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21 novembre 2009

Survol de quelques miroirs (Zigmund)

Je n’ai pas souvenir de mon  tout premier miroir, celui qui est sensé me classer dans la catégorie « humain ». Par contre,  je me souviens de mon papa  face   à moi tentant de me faire comprendre que sa main droite  c’était celle  face à ma main gauche, çà n’avait pas été simple ...

escher_mainJ’ai toujours été fasciné par cet inconnu qui me regardait, qui imitait chacune de mes grimaces, longtemps j’ai essayé de le prendre en traitre  mais il m’attendait toujours,  il était là quand je revenais. Cet autre moi-même m’étonnait, m’agaçait,  me déplaisait et parfois m’angoissait.

Plus tard, je découvre que la combinaison de miroirs disposés face à face (souvent dans les lavabos des hôtels classe) multiplie à l’infini mon image.  J’aime partir à la recherche du vrai moi dans cet univers parallèle, véritable  abîme,  m’y perdre et m’y  retrouver.

mirmir

Il y a eu le miroir que Jonnhy, mon beau père,  polissait longuement,  régulièrement,  élément indispensable du télescope  qui nous a emmenés vers d’autres  infinis.

Un  bref passage par la psychiatrie (côté médecins, quoique. . .) m’a permis de comprendre l’importance du miroir ; aujourd’hui je réalise que mes malades me renvoient une certaine image de moi,  rassurante ou angoissante.

Plus matériellement,  je n’avais pas imaginé qu’une grande partie de mon travail me lierait à  des miroirs.


ancien


C’est un double miroir concave ou convexe reflétant une petite  source de lumière  qui permet  à  l’ophtalmo de déterminer les lunettes  pour un bébé (çà  marche aussi pour un animal)

Mais laisseez moi vous  présenter  Igor,  verre à trois miroirs de son état.  Cette petite merveille  posée (après anesthésie par collyres) sur votre œil (pas  le mien,  faudrait m’avoir à la course !  )  me permet  de voir dans les moindres recoins de votre œil.

Igor1

(malgré mes connaissances limitées en géométrie, je me doute qu’une sphère a rarement des coins et recoins, mais bon c’est qui le pro ici  hein ?).   Je vous épargne l’explication de l’utilité de chaque miroir, de forme et d’inclinaison différente. Bref Igor, est un vrai compagnon de travail…

Le miroir en  littérature est aussi un sujet complexe de fascination et débouche sur différents  jeux, dont le plus connu est le *palindrome *et le plus monstrueux l’autoréférence. Aspirine sur demande….

*Et je sais comme fin *«  c’est sec »*

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21 novembre 2009

Reflet (MAP)

L'automne en forêt

au miroir de la rivière

offre son reflet.

Copie_de_DSCF8665

21 novembre 2009

Miroir (Teb)

Miroir,
Mon beau miroir...
Dis moi si l'âme humaine
Est le reflet des cieux...
miroir
Miroir,
Mon beau miroir...
Dis moi pourquoi, parfois...
Du tréfonds de mon âme
Surgissent des tempêtes ...
miroir_2

21 novembre 2009

L'Autre reflet de moi-même (Virgibri)

virgibri

21 novembre 2009

Miroir (Moon)

miroir_entier

La photo d'origine est de Didier HEROUX

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21 novembre 2009

Miroir, Miroir magique, un McCartoonita au Haïkus et la Frite… et vite ! (Cartoonita)

diva_sabotee

21 novembre 2009

Ben quoi ? (Walrus)

Je réfléchis...

21 novembre 2009

Narcisse, Alter et Go (vegas sur sarthe)

Après avoir méticuleusement soigné son appât rance, Narcisse repousse un peu plus loin le bouchon sur le ruban miroitant du fleuve en se focalisant sur ses vibrations; il y a forcément du poisson sous la surface trop polie pour être nette!
Narcisse fredonne pour s'offrir du courage: "Allez brillez Mirror, vous asseoir à ma table. Il fait si froid dehors que je claque de dent..."
C'est vrai qu'il caille, un froid à faire pâlir un Berthillon et qui le glace jusqu'aux eaux, mais il résiste en verre et contre toux, parce qu'il le vaut bien.
"Psyché.. Psyché.. Psyché!" Le nez aux nues dans l'éther il éternue, par trois fois risquant malgré sa raideur et comme Vercingetorix de perdre sa gaule.
L'autre jour il avait même failli emmêler la ligne de partage des eaux sous le regard courroucé des Dieux :" Si tu nous brouille l'écoute, Narcisse... tu subiras cette contrepètrie".
Malgré la rime, il ne peut rentrer bredouille (sans poichon, point de chalut) alors que la partie s'éternise, longue comme un jour sans tain. 
Si ce froid mortel continue, à ne pas mettre un Conti nu, avant longtemps il laissera sa peau sur la berge et sans ses gants il gamberge: "on écrira plus tard ci-gît Narcisse, Reflets éternels".
Pourquoi gésir quand il serait si bien au chaud à vivre sa vie par procuration devant son poste de rétrovision, à regarder le patinage... Nelson et chandelle-au-rôt, ou à feuilleter son télescope.
Mais les Dieux, dans leur sagesse lui ôtent bien vite cette envie: "Méfie toi Narcisse, du miroir aux alouettes, tu finiras Desperate, gavé de cacahuètes!"
Narcisse se résigne, trépigne sur sa ligne, guettant le moindre signe... mais pourquoi tant de igne?
Et s'il baisse les bras d'autres viendront à sa place, les Dieux l'ont tonné d'une voix forte: "Qui va à la pêche perd son esche..." et la montagne glacée a renvoyé: "...et se retrouve avant leurre dans la dèche".
Narcisse en tombe sur sa berge, à une lettre près d'une catastrophe: d'habitude le glacier des Beaux Sons est plus futé dans ses renvois... Echo serait-elle devenue dure de la feuille? 
Grec bien avant Nikos, Narcisse en connait un rayon et n'a qu'un but dans la vie, aller se faire voir chez les siens.
Au diable le bouchon, la gaule et les poissons,
à quoi sert un beau nez transformé en glaçon?

