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Le défi du samedi
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10 décembre 2011

H comme hasard (Adrienne)

C'était un mardi comme un autre.

A midi trente, les repas sont avalés, Nathalie et ses deux collègues remettent tout en ordre au réfectoire. Comme d'habitude, on pourrait nourrir une centaine de Biafrais avec les restes des plats et des assiettes.

Le dessert n'a pas eu de succès: le mardi, c'est le jour du fruit. Les élèves préfèrent les gaufres de Liège et les tartelettes à la frangipane, mais on continue à leur offrir une pomme, une poire ou un kiwi le mardi. Il en reste toujours un bac entier qu'on va ensuite déposer dans la salle des profs. Faisant partie de la génération qui a sans doute le mieux intégré le message des cinq fruits et légumes par jour, les profs font rapidement disparaître tout ça dans la profondeur de leur cartable ou le dégustent sur place. Chacun sait que dans ce métier, on a besoin de vitamines

Quand les vaisselles sont faites, les chaises rangées, les tables nettoyées, le sol lessivé, Nathalie peut rentrer chez elle. Mais comme il lui reste un peu de temps avant d'aller chercher sa cadette à l'école primaire, elle passe par le secrétariat, qu'elle trouve vide. Il sera bientôt trois heures et tout le personnel est apparemment encore à la pause café.

Tout le monde, sauf Lucie qu'elle n'avait d'abord pas remarquée et qu'elle voit tout à coup s'écrouler et tomber. Elle se précipite pour essayer de briser sa chute et l'aider à se relever mais sent tout de suite qu'une chose grave est arrivée.

- Au secours! au secours! il est arrivé quelque chose à Lucie!

Il y a eu alors une succession incroyable d'actes justes, précis et quasiment miraculeux: une secrétaire accourue a commencé les massages cardiaques, une collègue savait que le jeune remplaçant du prof de gym faisait son cours dans la salle numéro 1 et qu'il savait faire lui aussi les massages cardiaques, un petit stagiaire est arrivé au même moment, à eux trois ils se sont relayés pendant une vingtaine de minutes, s'encourageant mutuellement, en attendant l'arrivée de l'ambulance.

L'hôpital est dans la même rue, mais à trois heures de l'après-midi, toute la circulation autour de l'école est bouchée par les nombreux parents et grands-parents venus chercher les enfants à la sortie. De ces parents et grands-parents qui font fi de toutes les règles et qui se fâchent quand on ose leur dire qu'ils sont mal garés, alors qu'on le leur dit pour la sécurité de leurs propres enfants et qu'il y a un parking énorme juste à côté.

Vingt minutes de massages cardiaques, qu'on a poursuivis avec l'aide des ambulanciers, puis les électrochocs: le cœur de Lucie s'est remis à battre. L'ambulance a pu refaire le chemin en sens inverse, avec encore plus de difficulté vu le nombre croissant de voitures aux approches de la sonnerie de fin des cours.

Au bout de cinq jours de coma plus ou moins artificiel, Lucie a ouvert les yeux.

- Apportez-moi mon ordinateur portable, a-t-elle dit à son frère, j'ai des trucs à faire pour l'école.

histoire véridique arrivée le mardi 22 novembre 2011 : seuls les prénoms ont été changés

