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Le défi du samedi
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30 janvier 2010

Tarentelle pour un massacre (Tiphaine)

La première fois que je suis morte, j'avais 9 ans.
J'ai vu partir mon père, j'ai cru qu'il ne reviendrait jamais.
J'ai vu partir ma mère, j'ai cru qu'elle ne reviendrait jamais.
J'ai vu couler mon sang entre mes jambes, pour la première fois.
Je suis morte bêtement : il paraît que j'étais devenue une femme.
"Elle a vécu, mytho, la jeune tarentule."

La seconde fois que je suis morte, j'avais 18 ans.
J'ai quitté le village pour la grande ville, j'ai cru que j'y trouverais la gloire.
J'ai quitté mes parents pour mes amants, j'ai cru que j'y trouverais l'amour.
J'ai quitté mes illusions pour celles des autres, pour la première fois.
Je suis morte fièrement : il paraît que j'étais devenue une adulte.
"Elle avait cul, minot, la jeune tarentule."

La troisième fois que je suis morte, j'avais 27 ans.
J'ai vu partir mes rêves, j'ai cru devoir les enterrer.
J'ai vu partir mes amours, j'ai cru devoir en souffrir.
J'ai vu mentir les mots, pour la première fois.
Je suis morte en hurlant : il paraît que j'étais devenue une femme.
"Elle a vécu, miro, la jeune tarentule."

La dernière fois que je suis morte, j'avais 36 ans.
J'ai quitté mes carapaces, déposé mon manteau au vestiaire.
J'ai quitté mon métier, déposé plainte pour non assistance à personne en danger.
J'ai quitté mon passé, déposé les armes pour la première fois.
Je suis morte en riant : il paraît que je suis devenue moi-même.
"Elle a vaincu, mille eaux, la jeune tarentule."

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Commentaires
Z
impressionnant ce beau texte
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.
...t'inquiette on va en reparler...<br /> <br /> ...
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T
1. Schoenewerk, ça veut dire "de la belle ouvrage", alors fastoche, hein.<br /> <br /> 2. si je compte bien, il te reste cinq vies à brûler et autant de renaissances (celles que tu livres en creux dans ton texte lui confèrent toute sa profondeur)<br /> <br /> 3. chaqu' fois qu'tu tombes, tu te relè-ves<br /> comment vis-tu, comment vis-tu ta vie de rê-ve ?
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M
Merci Tiphaine de nous rappeler ce beau poème.<br /> La sculpture d'Alexandre Schoenewerk est superbe !
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T
Pour ceux que ça intéresse, la jeune Tarentine est aussi une très belle sculpture d'Alexandre Schoenewerk (1871) que l'on peut voir au Musée d'Orsay.<br /> Et ici aussi :<br /> http://www.flickr.com/photos/lemeur/3402169060/
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T
Merci à tous pour vos commentaires, je réponds aux "questions" posées, enfin j'essaie ;-)<br /> - Il faudra un jour raconter les renaissances... : je le ferai, promis.<br /> - chaque métamorphose aurait donc été si traumatisante pour que tu les qualifies de mort ? : Oui.<br /> - on meurt un peu... mais chaque fois pour mieux revivre, non? Oui. Et non...Cela dépend des morts.<br /> - Comme un phénix, chaque fois plus beau ou chaque fois plus fort ou chaque fois plus dur ? Les trois, je crois.<br /> <br /> Je rends aux auteurs involontaires que j'ai "plagiés", leurs illustres références :<br /> - Bagatelle pour un massacre, Céline<br /> - André Chénier – <br /> La Jeune Tarentine :<br /> <br /> Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,<br /> Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez.<br /> <br /> Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.<br /> <br /> Un vaisseau la portait aux bords de Camarine.<br /> Là l’hymen, les chansons, les flûtes, lentement,<br /> Devaient la reconduire au seuil de son amant.<br /> Une clef vigilante a pour cette journée<br /> Dans le cèdre enfermé sa robe d’hyménée<br /> Et l’or dont au festin ses bras seraient parés<br /> Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.<br /> Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,<br /> Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles<br /> L’enveloppe. Étonnée, et loin des matelots,<br /> Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.<br /> Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.<br /> Son beau corps a roulé sous la vague marine.<br /> Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d’un rocher<br /> Aux monstres dévorants eut soin de la cacher.<br /> Par ses ordres bientôt les belles Néréides<br /> L’élèvent au-dessus des demeures humides,<br /> Le portent au rivage, et dans ce monument<br /> L’ont, au cap du Zéphyr, déposé mollement.<br /> Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes,<br /> Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,<br /> Toutes frappant leur sein et traînant un long deuil,<br /> Répétèrent : « hélas ! » autour de son cercueil.<br /> Hélas ! chez ton amant tu n’es point ramenée.<br /> Tu n’as point revêtu ta robe d’hyménée.<br /> L’or autour de tes bras n’a point serré de nœuds.<br /> Les doux parfums n’ont point coulé sur tes cheveux.
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M
Comme un phénix, chaque fois plus beau ou chaque fois plus fort ou chaque fois plus dur ?<br /> Un texte un peu obscur pour moi mais enlevé !
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R
T'Hareng Tulle de Milo, j'vas l'dire à ta Mer...<br /> ;-)
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R
T'Hareng Tulle de Milo, j'vas l'dire à ta Mer...<br /> ;-)
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P
... mais chaque fois pour mieux revivre, non?
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K
Emotion
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S
Alors comme ça, chaque métamorphose est pour toi une mort en soi.<br /> C'est une façon de voir... mais chacune d'elle aurait donc été si traumatisante pour que tu les qualifies de mort ?<br /> Mais y a t il quelque chose, après la mort ? Après les tiennes, oui, c'est rassurant.<br /> Je suis d'accord avec MAP, tu es un papillon, alors, à présent.<br /> Tu vois bien que ça valait bien le coup de mourir !
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P
Je saisis mieux le respect pour l'habitante du socle du lustre...<br /> Ce défi-ci ne pouvait se faire sans vous Tiphaine.<br /> Je vous salue Tiphaine(s).
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C
j'aim beaucoup le rythme de cette danse, avec cette petite note si gaie, si infime.
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J
- Quatre fois morte ? Mille eaux ? Les bras m'en tombent !" dit Vénus.<br /> <br /> Les déesses ne savent rien <br /> de ce que vivent les humains. <br /> <br /> De ce qu'ils meurent, encore moins.
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M
Je connaissais la musique mais pas le lien avec la tarentule.<br /> J'ai appris ceci par Wikipédia :<br /> "Particulièrement vivace, cette musique, accompagnée d'une danse effrénée, était jouée au cours de cérémonies qui pouvaient durer des journées entières, afin de guérir ceux que l'on croyait être victimes de morsure d'une araignée légendaire, la tarentule."<br /> Tes morts semblent autant de métamorphoses que pourrait en avoir un papillon ! <br /> "Elle a vaincu, mille eaux, la jeune tarentule."<br /> Que tes armes restent déposées !!!
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W
Chronique de morts vécues et Tiphaine ambigüe...
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V
Ainsi chaque grand évènement de notre vie serait une mort; c'est un point de vue intéressant. Il faudra un jour raconter les renaissances...
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S
J'aime beaucoup; très bien écrit, drôle, vrai... Bravo !
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J
Intéressant, ton texte, merci pour cette profondeur qui permet plusieurs lectures, chacune plus riche que l'autre.
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