Mais pour mieux réfléchir il faut d'abord fléchir...
c'est ce que fait la gaule traînée par un silure
entraînant le pêcheur et sa triste figure.
O fleuve, o beau miroir, veux-tu bien m'affranchir?
Est-ce moi le plus beau, malgré mes engelures?
Désolé Narcissus, c'est encore le silure.
Vaincu par un poisson, il disparait sous l'eau
dans le reflet béant de son alter-ego.

* Petit jeu: trouver la quinzaine de mots (parfois déformés) évoquant le thème du miroir *

21 novembre 2009

Défi 81 (Joye)

Un miroir est un objet possédant une surface suffisamment polie...  - Wikipedia

Ah oui, moi, je suis poli, ce sont les autres qui m'agacent. Mais je commence par la fin, il vaudra mieux commencer par le commencement. Donc, je me présente : Rémi Oire, votre serviteur.

Ah, vous rigolez, vous aussi ! De vous, je m'attendais à mieux. Soupirs.

Mais bon, en dépit de tout, j'aime les gens. Ils sont impayables.

J'aime les tout petits bébés. Ça sent bon. J'aime les ados. Ils ne se croient pas mieux que moi. Les adultes, ça dépend. J'aime pas ceux qui affectent un air de supériorité, qui se croient trop élégants pour vous adresser la parole, ou qui répondent aux tutoiement en parlant de ne pas avoir gardé des cochons ensemble. Et pourtant, je pense que cela leur ferait le plus grand bien de voir un peu ce que c'est. Je les prends en grippe, ces ignares d'espèce de précieux. Pouah !

Mais j'aime surtout les scientifiques. Ils sont merveilleux. Ils me font jouer aux jeux. Qu'est-ce qu'on se marre lorsqu'on voit débarquer les scientifiques avec leurs manteaux blancs, leurs caméras, leurs portables. Et surtout, surtout, leurs bottes ridicules en caoutchouc. Terrible. Ahahahaha ! Une de mes copines - Fifine la Fine, on l'appelle - elle adore le goût de caoutchouc neuf. Dès qu'elle en flaire, elle mord ! Vous les verriez sauter dans l'air, ces savants, c'est à mourir de rire ! 

L'autre jour, on a rigolé comme pas possible. Une bande nombreuse est arrivée avec une grande glace. Et nous, on a fait comme si nous ne savions pas ce que c'était. François Truffo -  mon meilleur copain, on est copains comme des...on est de très bons copains - François a eu l'idée de l'attaquer, et donc, nous nous y sommes tous mis. Terrible ! Mais bon. on s'en est fatigués, après tout, tout passe, tout lasse, tout casse  - sauf les grands miroirs des scientifiques.

On a joué, c'était rigolo, mais après un moment, on a vu que les scientifiques voulaient autre chose, et nous, de bonne grâce, voulions bien jouer. On a tout de suite compris qu'ils voulaient jouer à cache-cache avec de la nourriture. Et ils se croyaient super futés :  ils ont mis des ventilateurs pour cacher l'odorat. Terrible ! Ils ne comprenaient pas bien que nous sommes des bestiaux curieux et hyperdoués pour l'odorat. Je n'ai pas pris le temps de leur expliquer que mon oncle Pierre Duroc est un des meilleurs truffiers de toute la France. Ils n'en auraient pas compris, ce sont des éthnocentristes éhontés. Mais bon, je divague...

Alors, comme je disais, ces scientifiques dans leurs bottes hilarantes cachaient de la bouffe, et l'on ne pouvait pas la voir, sauf dans le miroir. Or, comme nous sommes tous des bonnes pâtes, nous avons fait semblant de pouvoir repérer la bouffe en la zieutant dans leur stupide miroir. Quelqu'un aurait dû expliquer à ces érudits que l'oeil du cochon est presque de la même construction que celui des humains. Mais non, ils semblaient penser qu'ils avaient dégotté un truc super important, alors, on les laissait faire. Poilant !

Mais juste pour brouiller un tout petit leur piste, moi, j'ai décidé de faire preuve de mon intelligence supérieure. Au lieu de me ruer sur leurs Friskies-Cochon avec mes camarades, moi, j'ai regardé derrière la glace.

