Dis (Captaine Lili)
Dis, où vont les mots qui s’éteignent ?
Ils vont avec les rêves qui filent. Mais c’est la vie qui s’éteint, pas les mots.
C’est comment cet endroit ? Est-ce que les rêves filent comme les bas et les collants ?
Non, bêta, ils filent comme les étoiles. Et sous ses étoiles, il y a des milliers d’îles.
Mais comment connais-tu cet endroit ?
Oh, c’est que je connais trop la mort, alors elle m’a donné la clef.
Mais la mort ne donne rien, elle prend !
Pourtant, j’ai la clef de ces îles où se perdent les mots et les rêves. Peut-être à cause de ma ténacité à vivre... N’oublie pas que je suis capitaine.
Mais que fais-tu de cette clef ?
Oh, je… c’est une grande question ! J’y voyage parfois.
Pourquoi ?
Que d’indiscrétions ! Il y a des morceaux de moi, là-bas.
Des morceaux ? Comme un puzzle ?
Oui, non. Ce n’est pas une histoire de pièce manquante. Là-bas, il y a les voix de qui s’est tu. Je suis liée à plusieurs d’entre elles.
Comme une ficelle de cerf-volant alors… Mais dis, qu’est-ce que tu fais lorsque tu vas dans ces îles ?
J’écoute les mots et les rêves perdus. J’ai failli y laisser les miens, tu sais. J’ai failli être de celle qui se tait alors que je n’étais pas encore sortie de l’enfance…
… Et que fais-tu de ces mots, de ces rêves ?
Je les prends avec moi, je tente de les sortir du silence, de vous les partager. Je fais gagner la vie.
C’est un combat perdu d’avance… La vie s’éteint toujours.
Mais la vie gagne lorsqu’on la sème. Sur ces îles aux mots tus, aux rêves éteints, je trouve du terreau.
Alors tu es une semeuse de bouquets de vie !
Elle ne répondit rien, sourit seulement, comme pour elle-même.