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Le défi du samedi
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28 novembre 2009

Ludovic et Lulu : lumpy lullaby (Joe Krapov)

lettrineIl était une fois, il y a belle lurette de cela, un pays lumineux tout couvert de forêts qui avaient poussé dru sur des rochers escarpés. Les villes, verticales, étaient rares et montaient jusqu’à la Lune ou presque. Pour s’y rendre on devait cheminer sur des troncs d’arbres abattus, tremblotants, sans rambarde ni balustrade.

haudegond_02_en_avant_r_duit

Ludovic habitait le village de Lunenville. C’était un jeune homme un peu farfelu, un grand ludion naïf encore plein d’illusions, un étourneau lunaire insouciant du lucre, du luxe, des œufs de lump et du lustre certain que confèrent les ans aux porteurs de Rolex 1 de la ville effilée.

Pour vivre il exerçait toutes sortes de métiers mais jamais le même chaque jour. Le lundi chez Lucullus, l’aubergiste à lunettes de la rue Tabaga, il faisait le cuistot, s’occupait des poulets qu’il cuisinait à l’eau, les saupoudrant d’épices lointaines telles le gingembre de Lübeck, le safran jaune du Luxembourg, la cannelle de Saint-Jean-de-Luz ou le poivre noir de Lutèce. Au bout d’une heure il ajoutait jus de citron, rondelles d’agrumes verts, olives dans leur huile et servait ce délice avec un riz Lustucru 2 aux clients délurés qui payaient leur écot en laissant un écu. Au dessert, c’était petit Lu et parfois, émanant de belles dames de Nantes, il recevait un pourboire royal, de luxe.

Le mardi il dressait des lucanes cerfs-volants au combat. Il faisait s’affronter Luftwaffe et Lufthansa mais malheureusement les petites bestioles étaient lusitaniennes 3 et, collées dans le sable, ne s’envolaient jamais en dehors de leur bac 4.

De Lucien le charpentier, il était, mercredi, l’assistant. Il fabriquait des lucarnes en PVC, en aluminium, en bois de hêtre ou ne pas hêtre, des portes par lesquelles on sortait et des fenêtres par lesquelles on entrait mais jamais l’inverse.

Le jeudi pour Lucette, la marchande de fleurettes, il livrait des lupins à Ludmila, des pétunias à Mélanie, de la lavande à Ludivine, des tulipes à Pétula et des pétunias à Hortense.

Tout émoustillé par ces allumeuses luxurieuses, le jeune homme timide ne voyait personne le vendredi et consacrait ce jour à l’apprivoisement d’une hermine sauvage qu’il avait recueillie un jour qu’elle gisait blessée dans la luzerne à deux pas de chez lui.

Puis le samedi venait. Il se faisait tout beau, tout propre et tout luisant. Il prenait son baluchon et s’en allait à la ville.

haudegond_02_en_avant_d_tail_homme___l_hermine_r_duit

lettrine_Elle s’appelait Lulu, bossait au lupanar, lubrifiait la luciole que les hurluberlus de sexe masculin ont entre les guiboles. Ces vipères lubriques venaient la lutiner dans sa chambre lugubre car c’était tradition pour tous ces lucernaires que d’aller au baluche palucher les greluches parmi les fanfreluches de leur nid à peluches.

haudegond_03_Lulu

Cela faisait des lustres et quelques lunaisons qu’elle en avait assez de vivre de luxure. Elle rêvait d’une vie plus ludique, dans un village translucide après d’un homme lunatique, léger, gentil, une espèce d’artiste un peu illuminé qui jouerait du Lulli sur son luth et lirait au lutrin des contes d’autrefois, un gars plus proche de Lucrèce que de Borgia.

lettrineIls ne se rencontrèrent pas, ne se marièrent jamais et n’eurent aucun enfant. Et pourtant Lucifer l'écrit dans ses Mémoires  : ils étaient faits l’un pour l’autre et ils auraient pu vivre heureux longtemps.

 


Elle ne trouva pas son Lulu mignon,
Il ne
lui dit ni
Lulu Hi ni Lulu Bye,
Il ne balaya jamais les soucis qui Lulu cernèrent.

L’histoire des deux lubies finit en luxation
Et pour que vous trouviez l’histoire plus amère
Je vous balance ici l’ultime vexation :
L’auteur de ce récit n’est pas une lumière ! 5

 

1 : anneau magique porté par les seigneurs du haut château et qui a la particularité de donner l’heur.
2 : publicité gratuite (espérons que l’oncle Bens ne nous en voudra pas !)
3 : elles avaient les portugaises ensablées
4 : de là est née l’expression «  on n’est pas sortis du sable ! »
5 : l’auteur des illustrations, M. Patrice Haudegond, de Douai, est par contre doué d’un talent admirable.  Jugez en par vous-mêmes ici.

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Commentaires
C
l'imagination foisonnante, avec des illustrations superbes et une fin original, waouh !
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Z
Bel exercice, superbes illustrations; J'applaudis !
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V
"...lubrifiait la luciole"; y a comme un écho! Finalement on a tous LU les mêmes choses...
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Z
joe l'huluberlu farfelu du défi nous régale à chaque fois<br /> Lu et relu il sera réelu
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A
Un régal abso-LU
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V
J'aime les fins originales comme celle-ci !
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T
J'aime la description de Lulu...<br /> Défi réussi, une fois de pLUs !!<br /> Bravu et bravo bis
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P
Jolie rencontre entre vos deux univers. Qu'en a pensé l'illustrateur ?
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M
Pas de chance pour eux, tes ilLUstrations sont superbes
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W
Bravo, Maître, c'est majuscule !<br /> C'est marrant ces lucanes lusitaniennes : j'ai pris quelques photos de ces bestiaux luttant dans le sable que Quinta do Lago près de Faro ;o)
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M
Heureusement que l'on a autorisé les noms propres-en LU !!! Nous aurions raté vraiment quelque chose !!!! C'est époustouflant Joe !!! Jusqu'aux notes ... Enorme bravo !! Et admiration également devant les illustrations de Patrice Haudegond !<br /> Superbes !!!
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J
Luvely!!!<br /> <br /> Joe le lutin ! <br /> <br /> Allez ! Lu ! Ja !
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P
alors là, c'est magistral !<br /> les illustrations sont en effet superbe, le texte drôle et brillant (oserais-je "lumineux"?) le tout dans la plus grande tradition krapovienne jubilatoire...<br /> <br /> clap clap clap !!
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