Dialogue avec mon ombre… (EVP)
Ah ! Mon ombre, tu n’es vraiment pas une lumière !
Tu restes derrière moi à broyer du noir de fumée.
Et quand tu veux grimper sur moi toute entière,
Parce que tu te prends pour une ombre portée !
Va donc plus loin, seule ombre à mon tableau,
Je te chasse sans l’ombre d’un regret ni d’un remord.
A l’ombre des jeunes filles en fleurs, il fait beau,
Lâcher quelque Proust discret ou bien sonore.
Parfois tu m’allonges fine et mince sur l’asphalte,
Croyant ainsi m’amadouer, tu me flattes,
Mais sitôt le soleil couché, tu te carapates.
Arrête, je te prie, de médire dans mon dos,
De porter ombrage à mon volume en trop.
Je l’assume, enfin, surtout les yeux bien clos.
Savez-vous ce que répond la triste péronnelle ?
Je ne suis, après tout, que l’ombre de toi-même,
Si je te fais peur au coin du bois, ma belle,
C’est que tu es aussi trouillarde que moi-même.
Quant à assumer tes formes trop girondes,
Il fait beau voir avec les yeux fermés !
Va donc, femmelette, à la langue si féconde,
Regarder le miroir tes lunettes sur le nez !
Dans la lumière crue de la salle de bains,
Là où, pour de bon je n’apparaîtrai point,
Tu pleureras misère et tout le vieux tintouin !
Tu me chercheras sous ta main, sous ton chien,
« Ne me quittes pas » chanteras-tu sans fin,
Bonne fille, je serai là, apaisant ton chagrin.