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Le défi du samedi
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14 août 2010

Y a des matins comme ça (Poupoune)

Ah ! C’est quoi ce bruit ? Un réveil, oui… Bon… où il est ? Ah… et comment ça s’arrête… ? Voilà. Bon. Merde. Je suis où là ? Il fait sombre, je vois pas grand-chose… C’est une chambre. Bon. Un lit. Un chevet. Une armoire. C’est joli. Bien. Je ne sais pas chez qui je suis. En fait… Putain, je sais pas qui je suis ! Merde. Merde, merde ! Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui se passe ?!

… Bon. Calme… Respire. Pas la peine de s’énerver. Allez. Je me lève, déjà. Bon. Je ne reconnais rien ici. Je vais voir les autres pièces… Couloir. Une porte. Voyons… Ah. Une chambre d’enfants. Deux lits. Des formes sous les couvertures. Je referme vite, sans bruit. Il y des photos au mur. Où est la… voilà. Lumière… Un monsieur et une dame. Des enfants. Deux. Ceux de la chambre ? Les visages ne me disent rien. Je regarde mieux… Non. Je continue. Nouvelle porte. Salle de bain. Miroir. Mon reflet dans la pénombre. Je ressemble à… oui. Lumière. Ah, oui. Je suis la dame des photos. Putain de merde. Je suis chez moi ? Et les enfants, là, alors… ? Instinctivement, je porte la main à mon ventre. Instinct de quoi ? Tout juste si je suis sûre d’être une fille, alors une mère ? Putain c’est quoi ce merdier ? Et le type, il est où ? Il y a des affaires d’homme, là. Il doit vivre ici aussi… Bon. Je vais le chercher. Il pourra sûrement m’expliquer… J’éteins la lumière et je retourne sur mes pas. Nouvelle porte. Toilettes. Je continue… Encore une porte… J’hésite. C’est… bizarre, ces portes qui ouvrent sur un inconnu qui… qui devrait m’être familier, non ? C’est… angoissant. Je ne comprends pas. Je ne sais même pas comment je m’appelle et ce que je fais là et… Stop ! Calme… Respire. Allez. J’ouvre. Vestibule. Placard. Deux portes ouvertes. Cuisine et… Salon. Je vois le dos d’un fauteuil. Quelqu’un dedans. Avec un journal ouvert. Bon. Il ne m’a pas entendue, on dirait. Je toussote. Pas de réaction. Peut-être qu’il s’est endormi sur son journal. J’approche. Oui. Il dort. Non, il… Non. Je recule. Je cherche la lumière. J’allume. Je reviens vers lui. Il est… Le journal est taché. Rouge. Il ne dort pas. Il est… Je suffoque. C’est le type des photos dans le couloir. Je crois. Je ne veux plus le regarder pour vérifier. Il a un trait rouge à la gorge. Un trait de… Un… Je ne veux pas revoir ça. Et mon regard est… mon regard est attiré par l’image tachée du journal. Un dessin. Un visage. Un portrait… Un por… Je lève les yeux et vois mon reflet dans la vitre. Le dessin… un portrait. Mon portrait. Portrait-robot. Un avis de… je prends le journal taché… Ça fait bouger la tête du type qui penche vers l’arrière et… oh ! ce trait sur sa gorge qui se… ça… oh… j’ai un haut-le-cœur. Je ferme les yeux. Je reporte mon attention sur le journal et ses taches et… merde.

Les enfants ? Je retourne dans leur chambre. Je soulève la couverture du premier lit et… Oh !... J’hésite à regarder le second, mais… il faut… je dois… Putain de bordel de merde ! Cette fois j’ai tout l’estomac qui se vide sur le joli tapis moelleux. Salle de bain. Reprendre mes esprits. Je fais couler longuement l’eau fraîche sur ce corps qui est le mien. Je regarde ces mains qui sont… qui ont… qui... Un peu de rouge s’écoule avec l’eau au fond de la baignoire.

Calme… Respire.

Bien.

Peu importe qui je suis.

Je sais ce que je dois faire.

Fuir.

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Commentaires
T
Sunday morning<br /> praise the dawning<br /> It's just a restless feeling by my side<br /> Early dawning<br /> Sunday morning<br /> It's just the wasted years so close behind<br /> Watch out the world's behind you<br /> There's always someone around you who will call<br /> It's nothing at all<br /> <br /> <br /> Sunday morning<br /> And I'm falling<br /> I've got a feeling I don't want to know<br /> Early dawning<br /> Sunday morning<br /> It's all the streets you crossed, not so long ago<br /> Watch out the world's behind you<br /> There's always someone around you who will call<br /> It's nothing at all<br /> <br /> <br /> Sunday morning<br /> Sunday morning<br /> Sunday morning
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F
J'avais l'impression de fondre
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V
Voilà une terrible manière de traiter l'amnésie... Brrr
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F
Ouf, oppressant et effrayant.
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W
Logique imparable, chère Poupoune !<br /> Y a des jours où ça me soulage un peu de ne te connaître que via le net ;o)
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J
Grâce à ce style en phrases courtes, j'adore ces "Mémoires d'une amnésique" ! A mettre en super bonne place dans l'anthologie Poupounesque !
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M
On SANG doutait !!!! Poupoune a encore frappé !!!
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J
Non ! Qu'elle ne fuît pas ! C'était le manchot qui l'a fait !!!<br /> <br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Fugitif_%28s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e%29
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A
avec ce journal que lit le père, il y a un point commun avec Cortazar, la Continuité des parcs ;-)
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Z
abondance d'hemoglobine ne nuit point ... un petit remontant peut etre avant de filer à l'anglaise ?
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