Participation de KatyL
LA LOI DU SILENCE
Eva se lève et sa tête lui tourne, elle a encore pleuré une partie de la nuit et toujours pour la même raison : « LUI » !
Elle en a assez de ne rien dire à personne, tout le monde croit que son couple est formidable, elle s’est toujours tue, depuis plusieurs années il est enfermé dans son corps et dans sa tête, pour des raisons familiales indépendantes d’elle, mais qui lui on rendu la vie impossible, il la fait souffrir alors qu’elle n’est pas la cause de sa dépression, et qu’elle fait tout pour le soutenir.
Pourquoi se taire ???
Est-ce à cause de sa peur du quand dira-t-on ?? Ou plutôt d’une forme de pudeur ? Ou bien parce qu’elle aime s’inventer des belles histoires et qu’elle préfère faire envie que pitié ?? Ou bien parce qu’un jour il a dit :
-« tu n’as pas à parler de nos affaires aux autres, tout le monde fait semblant, tout le monde vit des histoires de couple plus ou moins merdiques, regarde autour de nous, combien de gens ont l’air heureux ? Combien de gens semblent s’aimer ? Combien de gens s’embrassent ? »
-« sans doute dit Eva, nous ne sommes pas obligés de grossir les statistiques, peut-être pourrais-tu faire un effort ou un pas vers moi, cela serait si simple et NOUS nous serions heureux au moins !! Cela te semble impossible ? »
-« je ne peux pas me forcer à t’embrasser, je n’ai pas de déclic, je n’y pense pas, et ce n’est pas obligatoire non ? »
-« vu comme cela c’est sûr, pas d’obligation là dedans mais un besoin, moi j’ai besoin de tes bras de tes lèvres et de sentir ta peau de temps en temps, je n’ai besoin d’aucun déclic particulier , je te regarde, je t’aime tout me parait simple, j’ai envie de t’aimer et de te le montrer de temps en temps, je dirais même souvent, mais ton air renfrogné et tes bras fermés, ce bloc que tu fais en permanence, ces rejets de ma personne
…/…, tu sais que cela me fait souffrir, on pourrait en parler au moins »
-« en parler à qui ? »
-« tous les deux, ou à un psy ou à quelqu’un d’autre de nos amis ou famille pour ouvrir un dialogue »
-« t’es givrée ma pauvre fille ! Tout le monde s’en fout ! Et puis je ne suis pas malade, je suis comme je suis c’est à prendre ou à laisser »
-« mais enfin chéri, tu étais différent avant tu aimais les câlins, tu étais fantastique je t’assure, tu me manques beaucoup, la tendresse pour un couple c’est bien de temps en temps non ? »
-« j’en ai pas besoin moi ! On ne peut pas vivre tout le temps comme des jeunes de 20 ans en lune de miel !»
-« Non, ce n’est pas ce que je te demande du tout dit-elle. Bon, écoute, on va parler par image, pour nous, tu verrais quelles solutions à ma souffrance et à ton indifférence permanente ? »
-« je vois deux portes dit-il, une ouverte et je pars et on en parle plus, l’autre est ouverte mais tu ne me casses plus les pieds, je suis ainsi et c’est tout ! Je ne sais pas quand je pourrai être à nouveau câlin et avoir envie de toi, je reste ainsi et voilà ! je n’y peux rien !»
-« non dit Eva , il y a une troisième porte , celle où nous pourrions nous retrouver tous les deux exactement comme avant « amoureux », pour cela il faut sans doute parler et parler , comprendre pourquoi tu t’es bloqué à double tour, et comment en sortir de manière à être heureux tout simplement »
-« les femmes vous êtes trop compliquées, vous voulez tout, je fais le jardin et je passe l’aspirateur, en voilà des preuves d’amour !! »
-« Je ne crois pas dit Eva, cela, c’est un coup de main, le partage du travail ou des loisirs, aimer c’est autre chose »
-« des loisirs on en a, on fait plein de choses ensemble NON ? Tu me fatigues ! Si je ne t’aimais pas je ne ferais pas cela, et tais-toi ! On a trop parlé j’écoute la télé, il y a des résultats sportifs, ça m’intéresse plus que ton mur des lamentations ! »
Eva alla dans la cuisine et se mit à cuisiner encore un bon petit plat, mit une jolie table, arrangea les fleurs.. Elle soupira beaucoup….Puis elle dessina un cœur qu’elle mit à côté du bouquet pour lui…Ensuite elle alla dans la salle de bain se mettre une retouche de maquillage de manière à être lumineuse en face de lui à table, et elle lui dit :
-« le repas est prêt chéri »
Il vint s’assoir, ne vit pas qu’Eva s’était remaquillée, mais il vit le cœur, il sourit, la regarda et dit ceci :
-« tu es une vraie gamine !! A quoi ça sert ces trucs-là, les autres femmes ne font pas cela, elles ne demandent pas de bisous non plus, avance et cesse de te poser des questions et de m’en poser »
Elle savait qu’elle avait perdu une fois de plus la bataille qu’aucun mot n’était arrivé à son cœur fermé, qu’il fallait encore se taire et se taire….les femmes l’ont fait pendant tant de siècles !
Mais Eva était une combattante et elle savait qu’elle reviendrait avec d’autres mots pour essayer d’ouvrir son cœur et ses bras, car elle savait l’odeur du bonheur et voulait le retrouver avec lui, et personne d’autre.