Les disparus d’Adrienne
Fermés, les petits supermarchés Sarma. On ne vend plus la ouate thermogène ni la poudre Inotyol du docteur Debat . Disparus, mon grand-père et Boule d’Or, sa marque de cigarette, ma grand-mère et son moulin à café à manivelle.
Finie l’époque des jeux de cour de récré, chat perché, colin-tampon. Fini le petit magasin de bonbons, au coin de l’école. Finis les bonbons Pez, le journal Pilote et sa Rubrique-à-brac, le magazine Pif et ses gadgets.
Perdus, le ré de ma clarinette, le chat de la mère Michel et le vieux chalet de Jean, là-haut sur la montagne. Le furet, il court, il court… et où sont les neiges d’antan ?
Disparus, Pimprenelle et Nicolas et le gros nounours qui vous disait « bonne nuit les petits ». La grosse télé avec son petit écran bombé, le capitaine Flamm, la petite maison dans la prairie, les cow-boys et les indiens et Armand Pien qui nous disait la météo sur la chaîne flamande.
Le gros poste de radio où on écoutait du bel canto le dimanche soir ou Radio Hainaut et les disques demandés les jours de semaine. Ecoutez vite Jean-Christophe Averty et les cinglés du music-hall avant qu’ils ne disparaissent eux aussi…
R.I.P. Fernand Raynaud, sa sœur et sa 2CV, son beau-frère et son platane penchant. Hergé et les bijoux de la Castafiore. Le Manitoba ne répond plus depuis longtemps. R.I.P. Jacques Brel et le tram 33 pour aller manger des frites chez Eugène. Jan Van Eyck et le panneau des « juges intègres » de son retable L’Agneau mystique.
Trop tard pour la visite du phare d’Alexandrie et des jardins de Babylone. Beaucoup trop tard pour le jardin des Hespérides. Trop tard aussi pour le voyage avec la Sabena ou le trajet Anvers-Matadi avec le Leopoldville.
Partis sans laisser d’adresse, François Villon et les amis de ce pauvre Rutebeuf, un jour de grand vent.
Et les cheveux de mon frère.