Le long du lac qui luit (Berthoise)
Autant le dire, j'ai beau scruté, y'a pas grand chose qui vient. Y'a les nuages, d'accord, mais je vous ai déjà fait le coup des nuages. Je pourrais dire que ça me rappelle mon père et la pêche à la ligne, mais ce n'est pas très passionnant, alors on va éviter. Je vous parle de ma dernière balade dans les Pyrénées... Oui. Je sais c'est un peu plat pour les Pyrénées, mais la consigne dit "évoque", c'est pas obligé d'être copie conforme au souvenir, "évoque" . Je pourrais vous raconter comment j'ai failli me noyer devant les yeux de ma mère dans un trou à terre où on allait se baigner quand j'étais gamine, mais ce n'est pas drôle.
Non. Je sais. Il y a trente ans, Jean-Jacques Annaud a tourné un film
qui eut un franc succès. Une histoire de quête dans le froid et
l'obscurité. Un truc où on voyait plein d'animaux terribles, tous plus
sauvages les uns que les autres. Les héros, des mecs pleins de poils,
vachement virils, se baladaient à poil justement, dans une nature très
hostile. Ils suaient sang et eau pour ramener à leurs copains, je vous
le donne en mille, le feu. "La guerre du feu"
que ça s'appelait, c'était pas mal. On y apprenait plein de trucs
passionnants, avec entre autre, un passage où le héros s'essayait à la
tendresse en pratiquant la position du missionnaire.
D'accord. Quel rapport avec cette paisible image d'un bonheur bucolique ?
Alors
voilà. Avec les copains, on était parti camper, marche et bivouac,
rapprochons-nous de la nature, on vivait notre période écolo. Il est
arrivé qu'un jour, nous nous baignâmes dans un étang. Nous étions jeunes
et avions l'esprit joueur. Nous nous déguisâmes comme dans le film,
les filles en tenue d'Ève, et les garçons en Adam, parés de nos plus
belles peintures de guerre, la boue des rives masquant notre nudité ( à
peine, il faut être honnête). Nous jouâmes à nous asperger en poussant
des cris de bêtes. Nous nous battîmes à coup de vase. Nous roulâmes
dans la fange,( j'exagère, mais si peu), en grognant comme des
pourceaux ( ce n'est pas très joli, pourceaux, mais c'est assez proche
de la réalité). Nous rîmes beaucoup, beaucoup.
Je remercie celle ou celui qui a concocté cette consigne. C'est un très bon souvenir.