0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144, 233, 377, 610, 987, 1597, 2584, 4181, 6765, 10946, 17711, 28657, 46368, Papistache
Cet été-là, j’étais amoureux de Maïa, la fille de la garde-barrière.
Maïa
aux seins si fermes sous sa robe de coton fleuri. Les doigts me
frissonnaient de vouloir les épouser, les seins si fermes de Maïa.
Mais
de Maïa, le père, Homer, veillait ; Mireille, la mère, sa mère, tournait la manivelle de la barrière bicolore et les seins de Maïa m’émerveillaient.
Maïa suivait son père Homer, affecté à l’entretien de trente kilomètres de la voie de l‘omnibus à vapeur. Père cerbère, pas touche à sa fille. Ni M.M.S., ni S.M.S., ni texto, ni G.S.M. en ce temps-là, j’eus l’idée de graver ma flamme à la pointe de mon couteau à manche de bois et lame d’acier. Homer, le père sévère inspectait les rails, les traverses, les clous, les boulons ; Maïa, chevrette, suivait, gambadait, toujours sous l'œil du père.
Première traverse au kilomètre 0 : M
Deuxième traverse A Ï
Troisième traverse A
Sixième
J
Neuvième E
Quatorzième T’
Vingt-deuxième
A
Trente-cinquième I
Cinquante-sixième
M
Quatre-vingt-dixième E
Cent-quarante-cinquième
R
Deux-cent-trente-quatrième O
Trois-cent-soixante-dix-huitième
D
Six-cent-onzième R
Neuf-cent-quatre-vingt-huitième
I
Mille-cinq-cent-quatre-vingt-dix-huitième G
Deux-mille-cinq-cent-quatre-vingt-cinquième
U
Quatre-mille-cent-quatre-vingt-deuxième E
Six-mille-sept-cent-soixante-sixième
J
Dix-mille-neuf-cent-quarante-septième E
Dix-sept-mille-sept-cent-douzième S
Vingt-huit-mille-six-cent-cinquante-huitième
E
Hélas, les trente kilomètres affectés à la veille du père de ma merveille comptaient exactement 42 857 traverses et la suite de mon message n’a jamais été lue. La belle, sans son père, aurait successivement trouvé : R A I / S O U S / L E / L A V O I R / T O U S / L E S / S O I R S / R E J O I N S - M O I /
La suite de Fibonacci m’a emporté loin. J’ai fait dix fois le tour de la terre. J’ai partagé la couche de bien des femmes et de quelques filles de garde-barrières moins surveillées que Maïa, mon amour de quatorze ans aux seins si fiers. J’ai aussi couché dehors plus qu’à mon tour mais j’ai vécu. Aujourd’hui que je suis las, mes pas me ramènent sur la voie où mon amour des mathématiques me vola celui de la belle Maïa.