La plume de l'ange (Venise)
C’est avec "l’oreille de l’âme" que j’ai vu passer l’ange.
Les billes d’acier sifflaient sous ses ailes.
Et lui se taisait en marchant sur les gravats.
Il pensait : "Il faut que je me sorte de là !" Et ses larmes
Explosaient en plein ciel au milieu des obus.
Avec grâce et souplesse, l’ange a déposé dans ma main un fin duvet de sa poitrine où battait son cœur d’ange.
Je n'étais alors qu’une petite fille qui sautait à la corde.
Une vieille dame s’était réfugiée dans les pages d’un livre.
Et l’ange cherchait à réveiller le monde de son sommeil mortifère
Ses yeux gros et ronds me regardaient ...
J’ai vu alors la souffrance de l’ange, d’une souffrance que l’ange lui-même ne connaissait pas.
Elle servait pourtant au mieux les hommes dont les villes bombardées ignoraient l’immortalité de son âme.
J’ai déposé ce matin la plume de l’ange sur une toile d’araignée cette cathédrale de dentelle
Qui bat comme un cœur à l’ouvrage. Ne sommes-nous pas tous pris dans un conte et le moindre de nos gestes a des conséquences éternelles ?