Juste au cas où.  Avec les scientifiques, on ne sait jamais.

cochon_s_en_d_dit

Et pour en savoir davantage, cliquez ici...


21 novembre 2009

Miroir aux alouettes (Oulipien)

Il me regardait au nez et à la barbe
A propos, ma barbe était de mauvais poil
Ma peau d'âne me grattait à fleur de peau
J'étais raide comme un passe-lacet, d'un calme olympien et laid comme un pou
Je lui lançai le coup de pied de l'âne : un « Toi même ! »
Regardant son nombril, il me faisait toujours la barbe
Mais maintenant ma barbe avait reprit du poil de la bête
N'ayant pas froid aux yeux, je fis l'âne pour avoir du son
Mais il faisait la fine bouche
Ayant compris que les yeux sont le miroir de l'âne, je fis demi-tour avec abandon
J'avais bon dos
Je me recouchai et ma barbe avait un poil dans la main
Mais on se regardait encore en chien de faïence
Je n'arrêtais pas de le regarder, en enculant les mouches
Je m'endormis alors ensuite sur mes lauriers
Mais voilà qu'il prit enfin mouche : il se moquait de moi en m'imitant
Au taquet, je me retrouvai face à lui d'un bond
Mais il ne bougeait pas d'un iota
La barbe !
Je ne croyais évidemment pas avoir eu la berlue
Je n'y avais vu que du bleu et avais l'air d'un âne bâté
Alors je fondis en larmes et pas lui, car
« le miroir est une glace qui ne fond pas, ce qui fond, c'est qui s'y mire »
(Paul Morand)


21 novembre 2009

Miroir (Martine27)

"Bonjour. Tu sais que tu as une sale tête ce matin ? Mal dormi ou c'est juste une question d'âge ?"

Et ça y est c'est reparti pour un tour !

"Bonjour. Tu es trop aimable de me faire des compliments comme ça de si bonne heure, je n'ai pas l'habitude !"

"Mais je t'en prie, c'est la moindre des choses entre partenaires !"

Et ça continue comme ça toute la journée.

Au bureau "T'as encore une mine fatiguée, tu ne vas pas me dire que c'est parce que tu travailles trop ?"

Au restaurant "T'as trop mangé, bientôt tu vas déborder de tes fringues".

Dans la voiture "Tu pourrais faire un peu plus gaffe, t'as pensé à regarder dans le rétro ?"

Même dans la rue "Pas la peine de regarder ce pantalon, c'est pas dans tes moyens !"

Bref, à nouveau je me demande ce qui m'a pris d'entrer dans cette sacrée boutique. C'est vrai que vu de l'extérieur son petit côté mystérieux m'avait séduite, une vitrine au verre fumé qui empêchait de bien voir les objets exposés, et l'enseigne qui ne renseignait pas plus sur le contenu du magasin "Incroyable !" disait-elle.

Etant d'un naturel raisonnablement curieux, je n'ai pas pu m'empêcher de pousser la porte.

C'était un sacré bric à brac là-dedans. L'œil avait du mal à distinguer les marchandises.

Un mouvement attira mon attention, je m'avançai dans sa direction et je me retrouvai alors face à moi-même. J'avais devant moi un superbe miroir, une psyché en réalité.

Je m'approchai et souris à mon reflet. Puis bien sûr, je commençai à faire le singe devant, des grimaces, des mouvements saccadés, bref je retombai en enfance.

Et c'est là que j'aurais dû me méfier. Un détail, et pas des moindres, échappa à ce moment là à mon attention.

Le propriétaire de la boutique se matérialisa brusquement près de moi. Je sursautai en avisant ce drôle de petit bonhomme au sourire figé sur les lèvres.

Sans trop comprendre comment je me retrouvai l'heureuse détentrice de cette magnifique psyché et pour un prix défiant vraiment toute concurrence.

Je l'installai dans un coin de ma chambre et ne pus m'empêcher de recommencer à gesticuler. Et là ! Je remarquai enfin le détail qui "tuait" ! Pas d'effet miroir ! Je m'explique, en principe dans un miroir lorsque vous levez votre main gauche, celle juste en vis-à-vis de votre reflet se lève, mais là non ! Mon reflet avec un sourire goguenard leva la main opposée à la mienne.

Tous ses mouvements était la reproduction inversée et parfaite des miens.

Je sentis mon cœur se mettre à battre un peu trop vite, un peu trop fort.

Et je fus à deux doigts de m'évanouir quant une voix sortit de la psyché "Salut ! Comment va ? Satisfaite de votre achat incroyable ?"

Morte de frousse j'accrochai un drap sur la psyché et filai ventre à terre jusqu'au magasin pour avoir des explications.

Bien sûr, vous vous en doutez, plus rien si ce n'est quelques personnes regardant éperdument l'endroit où cette fichue échoppe aurait dû se tenir.

Bêtement, je pensai qu'en gardant le reflet caché je n'aurais plus de problème.

Grave erreur !

Maintenant mon propre reflet me traque et m'adresse la parole dans chaque surface réfléchissante que je croise et d'ailleurs par moment je me demande qui est le reflet de qui ?

