Le mythe du temps perdu (Vanina)
La corne de brume sonnait lugubrement, au loin, dans le brouillard. Sillonnant des terres inconnues, un navire avançait lentement, toutes voiles dehors, sur les eaux grises d’un fleuve immense aux nombreuses ramifications, aux canaux parfois souterrains.
Sur le pont du navire, la gardienne de l’éternité appuya son trident sur la poitrine de l’homme qui n’esquissa pas l’ombre d’un mouvement et… L’éclair bleu se produisit d’un seul coup. Pas un éclair ordinaire, une vive clarté qui le traversa et neutralisa la guerrière. Une vision cosmique, étrange et belle, qui hantera son regard jusqu’à la fin de sa quête.
Ce « pirate du temps » recherchait la réalité. Car la vie, elle-même, s’était égarée dans les pièges du temps, quelque part dans le replis des heures.
Est-il envisageable que dans d’autres éternités, même la mort puisse mourir ?... ou, comme ici, que la soif de la vie soit remplacée par celle de la mort ?
Des années, des dizaines d’années s’étaient écoulées depuis le début de sa quête. Une quête qui laissait inexplorée une partie essentielle de ces terres inhospitalières : le cœur de la forêt, le royaume ultime disait-on, la source du temps. Là où l’immortel rencontrait le mortel… Hors de toutes les cités, de toutes terres labyrinthiques.
Là-bas, disait-on encore, s'étend une forêt sans fin, inexplorée, hantée. Une forêt qui s'offre et se protège à la fois, fait signe et se refuse.
Et au cœur de cette forêt, à l’abri des regards, se dessinent une clairière entourée de douze arbres plusieurs fois centenaires : l’Horloge sidérale.
Un seul homme pourra l’atteindre et rétablir l’ordre mortel…