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Le défi du samedi
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1 janvier 2011

Les douze petits soulards en colère (Poupoune)

On était douze. Comme les douze doigts de la main, comme on aimait plaisanter entre nous, rapport aux sixièmes doigts de Gégé. Enfin, comme on plaisantait entre nous sauf Gégé, parce que lui il trouvait pas ça drôle et vu qu’il était taillé comme une armoire lorraine, on préférait pas trop le taquiner. Et puis dans les douze, y avait le futur beauf à Gégé et son pote, alors en fait on était plutôt douze comme les dix doigts de la main plus deux.

Gégé avait largement l’âge d’être le père de sa future femme qui serait sa troisième si on comptait Monette même si elle était pas restée longtemps, alors on n’avait pas vraiment trop prévu d’enterrer encore une fois sa vie de garçon, mais comme son mariage tombait un samedi et que le vendredi c’est apéro et qu’on était tous là plus le futur beauf et son pote, ben au final c’est quand même bien un peu à la santé du futur remarié qu’on a trinqué. Douze fois. Une tournée chacun. Dans le premier bistrot.

Dans le deuxième, y a le pote au futur beauf à Gégé qu’a arrêté de boire parce qu’il a dit qu’il devait conduire. Il en a profité pour pas payer sa tournée. Faudra pas qu’il s’étonne si on l’invite pas le prochain coup, lui. On a arrêté de lui parler et le futur beauf à Gégé a dû vouloir être solidaire parce qu’il nous a lâchés aussi.

Après on a décidé d’aller en boîte se trémousser un peu et suer notre bibine histoire de pouvoir re-trinquer un coup ou douze après. Y avait un costaud à l’entrée qui faisait des histoires et même Gégé il était moins haut et moins large, alors on n’a rien dit quand il a pas voulu laissé entrer Titi qui s’était un peu vomi dessus. De toute façon Titi il a pas vraiment le vin gai et quand il a trop bu comme ça il devient chiant à nous reparler toujours de son ex comme si c’était de notre faute si on lui est tous passés dessus, alors finalement c’était pas plus mal que le gros le refoule.

Y avait pas mal de monde dans la boîte et du bruit et des filles qui se regardaient danser dans des miroirs et y en avait une, mon vieux, elle avait le décolleté si profond et la jupe si courte qu’on n’était pas trop sûr que les deux se rejoignaient pas. Frankie ça l’a comme hypnotisé, toute cette chair qui frétillait sous si peu de tissu, si bien qu’on l’a plus revu après qu’il a suivi la fille aux toilettes. Nous on est allés s’agiter un peu au milieu des minets qui mataient les filles qui se regardaient dans les glaces, mais Riton il a dû s’agiter un peu trop parce qu’à un moment y a un mastard au moins aussi balaize que celui de l’entrée qu’est venu le foutre dehors et qui nous a fait les gros yeux comme à des gosses. Ça nous a pas trop plu, surtout qu’en plus on devait avoir chacun dix ans de plus que lui, ou douze, ou vingt, même, alors on s’est recomptés pour voir si on était encore assez nombreux pour lui coller une rouste, mais Paul a dit qu’il voulait pas se battre ce soir pour pas salir sa chemise qu’il devait remettre pour le mariage le lendemain et il est rentré. Comme c’est lui le plus teigneux on s’est dit qu’on reviendrait une autre fois pour la baston et on est parti. On a laissé Norbert qui s’était endormi sur une banquette.

Une fois sur le trottoir, pendant qu’on réfléchissait à ce qu’on allait faire ensuite, Loulou est allé pisser contre un poteau, sauf qu’il s’est trompé de poteau et il a pissé sur les pompes d’un flic, le con. Du coup il a fini la nuit au poste, mais nous ça nous disait trop rien alors on s’est retenu de rire et on a filé continuer la fête ailleurs. C’est Jeannot qu’a eu l’idée de la boîte de strip-tease. C’était pas trop dans nos habitudes, mais vu qu’on avait un futur jeune remarié à arroser, on s’est dit que c’était l’occasion, quand même, mais en chemin Jeannot a regardé l’heure et il s’est barré en courant parce qu’il devait être rentré avant sa femme sinon elle allait encore l’obliger à dormir sur le tapis au pied du lit et il supportait plus ça, rapport à son lumbago. Une sacrée drôle de bonne femme, la femme à Jeannot. Du coup on a hésité un peu, mais comme on était déjà presque devant la boîte, on y est allés quand même. A peine rentrés, on est tombés nez à nichons avec une rombière opulente et Marco a piqué un fard quand elle l’a appelé « mon joli » et il est reparti direct.

