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Le défi du samedi
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6 février 2010

L'oseraie (Walrus)

Il y a bien des lustres de cela, à l'écart d'un petit village perdu, vivait un sabotier doublé d'un satyre. Vous en conclurez que l'homme était vieux, avez-vous jamais vu un autre adjectif que "vieux" associé à "satyre"?

Son grand plaisir était de lorgner vers les gamines du village lorsqu'elles s'ébattaient dans les prairies jouxtant les fermes.

L'ennui, c'est que connu comme il l'était, il n'avait guère l'occasion de le faire de près, à la moindre tentative d'approche, il se trouvait comme par hasard un adulte pour surgir d'on ne sait où.

Jusqu'au jour où une idée lui vint : les fossés de drainage séparant les prairies étaient bordés de saules têtards servant à produire l'osier.

Une nuit, ayant chargé sur une charrette à bras une lanterne sourde, une scie de bûcheron, quelques coins de fer, un palan, des cordes et une hache, il se rendit dans un endroit écarté, s'arrêta près d'un saule et se mit à l'ouvrage.

Il scia l'arbre à quelques centimètres du sol. Il le fit à grand peine : la scie était normalement manipulée par deux hommes sur un tronc abattu. Les coins lui furent bien utiles pour soulager la lame du poids de l'arbre.

Il culbuta le saule sur le plancher de la charrette dressée vers le ciel puis redressa cette dernière en tirant sur la tête de l'arbre au moyen du palan. Tout étant solidement arrimé, il ramena son butin chez lui, tirant l'attelage comme un âne et suant comme un bœuf.

Il rangea tout dans un appentis adossé à sa demeure.

Les jours qui suivirent, il se mit à évider le tronc : ce n'étaient pas les tarières, gouges et autres cuillers qui lui manquaient ! Il réduisit à quelques centimètres l'épaisseur des parois, creusa une petite lucarne pour son visage et fixa un harnais de cuir à l'intérieur du fût.

Le saule était devenu suffisamment léger pour qu'il puisse s'y glisser et le soulever à la manière des porteurs de ces géants chers au folklore des régions du nord.

Une nuit, il alla se poster dans son arbre au bout d'une rangée de saules.

Il attendit longtemps et commençait à s'engourdir dans sa cachette avant qu'il n'entendît dans l'après-midi les voix chantantes et les rires de quelques fillettes. Son cœur battait à tout rompre : elles approchaient !

 Les gamines en effet effectuaient en sautillant une sorte de slalom autour des troncs de sa rangée de saules. Elles approchaient !

 Il allait réussir ! Il les dévorait des yeux, agité de pensées lubriques.

"Dès qu'elles sont à portée, je rejette cette carcasse et hop ! je leur tombe dessus" se disait-il.

Elles approchent, elles sont là !

Il tire violemment sur ses bras pour se libérer du saule... rien !

Il panique, bande ses muscles, tire de toutes ses forces... rien, l'arbre ne bouge pas d'un poil.

Alors, la lumière se fit : c'était le jour de la Sainte Catherine où tout bois prend racine !

D'ailleurs, ne sentait-il pas comme un frémissement dans les fibres du saule ? Oui, la paroi de bois se rapprochait lentement, mais sûrement, il était perdu !

Entre temps, ces saletés de gamines avaient entamé une ronde autour du dernier saule et, mais oui, elles lui tiraient la langue quand elles passaient devant son visage !

Le bois commençait à l'étreindre, à l'étouffer.

Il devint cramoisi.

Le supplice allait être long...

