La remplaçante (Célestine)
La remplaçante
On était à la machine à café avec Edgar. Comme tous les jours.
On a vu débouler une fille carrément pas vraie, ébouriffante,j'exagère pas. Des jambes, mon vieux, des seins à piquer la fortune, une carène de navire de luxe, des yeux à faire péter les braguettes, une bouche...maquillée comme une voiture volée.
Elle est passée près de nous, et son parfum nous a pétrifié le cerveau. Norbert faisait une tête ahurie, on aurait dit un de ces oiseaux indiens d'Amazonie à l’œil vide et rond comme une olive noire, sans aucune expression.
-Ferme la bouche ! que je lui ai dit, ça fait courant d'air !
-T'as vu ? Elle nous a même pas calculés, dis donc. Rien, pas un regard ! C'est qui celle-là ? a dit Edgar en sortant de sa prostration.
-Aahhh !! je vois messieurs que vous avez croisé ma remplaçante, a dit Lambert qui sortait de la compta.
Devant nos mines ébahies, il a cru bon d'ajouter : « Mais non, je plaisante ! C'est une cliente du boss. Elle vaut un gros paquet de dollars ! »Il a éclaté d'un rire gras. On était dépités.
Ben j'vais vous dire : si ce crétin de Lambert se met à faire de l'humour, c'est la mort du petit cheval !
N'empêche, je lui aurais bien proposé une formation accélérée, moi, à la « remplaçante »...