La nuit je mens (Mamido)
Quand je ne dors pas, la nuit, je me mens…
La nuit, tout est beau et tout le monde m’aime. Ou tout est noir et le mal rôde, c’est selon…
La nuit, la terre tourne comme je l’entends et les événements prennent le détour que je veux leur faire prendre. Et leur issue est toujours celle que j’ai décidée.
La nuit, je me mens…
Rêves roses ou pensées moroses, je vois la vie à travers un filtre que mon humeur et l’obscurité déforment.
A la loupe de mes songes, certains faits grossissent désespérément. D’autres sont dissimulés sous mes couvertures, parce que je les y étouffe, les repoussant du pied pour qu’ils ne ressortent pas.
Et alors, je fais l’autruche, la tête sous les draps.
La nuit, je me mens…
La nuit, je règle mes comptes avec le directeur, avec le conducteur de la voiture de devant, celui du bus, avec le piéton qui m’a traversé sous le nez, avec le gars des impôts, et celui du téléphone, la nana du supermarché, le voisin et les parents de mes élèves… avec mon mari aussi, et ma mère, toujours ! Mes idées sont claires et mes arguments affûtés. Je trouve comme ça, du premier coup, la phrase qui tue et le mot qui fait mouche …
La nuit, je me mens…
La nuit, soit les problèmes sont insurmontables soit je trouve toutes les solutions.
C’est le casse-tête ou l’idée géniale !
La nuit, je suis tour à tour Caliméro ou Wonderwoman !
La nuit, je me mens…
La nuit, je sais convaincre, charmer, expliquer, pardonner, me surpasser, aimer…
Je sais aussi mépriser, blesser, malmener, trahir et haïr…
La nuit, je me mens…
La nuit, je ris. La nuit je pleure. La nuit, je vis ou bien j’ai peur…
La nuit, je me mens…
Oui, quand je ne dors pas, la nuit, je me mens !