21 novembre 2009

Se regarder (Captaine Lili)

Eté 1993.*

J’ai peur. Je ne savais pas….

Un autre visage est dans la glace. Le mien ?

Non.

Pourtant si, c’est le même.

Différent, blessé, faux, incompris.

Eté 2004.*

Mon visage est marqué

Comme au fer blanc

D’un passé

Vieux de onze ans

Mon visage est sans trace

Si je reste impassible

Devant la glace.

Sans vie, il est visible.

Chaque mouvement fait naitre

Une question,

Une colère,

Une émotion.

J’ai peur de disparaître

Posant le pied sur cette terre

Mobile

Mon visage est une île,

Yeux bleus de l’océan,

Mon visage est mouvant.

Eté 2007.

Sur mes lèvres des chuchotis de rêve,

Dans mes yeux une lueur d'or,

La lune et le soleil sans trêve

Et le déséquilibre se fait décor.

Sur mes lèvres des brins de poésie,

Des flammes au fond de mon œil bleu,

Un sourire mutin dans mes envies,

Des éclats de ciel en mes yeux aventureux.

Sur mes lèvres un mystère

A lire dans le secret de mes yeux verts

Une danse orientale sous mes paupières,

Mon visage d'à présent et d'hier.

Sur mes lèvres des pavots à cueillir,

Des frissons dans mes yeux gris,

Dans l'ombre de mes cernes la vie et ses cris,

A croquer sur mes joues, des bouchées de rire.

Sur mes lèvres vibre malhabile

Le trésor de mon île.

*textes extraits de « Ma bouche tordue » (éditions Le Manuscrit, 2006). Pardon, mille fois pardon, pour cette fausse publicité qui n’a rien à faire sur ce site amical… mais je ne peux plus utiliser ces mots sans dire d’où ils viennent… et surtout, surtout, rien d’autre ne me vient lorsque l’on me dit « miroir »...

 

21 novembre 2009

Zélie, Tonton André et le Grand méchant loup (Zie)

− Miroir, mon beau miroir, dis qui c’est la plus belle ? C’est moi, pas vrai ?, racontait Zélie, 4 ans et demi, en se mirant dans son miroir. Ses petits doigts encore boudinés lissant ses longs cheveux aux reflets dorés, tandis que ses pieds écrasaient prestement sa robe jaune en satin effilée. Robe un peu trop longue, que sa cousine, après bien des tergiversations, avait accepté de lui prêter, bien qu’elle ne lui aille plus depuis bien des années, contre la promesse que Zélie jouerait le chien, un peu plus tard dans la soirée. Son visage poupin se reflétait dans un splendide miroir de princesse à coquillages incrustés offert par tati Linette l’été dernier, à son retour de l’île de Ré et que son papa avait accroché religieusement, pas trop haut sur le mur de sa chambre, pour qu’elle puisse s’y admirer à loisir.

−  Non !, lui répondit sa cousine Hortense, pimbêche assumée de 7 ans à peine et qui se croyait déjà descendante des plus grandes lignées de reines du monde, toutes en même temps, s’il vous plaît, parce qu’on ne parle pas de n’importe qui, « J’ai pas envie de jouer à Blanche-Neige. C’est nul, Blanche-Neige ! Ma maman, elle dit que c’est des histoires de poul’mouillées ! Attends, on va jouer à un autre jeu. Tu as des peluches ? »

Zélie vida devant elle un grand bac de peluches et en sortit sa préférée : le grand méchant loup. Elle avait pour habitude de l’enfoncer tout au fond du bac, le soir, avant d’aller se coucher, histoire de s’assurer qu’il ne viendrait pas lui croquer les doigts de pieds pendant la nuit, comme lui avait raconté Tonton André, un jour de grande forme, voilà un bail déjà. Lui, il avait bien rigolé, persuadé qu’elle n’avait pas compris ou que la peur à cet âge-là n’existait pas. Mais il n’y connaissait rien, c’était un vieux tonton célibataire, qui préférait courir la demoiselle, jeunette, de préférence, que s’embêter avec femme et gosses. Ses neveux et nièces lui suffisaient et pour chance, il en avait une ribambelle.

Zélie qui tenait sa perle de nounours dans sa main la présenta à Hortense :

− Tu veux mon grand méchant loup ?

− Oui, bonne idée !, lui répondit Hortense, tandis qu’elle commençait à se remuer les méninges pour trouver un jeu intéressant. Sa mère ne lui lisant jamais d’histoires et la laissant la plupart du temps jouer toute seule dans sa chambre, son imagination se trouvait un peu courte et elle avait bien du mal à inventer.

Zélie, bien plus zélé qu’Hortense lui arracha la peluche des mains et recommença sur son thème chéri de Blanche-Neige. Ses parents lui avaient lu tous les contes possibles et imaginables, des vingtaines de livres ou plus. Mais Zélie ne voulait rien entendre. Seule comptait Blanche-Neige, c’est tout juste si elle n’était pas sourde aux autres histoires. Elle attrapa son méchant loup fermement par la peau du dos et se posta devant son beau miroir

− Miroir, mon beau miroir, où est la méchante reine, tu sais, la sorcière moche ! Elle a donné la pomme avec du poison qui a dormi Blanche-Neige. Il faut la punir pour la bêtise ! Zélie avait du mal à prononcer distinctement tous les mots que sa tête voulait dire tout en même temps.

