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Le défi du samedi
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29 janvier 2011

DU BANC EN BAS (Joye)

Le parfum de ces roses me fera toujours penser à elle, ma puce.

Je sais que je te l'ai déjà racontée mille fois, mais je prends plaisir, comme tu le sais si bien, à me rappeler…

Le matin, lorsqu'elle ouvrait discrètement les volets, je la devinais en train d’étirer les bras. La jeune veuve baillait, soupirait, et peu après, je sentais son café, prêt à boire. J’imaginais la fumée autour de sa tête, ses tendres lèvres posées prudemment au bord du bol.  Quelques minutes après, elle venait fumer une seule cigarette au balcon, calmement, délibérément, avant de commencer vraiment sa journée.

Le dimanche, en bas de sa fenêtre, et ensuite sur le même banc en face,  j’attendais sentir le parfum de ses cheveux, fraîchement lavés, qu’elle faisait sécher au soleil. Parfois, en les peignant, elle fredonnait légèrement une petite mélodie insouciante.

Dans la fraîcheur exquise du soir,  je pouvais encore l’entendre à l’intérieur, parfois chantant, parfois riant. La musique de sa voix s’évadait comme un joyeux réchappé d’un pénitencier, se faufilant et tombant sur mes oreilles avides et solitaires dans l’obscurité. J’aurais volontiers pris leur place auprès d’elle, tout près de cette bouche convoitée…

Chaque soir, le crépuscule s’annonça dans le doux claquement de ses volets.

Mais moi, enveloppé par le velours nocturne, restais toujours encore un peu en bas, à revivre tous ces petits moments de la journée, illuminés de plaisir…

- Et elle était comment, Papy ?  murmura la petite fille à mes genoux.

- Je n’en sais rien, ma puce, tu sais bien que je ne l’ai jamais vue.

- Oh, soupira-t-elle, c’était alors après…

- Oui, ma puce, bien après.

Je lui caressais la tête. Ses boucles lisses sous mes doigts faisaient répandre une vieille, douce chaleur dans ma poitrine. J’entendis sa respiration régulière qui me disait qu’elle s’était endormie. 

Déplaçant un peu son peu de poids doux et chaud de son petit corps, d'un genou à l'autre, sa tête bouclée  pressée encore contre ma poitrine, je pensais aux autres comme moi, aveuglés, pas par l’amour d’une femme, mais par la haine des hommes.

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Commentaires
J
@ venise : Il fallait bien que je décrive par le toucher, l'odorat et l'ouïe. Merci beaucoup d'avoir apprécié !
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V
une belle sensualité traverse ton écriture.<br /> miel confiture de groseille sont les mots qui surgissent à cette lecture.mais le mystère demeure
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J
@ tendreman : Merci pour le compliment ! ♥<br /> <br /> @ MAP : Toi qui parles de la lecture bienveillante...Merci à toi pour la tienne : constante, généreuse et amicale. ♥ ♥ ♥
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M
Tendre et poétique récit au doux parfum de roses ♥ ♥ ♥ On reste sous le charme ...
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T
Tendre ...
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J
@ Adrienne : Elle l'appelle Papy, mais il n'est pas forcément son grand-père. ;-)<br /> <br /> @ zigmund : Merci beaucoup !<br /> <br /> @ Walrus : Ton compliment m'émeut beaucoup. Merci !<br /> <br /> @ sebarjo : Lorsqu'un poète me parle de poésie, je rougis du compliment. Merci beaucoup. (c'est ainsi que j'ai toujours lu Katherine Mansfield, alors, re-merci !!!)<br /> <br /> @ teb : Merci beaucoup d'y avoir jeter ton regard. :-)<br /> <br /> @ Joe Krapov : Joli tampon, il est nouveau ? ;o)<br /> <br /> @ Les Admins : I love you. ♥ Vous savez bien pourquoi.<br /> <br /> @ Lorraine : Merci beaucoup pour le compliment ! Quand tu auras un moment de libre pour lire : http://iowagirl.over-blog.com/article-il-est-temps-que-j-explique-53144982.html<br /> <br /> @ Vanina : Merci beaucoup !<br /> <br /> @ vegas : Quel commentaire sympa ! Waouh !<br /> <br /> ♥ Merci à tous, vous êtes adorables ! ♥
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V
Admiratif:<br /> Comme est bien mise en scène cette histoire d'un amour muet
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V
Douce confidence...<br /> Sourire<br /> Vanina
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L
Une très belle écriture, Joy, une très belle histoire.
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J
♥ ♥ ♥ pour les Admins ♥ ♥ ♥
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J
Quand on lit ce genre de textes, on se demande pourquoi Marcel Proust écrivait des phrases aussi longues pour ne pas dire grand chose de l'universel et comme j'ai adopté la même stratégie que lui et que je n'ai aucunement l'intention d'en changer, je me contenterai de commenter "Bravo les filles, continuez, vous êtes les plus fortes !".<br /> <br /> (Il faudrait quand même que tuarrêtes de faire le Gugusse sous des textes graves, Joe Krapov, sinon tu vas passer pour un clown !)<br /> clown sous des
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T
Une belle histoire...
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S
Beaucoup de poésie dans cette histoire et dans ton écriture... J'aime beaucoup.
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W
Astucieux et tendre, Joye !
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Z
une belle et triste histoire avec une lueur d'espoir.
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A
mais il est tout de même le papy d'une petite puce, ça vous console de tout, non?<br /> ;-)
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