Vallée de la Willamette (Didier)

Mardi 9 mars

- Alex ?

- C'est Axel ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Faut que je te le dise, tout de suite, ça y est, je l’ai !

- Tu l’as quoi ? Va vite, dis-moi, parce que je suis en plein dans une vidange, là...

- Mon premier reportage ! Ca y est, je l'ai ! Ils m’envoient aux Etats-Unis, figure-toi !

- Aux Etats-Unis ? Mais quand ? Pourquoi ?

- Là, maintenant, tout de suite. Je suis en taxi, là. J’arrive à l’aéroport. Je file. Tu te rends compte ? Ca y est, j’y suis, ils me font confiance je crois. Ca a l'air d'être un gros truc !

- Mais tu vas où aux Etats-Unis ?

- Dans l’Oregon.

- Dans l’Oregon ? Pour ton journal du coin ?

- Ben oui.

- Des terroristes ont abattu un immeuble ou quoi ?

- Non, c’est une une histoire d’ours en peluche suspect.

- D’ours en peluche suspect ! Z’avez que ça à faire, c’est pas possible !

- Je verrai bien ! J'arrive-là, je te laisse. Je te rappelle dés que je peu.

Il s'alluma une cigarette, sans penser une seule seconde à la Modus qui mençait d'exploser à la moindre étincelle. Axel partait, et il était là, comme un couillon. La voiture se vidait.

Dimanche 14 mars

- Alex ? C'est Axel ! Je te rappelle plus tard. C'est incroyable !

Mercredi 17 mars

- Axel ? C'est Alex ! Alors, qu’est-ce que ça donne ? Tu peux me rappeler, là. Je flippe pas mal. J'ai appelé le journal, ils m'ont dit qu'ils n'avaient pas de nouvelles non plus.

Lundi 22 mars

-  Alex ? C'est Axel !

- Ah, quand même. Putain. Tu aurais quand même pu....

- Tu ne me croiras jamais !

- (peur) Quoi ?

- (éclat de rire) Cette peluche, elle était à moi !

- Quoi ? A toi ? Comment ça ?

- La peluche suspecte, en fait un nounours déposé devant un commissariat, et bien c’est celle que j’avais quand j’étais gamine. Ils ont même retrouvé mes empreintes dessus.

- Mais comment c’est possible ? J

- Je suis sur l'enquête, je te redirai ça. Mais j'ai ma petite idée ! Tu sais qu'au début, ils ont pensé que j'avais commis un crime ?

Samedi 27 mars

- Alex ? C’est Axel ! Ca y est, c'est dingue !

- Pour ta peluche ?

- Oui, enfin non.

- Ben quoi ?

- J’ai retrouvé mon père. J'te jure ! Dingue !

- Tu as retrouvé ton père dingue dans l’Oregon ?

- Non, il est pas dingue. Mais oui, je l'ai retrouvé !

- Tu peux expliquer un peu, peut-être ? Tu m’avais dit qu’il était mort, ton père.

- Ben justement... Il est mort aussi…

- Tu l’as retrouvé mort ?

- Non, je l’ai retrouvé et il est mort.

- ...

- Je ne l'ai pas tué, je te rassure. Quoi que. En quelque sorte, oui.

- Tu l’as TUE !!! ???

- En fait, il a eu un arrêt cardiaque quand il m’a vu. Un sourire, la main à la poitrine et il s’est effondré.

- ET toi ?

- Ben je me suis effondrée aussi.

- Et tu es où, là ? Chez les flics ?

- Non, non, toujours dans l’Oregon. Un endroit magnifique. Ca s'appelle la vallée de Willamette. C'est rigolo, non, comme nom ?

- ...

- Je viens d'envoyer ma démission du journal. En fait, j'ai hérité de tout !

- ...

- Alex ?

- ...

Comments

[cartoonita]

Que de folie, eh eh

[zigmund]

bravo ! clap clap !

[venise]

ce récit est magistral .j'aime la dynamique des dialogues

[poupoune]

hé hé... excellent !
mais entre la panique semée au poste et la mort de son père, va p't'être avoir du mal à obtenir sa carte de séjour quand même!

[didier]

Merci les gens et sympa, la photo.
Noté, claudio, qu'on était à deux démissions ;-)

[didier]

Merci les gens et sympa, la photo.
Noté, claudio, qu'on était à deux démissions ;-)

[Claudio]

Excellent !
(vu le clin d'œil)
Déjà écrire des dialogues ce n'est pas facile, mais des comme celui-ci, c'est fort.
Google a dû chauffer de recherches sur l'Oregon (j'admets que ta vallée de Willamette plombe moins l'Etat que "La Pine" qui s'est imposée à moi)

[Joe Krapov]

Je n'ai jamais cru aux oncles d'Amérique mais maintenant que je m'y suis trouvé une soeur jumelle, ça ne m'étonne pas qu'Axel(le?) y (re)trouve son père *! Qui plus est, si le paysage est comme ça, on comprend qu'elle veuille y rester : http://www.twip.org/photo/north-america/united-states-of-america/photo-5811-07-05-06-13-11-22.jpg

*T'façon, ici, en littérature, on a tous les droits !

[Vanina]

Un ours à suivre... pour ne pas perdre le Nor'egon...
Texte très agréable avec ses rebondissements.
Sourire
Vanina

[rsylvie]

bravo...
c'est excellement
le dialogue trés réaliste
et la chute,,, plaisante.
..........
pour peu, on aurait pu se rencontrer dans la vallée !

[Walrus]

Faut pas forcer sur la Poire Williams comme ça !

[papistache]

Eh bien, Coco, je ne regrette pas de t'avoir envoyé(e ?) là-bas. Des pigistes on en trouve autant qu'on veut au bas de la rue... en revanche, actionnaire, ça te dirait ?

[Berrybelle]

J'aime ton texte Didier. Court, bien enlevé. Et la chute... j'imagine la scène ! Très drôle !
Et j'ajoute que j'aime le commentaire de Joye "Car dans la vraie vie, on sait rarement tout ce qui se passe !" ça me rappelle une conversation autour de Djian et son style littéraire ;o)

[caro_carito]

Ah, c'est excellent cette progression. La chute est drôlissime et le décalge entre les deux personnages. très bonne idée.

[joye]

Très original et bravo ! Car dans la vraie vie, on sait rarement tout ce qui se passe !

Je te félicite aussi pour la précision : Albany, où le vrai évènement a eu lieu se trouve justement dans la Willamette Valley !

Re-bravo Didier !!! Un délice !