C’est alors que Tonton André est entré. Il écoutait depuis un moment sa petite nièce derrière la porte. Et il se met à rire.

− Va moins vite, ma chérie, tu veux dire trop de choses à la fois et tout se mélange !

Il s’approche de Zélie qui se trouve vexée. Et regarde effarée le Grand méchant loup censé punir la sorcière de son méfait.

− C’est ça ton Grand méchant loup, ma puce ?, demande-t-il en riant, on dirait un petit chiot tout mignon ! Fais-lui plutôt un câlin ! Tu sais que c’est un petit husky, tu sais les chiens de traineau, qui vivent dans le froid, avec le Papa-Noël ?

− Non, c’est pas un chien, lui dit Zélie de plus en plus zélée, c’est un loup et c’est toi qui me l’a donné pour qu’il me croque les pieds la nuit… Alors, si c’est un loup, ça fait peur ! Tandis qu’elle dit ces mots, elle avance et manque s’entraver dans sa longue robe brillante.

− Zélie, tu devrais enlever cette robe, elle est trop grande pour toi, tu risques de tomber et de te faire mal, lui conseilla Tonton André.

− Mais moi, je veux être grande, arrête de me dire que je suis petite ! C’est pas très gentil, rétorqua la petite fille.

Tonton André se retourna. Quelle ne fut sa surprise lorsque ses yeux se posèrent sur le miroir kitchissime de tata Linette, de découvrir en lieu et place du reflet du craquant petit chiot, un loup terrible, aux babines acérées, bavant et montrant les crocs dans une grimace qui aurait effrayé l’adulte le plus incrédule qui soit prêt à lui bondir dessus. Déstabilisé, il quitta la chambre sur le champ.

Ce fut ce jour-là que Tonton André fut définitivement mouché.

Moralité : Une chambre d’enfants est un royaume aux mille surprises. Ce n’est pas là un endroit pour les grands. Des choses bien curieuses peuvent s’y dérouler. Laissez la magie opérer et affairez-vous donc à des occupations de votre âge… Il vous faut accepter qu’il y ait des choses qui ne vous regardent pas !

21 novembre 2009

'tain ! (Joe Krapov)

 

‘tain !

Le type dans le miroir
Semble de plus en plus
Etonné de me voir !

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‘tain !

Le type dans le miroir
A bien du mal à croire
Que j’ai déjà 20 ans !

 

‘tain !

Je n’ai plus le temps
D’admirer les grimaces
Qu’il me faisait enfant !

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‘tain !

Le type dans le miroir
Ca lui tire sur la mine
Que les jeux se terminent,
Qu’il faille prendre la route
Aller gagner sa croûte
Et que cela nous coûte !

 

‘tain !

Le type dans le miroir
Peut bien aller finir
Un jour dans un mouroir

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autop5

 

‘tain !

Moi je le sais très bien
Que je n’ai pas changé :

J’ai une âme d’enfant,
Je joue toujours dehors
Avec mon appareil à arrêter le temps

 

‘tain !

Le type dans le miroir
A peut-être raison
D’un certain point de vue.

C’est qu’au fil des saisons
Quelque chose évolue :
Les miroirs, maintenant,
Deviennent déformants !

‘tain !

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21 novembre 2009

psyché (Poupoune)

Je me regarde et ne te vois plus.

Mes yeux se sont éteints de ne plus s’accrocher aux tiens.
Ma peau s’est ternie de ne plus frémir sous tes caresses.
Mes lèvres ont fané de ne plus recevoir tes baisers.

Reviens-moi vite : tu me vas si bien au tain…

21 novembre 2009

REFLECTION... (Anthom)

Miroir, au haut de la tour de quel manoir, accroches-tu l'éclat de lune qui miroite à ta surface?
Quel minois y accroche son reflet que le tain renvoie à son admiration?
N'est-ce pas Vénus qui éparpilla ses multiples miroirs bleus dans le jardin ?
Ou une fée facétieuse qui parsema de délicates ocelles la queue du paon?
Quel ténébreux Narcisse se mire dans l'eau noire de l'étang, aspiré par son tremblant et mortel reflet?
Quelle angoisse plus aigüe peut étreindre la gorge de celui qui sonde d'un regard incrédule la surface aveugle du miroir vide?
Quelle hallucination spéculaire s'échappe du miroir vénitien pour affoler celui qui, dans sa folie, croit soudain voir son image renvoyée par le mur nu, dans un terrible face à face?

21 novembre 2009

Nigéria (PHIL)

Il avait acheté un appareil numérique. Ça lui avait donné l’impression de partir en voyage. Mais c’était bien ce qu’il faisait, non ?

Il partait. Sauf qu’à ce voyage-ci, il n’était pas prévu de retour.

Il partait. C’était sans regret. Bientôt il serait riche. Quand il aurait récupéré le pognon.

