L’entrée des bureaux de
B.N.G se
trouvait juste en face de l’ascenseur, un grand hall vitré à double
porte
automatique avec un joli œil électronique en guise d’hôtesse d’accueil.
La
plaque située à droite du sas indiquait simplement :
Bioengineering for New
Generations
Nous oeuvrons pour les
générations
futures
Un rien prétentieux
peut-être...
Un haut-parleur accueillit
le
lieutenant Roste dès qu’il entra dans le champ de vision de la
caméra.
- Bonjour, que puis-je pour vous ? La voix était indéniablement
artificielle mais d’une qualité assez rare.
- Je suis le lieutenant Roste de la police nationale, je voudrais
parler
à Ernst Moritz Arndt, désolé pour la prononciation. C’est au sujet d’une
voiture
abandonnée.
- Un instant s’il vous plaît... La voix synthétique resta
silencieuse
quelques minutes puis une autre cette fois bien humaine se fit
entendre.
- Veuillez entrer je vous prie, troisième porte sur votre droite,
je vous
attends.
Les portes du sas
s’ouvrirent et se
refermèrent sans un bruit au passage du lieutenant qui avançait d’un pas
décidé
pour ne pas paraître impressionné par les lieux et la technologie
omniprésente,
où qu’il pose son regard.
Un petit homme à moitié
chauve avec
de petites lunettes rondes lui ouvrit la porte et s’effaça pour le
laisser
entrer dans la pièce qui n’était pas comme s’y attendait le lieutenant
un bureau
mais plutôt un laboratoire emplit de microscopes, d’éprouvettes, et d’un
tas
d’appareils électroniques dont il ignorait totalement l’utilité.
- Bonjour Lieutenant, je suis Ernst Arndt, que puis-je pour vous,
c’est
quoi cette histoire de voiture abandonnée, je n’ai pas de voiture, je
n’ai même
pas le permis pour tout vous dire ?
- Bonjour Monsieur Arndt. En fait il s’agît d’un véhicule qu’on
nous a
signalé abandonné. A l’intérieur j’ai découvert un agenda sur lequel
figure
votre prénom à la date d’aujourd’hui. Une personne devait vous voir à
dix heures
au sujet d’incubateurs puis à quinze heures à propos d’un
réacteur ?
- Ah je vois, il doit s’agir de Max, Maxime Eloie, mais je ne
devais pas
la voir, elle devait juste me contacter pour faire le point sur une
expérience
en cours.
- Elle ? Maxime ? C’est une femme ?
- Oui, du moins c’est toujours ce qu’il m’a semblé, je ne l’ai
jamais
rencontré, nous échangeons uniquement par courriels ou sms, elle n’est
jamais
venue ici mais elle s’exprime toujours au féminin.
- Elle ne travaille pas avec vous si je comprends bien ?
- Non effectivement, nous travaillons sur un projet commun mais
elle ne
fait pas partie de B.N.G.
- Avez-vous été en contact avec elle aujourd’hui, par mail ou
autre ?
- Oui, elle m’a envoyé un courriel ce matin pour s’assurer d’un
détail
d’une expérience en cours.
- De quoi s’agît-il ?
- Désolé Lieutenant mais ceci est confidentiel et si cette
information
n’est pas absolument essentielle à vos recherches... mais vous pensez
que cette
voiture abandonnée pourrait-être celle de Max, enfin de Madame Eloie, où
l’a-t-on trouvé ?
- Au sous-sol de cet immeuble.
- Pardon ? C’est impossible, je vous assure que je n’ai jamais
rencontré Maxime Eloie. Vous pouvez demander à qui vous voudrez.
- Vu votre accueil, je crains fort de ne guère trouver de témoin
pour
corroborer vos dires.
- Je vous assure qu’elle n’est jamais venue ici, je vais appeler
mes
collègues qui pourront vous le confirmer, je ne suis pas le seul à
travailler
avec elle.
Il appela par interphone
quatre
autres personnes qui vinrent chacune leur tour confirmer que jamais la
disparue
avec laquelle il travaillaient tous n’avait mis les pieds dans les
locaux de
B.N.G.
- Bien Monsieur Arndt, force m’est de constater qu’effectivement
vous ne
connaissez pas physiquement la disparue, enfin pour l’instant elle ne
l’est pas
encore d’ailleurs, personne n’a signalé sa disparition. Auriez-vous son
adresse
par hasard, ou son téléphone ?
- Non je suis navré, comme je vous l’ai dit, courriels ou SMS
uniquement
et c’est pareil avec mes collègues.
- Bien, je vous remercie quand même de votre aide. Tenez, voici
ma carte,
prévenez moi tout de suite si elle vous contacte, ou mieux, demandez lui
de le
faire elle-même. Au revoir.
De retour au deuxième
sous-sol, le
lieutenant entreprit une fouille plus approfondie de la voiture mais à
part
l’agenda elle était totalement vide et elle lui paraissait toujours
aussi
inconnue tant pour le modèle que pour la marque ce qui ne cessait de
l’étonner
lui qui lisait AutoPlus chaque semaine.
Le lieutenant remonta voir
le
gardien.
- Re.
- Vous avez trouvé Ernst Lieutenant ?
- Oui merci. Dîtes moi, connaissez-vous bien le
quartier ?
- Plutôt oui...
- Je cherche un teinturier pas trop loin, disons pas plus de dix
minutes
à pied.
- Y en a un à même pas dix minutes, rue Anne Fontaine, vous
sortez, vous
prenez le boulevard vers vot’ gauche pendant cinq cents mètres, la
première à
droite et vous filez, pouvez pas l’rater.
- Merci bien.
Huit minutes plus tard tout
juste,
le lieutenant était devant la façade d’un pressing Cinq à Sec. L’homme à
l’intérieur fût incapable de lui dire si oui ou non il avait vu Maxime
Eloie, ce
nom ne figurait pas sur son registre mais comme il l’expliqua au
lieutenant, le
système d’automate à l’extérieur permettait de déposer des vêtements
sans avoir
à rentrer dans le magasin, l’appareil délivrant un ticket avec une bande
magnétique pour pouvoir récupérer ses affaires dès le lendemain même un
dimanche.
Décidément
c’est la femme invisible ma cliente soupira le lieutenant...