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1 octobre 2011

Méfiez-vous des caramels mous (Célestine)

Méfiez-vous des caramels mous...
Par Célestine

Connaissez-vous ces blagues idiotes que l'on trouve dans certains caramels mous ?

Mon fils, du haut de ses sept ans triomphants, me posa un jour ce dilemme crucial, la diction légèrement enzozotée par sa friandise :

« Papa, écoute : dans la série « les soix impossibles » : préfères-tu, toute ta vie, être suivi par trente canards, ou avoir des zambes en mousse ? »

Je croisai son regard d'un bleu candide. Le caramel baignait ses dents, dont trois manquaient encore à l'appel, dans un jus marron de bave collante, lui donnant un sourire béat un peu répugnant de Quasimodo. Il attendait visiblement une réponse.

-Euh...Ze soisis...pardon je choisis... les trente canards ! lançai-je un peu vite, avec un faux air sérieux, cachant mal mon envie de me débarrasser de mon importun gamin. C'est que j'avais du travail, moi!


C'est ce jour-là que j'aurais mieux fait de me casser une "zambe". Au moment exact où j'ai ouvert la porte de la salle d'attente...

-Docteur Martinot ? a dit une voix. Une étrange voix nasillarde.

Je regardai ahuri les chaises vides, quand un palmipède émergea en claudicant de sous la table basse.

-Ce n'est pas trop tôt ! dit-il, n'attendant pas que je l'invite à pénétrer dans mon cabinet.

Je m'épongeai le front.

-Dites-moi que je rêve !

-Mais pas du tout, jeune homme, le rêve étant l'ensemble de phénomènes psychiques éprouvés au cours du sommeil, et par lesquels s'exerce l'activité nocturne du cerveau, il ne saurait être question d'onirologie ici. Vous ne rêvez point.

-Tu parles !

-Mais bien évidemment que je parle. La parole étant le langage articulé symbolique destiné à communiquer la pensée, s'adressant à un interlocuteur pouvant être éventuellement soi-même, et permettant d'exprimer des besoins, pensées, sentiments, souffrances ou aspirations, nous pouvons considérer que je possède ladite parole.

-Je suis dermatologue, je ne vois pas ce que vous attendez de moi, dis-je en reluquant ses plumes d'un beau noir doré.

-Ah ! La dermatologie ! La science de la peau, des muqueuses et des phanères, habituellement associée à la vénérologie...Non, mon derme et mon hypoderme vont très bien, je vous assure, mon derme réticulaire, papillaire, ma membrane basale, mon stratum granulosum...se portent à merveille.

-Mais je nage en plein délire ! Que désirez-vous , à la fin ?

-Délire...perturbation globale, parfois aiguë et réversible, parfois chronique, du fonctionnement de la pensée...Désir...effort de réduction d'une tension issue d'un sentiment de manque...

-Ça suffit ! hurlai-je excédé.Vous me faites perdre mon temps !

Je sentais la sueur inonder mon front d'eau glacée.

-Voilà que je parle à un canard, et en le vouvoyant en plus...non mais ça va pas, moi...

-Perdre votre temps ? Voulez-vous dire ce concept développé par l'être humain pour appréhender les changements du monde, ou bien l'ensemble des conditions physiques des basses couches de l'atmosphère à un moment précis et en un point précis ?

-Tu vas me faire le plaisir de dégager d'ici, Saturnin, et rapidement ! dis-je en attrapant l'emplumé qui me mordit cruellement à la main gauche.

-Aïe!

-Sachez monsieur, que je ne suis pas un canard ordinaire ! Je suis un fuligule à collier de la famille des Anatidés de l'ordre des Ansériformes. Et vous allez payer votre audace !

Il avait l'air furax.

Il sortit d'un air digne et outragé.On aurait dit une duègne offusquée.

Je me laissai tomber chancelant dans mon fauteuil de cuir noir.

Un silence étrange régnait dans le cabinet.

On sonna.

Je traînai les pieds jusqu'à la porte en massant ma main endolorie.

J'ouvris.

Et je les vis. Rangés en file indienne sur le trottoir. Une file d'attente de cauchemar, un concert de claque-becs caquetants et volubiles.

-Ce n'est pas trop tôt ! dit celui qui se trouvait le plus proche de la porte. Il portait le numéro 29. A côté de lui, le fuligule ricana, avec un regard vénéneux.

 

 Je m'évanouis.




Photo internet

Merci à Wikipédia pour avoir instruit mon fuligule...

Merci à Pierre Palmade pour m'avoir prêté quelques éléments de son sketch que j'adore.

Merci à C*r*mb*r  pour les blagues dans la série "choix impossibles".

 

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Commentaires
V
surréaliste à souhait
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Z
les c*r*mb*rs et les canards : à consommer avec modération <br /> fallait zoizir les zambes en mousse :-)
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E
30 canards...s'ils sont tous aussi raisonneurs...il vaut mieux acheter quelques kilos de navet !!
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R
j'ai beaucoup aimé ! en fait il a eu aussi les zambes en mousse à la fin :-)<br /> très bon scénario<br /> <br /> merci à bientôt
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J
Joli cauchemar ! Mais ça aurait pu être pire, genre Ali Baba et les quarante volatiles !
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V
Finalement, les zambes en mousse ça doit être cool :)
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W
Eh ben, il n'en a pas fini avec les emplumés le pauvre !
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K
rigolote histoire ....ça colle si je puis dire avec le caramel!!<br /> et pourquoi dans ce défi personne ne veut soigner les canards??? c'est dingue!!<br /> un petit bec pour toi<br /> katyL
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J
J'ai pas compris la blague, mais pas grave, je n'aime pas les carambars !<br /> <br /> Au contraire de ton excellent texte qui me plaît beaucoup et qui m'a fait rire à haute voix lorsque le narrateur remarque qu'il vouvoie l'oiseau !<br /> <br /> :-)<br /> <br /> Bravo célestine !
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