L’escalier essoufflé qui monte dans la tour Trébuche sous le poids de ses réminiscences Il voudrait s’arrêter mais redescend toujours Retrouver le passé, ses amours, ses absences
Le hobereau fougueux qui fut tué en lice La blonde châtelaine au visage si clair L’amant voluptueux que le désir attise Dans la chambre arrondie du donjon circulaire
L’escalier effrité d’avoir monté si haut Jette un regard navré dedans les meurtrières Il revoit les combats ,les sièges, les assauts Et se souvient des cris, du sang, des incendiaires
Puis un rai de soleil adoucit ses lézardes Voici le troubadour, sa poésie courtoise On danse la carole, allègre, un peu gaillarde Il fait beau, c’est l’été, le ciel est bleu turquoise
Et l’escalier s’endort sur les bords de la Loire Il échappe la nuit aux souvenirs passés Sachant que le matin recommence l’Histoire Quand viennent les badauds visiter le Musée
Encore un étage? Septième ciel... à quoi bon aller plus haut Colimaçon... en forme de vice, pour sûr! Ascenseur en panne... comme d'habitude L'ais-je bien descendu? (Cécile Sorel, Casino de Paris 1933) I nflation: élévation du coût de la vie (plus dure sera la marche) Echiffre: mur sur lequel repose l'escalier. (au moins un qui se repose) Redescendre! Pourquoi faire?
Au nez de palier J’ai failli glisser Au poteau pour courbe L’escalier fourbe A fait que je tombe De l’étage, une bombe Qui fait boum ! Badaboum ! Badaboum !
Sur le nez rapporté Le mien suis cassé Sur la moulure cintrée Les pieds empêtrés La volute polie Même a ri, la chipie ! Lors des boums ! Badaboum ! Badaboum !
Sur la marche d’en haut Me suis cassé le dos Sur la marche d’en bas Me suis cassé le bras Sur la marche au milieu Tout le reste, omondieu ! J’ai fait boum ! Badaboum ! Badaboum !
Et c’est moi ici-bas Aplatie comme un rat Qui attends qu’on arrive Au secours, quelle dérive Du malfrat qui jouait À l’esprit de l’escalier Faisant boum ! Badaboum ! Badaboum !
Se propulser de bas en haut ou se refreiner de haut en bas,
Telle va être aujourd’hui leur tâche devant les caméras.
Outre le jeu du drapé dans le vêtement, l’éclat du sourire, le port de tête, le lancer de jambe seront scrutés, de même que le mouvement de la croupe et les sursauts indicibles de la poitrine.
L’escalier sera pour quelques jours encore l’unité de lieu, de temps et d’action, pour une piste aux étoiles, de renommée internationale.
L’escalier pour l’occasion s’est une nouvelle fois travesti : ses 43 marches ont été recouvertes du tapis rouge ; déguisées, cachées, aveuglées, mises sous silence ... les marches.
A nouveau, sous leur pelure, elles ne participeront pas aux grincements qu’elles ont l’art de répercuter comme un secret qui se propage ; elles n’émettront pas les langoureuses vibrations censées épouser les pas graciles ou patauds qui se posent en rythme ; elles ne connaîtront pas ce spectacle secret un peu coquin, quand l’allure se ralentit, et que les jeux impatients de jambes dévoilent sous les jupons des Abymes inconnues
L’ai-je bien descendu ?
Un car de japonais vient de débarquer en cet automne ensoleillé.
Encore une fois il y a plus d’appareils photos que de touristes;
A croire que ces voyageurs se déplacent toujours avec leur double incognito.
En 5 minutes que dure la visite de ce mémorial dédié aux stars ;
L’escalier est photographié pas moins de 178 fois :
Droit, en enfilade, en perspective, en plongée, en gros plan, en détail, en haut, en bas, en contre jour, avec ou sans le flash, avec ou sans un japonais planté là, rieur.
C’est l’escalier, la star du jour, qui se retrouve ainsi sous la convoitise des objectifs nippons.
Pour l’occasion, pas de tapis rouge d’orient ;
Mais pour les 43 marches, qu’importent maintenant les grincements, les vibrations, les vues plongeantes renversées.
L’ai-je bien descendu ?
