24 octobre 2009
Sérénité (Anthom)
Elle est arrivée au port d'embarquement, au petit matin, dans une aube
grise et froide d'octobre.
Dans le bateau elle a somnolé, un peu assommée par les kilomètres avalés
depuis la veille. Elle est assise à sa place, toujours la même, a calé
le sac entre ses jambes, elle a fermé les yeux. Les a rouverts une
dizaine de minutes avant l'arrivée, a tendu le cou pour apercevoir, à
travers les vitres, la fine bande noire qui ferme l'horizon.
Une fois le bateau quitté, elle s'arrête au milieu des rares voyageurs
qui se hâtent, elle embrasse du regard le port qui s'éveille à la vie,
doucement - on aperçoit déjà les bancs du marché, encore vides, un
semblant d'animation vers le boulanger-.
C'est l'odeur qui s'impose d'abord, acide et fraîche avec une pointe
d'amertume, une odeur verte qui monte de l'eau et des algues, ensuite
c'est la blancheur qui fait cligner les paupières fatiguées.
Le monde autour est aboli, elle est là et c'est bien...
Plus tard, une fois que la maison-lumière sera ouverte, les valises
défaites, le linge rangé, elle ira au bout du chemin ombragé qui sent
les pierres chauffées, elle descendra vers la dune blonde jusqu'à la
frange écumeuse déposée par la vague sur la laisse. Les pieds nus, elle
sentira la fraîcheur incroyablement douce du sable à peine rosé par
l'humidité qui s'attarde.
Une mouette s'envole au ras de la vague qui frémit.
Dans le silence de la plage abandonnée au vent d'automne que vient juste
troubler le frissonnement du ressac, elle ferme les yeux.
Elle est là et c'est bien.
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