Ce qui s'appelle meubler la conversation (Sebarjo)
Hier soir, je me suis assis pour dîner, seul face au mur. Blanc.
Noir.
Un silence étouffant et écrasant régnait en maître lorsque soudain, celui-ci fut réduit en miettes. Par mon assiette.
En effet, celle-ci me mit à parler, me recommandant de manger bien vite car les macaronis au ketchup qu'elle portait en son creux, l'alourdissaient. Elle s'est plainte quelques instants encore, mais bien vite a stoppé toute conversation, se rendant sans doute compte que je n'étais pas...
dans mon assiette.
Les couverts, craignant peut-être mon coup de fourchette légendaire, ont préféré se taire et, pour ne plus me voir, louchaient vers le mur. Blanc.
Noir.
Ils voulaient ne pas me mettre le couteau sous la gorge et éviter surtout de devoir me ramasser à la petite cuillère. Je restais calme. Stoïque, ni hic ni coup de torchon. La vaisselle passerait encore une fois la nuit au fond de l'évier en inox terni, baignant dans un fond d'eau stagnante.
Mais le silence devenait si lourd que cette fois-ci c'est moi qui me mis à converser. Avec ma table. Elle nappe a... Non, elle n'a pas réagi de suite. Finalement, elle m'a répondu et voyant que j'avais le c.. entre deux chaises, elle me demanda de tout déballer. En somme, elle me demandait de passer...
à table. Comme je décidais de ne rien dévoiler de mon spleen, habitué à être mis au ban(c) de la société, je me levai, préférant quitter le siège. Et tombai, me cognant la tête contre les murs. Blancs.
Noir.
Le tabouret s'exclama, se foutant de moi : « t'es bourré, t'es bourré !!! »
Je me relevai et m'assis sur un fauteuil, pensant retrouver un peu de réconfort. Hélas, j'avais laissé traîner ici même, se retrouvant alors sous mon saillant seyant, un vieux coussin péteur délaissé par mon petit cousin. Il s'exprima vivement. A sa façon. Mais ses élucubrations ne méritent pas d'être retranscrites dans ce récit. Pétant les plombs, pris de colère, Je l'envoyai valser vers les cannes à pets, appelés également, banquette ou sofa.
Finalement, je décidai d'aller me coucher ne voyant pas de meilleure chose à faire.
Je m'endormis bien vite. Mon lit voulut me raconter sa vie mais voyant mon état de fatigue se contenta de rester à mon chevet et, me voyant dans de beaux draps, me berça jusque dans les bras de Morphée.
Le lendemain, je m'éveillai en sursaut me dressant soudainement, face à mon dressing. Cette espèce d'armoire à glace ne me faisait pas peur. Elle voulait m'intimider mais je lui montrai bien vite que je n'étais pas commode non plus. Je ne voulais plus rester parqué ici, aussi me levant du bon pied, je débarassai bien vite le plancher. Je ne voulais plus faire partie des meubles . Ainsi, ils verraient que j'en avais dans le buffet en les abandonnant à leurs palabres ridicules et farfelues !
Et puis de toute façon mes potes m'attendaient au bahut. Quittant la table, je pris mon cartable.