par l'écoutille (tiniak)
la nuit qui parle avec le ventre
je ne l'écoute pas, j'y rentre
la nuit qui parle par le nez
j'aime autant la laisser couler
la nuit qui parle avec les mains
je ne l'attends pas, j'y viens
la nuit qui parle par les yeux
c'est la nuit que j'entends le mieux
je m'y sens pousser des ailes
que je frotte contre les fibres
de son cocon de soie nouvelle
d'où je papillonne libre
ignorant les forts en gueule
qui nasillent, qui pérorent
s'empoignent le sort, se chamaillent
se disputent tant et plus
un os de diplodocus
un pré carré, un gamin
et se découvrent matin
sans rien dans les mains qui vaille
tant de bruit, tant de batailles
- feux de paille, pauvres trésors...
alors, dans la nuit qui chante
et porte mon vol, éphémère
je gagne la mer et voyage
on dit que de ses rivages
s'entendent bien davantage
des mélodies que la vie
a composées à la nuit
et mes ailes sont
des oreilles donc
j'écoute
la course des grains de sable
sur des paliers irritables
les soupirs agacés d'une grille
que n'a pas refermée la fille
le souffle engourdi d'une haie
de poussière lunaire encombré
le ronron flatté des grands arbres
qui entament de longs palabres
le sifflet joyeux des drisses
qui narguent la ville prise
la cantilène murmurée
d'une sirène énamourée
l'océan qui déplie les pages
de son grand livre d'images
et je vais par l'écoutille
fêter la quille.