Il était riche, en fait. C’est du moins ainsi qu’il se sentait.

 

Il avait loué une chambre dans un hôtel modeste faisant face à la gare routière, à quelques centaines de mètres du port.

Pendant que la jeune femme procédait à ses ablutions dans le cabinet de toilette, il avait déballé son matériel tout neuf. Il avait monté le zoom sur le boîtier. Il avait inséré une carte mémoire dans le logement prévu à cet effet. Il avait tourné le sélecteur en position « on », puis il avait fait face à l’armoire, dont la porte centrale était pourvue d’un miroir faisant toute la hauteur. Cette armoire lui avait rappelé celle de sa grand-mère et il avait eu une pensée émue.

 

Il avait rencontré la jeune femme alors qu’il savourait un chocolat chaud une terrasse, à l’ombre de la cathédrale, du côté où la place domine le fleuve et les anciens quartiers de pêcheurs. Il observait pensivement les allées et venues des touristes lorsqu’il avait capté sa présence. Il avait été intrigué par son parfum, quelque chose de très discret, évanescent, à la senteur légèrement anisée. Il aimait les parfums discrets. Il avait alors remarqué qu’elle se tenait debout, accoudée à une table haute ressemblant à celles qu’on trouve dans les buffets de gare. Toutes les tables basses, devant lesquelles on pouvait s’asseoir, étant occupées, elle n’y avait pas trouvé de place. Voyant cela, il avait proposé à la jeune femme de se joindre à lui.

 

Ils avaient fait connaissance, comme on dit.

Ils avaient découvert qu’ils allaient dans la même direction.

Il était en auto. Il lui avait proposé de l’emmener. Elle avait accepté.

Pour une raison dénuée de cohérence, il avait estimé que s’afficher avec une créature digne de faire la couverture de n’importe quel magazine de mode lui permettrait de donner le change aisément.

 

Ils avaient couru dans l’herbe rase et humide du cap. Ils avaient ri. Ils s’étaient donné la main. Il l’avait embrassée. Du haut de la falaise, il lui avait montré le large et avait dit, sentencieux, le proverbe qu’il venait d’inventer, à savoir que si on voit l’Angleterre, c’est qu’il va pleuvoir, et que si on ne la voit pas, c’est qu’il pleut déjà. On ne voyait pas l’Angleterre. Elle avait ouvert son parapluie et avait ri avec indulgence.

 

Il faudra que je mette en charge la batterie de l’appareil, pensa-t-il. Il avait le temps. Son rendez-vous avec le passeur était fixé à trois heures. Du matin, évidemment.

 

Il continua à jouer avec les mollettes de l’appareil, faisant face au miroir de l’armoire, s’y cadrant dans toutes les focales possibles. Il fit même un gros plan virtuel sur les mailles de son chandail.

 

Il touchait au but, il en avait la certitude. Dans quelques heures il serait de l’autre côté. Provisoirement à l’abri au milieu des montagnes que le vent balaie en permanence, à la limite de l’Angleterre et de l’Ecosse. De là, il avait une filière sûre pour passer au Nigéria.

Ils le retrouveraient peut-être un jour, c’était possible, ce sont des gens acharnés. Mais pas de sitôt. En attendant il pourrait s’offrir du bon temps.

 

Il était toujours accaparé par le maniement de son appareil lorsqu’il sentit la présence de la jeune femme derrière lui. Il la sentit. Toujours ce parfum inimitable, à la vague senteur anisée.

Il ne parvenait pas à se remémorer le prénom de cette femme. Un nom finissant en A. certainement faux, il n’en doutait pas. Elles aiment se donner des airs exotiques. Il se demanda fugitivement s’il devait l’emmener avec lui de l’autre côté. Elle lui avait paru, comment dire,… pas une aventurière, non, ce n’est pas le terme. Disons qu’elle semblait aventureuse, ce n’est pas pareil. Il chassa cette idée. Ce n’était pas prudent. On a passé un bon moment ensemble, merci beaucoup, et maintenant chacun sa route.

 

Il détacha son attention du viseur pour la regarder dans le miroir. Elle se tenait derrière lui, souriante. Elle était en sous-vêtements et elle avait défait son chignon. Ses longs cheveux blonds cascadaient sur ses épaules.

Le parfum de la jeune femme l’enivra brièvement. Toujours cette senteur anisée.

Il n’eut pas le temps de remarquer l’objet qu’elle tenait en main. Il entendit un bruit bizarre. Comme celui des flingues avec silencieux dans « les Tontons Flingueurs ». Et pour cause. Il fut amusé par cette pensée et soudain une douleur fulgurante lui transperça le dos, son visage fut frappé de stupeur. Son regard se voila, puis s’éteignit. Il lâcha l’appareil photo et il bascula tête la première dans le miroir de l’armoire qui se brisa.


21 novembre 2009

Premier jour du reste de ta vie (Val)

Seule devant son miroir, dans la salle de bain, ce matin là, elle se regardait avec attention. Avait-elle changé ? Vieilli, peut-être ? Était-elle encore elle ? Une autre ?
Le miroir était tout petit. La buée rendait son reflet un peu flou. Qu’esperait-elle apercevoir, dans ce reflet de mauvaise qualité ? Quelle nouvelle ride aurait-elle traqué dans ces conditions ?