Décidément, nul n’est jamais content
Tout se joue toujours à contre temps, à contre-champ
Dans mon entreprise… enfin… ce que j’appelle… dans l’entreprise qui m’emploie, 80% des salariés travaillent au rez-de-chaussée. Il y a pourtant deux escaliers. Qui mènent à deux groupes de bureaux. L’un des deux escaliers vous conduira tout droit (heu… tout haut) à différents cadres et directeurs. L’autre, carrément à la Direction. Avec un D majuscule. Aussi, les salariés, lorsqu’ils « montent », c’est pas pour rien. On monte se plaindre, s’expliquer, on monte parce qu’on est convoqué (et c’est pas toujours de bonne augure), on monte revendiquer, se défendre, dénoncer. Parfois, on menace un collègue : « Si ça continue, je vais monter ! ». Le collègue sait parfaitement bien où, inutile alors de le lui préciser. Alors quoi ? Alors, tout se joue « là-haut ». C’est là-haut, en haut d’un escalier ou de l’autre, que se font les choses, là que nous sont accordées ou refusées nos demandes de congé, là que l’on reçoit les blâmes, là que sont décidées les augmentations, les promotions. C’est là-haut que sont prononcées les sanctions, entendues les doléances. Là-haut.
En France, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais bien souvent, les provinciaux qui doivent se rendre à la capitale disent qu’ils « montent à Paris ». Les gens des Charentes montent à Paris, ceux du Pays Basque montent à Paris, ceux du Perche montent à Paris. Je ne connais pas de gens qui vivent dans le Nord. Que disent les gens qui vivent dans le Nord ? Nous, en tous cas, on « monte « à Paris. Parce que Paris est haut. Et sous des explications géographiques, j’y vois autre chose. On monte à Paris parce que c’est à Paris que tout se joue. L’art –les arts-, la culture, la politique… Paris ! On y monte parce qu’à Paris tout se décide.
Et universellement, il y a quoi, là-haut ? Dieu regarde ses fidèles de là-haut. Le Père Noël, de là-haut, voit si les enfants ont été sages ou non.
Là-haut. C’est là que le sort du monde est statué. D’ailleurs, c’est pour cela que les enfants, on les « élève ». On a tous compris que pour toute chose, il fallait monter haut.
Dans un petit contexte comme le lieu de travail, ou dans un plus grand, quasi universelle, c’est toujours là-haut que tout se joue.
Et chez soi ? Je ne sais pas vous, mais moi, chez moi, j’ai aussi un escalier. Qui conduit « la-haut », à l’étage.
Et, qu’y a-t-il, chez nous, là-haut ? La chambre à coucher. Hey ?
Je ne sais pas comment nous en étions venus à parler de cela.
Elle me disait : "Tu vois, au fur et à mesure que tu grimpes les
marches, tes pensées s'exaspèrent, ta respiration s'accélère, ton
imagination galope, tes mains tremblent, ton cœur bat la chamade... Après, c'est souvent
moins bien que ce qu'on avait rêvé ! Oui, vraiment, dans un rendez-vous, le
meilleur moment, c'est encore quand on monte l'escalier ! Tu ne trouves
pas ?"
Je lui répondis : "Je ne sais pas, moi je prends l'ascenseur..."
Dans un sens ou dans un autre, « meilleur moment de l’amour » ou pas, l’escalier mène au Paradis. Mais avant de philosopher, faisons donc un peu d’histoire.
Tout commence le mercredi 20 octobre 2010 vers huit heures vingt. Le bus n° 56 en provenance de Mordelles me reconduit, sans que je m’en doute, vers le bordel ! Lui déjà s’est pointé avec cinq minutes ou six de retard (c’est normal, c’est un 5-6 !). Sur la place de la République il débarque le plus gros de son troupeau, dont je suis, et je fais quelques pas pour rejoindre le quai d’embarquement où d’habitude m’attendent les 4 et les 40 (je suis très bien accoté aux 4-40 !).
Mais aujourd’hui, m’annonce-t-on, ils sont absents. Ce n’est pas une énième grève des chauffeurs, c’est que le dépôt des bus est bloqué par d’autres manifestants. Allons bon, pas d’autre solution que de marcher vers le beau lieu où je travaille. La perspective n’a du reste rien de déplaisant : le ciel est bleu, le soleil point là-bas au bout, mon appareil photo est dans mon sac et M. Hajtyla, mon vénéré patron, ne m’attend pas depuis l’aurore en buvant café sur café. Il est absent pour trois jours, parti rendre visite à son ami William Blake à Oxford. Well, well, well !
Je commence donc par longer ma chère Vilaine, ai une pensée émue pour Isaure Chassériau en passant devant le Musée des Beaux-Arts et récolte ma première moisson sur le trottoir d’en face : une pancarte oubliée ou jetée là la veille par un manifestant dont l’humour limite graveleux est quand même supérieur à celui des membres de l’Union pour un Monde Psycho-rigide (j’espère qu’elle n’existe pas, cette union-là !).
Je bifurque à gauche au pont Pasteur, passe devant l’ancienne Faculté dentaire et m’enfile dans les jardins du Palais Saint-Georges. Mon « école buissonnière » me permet d'admirer une sculpture de Cyrille André installée là temporairement. Elle doit s’intituler « Tarzan vétérinaire » ou quelque chose comme ça ! Tout cela me rappelle Rennes-en-Délires !
