dans ton esprit. Je préfèrerais quant à moi le rêve de papier...
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C
j'aime ta façon de positiver, elle se ressent dans ce commentaire. Tu as bien saisi la substantifique moelle de mon texte: j'admire ceux qui parviennent à trouver même dans l'adversité la petite parcelle d'espoir et qui savent se raccrocher à un détail pour ne pas sombrer. Cela me rappelle le merveilleux film italien "la vie est belle".
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C
Les modestes m'attirent, car ils ont plus de relief que les grands de ce monde, quoi qu'on en dise.Leurs aspérités les rendent merveilleusement humains.
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C
J'aime beaucoup les femmes, tu l'auras compris. Et j'aime vraiment beaucoup les hommes, quand leur regard sur les femmes se fait caresse et miel.
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C
Je vais te ressembler si tu continues à me faire de tels compliments! Je rougis vite comme une pivoine, héhé...
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P
Moi aussi, j'aime beaucoup ton texte, Célestine, il sonne court, net, simple, juste. Il est imagé, sobre, et la sobriété et l'amie de l'écriture...<br /> <br /> <br /> <br /> Il me plaît énormément. Et la finale est très belle.
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W
Bel hommage aux femmes, lumineuses même en photo !
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V
hommage aux modestes vies pendant d'autres sont plein d'éclats
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D
D'une certaine manière il a de la chance ce bonhomme. D'abord il sait se contenter de peu, ce qui lui permet de se sentir heureux avec ce qu'il a. Mais en plus on pense à lui changer régulièrement son décor, ce qui lui permet de ne pas se lasser de sa lumière :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui n'enlève rien au fait que son boulot n'a rien de passionnant, certes...<br /> <br /> C'est un joli texte !
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E
Quand on se choisit des rêves de pacotille pour échapper à la tristesse...Un très beau texte émouvant et juste.
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V
Le travailleur de l'ombre se nourrit de piètres étoiles... Ombre et lumière d'un monde impitoyable
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M
Un texte attachant, humain et si vrai !
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