Dernière lettre (Célestine)
Il ne me reste plus que l'encre
pour tremper mon chagrin dedans
ma plume aiguisera sa pointe
acérée comme tes yeux noirs
tes yeux de braise ont transpercé
mon cœur comme matière molle
glacé , privé de toute vie
il s'est écroulé devant toi
Tu as , en un éclat de rire
tatoué dans le vif de ma peau
avec ton encre indélébile
une blessure inguérissable
Je regarde cet encrier
et un froid intersidéral
me saisit dans son noir dessein
tous les mots que j'en sortirai
se cogneront,
sans espérer même un regard,
Au mur de ton indifférence.
Je boirais cet âcre élixir
Cet ignoble sang de vieux poulpe
J'avalerais ce choléra,
ce noir poison , cette ciguë
Si je savais que tu reviennes
Il ne me reste plus au fond
que cet encrier dérisoire
pour te décrire ma brûlure
avant de m'y laisser sombrer.