Puis me voilà bientôt face à ces escaliers qui mènent au Paradis. Thabor que jamais je n’abhorre, jardin qui me tends tes gradins, je repars à ta découverte puisque la porte est grande ouverte !
Des feuilles déjà rouges, couvertes de rosée font avant-plan miraculeux à la volière. Le kiosque à musique plus loin a été démonté pour être révisé. Je délaisse Eurydice encore aux prises avec cet imbécile d’Hermès pour aller trouver (la) grâce aux pieds de Diane chasseresse où des fleurs épanouies se sèchent au soleil.
Par le petit chemin qui longe Palestine je descends à la Roseraie pour y trouver mon deuxième gag : la dame Pensée fume, gratifiée d’un mégot et d’un bouton de rose entre ses doigts de pierre par quelque plaisantin pas plus âgé que moi. Au fur et à mesure que j’avance, je rajeunis.
Saint-Vincent nous rejoue Florence à volonté. Des fruits rouges s’égouttent comme je m’écoute écrire et le soleil fait tache. Puis c’est l’alignement des rampes transversales et déjà l’escalier qui mène à la bibliothèque où j’ai mes habitudes. Après il y aura le monogramme de Sylvie Vartan : 2 mn 35 de bonheur nous rapprochent des 1 mn 51 que je vous destine en bas de ce billet. Suivront le parc Oberthür, l’école Marcel Pagnol dont les enfants parfois se montrent aussi grossiers que les marins du Guilvinec, le sympathique Diapason où j’ai vu la veille un orchestre d’insectes et une belle exposition de papillons et de fossiles (mais non, madame Chèvrefeuille, je déconne !). J’arrive enfin dans mon enfer, ce rez-de-jardin où je m’occupe de la Gestion Krapovienne des Absurdités pour des boutonneux dans mon genre qui ne savent répondre à mes informations précieuses que « Stop flood merci ». ;-((
Car tout cela m’a rajeuni à un point qu’on n’imagine pas. Pour un peu, d’être allé faire un tour d’interdit dans l’Eden, je remonterais bien la rampe à l’envers ! A part la promenade du rêveur solitaire, qu'est-ce qui pourrait nous restituer l’enfantine jovialité liée au rembobinage des films super-8 Kodak (bien caduques) ?
Car dans un sens ou dans un autre, un escalier bien descendu, la plume dans le derrière ou le stylo courant dans des imaginaires, il faudra bien le remonter. C’est ce que semble aussi me dire monsieur Picasa-Film. Ce bonheur matinal d’un paradis négligé livré à un homme seul tandis que tout le monde court vers les pompes à essence, les pompes à phynance ou les pompes de cirque de Constance pendant qu’elle gare, ce bonheur en images, j’ai voulu vous l’offrir sous forme d’une autre soirée diapos sans commentaires du voyageur.
Las ! Le logiciel gratuit, contrariant et pourtant très logique, a lu dans l’ordre inverse mes belles diapositives et il vous fait refaire le chemin à l’envers !
Peut-être croit-il lui aussi que « ce sera mieux hier » ! En tout cas, après le « Chelsea hotel » de Léonard Cohen, le « Natalia » de Georges Moustaki ne le contredit pas vraiment.
Cela dit, le lendemain, pas plus de bus que la veille ! « Les escaliers de la lutte étant durs aux misérables » j’ai pris mon vélo pour aller bosser. Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit mais dans les descentes, j’adore rétropédaler.
Mes escaliers préférés sont presque tous imaginaires...Sil est une chose qui m'a toujours fait rêver dans mes études musicales , c'est bien la représentation mentale de l’enchaînement des tonalités ; c'est pour moi assez proche d’un escalier en spirale peut être double ou triple. J’aime repérer dans un morceau le moment où le compositeur se prépare à moduler, à passer dans une tonalité voisine…le plus souvent, il ajoute ou retranche un dièse ou un bémol à la tonalité initiale, ou passe discrètement en mineur. Cette modulation est parfois nommée « escalier harmonique » et ce sont ces quelques mesures « à cheval entre deux couleurs » que je m’amuse à identifier dans un morceau .Vous en trouverez quelques exemples dans les célèbres variations sur le thème "ah vous dirai-je maman" de Mozart .(bien sûr il y a aussi les modifications de rythme et de tempo,* mais on entend assez bien le passage majeur mineur).
Il y a longtemps Jean Paul Farré avait construit un escalier musical pour son spectacle. L'idée a été réexploitée dans le métro de Stokholm en particulier.