Seule devant son petit miroir embué de la salle de bain, ce matin-là, elle se trouvait pourtant bien. Juste bien. Elle en était certaine, elle n’avait pas tant vieilli que cela. On voyait mal, et c’était tant mieux. La réalité ne l’intéressait pas, ce matin là.

Qu’importaient son reflet, ses rides, les défauts de son visage bien trop rond. Qu’importait ce petit vaisseau sanguin sous l’œil gauche qu’elle n’avait jamais aimé. Qu’importait sa mâchoire qui lui avait toujours semblé disgracieuse.

Ce matin là, elle était elle.  Elle se sentait elle. Tout simplement elle. Le miroir lui avait menti depuis bien trop longtemps. Il lui avait fait croire qu’elle était une autre. Le miroir l’avait bien trop de fois trompée et effrayée. Son reflet lui avait très souvent fait peur, si peur…

C’était fini, à présent. Le miroir ne serait plus jamais méchant. Ce matin là, dans le miroir, elle redécouvrit celle qu’elle avait si longtemps été, et qu’elle avait aimé être. Ce matin là, seule face à son miroir, elle était redevenue celle qu’elle avait trop longtemps oublié d’être.

Elle frotta un peu le miroir d’un revers de main, pour faire disparaître un peu de buée. Cette jeune femme qu’elle aimait bien lui apparut plus nette. Et elle lui sourit, comme avant elle savait le faire.

C’était décidé : ce matin là marquerait la renaissance de son ancienne vie.

21 novembre 2009

Six métriques (tiniak)

I

Tous ces architectes - pour un seul Gaudi ?
affectent d'infecte symétrie
les galeries sélect d'insectes asservis
qui n'ayant queue ni tête et rien à espérer
de doctes têtes au carré
doivent tout au contraire
taire et se contenter
de leurs habitats similaires
à en pleurer

Ah, ce culte manichéen, Minerve !
- binarité des gens de bien, m’énerve !!

II

Je suis hors de moi
toujours, mais à l'envers
- c'est l'endroit qui veut ça
le premier de nous deux qui décroche
perd ses verres

III

L'enfer du miroir, pour sûr
ce n'est pas de s'y voir
c'est de ne s'y voir pas
ainsi qu'on se figure
l'être ou l'avoir été

Stupeur médusée
le corps étranger de mon reflet

IV

Où laitue bêle
" L'es-tu, belle ? "
Carotte lui répond :
" ...pas en fin de cuisson "

A trop cultiver ta beauté
il pourrait bien t'en cuire
Carotte pour finir
t'en donne la leçon

Je te préfère crue, tfasson

(salade grivoise)

V

mais il est des reflets dans l'eau
qui me transportent larme
et sourire à nouveau
plutôt et plus sûrement vrai
que ne le peut le charme
de l'apprenti sorcier
depuis sa tour d'ivoire
venu me présenter
quelque mage miroir de l'âme
sans sourciller

VI

Toi
Moi
La lumière

et puis l'armoire

où le miroir s'en tint à ce puissant mystère
que je me vois en toi plus clair
et qu'en moi tu puisses te voir,
ma chair

21 novembre 2009

Quatre à cinq bris de verre (Papistache)

Les quatre mousquetaires n’étaient-ils pas cinq ?

Quatre à cinq bris de verre

Souvenez-vous, Janeczka riait de sa petite taille. Dans les loges des défis du samedi, pour apercevoir sa frimousse dans le miroir  vénitien au-dessus du lavabo en marbre de Carrare, elle devait grimper sur la poubelle ; et même juchée ainsi, seuls son front et son chignon bouffant apparaissaient.

Quand il en eut assez que la maréchaussée le verbalise, à titre d’avertissement, pour “photographie non ressemblante” le toujours jeune Walrus  imagina coller un fin miroir de 3 cm sur 4 cm en lieu et place de sa sympathique bouille sur son permis de conduire. A la suite de cette opération, qui contrevenait indubitablement et intentionnellement avec les lois de son royaume, les pandores qui contrôlèrent ses papiers s’excusèrent régulièrement en déclarant : « Oh, vous êtes de la maison, mes respects, collègue ! » Ils le saluaient à chaque occasion et parfois lui ouvraient même la route. Il advint également qu’un 27 septembre, fête de la Communauté française de Belgique, un aspirant l’invite à goûter le velouté de chicons à la mimolette de son épouse ; notre ami allait refuser quand un argument à 9° fit fondre ses dernières réserves : la Chimay bleue serait servie directement au sortir de la cave de l’officier soit précisément à 10,5° C !

Dans ces conditions, pour enduire ses cils de mascara (voir récit concernant l’autre co-fondatrice du blog) elle se voyait contrainte de sauter, ce qui constituait au quotidien : 1° une gymnastique éprouvante ; 2° un maquillage approximatif (nous passerons sous silence les séances d’auto-coiffure dans ces conditions acrobatiques) ;et ce qui constitua, et ce sera notre dernier point : 3° la raison qui la tient — momentanément — éloignée de son bébé (les défis du samedi).

