À Valérie, sur son ordre. (Walrus)
Somptueuse et nue,
telle une perle rare en un écrin précieux,
tu reposes.
Tes formes alanguies font de la Maja nue une caricature.
Doucement ton esprit revient à la conscience
que t'avaient enlevée l'amour et ses outrances.
Ton bel amant a fui, tu ne sais pas pourquoi.
Il avait tant rêvé avant que tu ne cèdes.
Il avait tout rêvé de la fête des corps :
les regards qui se mangent et les peaux qui se cherchent,
les doigts qui s'entremêlent, les langues qui s'immiscent,
les lèvres qui caressent et les ongles qui griffent
et les bouches qui crient, qui murmurent, qui feulent,
les perles de sueur, les larmes au bord des cils,
le désir qui dévore, les sexes qui se fondent.
Il avait tout rêvé, jusqu'à sa triste extase.
Il avait tant rêvé de t'avoir toute à lui.
Il avait trop rêvé, le sinistre imbécile.
Car il a entrouvert la boîte de Pandore.
Il a vu, interdit, éclater le séisme
qui te parcourt le corps de brutales répliques.
Et il a vu surgir l'immense tsunami
qui balaie ta conscience,
te soulève, t'emporte et te dépose au loin.
Loin de lui, hors d'atteinte,
hors de toi, hors du temps,
éperdue,
perdue.
Et il a fui !
Il a fui la grande frayeur des hommes.