un TRESOR ! (rsylvie)
Parlez nous de votre, ou vos trésors personnels
Ou bien inventez .... à votre guise !
Hans ressent un manque. Un je ne sais quoi qui s’installe inconfortablement dans son univers et qui, mine de rien, se mêle aux conversations, aux murmures, à sa propre réflexion… jusqu’à faire partie intégrante de lui.
« Quelque chose me fait défaut ? »
Comme pour l’écrivain qui vient de briser sa dernière plume sur une feuille noircie des mots qui libèrent… comme le fusain que tient la main, avec tant de précaution qu’elle survole la toile, notre héro n’a plus d’inspiration.
Dehors, l’air est frais. Rien de bien surprenant à l’approche de l’hiver, pense Gabrielle qui finit de boutonner son manteau. D’un pas alerte, elle se dirige vers l’avenue principale. Les vitrines des grands magasins brillent de milles feux, c’est le début de la quinzaine commerciale. Dans les rues, des passants s’agitent, les bras chargés de paquets contenant le précieux cadeau pour noël. L’objet de toutes les convoitises, qui fait briller les yeux rien que d’y penser. Celui qui fait saliver l’oncle Henri quand il parle des délicieux chocolats aux amandes, que l’on ne trouve qu’à la confiserie du coin, de la troisième rue, en partant de la gare. Ou qui fera se trémousser de plaisir la petite Alice. Quand elle ouvrira la grande boite, contenant toute de porcelaine blanche, la plus jolie des dinettes. Ou, celui qui fait, qu’à son insu, tata Paulette se mordillera la lèvre supérieure…. Celle que l’on a pris le temps de tricoter le temps d’une soirée auprès du feu de cheminée, ou l’orange de clous de girofle décorée, que l’on tient délicatement entre les mains, de peur de l’abimée avant de l’offrir à grand maman. Oui c’est cela, Trouver le cadeau qui fait si chaud au cœur, que sa valeur n’a d’égale que celle d’un trésor.
Petit à petit l’histoire fait son chemin, d’une petite fille aux allumettes. Hans imagine déjà l’enfant restée seule dans le noir du jour qui tombe, et attend sagement le passant qui daignera lui acheter une boite d’allumettes. Mais en ce soir de fête, tous sont bien trop afférés.
Dans sa tête, encore vide hier et optu à toute réflexion, sans idée à mettre en page, sans envie d’écrire, Aujourd’hui les mots se bousculent si vite, si vite, qu’il chancelle. Ivre de bonheur, il ferme les yeux et se laisse envahir par le récit. Ses doigts fourmillent des belles lettres à calligraphier. Sur la chaise, il se cale de sorte à ne pas voir le temps passer. Son bras se dirige vers l’extrémité du bureau, et s’approche d’une feuille habillée d’une fine pellicule. D’un geste, Hans s’en saisit, faisant voler en poussière d’étoiles le témoin d’une mauvaise période de sa vie qui l’a laissé errer sans but, subissant les aléas du jour à venir, mais surtout sans désir de rien.
Plus de créativité !
Au centre de la pièce un sapin, des chants de noël alentours aiguaient la soirée qui s’avance doucement vers les douze coups de minuit. Petits et grands s’empressent auprès de bon papa qui, d’un « HO HO HO » tonitruant, donne le signal de la distribution des cadeaux.
L’oncle Pierre n’a pas de mot pour exprimer sa joie, la petite Alice crie et trépigne de bonheur, comme prévu tata Paulette se mordille la lèvre supérieure et l’oncle Henri ne tarit d’éloges sur la boite de confiseries, déjà bien entamées… ce soir, tout au fond de chacun, un trésor fait battre le cœur.
Sur le bureau, le bougeoir est recouvert d’une épaisse couche de bougie. La tête maladroitement retombée sur les avant-bras, Hans s’est assoupi. Repu de l’encre bleue qui habille la feuille, le tiraillement du manque s’en est allé. Epuisé de la quête permanente du mot approprié, du mot droit, de celui qui sonne juste ou frappe fort, il s’est laissé aller au bonheur simple d’avoir pu mener à son terme l’histoire de la petite fille aux allumettes… rassuré d’avoir pu, une fois de plus, répondre à l’appel de la création, il dort. Tout au fond de lui, un trésor fait battre à son cœur.