Chapître 2 - Défi n°8, Si je suis invisible... (Fafa)
L’entrée des bureaux de B.N.G se trouvait juste en face de l’ascenseur, un grand hall vitré à double porte automatique avec un joli œil électronique en guise d’hôtesse d’accueil. La plaque située à droite du sas indiquait simplement :
Bioengineering for New Generations
Nous oeuvrons pour les générations futures
Un rien prétentieux peut-être...
Un haut-parleur accueillit le lieutenant Roste dès qu’il entra dans le champ de vision de la caméra.
- Bonjour, que puis-je pour vous ? La voix était indéniablement artificielle mais d’une qualité assez rare.
- Je suis le lieutenant Roste de la police nationale, je voudrais parler à Ernst Moritz Arndt, désolé pour la prononciation. C’est au sujet d’une voiture abandonnée.
- Un instant s’il vous plaît... La voix synthétique resta silencieuse quelques minutes puis une autre cette fois bien humaine se fit entendre.
- Veuillez entrer je vous prie, troisième porte sur votre droite, je vous attends.
Les portes du sas s’ouvrirent et se refermèrent sans un bruit au passage du lieutenant qui avançait d’un pas décidé pour ne pas paraître impressionné par les lieux et la technologie omniprésente, où qu’il pose son regard.
Un petit homme à moitié chauve avec de petites lunettes rondes lui ouvrit la porte et s’effaça pour le laisser entrer dans la pièce qui n’était pas comme s’y attendait le lieutenant un bureau mais plutôt un laboratoire emplit de microscopes, d’éprouvettes, et d’un tas d’appareils électroniques dont il ignorait totalement l’utilité.
- Bonjour Lieutenant, je suis Ernst Arndt, que puis-je pour vous, c’est quoi cette histoire de voiture abandonnée, je n’ai pas de voiture, je n’ai même pas le permis pour tout vous dire ?
- Bonjour Monsieur Arndt. En fait il s’agît d’un véhicule qu’on nous a signalé abandonné. A l’intérieur j’ai découvert un agenda sur lequel figure votre prénom à la date d’aujourd’hui. Une personne devait vous voir à dix heures au sujet d’incubateurs puis à quinze heures à propos d’un réacteur ?
- Ah je vois, il doit s’agir de Max, Maxime Eloie, mais je ne devais pas la voir, elle devait juste me contacter pour faire le point sur une expérience en cours.
- Elle ? Maxime ? C’est une femme ?
- Oui, du moins c’est toujours ce qu’il m’a semblé, je ne l’ai jamais rencontré, nous échangeons uniquement par courriels ou sms, elle n’est jamais venue ici mais elle s’exprime toujours au féminin.
- Elle ne travaille pas avec vous si je comprends bien ?
- Non effectivement, nous travaillons sur un projet commun mais elle ne fait pas partie de B.N.G.
- Avez-vous été en contact avec elle aujourd’hui, par mail ou autre ?
- Oui, elle m’a envoyé un courriel ce matin pour s’assurer d’un détail d’une expérience en cours.
- De quoi s’agît-il ?
- Désolé Lieutenant mais ceci est confidentiel et si cette information n’est pas absolument essentielle à vos recherches... mais vous pensez que cette voiture abandonnée pourrait-être celle de Max, enfin de Madame Eloie, où l’a-t-on trouvé ?
- Au sous-sol de cet immeuble.
- Pardon ? C’est impossible, je vous assure que je n’ai jamais rencontré Maxime Eloie. Vous pouvez demander à qui vous voudrez.
- Vu votre accueil, je crains fort de ne guère trouver de témoin pour corroborer vos dires.
- Je vous assure qu’elle n’est jamais venue ici, je vais appeler mes collègues qui pourront vous le confirmer, je ne suis pas le seul à travailler avec elle.
Il appela par interphone quatre autres personnes qui vinrent chacune leur tour confirmer que jamais la disparue avec laquelle il travaillaient tous n’avait mis les pieds dans les locaux de B.N.G.
- Bien Monsieur Arndt, force m’est de constater qu’effectivement vous ne connaissez pas physiquement la disparue, enfin pour l’instant elle ne l’est pas encore d’ailleurs, personne n’a signalé sa disparition. Auriez-vous son adresse par hasard, ou son téléphone ?
- Non je suis navré, comme je vous l’ai dit, courriels ou SMS uniquement et c’est pareil avec mes collègues.
- Bien, je vous remercie quand même de votre aide. Tenez, voici ma carte, prévenez moi tout de suite si elle vous contacte, ou mieux, demandez lui de le faire elle-même. Au revoir.
De retour au deuxième sous-sol, le lieutenant entreprit une fouille plus approfondie de la voiture mais à part l’agenda elle était totalement vide et elle lui paraissait toujours aussi inconnue tant pour le modèle que pour la marque ce qui ne cessait de l’étonner lui qui lisait AutoPlus chaque semaine.
Le lieutenant remonta voir le gardien.
- Re.
- Vous avez trouvé Ernst Lieutenant ?
- Oui merci. Dîtes moi, connaissez-vous bien le quartier ?
- Plutôt oui...
- Je cherche un teinturier pas trop loin, disons pas plus de dix minutes à pied.
- Y en a un à même pas dix minutes, rue Anne Fontaine, vous sortez, vous prenez le boulevard vers vot’ gauche pendant cinq cents mètres, la première à droite et vous filez, pouvez pas l’rater.
- Merci bien.
Huit minutes plus tard tout
juste,
le lieutenant était devant la façade d’un pressing Cinq à Sec. L’homme à
l’intérieur fût incapable de lui dire si oui ou non il avait vu Maxime
Eloie, ce
nom ne figurait pas sur son registre mais comme il l’expliqua au
lieutenant, le
système d’automate à l’extérieur permettait de déposer des vêtements
sans avoir
à rentrer dans le magasin, l’appareil délivrant un ticket avec une bande
magnétique pour pouvoir récupérer ses affaires dès le lendemain même un
dimanche.
Décidément c’est la femme invisible ma cliente soupira le lieutenant...