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Commentaires
V
Bien essayé Adrienne! Mais je ne partage pas l'avis de Sebarjo!!!<br /> Sourire<br /> Vanina
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A
merci Vanina, merci Sebarjo, oui vous avez raison, tout découle de ce premier hasard :-)
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S
Un superbe témoignage très bien relaté. Bravo Adrienne !<br /> <br /> NB : Le hasard ici est surtout dans le fait que Nathalie se trouve dans le bureau (où elle n'aurait jamais dû aller) au bon moment...<br /> De ce hasard, naissent les autres faits qui s'enchaînent...
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V
Disons que je ne crois pas à "l'imprévisible", mais plutôt aux concours de circonstances, une forme des probabilités mathématiques. <br /> Sourire<br /> Vanina
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A
merci EVP<br /> <br /> merci TEB, tu as raison pour les fruits, et puis je déteste le gaspillage de nourriture<br /> <br /> merci à toi Lise!<br /> <br /> bon dimanche à tous
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L
ce sont des cas comme celui ci qui me font dire " la vie passe là où on ne l'attend pas".<br /> Merci de ce témoignage.
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T
Une belle chaine humaine, en tout cas !<br /> ça peut paraître dérisoire après cette histoire, mais je trouve que c'est une bonne idée que de mettre les restes de fruits à la disposition des profs ;-)Ce doit être comme chez nous : sortis de la chambre froide, les fruits doivent être mangés... ou jetés !<br /> Ce serait sans doute difficile de les proposer aux élèves !
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E
Une très belle histoire, on est heureux du dénouement, mais surtout merveilleusement racontée, bravo :)
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A
hm Joe non, cete collègue-là ne souffre pas de burning out, mais elle en faisait sûrement trop, ça oui ;-)<br /> <br /> c'est vrai, Zigmund, elle a quelque chose de miraculeux (mais je ne crois pas aux miracles ;-))<br /> <br /> c'est encore un coup de nos ministres, Walrus, ils n'ont plus envie de payer nos retraites ;-)<br /> oh mais dis donc, tu es un miraculé, toi aussi!!!<br /> <br /> ouf, MAP, en effet, on a tous fait de grands OUF! à l'école pendant toute la semaine qui a suivi, chaque fois que les nouvelles de l'hôpital étaient encourageantes :-)<br /> <br /> c'est pour bien montrer que "la réalité dépasse souvent la fiction", Célestine :-)<br /> à l'écran ou dans un bouquin, Boileau se retournerait dans sa tombe pour cause d'invraisemblance :-)<br /> <br /> merci à tous et bonne soirée, bon dimanche!
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C
C'est drôle, nous avons toutes les deux écrit une histoire vraie, parce que certains hasards sont tellement extraordinaires que l'on ne pourrait pas les inventer...Mais en même temps, le hasard existe-t-il vraiment?
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M
Très belle histoire vraie bien racontée avec -comme le dit Vanina- des récits "à côté" très justes !!!<br /> Et Nathalie qui était là à l'heure "H" !!!!<br /> OUF !!!!
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W
L'école devrait penser à s'équiper de défibrillateurs si elle engendre autant de stress chez ses enseignants... (à moins qu'elle soit pour le renouvellement des cadres (désolé pour cet humour macabre))<br /> C'est vrai, Adrienne, que la vie c'est comme ça, ça tient à rien : être au bon endroit au bon moment. Je le sais : je suis tombé dans les vaps dans les toilettes à l'hosto quand une infirmière passait dans le couloir devant ma chambre. Elle a entendu ma tête heurter la porte sinon, je ne serais plus là pour le raconter...<br /> Hasard ? Nécessité ? Va savoir... ou demande à Monod ;o)
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Z
un récit impressionnant, et un heureux hasard . <br /> il est heureux que ça se soit terminé sans séquelles physiques aussi.
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J
Pour une fois, Vanina a raison : ça n'est pas du hasard, c'est du "burning out" !<br /> Indignez-vous !" qu'il disait ! ;-) <br /> <br /> Mais on est heureux quand même que ça se termine bien !
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A
merci Vanina :-) mais pour moi il y a vraiment un grand nombre de hasards dans cette histoire... cette collègue habite seule, si elle s'était effondrée deux heures plus tard, chez elle? nous avons déjà eu un collègue à qui s'est arrivé... ou si à l'école on n'avait pas immédiatement trouvé des gens capables de faire ces massages cardiaques? trop peu de gens connaissent assez bien ces gestes qui sauvent!
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V
Une très belle histoire, un texte agréable à lire, avec des analyses "à côté" très justes!<br /> Pour ce défi, je vais jouer les "pestes" de service, là encore je ne vois pas l'intervention du hasard, seuls des humains ont agi!...<br /> Sourire<br /> Vanina
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A
oui Vegas, elle a failli y passer (aujourd'hui qu'elle va tout à fait bien et rentre chez elle, on peut se permettre de faire de l'humour :-))
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V
Lucie a bien failli ne pas passer l'hiver! Un récit "palpitant", Adrienne :)
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A
merci Joye
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J
Ça, je crois bien, on reconnaît là le métier du vrai prof.<br /> <br /> Et très bien raconté qui plus est.
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