Le duc Pierre du Rocher, enfila son imperméable sable et descendit en catimini l'escalier de marbre.
Une fois dans la rue il hâta le pas, rasant les murs, évitant les éclaboussures lumineuses des lampadaires. Son désir le taraudait comme un caillou dans la chaussure : il voulait revoir son Agathe !
Enfin l'auvent d'ardoise apparut surmonté de sa lanterne rubis, se faufilant dans l'impasse bordée de fleurs pétrifiées, le duc maigrichon frappa les quatre coups convenus à la porte de son paradis. Une jeune servante, accorte comme il se doit, le fit entrer dans un couloir tendu de toile aigue-marine chichement éclairé et dallé de faux galets. Le duc senti monter d'un cran sa tension, il chercha de ses petits yeux émeraude les signes d'une impatiente attente, mais le couloir était désert. La sémillante servante désigna sans un mot l'escalier de granit qui s'élevait vers le premier. Pierre rectifia son nœud papillon, saisit fermement l'onyx du pommeau de sa canne et en entreprit l'ascension.
Avant d'arriver devant la porte convoitée, il imagina son Agathe : ses seins d'albâtre, sa peau douce et marbrée, le moelleux de sa chair, la délicieuse poigne qui le saisirait pour l'attirer en elle, il se sentirait encore une fois perdu et heureux dans cette opulence ! Ah quelle différence avec son altière et minérale duchesse !
La sueur au front, il toqua à l'huis de sa pierre précieuse, la voix rocailleuse et chérie le pria d'entrer.
A peine eut-il refermé la porte qu'il se précipita entre les seins plantureux , y enfouit son visage chafouin,  y oublia enfin les tracas de la Bourse, le cours des mines de phosphates et les regards sulfureux de ses associés !
« Mon Agathe sanglota-il ...trop tard ! » Elle le fixa d'un œil de jais, le saisit par les épaules et l'assit entre ses cuisses, un râle s'échappa de la gorge menue.. Pierre du Rocher venait de rendre l'âme dans la jouissance et la souffrance étranglé par la baleine du soutien-gorge turquoise qu'elle n'avait pas ôté.