Et c’est là qu’on l’a vue. Dans toute la fraîcheur et la légèreté de ses vingt ans, et pas grand-chose de plus pour habiller sa nudité. Ah ça, il avait pas menti, le Gégé, une vraie beauté, la donzelle ! Mais à la voir comme ça secouer son joli fessier sous les yeux brillants de tout ce que la ville comptait de vieux vicelards, on avait du mal à l’imaginer en blanc à l’église le lendemain matin au bras de Gégé. J’essayais de deviner comment serait la robe de mariée qui cacherait – du moins je l’espérais – ses petits seins fermes et arrogants aux types qui pour l’heure s’en pourléchaient avec envie, mais c’est à ce moment là que je me suis aperçu que Gégé fondait sur elle comme une tornade, en plus gros et plus énervé. Il était trop tard pour que j’intervienne et de toute façon, le Gégé, quand il est comme ça, autant essayer d’arrêter un TGV en soufflant dessus. Alors j’ai regardé la bouche de sa promise s’arrondir sous l’effet de la surprise puis éclater sous l’effet du premier coup avant que commence une bagarre générale.

Moi je suis resté tranquille au bar et j’ai pris un verre en attendant que la police finisse d’embarquer tout le monde, Gégé compris, et maintenant je me retrouve tout seul comme un con alors que les douze coups de minuit ont même pas encore sonné et que j’ai plus vraiment besoin d’être raisonnable pour être en forme demain vu que la noce, à mon avis, y en aura plus.

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Commentaires
C
Pardon, je cale sur ton texte mais c'est la faute à ma santé merdique, pas à ton écriture !
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V
On peut compter sur les potes, mais jusqu'à un certain point... pas forcément douze :)
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M
En lisant ton texte je m'imaginais suivre un film en noir et blanc comme en faisait avec ce genre de récit ! Et si on veut bien on peut même entendre le son des voix gouailleuses !!!
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V
Nous partîmes douze ; mais par de prompts détours - Je me vis seul en arrivant au douze coup de minuit. Le Cidre de Poupoune...<br /> Un texte qui fait image.<br /> Sourire<br /> Vanina
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V
un si grand talent bientôt un polar j'imagine y a du simenon qui sommeille
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T
Quelle histoire !!! Merci.
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L
ton talent réaliste m'époustoufle! Tu les revois, ces gars?..
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J
- Qu'est-ce qu'on t'a offert, à Noël ?<br /> - Un Margerin ! Et tu sais pas quoi ?<br /> - Nan mais je pressens que tu vas me le dire <br /> - C'est la présidente de la Ligue anti-alcoolique qui me l'a offert !<br /> - Reprends donc un peu d'eau ferrugineuse au lieu de dire des bêtises !
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J
Ton don pour le jacte, ma belle, y a rien de pareil, comme je voudrais pouvoir faire cela !<br /> Hélas !<br /> <br /> Pour l'histoire, j'espère que la petite strip-tiseuse retrouve un mec digne d'elle, et non ce futur (sinon actuel) criminel de Gégé. Mais bon, s'il chantait dans un groupe de rock, il pourrait la tuer et ne pas passer trop longtemps en bagne, hélas.<br /> <br /> Allez, bonne année, Miss Poupoune-la-Douée, que l'an 2011 soit aussi exquise pour ta belle (si, j'y tiens) plume que celui que nous venons de terminer.
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W
Ça me rappelle les dix petits nègres (sauf qu'ils n'étaient pas douze, eux ;o)
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