A force de chercher des réponses à cette consigne, je me suis perdu dans les escaliers mais j'ai entrevu des merveilles (qui m'ont détourné de la dite consigne)
Quelques joyeux "escalators"** qui me voyaient trimer sur la fin de mon texte m'ont soufflé cette pensée shadok bien connue : "avec un escalier prévu pour la montée, on réussit souvent à monter plus bas qu'on serait descendu avec un escalier prévu pour la descente."
*au tempo en emporte le vent (pas pu résister)
** notre maison s'appelle l'Escale et par conséquent les habitants s'appellent les "Escalators"
Je t’ai mis au monde pour que tu aies ta propre vie. Ton chemin n’est pas le mien et si un temps ils se sont confondus, un jour pourtant il se sont brusquement séparés. Pour t’apprendre cette vie, j’ai échoué. Au sortir de l’enfance, tu m’as échappé : le chemin qui s’est ouvert à toi fût plein d’embûches. Tu seras ce que tu veux être, que j’en sois fière ou pas. Ton adolescence a été sanctionnée, par ceux que la vie rend amer, par ceux qui ne savent dire que «ça n’arrive qu’aux autres»! Je ne voudrais pas qu’on t’insulte, mais on ne peut pas admirer ce que tu as fait. Je donnerais ma vie pour que tout ça ne soit jamais arrivé. Je t’aime.
Le secret professionnel est des plus confidentiels celui de Polichinelle ne tient qu'à une ficelle celui de la confession a besoin d'absolution et celui de la défense pèse lourd sur les finances.
Comme le secret d'Etat engloutit nos pesetas c'est le secret médical qui vide la carte vitale; le secret de l'instruction mène aux élucubrations et celui de l'isoloir est quelquefois illusoire
Si par hasard vous avez le secret de la fortune ou si vous savez comment on peut décrocher la lune gardez pour vous ce secret
car je n'en ai pas besoin J'en ai un dans mon jardin, je le garde, c'est le mien.
- Je suis lourd à porter et pourtant, chuchoté au creux d’une oreille rose, j’ai la légèreté d’un papillon qui sème la joie de l’amour. - Je suis hermétique, verrouillé. Personne ne peut me forcer à parler. Néanmoins d’aucuns me divulguent par faiblesse, par plaisir, par peur, par intérêt ou pour se gonfler d‘importance. - Je suis la confidence encombrante, qu’il faut taire et dont seul celui qui l’a faite peut me délier. Par contre, celui qui me reçoit ploie sous le faix. Car, si par hasard on me surprend et m’utilise avec malveillance, je suis redoutable. Je puis briser une famille, anéantir un couple, ruiner une réputation, détruire une amitié, condamner à perpétuité, changer la face du monde, contraindre à l’exil, enclencher une révolution, être la trahison, et parfois, le meurtre. - J’aimerais mieux ne pas exister car j‘apporte rarement le bonheur. Mais je suis le Secret et tant qu’il y aura des hommes, je continuerai à vivre.
J'ai tout entendu. Mais je n'ai rien dit, rien répété. J'ai tout
entendu, j'ai l'oreille fine. J'ai tout entendu et j'ai même écouté.
J'ai compris. J'ai compris que je devais me taire. Ce n'était pas beau,
pas bien joli ce qui était dit là. J'ai tout entendu et puis j'ai
compris. Il m'a fallu tendre l'oreille, faire taire le brouhaha de mes
pensées, mais j'ai compris. Et ce n'était pas joli. Il aurait mieux valu
que les paroles se perdent. Un secret si vilain, il faut l'enterrer,
il faut l'oublier. Que vais-je faire de lui, maintenant que je sais ?
Me voici, chargé comme un baudet d'un bât qui me blesse. Comment
oublier. On dit que seuls les écrits restent, que les paroles
s'envolent. Mais certaines paroles sont plombées, grises, ternes et
lourdes, on est loin de l'argent. Et mon silence ... de l'or, me
dit-on, le silence vaut de l'or. Je vais être riche si mon silence vaut
de l'or, car je sais bien me taire. Mais ce terrible secret tapi dans
mes tourments, dois-je vraiment le taire ? J'ai tout entendu, et je
n'ai rien dit. J'ai tout tu. Et je m'en veux maintenant. Je m'en veux
d'être curieux. Que faire de ce secret ? Faut-il l'oublier ou au moins
faire semblant ? Faut-il qu'à mon tour je creuse un gouffre pour l'y
enfouir ? Faut-il le hurler dans le vent face à la mer ? Faut-il le
confier au bois, aux arbres, aux feuilles qui bruissent doucement ?
Je
vais courir et m'étourdir, le semer loin derrière moi. À chaque pas,
je dirai un mot de ce terrible secret. Quand j'aurai fini ma course, je
n'aurai plus de souffle. J'aurai oublié.