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Le défi du samedi
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15 mai 2010

Mais nous on ne trempe pas nos tartines dans la chicorée… (Adrienne)

Cet après-midi-là, on donnait un péplum à la télé. C’est toujours agréable à regarder, les péplums, des hommes en jupette laissent admirer leurs muscles et c’est si simple à suivre qu’on peut se faire un thé à la cuisine, répondre à quelques mails ou passer un coup de fil sans perdre celui de l’histoire.
Simple, reposant et parfois même instructif. « Vare, legiones redde ! » déclame César Auguste à la tête coupée de son général Varus, sous prétexte qu’il lui a fait perdre deux ou trois légions en Germanie. Sauf qu’à l’écran c’était une version doublée en allemand.
C’est à ce moment-là qu’on a sonné à la porte. Deux policiers. Un homme et une jeune femme. J’avais envie de leur faire un grand « Ave César » mais ils ne sont ni en jupette, ni musclés, ni venus pour rigoler. Petite enquête. On a trouvé aux alentours de fortes doses d’un poison mélangé à de la viande hachée. On a trouvé un renard mort. Un chien mort. Pourraient-ils entrer un instant, juste quelques questions à poser. Mais bien sûr. Nous voilà dans le couloir, je referme la porte derrière eux.
C’est alors que j’ai vu leur regard : l’effroi. L’épouvante. Ils me regardent avec une horreur hagarde. J’en reste pétrifiée moi-même. Je ne comprends pas. Est-ce moi qu’ils regardent ainsi ? Je me retourne. Il n’y a personne derrière moi. Le couloir, le portemanteau, un petit meuble, quelques plantes, un cadre au mur… Non, c’est pour moi, cette frayeur panique dans leurs yeux ronds et exorbités.
L’homme se racle la gorge et déglutit péniblement. La jeune femme est déjà toute pâle, on dirait qu’elle va se trouver mal. Elle tient sa main devant sa bouche.
Et là, dit-il en montrant la porte qui va vers la cave, qu’est-ce qu’il y a là ?
Je me dirige vers la porte de la cave et l’ouvre en grand pour leur permettre de voir que je n’y cache rien d’illicite. Pas de mort-aux-rats. Pas même des granulés anti-limaces. Rien. Aucun poison.  La provision de pommes de terre. Les confitures. Quelques sacs de croquettes pour chats…
Ah ! dis-je, soulagée d’avoir enfin compris d’où vient leur malaise, ça doit être le maroilles qui vous fait cet effet-là ! C’est vrai qu’après un moment on s’habitue à l’odeur, mais quand on vient de l’extérieur, ça surprend, n’est-ce pas ?
Et je leur ai mis sous le nez l’assiette sur laquelle un beau maroilles enveloppé dans un linge humide exhalait ses effluves pédieuses.
***
Addenda pour ceux qui veulent prendre un bain (de pieds) dans la culture chti :
Plus qu’cha pue et plus qu’ch’est bon http://www.youtube.com/watch?v=b7soKsdM4zo
La tartine avec le maroilles qu’on trempe dans la chicorée au petit déjeuner http://www.dailymotion.com/video/x4itk9_bienvenue-chez-les-chti_shortfilms
Mais moi qui suis Belge, la prochaine fois, j’enverrai à César Auguste du fromage de Herve ou de Bruxelles. Ceux-là, pas besoin d’y mettre les pieds ;-)

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Commentaires
K
Superbes ces "effluves pédieuses" ! Quant au suspense si bien mené, j'ai cru, peut-être à cause de la télé, que l'inspecteur Derrick allait surgir lentement mais sûrement...
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A
Zigmund, je comprends tout à fait votre ami, le maroilles qui empestait la maison, ça ne me donnait pas envie d'y goûter!<br /> vrai, Pivoine, je parie que la saveur douce des orties se marie très bien avec le maroilles, j'en mettrais dans ton feuilleté ;-)<br /> merci pour vos commentaires!
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P
Mais les romanciers y mettent aussi de l'autobio, tellement transformé qu'on serait bien en peine de s'y retrouver - si tu ne nous l'avais pas dit, on ne l'aurait peut-être pas deviné !!! Sauf que c'est très visuel bien sûr (et olfactif) et me donne envie (après avoir cuisiné des orties) de cuisiner des feuilletés au maroilles !
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Z
j'aime bien cette histoire.<br /> un viel ami, détestant tous les fromages (manque de goût mais sympa qd mm),a menacé de quitter la maison familiale (à 12-13 ans) sous prétexte que sa mère faisait une tarte au maroilles.<br /> si je braque une banque je n'oublierai pas de déposer du maroilles près des billets !
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M
Wouahh c'est du BIO !!!! Tu cultives l'otentic !!! Bravo Adrienne !!!
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A
ça ne vient ni d'un film, ni d'une pub, ni d'une BD, c'est du vécu d'hier et d'aujourd'hui mélangé, je ne suis capable que d'écrire de l'autobio donc ici c'est un mélange de fromage puant que ma mère avait à la cave quand j'étais ado, d'une jeune femme flic qui est une ancienne élève et de poison + renard et chien morts et bien morts ici dans mon coin de nature où il y a malheureusement des chasseurs... le tout remixé ensemble à la sauce consigne 106<br /> merci de vos gentils commentaires!
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P
un bon maroilles, y a pas à dire, ça vaut tous les cadavres... ;o)
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T
Tu te rends compte ? Je suis tombée dans le panneau... C'est pourtant moi qui avais "pondu" la consigne... Bravo, et merci !
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J
J'adore cette narration, j'ai dû voir le même film...avec Steve Reeves, non ? Ne fût-ce Victor Mature...<br /> <br /> Et puis, dans la cave, j'imaginais un grand plat de steak tartare...on a beau l'inventer à Bruxelles (si j'ai tout bien compris), je ne peux pas en manger ! Gah !<br /> <br /> Récit délicieux, bambina ! Tutti bene ! Tutti !
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M
Des policiers bien faiblards, dis donc !!!<br /> Cette histoire me rappelle une certaine pub télé dans laquelle on voit une femme s'effondrer en entrant dans la maison de son amie à cause des odeurs incrustées dans tapis et divans ... <br /> Un coup de pchtt, pchtt et ele se relève ! Cela devrait marcher aussi avec le maroilles je suppose ! <br /> Merci pour le bain dans la culture chti ! Le film est extra, un bain de fou rire également !
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P
A propos d'enquête votre récit me rappelle une bande dessinée. Jeannot (de Tabary) se précipite chez lui, Corinne a caché un fromage chez lui, il doit le retrouver. La Corinne s'esclaffe, le fromage, elle l'a tartiné sur les murs, le Jeannot cherchera longtemps !<br /> Sinon, enfant, j'ai eu (passé surcomposé) trempé des tartines au fromage dans le café au lait, personne ne s'en offusquait, d'aucuns mettent bien de la crème dans le breuvage.
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