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Le défi du samedi
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7 avril 2012

Makel (Titisoorts)

 
 
 
Dés la naissance, j'ai ressenti ce paysage dur et rocailleux, le vent tout d'abord au printemps me caressait, puis parfois, me mordait de sa température glaciale. Il faisait partie de moi je respirais le vent, il m'atteignait jusqu'au coeur. Je grandissais heureux au milieu des miens. Je suis un Mespilus germanica, c'est comme cela que les savants m'appellent, je suis tout bonnement un néflier, un néflier du pays Basques s'il vous plait. Vous, je ne vous connaissais pas, les humains. Puis un jour, un homme est venu, je n'ai pas bien compris, mon coeur s'ouvrait à cet inconnu. Il s'est approché, à choisi une branche, puis m'a incisé, des coupures sur tout le corps, des traces sur ma chair tendre et dure à la fois puis il m'a laissé là tout étonné et secoué. Je m'en souviens encore c'était le printemps. Le vent de mai me soulageait de ses caresses. Le temps que je cicatrise et c'était déjà l'hiver. Depuis ce jour tant de rêves parcouraient ma sève, tant de tourments avec une impression hors nature, le tatoué, le scarifié c'est moi. Tant de questions. La réponse m'est venue l'hiver suivant. L'homme est revenu, m'a sectionné, m'a séparé, laissant une grande partie de moi même dans ma chère montagne. Triste, je me suis retrouvé dans un panier, avec tant d'autres comme moi. La punition continuait, on m'a amené dans une petite maison ou un atelier, sombre. Puis ensuite, nous sommes passés au four, pour faire ressortir nos tatouages en reliefs. Déposé sur une étagère, on m'a laissé là pendant, pas dix jours, pas dix mois mais dix ans. D'abord la séparation ensuite l'enfermement, mais qu' ai je donc fait ? Enfermé avec mes compagnons d'infortune, nous refaisions le monde nous rêvions de nos montagnes à nous raconter nos destins, il nous arrivait même de comparer nos tatouages. Le temps s'écoulait, simplement, quelques fois dérangé par la venue de l'homme qui nous triait, les tordus d'un côté, les biens droits posés délicatement dans un panier. Je compris qu'il valait mieux se tenir droit comme un i. Et un jour, ce fut mon tour, pourvu qu'il me pose délicatement dans le bon panier, l'homme avait vieilli. A partir de là, je suis passé entre plusieurs mains. Tout d'abord on m'a habillé d'argent. En partant du bas, une pointe, suivi d 'un martelement sur une feuille d'argent, inscrivant le nom du fabricant, ainsi que sa ville. J'avais fier allure. Plus haut le nom du proprietaire ainsi que sa devise inscrite en basque. Pour ma part : "il est bon, pour aller loin, de s'apercevoir des appuis que nous offre la vie". J'ai même eu droit au niveau du pommeau à du cuir ainsi qu'à une lame, cachée, pour armer le bras de mon propriétaire. Je vais pouvoir être donné de génération en génération, et peut être qu'à chaque marche, je retrouverai ma montagne, la respiration du vent jusqu'a mon coeur. Makila je serai. 
 
Makila
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Commentaires
A
Quel texte magnifique! Il me touche beaucoup, et tu l'as si bien écrit. Je découvre également l'existence du makila. Et suis particulièrement sensible aussi à cette phrase: " Il est bon, pour aller loin, de s'apercevoir des appuis que nous offre la vie". Enfin et surtout, quel beau symbole que ce cheminement du bois, qui ne comprend le sens de ses souffrances qu'après bien du temps et de la patience, au moment où a lieu enfin sa transmutation. Merci titisoorts, pour ce petit joyau sorti tout droit de ton coeur et de ta région, que j'espère un jour découvrir.
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Z
excellent! au début j'ai failli me révolter contre le sort fait à ce bel arbre et finalement quand on comprend la transformation et le but final on est épaté. j'ignorais l'existence de ce type de bâton de marche. c'est superbe
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E
Très beau texte, un vrai régal, et en plus je découvre ce makila que je ne connaissais pas. Merveilleux !
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V
un texte comme je les aime !merci pour ce si beau récit
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J
Très belle, cette légende de l'arbre qui marche ! Bravo !
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T
@vegas sur sarthe respect surtout d'avoir pris le temps d e me lire merci<br /> <br /> <br /> <br /> @Map comment ça tu passes pres de chez moi sans venir me voir c est quoi ça j'espere que tu me raconteras ce tu es alle voir<br /> <br /> <br /> <br /> @celestine nous avons tous a apprendre les uns des autres, des fois c est le silence<br /> <br /> <br /> <br /> @joye merci joye quand est ce que j entendrais ton doux accent chanté?
Répondre
T
@vegas sur sarthe respect surtout d'avoir pris le temps de me lire merci<br /> <br /> <br /> <br /> @Map comment ça tu passes pres de chez moi sans venir me voir c est quoi ça j'espere que tu me raconteras ce tu es alle voir<br /> <br /> <br /> <br /> @celestine nous avons tous a apprendre les uns des autres, des fois c est le silence<br /> <br /> <br /> <br /> @joye merci joye quand est ce que j entendrais ton doux accent chanté?
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J
Très beau, très lyrique, j'aime beaucoup ce texte, Titisoorts ! Bravo !
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C
Quand le défi du samedi concurrence Wiki*édia, la réussite est totale: tu es un excellent contributeur de notre encyclopédie particulière!
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M
En lisant ton texte Titisoorts j'ai appris beaucoup de choses sur ce superbe bâton de marche<br /> <br /> du Pays Basque nommé Makila ! <br /> <br /> J'aime beaucoup cette devise : "il est bon, pour aller loin, de s'apercevoir des appuis que nous offre la vie"<br /> <br /> Je suis passée tout récemment près de Soorts en me rendant sur la côte basque ! Quelle belle région !!!
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V
On suit pas à pas la transformation du fier néflier en non moins fier bâton de marche... Respect, Titisoorts !
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