La lutte est finie ! (Zie)
Je n’ai jamais été ce qu’on peut appeler, commode. Disons que je suis
plutôt du genre lunatique. Faut dire
qu’j’habite un plat pays désespérant et qui manque cruellement de lumière et accessoirement de soleil,
aussi. Je suis du sud, alors je lutte
contre une descente congénitale du moral dès que les nuages s’installent. Mais
ceci n’a rien à voir avec mon propos.
Du lundi au dimanche, c’était
surtout en voiture que ma lubie me
prenait… Ma luette se déliait à la
moindre contrariété, dans une musique qui n’avait rien d’un morceau de luth, si vous voyez ce que je veux
dire ! J’avais le verbe ordurier fort abondant, et ludique, qui plus est... J’y prenais presque du plaisir… Presque de
la luxure, mais faut pas exagérer…
Je suis sûre que cette activité de jurons instantanés aurait pu être lucrative. Le vocabulaire frisait la luzerne ! Heureusement que ces
phrases-là n’étaient pas lues !
Elles fusaient à vive allure, et moi, je restais planquée derrière ma lucarne bien fermée, même en été, des
fois que je me serai fait luxer
l’épaule ou la lunule par un plus
fou que moi… Mieux vaut se méfier ! Je m’égosillais, les lunettes de soleil plantées sur le nez,
même par mauvais temps, histoire que personne ne voie mes yeux révolvers.
Parfois, j’avais aussi la gestuelle prolixe d’une lutteuse ou d’une catcheuse… Ma caisse a gardé tant de traces de ces luttes !
Il paraît que ça me déstressait de passer mes nerfs sur le premier con
venu qui avait sa berline devant la mienne ! J’étais lucide, ça ne pouvait pas durer ! J’aurais fini pendue par les
pieds à un lustre ou insultée par un
dément lubrique ! Mais je ne
sais pas, comme par magie mes mauvaises habitudes m’ont quittée ! Parties, comme par enchantement ! Serait-ce
un lutin qui rôde ? Devrais-je
l’honorer comme il se doit, les lundis
de pleine lune ?
Honnêtement, ce n’est pas un luxe
d’être un peu plus détendue et lubrifiée
du gosier qui se met à chanter des ritournelles, presque gaiement, même dans
les pires embouteillages ! Enfin une lueur
d’espoir ça faisait belle lurette
que j’attendais cela : de simplement baisser les armes.
Vrai ! Même lui, mon
amoureux, ne me reconnaît plus !