Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 050 282
Derniers commentaires
Archives
12 septembre 2009

L'heure qui n'avait jamais existé (tiniak)

De retour de la boulangerie un peu navré - je n'ai pas été servi comme à l'accoutumée par sa fille, mais par le boulanger en personne. Homme fier de l'être, homme. Et l'homme est lunatique, perclus de sens pratique, ferru d'aphorismes déprimants.
Une baguette pas trop cuite et bien modelée, pour elle, une biscornue et grillée, pour nous, autour d'elle, doux cheptel prenant garde de ne rien perturber de sa mise en route journalière.
Il n'as pas réagi, comme l'eût fait sa fille, d'un mot, d'une vétille, en enveloppant la baguette réputée invendable.
- Et vingt qui font quatre-vingt, dit-il en me remettant mon bien son regard cherchant sous mon coude à jauger le client suivant - un garçon qui n'a pas dix ans et en paraît six.
Je claironne un joyeux congé à la petite file bien rangée que l'écho de mes filles ne reprend pas, n'étant pas venues avec moi.
Je sors. Dehors, j'exécute mon petit tour de jongle avec porte-monnaie, journal, monnaie et mes deux baguettes brûlantes, dans leur papier enfariné... ça craque un peu, ça menace sous le coude, mais tout prend place, s'équilibre, parfait mon allure d'homme libre et me confère une élégance mâtinée d'insouciance.
En vérité je n'en mène pas large. Je viens de détruire mon ménage et ne sacrifie à l'usage que pour atténuer les effets du désastre annoncé.
Je ferme la porte derrière moi. J'appelle, on ne me répond pas. Pas de ruades dans l'escalier, pas de cartables dans l'entrée, pas de chaussures de ville, que les tongues des filles et ce petit bout de papier posé sur le piano :
- Non mais t'as vu l'heure ?! Bravo !! On règlera ça plus tard.
Je file à l'horloge de la cuisine : neuf heures moins le quart. J'hallucine !
Qu'ai-je fait de tout ce temps ?
Six minutes aller, six minutes retour, et allez, six minutes sur place, maxi... ça fait pas le compte !
Je suis parti à huit heures et vingt passées, disons vingt-cinq... la demie, allez... ça fait toujours pas le compte.
Sur le boulevard, en contrebas, on monte les plateaux scéniques de la Fête de la Musique qui aura lieu ce soir.
De quoi j'ai l'air avec mon petit-déjeuner caduc, le nez planté contre le vitrage, le bide noué par la rage, aussi dépité qu'un eunuque dans le gynécée déserté.
- Et merde, oui! C'est l'heure d'été !

Publicité
Commentaires
T
gggh..<br /> <br /> Tiphaine m'a tuer
Répondre
T
On tuerait pour moins que ça !
Répondre
S
Tiens, il y a de la séparation chez moi aussi... mais plus rose... ;o)
Répondre
T
à tous merci, bien sûr, de vos prompts commentaires...<br /> <br /> et pour les interrogations qui demeurent, chacun à votre manière, vous en donnez des éléments d'explication : "être mené à la baguette"... "une grande aiguille d'horloge sentencieuse"... "on perd sa vie à la gagner"... "t'as du bol d'être toujours en vie"... "trop triste pour moi"...<br /> <br /> quant au reste (le vécu ?), je me réfugie vite fait dans les mots de Julien Green : "La vie est un roman qui a besoin d'être récrit".<br /> <br /> et puis, la prose, moi je trouve que ça sent pas la rose... hin hin.
Répondre
G
Ou comment cela devient des changement d'horreur... et rebelotte dans l'autre sens, dans 1 mois!
Répondre
T
Pas très cool l'ex, une heure qu'est-ce? une poussière dans l'univers...
Répondre
M
Triste d'être mené à la baguette !!!
Répondre
P
Une baguette pour détruire un mariage ? L'était pas bien costaud ! Ou c'était la grande aiguille de l'horloge de l'église ?
Répondre
J
Je sens que c'est du vécu bien raconté mais je n'ai rien compris ! Ce n'est pas de ta faute, c'est la faute de l'heure d'été : je ne comprends toujours pas quand il faut avancer, quand il faut reculer, s'il y a quelque chose à gagner ou si c'est comme tant de trucs qu'on nous impose pour nous faire perdre notre temps dans le contexte "on perd sa vie à la gagner" ! Mille excuses, alors !
Répondre
V
Ben t'as du bol d'être toujours en vie, toi :D . Mouarf!
Répondre
J
L'heure qu'on sacrifice en automne est DURE.<br /> <br /> (pas trop compris la tristesse, faudra que Poupoune ou zigmund me fasse l'explication du texte...)
Répondre
Z
triste c'est vrai, mais pas rare. le temps se gère aussi avec précaution parfois
Répondre
P
ouais, non...<br /> peux pas, trop triste pour moi.
Répondre
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité