Je lai retrouvée, (Droufn)
Elle était là à m'attendre, belle et paumée par tant d'années d'errance. Son élégance un peu démodée n'a en rien modifié son pouvoir d'attraction, comme cette lueur bleutée qui lui donne une allure presque étrange, d'un autre temps. Car elle a connu l'attente, une attente interminable, injuste.
La lueur du jour a vite effacé ses quelques rides soyeuses. Je ne sais quoi lui dire, un regard, un sourire peut être, comme pour m'excuser de l'avoir oubliée pendant 23 ans dans ce sac de marin qui n'a jamais vu la mer. Nous nous sommes rappelé, sans amertume, de ce soir d'automne où pour la dernière fois nous nous sommes touchés. C'était à un mariage un peu guindé où j'étais le marié. Elle désespérée, ne m'a pas quitté de la soirée, s'est accrochée à mon cou.. Malgré tout je l'ai jetée pour une autre. Depuis ce mariage je n'ai plus jamais porté de cravates. Mais là, j'avais envie d'elle. Je l'ai cherchée, l'ai sortie du sac et l'ai caressée lentement, très lentement jusqu'à la faire frémir. Puis dans un mouvement jamais oublié, je l'ai lové en un nœud souple autour de mon cou. Je la sentais respirer, revivre. Je me suis excusé auprès du sac qui s'était attaché. Je lui ai expliqué que nous étions faits l'un pour l'autre, mais que plus jamais nous ne ferions la bêtise de nous quitter pour un mariage. Encore 23 ans ce serait trop long, car les souvenirs ne vieillissent pas, mais ceux qui s'en souviennent, si.