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Commentaires
W
Oui, Sebarjo, mais ça ne fait qu'une flambée...
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S
Et pour faire du feu, le saule ça tire bien ???<br /> Très bon !!!
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W
Merci Joe. Petite précision à l'usage de Poupoune : avec le système carcéral belgo-belge, si Marc se tirait, ce ne serait que la deuxième fois...
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J
"Le supplice allait être long" mais pas autant que la contribution exceptionnellement peu courte de notre maître septentrional. Un ravissement du reste, qui me semble être une variante bien surréaliste du "ses ailes de géant l'empêchent de marcher".<br /> <br /> Du coup, je peux bien raconter que je m'étais censuré de mon côté. Le commentaire allusif de Poupoune sous mon texte reprend toute sa place ici :<br /> <br /> "La danse des fillettes fait sortir Marc du trou sauf qu'il est en cabane, bien bouclé pour longtemps !"
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W
Merci, Phil
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P
Savoureusement sympa, le conte.
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W
Merci pour le clin d'oeil, Vegas.<br /> Merci pour le coup de crayon, Oncle Dan.
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O
J'ai à cette adresse une petite illustration de ton texte...
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O
Walrusien, walrussissime, du Grand Walrus !
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V
"Le supplice allait être long"... quand le bois ne travaille pas plus que l'écorce :o)
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W
Ce n'est qu'un air que je me donne , Kloelle aux paroles de miel.
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K
Et moi qui lui trouvait un air de Pierrot désenchanté....Belle inspiration Walrus.
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W
Merci Jakline
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J
... et ce texte n'est pas du tout un supplice !!
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W
Une incitation à "rhabiller les fillettes", Moon ?
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M
Les associations de défense des fillettes sont contentes que vous "osier" écrire un tel texte !
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J
Cher Gasc-wallon, tu oublies que Roxanne était précieuse (et oui, quelque peu ridicule, sans doute). Mais si j'abandonne Rostand pour Poquelin, pas grave, on aura toujours Poquelôte.
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W
'tention, Joye, tu vires vers Molière là !
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R
Pffffffffrt, Chwalruistian ! <br /> <br /> Tu dis cela à toutes les Précieuses !<br /> <br /> ;-)
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W
Toi aussi, Joye.
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J
Ah ! Satryrano !<br /> <br /> Tu connais bien tes classiques, Walrus !!!
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W
À la fin de l'envoi, Papistache ?
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T
...salaudière, oui, boys and girls, Tatie MAP a rempli sa saladière (pardon pour mon accent, hein) de bonbons, allez, zou !<br /> <br /> Tatie MAP ! Tatie MAP !
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P
Ne doit-on pas lire ici une allégorie sur les rhumatismes ?<br /> Mais chut... Walrus, je ne dévoile pas votre âge : je respecte mes aînés !<br /> Comment ?<br /> Parlez plus fort, j'entends mal !<br /> — Salau...<br /> Le compliment me touche...
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J
J'ai vérifié sur le calendrier, Walrus, c'est PAS ma fête...
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W
Oui Tiniak, mais elle, elle a un dico américain, ça ne vaut pas !
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W
Oui Flamm Du, maintenant ça pousse !
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W
Exact, t'as le coup d'oeil, j'y étais arrivé en cliquant sur le lien de ton commentaire.
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J
Ah, oui, terrible ! Et j'avais compris cela, mais je t'avais vu en train de griller une clop' avec Poupoune dans la cour de recré...j'attendais donc que tu me files une taffe, Marsyas !!! ;o)
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T
"La Saulitude", ça existe cf. pas loin : http://samedidefi.canalblog.com/archives/2010/02/06/16739963.html <br /> <br /> :))
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F
Satyre, <br /> <br /> ça tire, <br /> <br /> ça tire plus !
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W
Allons MAP, qui donc chantait "La saulitude, ça n'existe pas"... dans mon dico en tout cas.<br /> J'y avais songé Tiniak, mais finalement j'ai pensé qu'un satyre serait moins convaincant en s'en prenant à des filles plus mûres.<br /> Rien ne vaut le vécu rsylvie : c'est avec l'âge qu'on devient de bois ;o)<br /> Eh oui, Brigou, c'est tout ce qu'il lui reste : des idées ! À moi aussi d'ailleurs...<br /> Osez Zigmund, osez !
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W
Joye, normalement, je ne commence à commenter que le samedi dans la matinée si je suis disponible. Et je le fais en suivant l'ordre des parutions.<br /> Comme j'avais eu quelques difficultés avec la mise en ligne du billet de rsylvie, j'ai veillé jusqu'à l'heure fatidique pour voir à quoi il ressemblerait.<br /> Comme à ce moment tu t'es mise à commenter en commençant par les textes les plus récents, j'ai répondu à ton commentaire sous le mien... et je suis allé me coucher : avec l'âge, j'ai perdu le goût des nuits blanches.<br /> Pardonne-moi de ne pas m'être précipité sur ton oeuvre immédiatement, comme c'est moi qui l'ai mise en ligne, ça faisait une semaine que je l'avais lue.
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Z
oserai(e) je dire qu'il se retrouve les deux pieds dans le même sabot
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B
Il ne manque pas d'idées ce vieux satyre ! .. maintenant c'est la longue agonie pour lui ;)
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R
oups, j'avais pas vu le commentaire de tiniak !!
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R
j'aime bien tous ces p'tits détails que tu nous relates,,,, c'est comme du vécu !<br /> <br /> quant à Satire<br /> bien fait !<br /> <br /> pst... il me semble que c'est un conte pour grandes voire même vieilles filles !!!<br /> n'aurais-tu pas parlé de catherinettes ?
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T
chapeau !
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J
Bien sûr, et comme d'habitude ! Désolée de ne pas avoir eu le même effet sur toi ! ;o)
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M
Sève qui peut !!! AH !!! Trop tard !!!<br /> Quelle saulitude étouffante pour ce sabotier-satyre !!! Est bien puni qui croyait prendre !
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