La Ballade des pendues (Joe Krapov)
Petit jeu de l’été : rendez à chaque pendue sa dernière
parole !
1
Je suis Cultura la sorcière
Et j’ouvre, au pays de Poussière,
L’accès aux livres défendus,
Aux vyniles qu’on écoute plus,
Aux déguisements des enfants,
Aux paperasses des parents,
A un souk, nul ne peut le nier,
Car je suis la clé du grenier.
2
Je donne accès au lieu divin
Ou l’on conserve le bon vin
Et toutes sortes d’attirails
Eclairés par des soupiraux
(Tiens, ça ne rimaille
plus !)
3
Je suis la clé du paradis !
Je suis la porte du logis,
Du petit nid à Nirvanas
De Krapov et de Marina !
4
Quand il a trop dit de salades,
Quand sa tête est un peu malade
A force de l’avoir creusée
Pour pondre des billevesées
Il vient, me tourne et, tel un pro,
Parmi l’empilement des nombreux placebos
Que l’on vend aux gogos pour soigner leurs bobos,
Extirpe le tube d’Aspro.
J’ouvre le saint des saints ici :
La p’tite armoire à pharmacie.
5
Pour qu’aucune rôdeuse
Ne chipe la tondeuse,
Pour qu’aucun malandrin
Ne démunisse le jardin
De ses outils, de ses semences,
- Bien qu’on cultive avec clémence
Les clématites et le chicon
Ici plutôt que l’ananas –
On a muni d’un cadenas
La porte du p’tit cabanon.
6
C’est moi qui ouvre l’horizon !
C’est moi qui brave les saisons !
C’est moi qui tourne en deux serrures
Et les emmène à l’aventure !
Je suis la clé de la voiture !
7
Chacun promène son enfer de façon proche.
Moi je suis toujours dans sa poche.
Sans avoir l’air (R) ni prendre l’eau (O)
Je suis son bOurReau : le bureau.
Chacun promène dans sa poche son enfer !
Krapov m’a baptisée « Cerbère » !
8
Moi j’ai pêne à me rappeler…
Quels beaux trésors amoncelés ?
Quelles merveilles au fond d’un coffre
Qu’en un ou deux tours j’ouvre et j’offre ?
Quelle ceinture de chasteté ?
Quelle porte de château hanté ?
Quelle histoire m’est attachée ?
Ma mémoire est partie, j’enrage
Et je pends sans utilité,
Perpétuellement accrochée
A un vieux clou dans le garage.