Au sein de la famille de la petite Maguelotte-Adeline-Pulchérie, c’était péché d’orgueil que tenter de voir son reflet dans une glace. Le père de l’enfant, seul, s’autorisait à extraire d’une petite boîte de carton rouge et noir un éclat de miroir brisé — qui tenait dans le creux de sa main — dont il se servait, le dimanche matin ou pour les grandes occasions, pour ordonner les larges sillons que le coupe-chou, hérité de son aïeul qui fut maréchal des logis au septième régiment de hussards de la Grande Armée de l’Empereur, traçait sur ses joues hérissées de poils durs et préalablement enduites de savon mousseux. La jeune fille conçut de ce rapport à l’image une si grande humilité qu’à l’aube de sa retraite professionnelle, elle refusait toutes les supplications de ses amis l’encourageant à sacrifier à la mode de son siècle. Elle promettait mais ne se résolvait pas à ouvrir son propre blog.

En effet, tout laisse penser qu’un soir où elle œuvrait seule aux commandes, un saut moins adroit que les autres provoqua l’ouverture du couvercle de la poubelle. Son Croûton se souvient avoir déposé les sacs de l’association (il faisait gracieusement et dans l’ombre les basses besognes dans les coulisses) au point de collecte du secteur.

Un soir, très tard, alors qu’elle interrogeait de nouveau son miroir magique : « Miroir, miroir, vilain miroir, dis-moi que je suis la plus méchante des méchantes de toutes les prairies du Far-West » et que la réponse de celui-ci eut le don de l’agacer à la puissance dix :   « Valérie, tu es méchante autant que moi je suis l’inventeur du Rimmel waterproof » —ce qui était une manière ironique de dire qu’elle n’était pas méchante parce que le Rimmel waterproof fut inventé  par Eugène Rimmel (1820-1887) parfumeur et  homme d'affaires français responsable de la fabrication et du marketing de produits de beauté ; associé à son propre  père, à Londres, en 1834, il commença à commercialiser ses premiers cosmétiques. Très vite, les deux hommes présentèrent le premier produit non-toxique : le mascara. Il est devenu si populaire que le Rimmel est à ce jour le mot pour le mascara dans plusieurs langues notamment en français et italien — la jeune administratrice des défis du samedi, plutôt que d’entrer dans une colère noire et de jeter son miroir magique dans le fleuve qui roulait des eaux sales sous sa fenêtre, mue par un instinct surgi de son cerveau reptilien, projeta violemment, d’un mouvement des épaules, son front contre la paroi de verre et, stupeur, alors que son mari s’attendait à voir s’étoiler l’objet sous l’impact irréfléchi, il vit son épouse disparaître toute entière de l’autre côté du miroir. En dépit des litres et des litres de café que l’époux, inconsolable, dépose avec obstination et cérémonie devant le miroir choyé comme nul autel païen ne le sera jamais, à ce jour, la jeune femme n’a pas consenti (ou réussi) à effectuer le chemin inverse.

Avec l’accord du mari, nous avons laissé courir le bruit de l’installation du couple en Arizona pour éviter de paniquer le lectorat de notre sautillant Aramis et nous écumons inlassablement les centres de traitement et de valorisation des déchets urbains du Royaume-Uni — notre connaissance en rudologie, croyez-le, s’est accrue considérablement.

Né le 31 13 1881 à 16 h 61, le Papistache* fut porté sur les fonts baptismaux, le jour de la Saint Hannah, en la belle ville de Senones (Vosges 88) par sa marraine Eve  Sées et son parrain Léon-Noël Lebel. Les fées facétieuses qui s’étaient penchées sur son berceau avaient scellé son destin. Sa joie fut grande quand Zigmund donna son défi — MIROIR — à la communauté, il allait versifier en se jouant de la symétrie inversée, trop de palindromes avaient veillé sur ses premières respirations. Il déchanta vite : la tâche dépassait ses forces.

Il pondit bien (enfin, bien ! disons qu’il excréta dans la douleur) :

Son miroir à Rio, rimons

mais une erreur fatale entachait le vers, il eût fallu écrire “rimnos” : l’exercice était difficile.
Obstiné pourtant, il osa :

Un rêveur à la rue, ver nu

mais se vit incapable d’enchaîner. 
Léon-Noël Lebel, son parrain ne l’inspirait guère :

Rime grave Var gémir...
Rêver reflet, tel fer rêver
...

C’était maigrelet et dépourvu de sens. Il se découragea. Comme l’envie de piller ses aînés ne lui vint pas, il jeta au panier ses scories et renonça au Panthéon.  Lui auriez-vous tendu cette perche : gros_émir@rimes.org afin qu’il y puise inspiration et joie d’écrire, il n’aurait pu assurer.

L’ami servile livre si mal.

* Ne lui souhaitez pas son anniversaire, bien qu’affublé du doux patronyme de Narcisse à l’état-civil officiel de Senones (88), il a horreur des commémorations égotistes.


Nous ne désespérons pas ; si personne ne l’a encore vue, il est impossible que nul ne l’ait entendue.

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Le défi du samedi
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