C’est pas c’que vous croyez ! (Cartoonita)
Attendez, j’va vous expliquer. Le problème c’est qu’y’avait un ours devant chez les flics. Ah non, il était pas en peluche. Y’en a qui ont dit mais c’était pas vrai, j’sais moi j’y étais ! Il était en pelote. Parc’qu’on lui avait chouravé la « prunelle de ses yeux » qu’i’ disait. Un bout d’thon d’cul d’lotte qui lui servait d’n’œil. Et il venait à la maison poulaga pour leur dire de se magner le trouffion pour le retrouver, son trucmuche qui lui servait à r’luquer les jolies mistinguettes. Mais voila-t’y-pas que c’est lui qui s’est retrouvé d’suspecté ! Sous prétexte qu’il était estranger, Mehdi Shahina. Qu’il était sûrement bourré de haschisch. Lui qui ne touchait à r’en d’autre qu’à du miel ! Oui, d’accord, un peu d’hydromiel de temps en temps, mais qu’aux mariages. Et vous savez comment sont les ours, surtout mal léchés comme celui-là ! Pas très sociables, pas un
bonjour dans la rue. Ça n’arrive pas souvent les mariages chez eux en plus. Même qu’i’ n’vont qu’à leur propre mariage, et encore, i’ vont qu’à la nuit d’noces et puis c’est tout… Einh, c’est l’meilleur, n’est-c’pas ? Oui, « nuit » de noces, c’est vite dit : en quelques minutes c’est bouclé, l’affaire est dans le sac à plaisir et tchao bella ! Mais je m’est garé. Bon, c’était un ours lambada, tout ce qu’y’a de plus normal quoi, mal léché d’accord mais bon avec leurs grosses pattes pleines de griffes et tartinées de miel, ils peuvent pas trop se pomponner comme ces faignasses de chats. Enfin, je retourne à mon histoire. Ces abrutis de poulets, i’l’ont confondu avec le Mollard Homard car il était lasagné, tout poilu du menton et qu’il lui manquait un œil, c’te lui-là qu’on lui avait piqué et qu’i v’nait réclamer qu’on i’ retrouve ! Ils ont fait ni une ni deux ni trois, ces
nounouilles à binces, ils l’ont pulvérisé à coup de koalachnikof – tiens, au fait, j’connais un gonze ben sympatoche, un aminche à mwé, si vous v’nez d’ma part, il pourra vous trouver un p’tit Beretta, pas cher, presqu’pas servi… Oui, oui, j’retourne à nos moutons, enfin mon ours – vous suivez pas vous dis donc ! Brefle, ils l’ont canardé, oursnardé si vous préférez, et comme ce con s’était gavé de miel comme pas possible, ben ça en a mis partout. Les keufs, on aurait dit des crottes de nez toutes morveuses, des pieds à la tête qu’ils en avaient. Et c’est pour ça que le mur de l’immeuble est r’dev’nu tout jaune, avec tout l’miel qui lui a splashé dans la goule. Pourtant, j’en avais passé du tems à tout peindre en bleu comme vous m’l’avez demandé patron. Non, non, j’vous jure qu’c’est pas moi qui m’a trompé de couleur ! Et j’m’a pas endormi non plus à côté du pinceau, ah ça
non ! Moi j’a tout fait pour faire honneur à la Compagnie Peinturloupe – oui Peinturlipe – scusez. Et puis il a fallu que c’t’empêcheur de peindre en rond d’ours se ramène et pis que les poulets ils y pigent que dalle et déconnent à mort. Voilà où ça nous a m’né c’t’affaire. Oh non, allez pas les voir les flicaillons, ils sont déjà ben assez marre comme ça, i’ s’raient capables d’vous foutre en pilule de dégris’ment. Ouais, qu’vous disez, j’en sais quet’chose ! Ah les z’horreurs judiciaires, pauvre de m’wé, j’connais ! Pour revenir à nos marioles, il a fallu les passer au Kärsher, la crise. Les bandes de zoulous se marraient grave. Quoi ? Cette bouteille ? Ben c’était que j’étais tout r’tourné moi, tout c’bon travail d’fichu en l’air, ça m’a fait un coup, fallait bien qu’j’me ravigore, comprenez. Oui, oui, j’m’y remets patron, tout d’suite patron…