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Le défi du samedi
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22 juin 2009

Promenade en funiculaire (PHIL)

Bon sang, c’est une panne de courant ou quoi ? Voilà que ce fichu machin s’est arrêté en plein milieu de la pente. Comment ça s’appelle, déjà ? Pas un ascenseur, ce n’est quand même pas vertical. Quoi que. Enfin, bref un truc à crémaillère.

 

Ça on a le temps de la voir, la mer. Au moins dix minutes qu’on est là. A attendre bêtement au-dessus du vide. J’ai horreur de ça.

 

Je ne sais pas ce qui m’a pris d’accepter de monter là-dedans pour aller en-haut de la falaise. La vue est superbe, a promis Henri. Bien sûr. Mais je m’en fous, bien évidemment. En attendant, je déteste la promiscuité. On aurait pu monter par l’escalier. Je ne sais pas combien il y a de marches. Deux cents, peut-être bien. C’est beaucoup, je sais. Après tout il n’y en a peut-être que cent-cinquante, va savoir. Enfin même avec mes pompes à talons hauts, j’y serais arrivée.

 

Encore une chance que ça ne soit pas tombé en panne dans la partie en tunnel, sinon je crois que j’aurais pété un plomb et que je les aurais tous dessoudés.

On est huit, dans ce machin : un couple avec deux mômes. Une paire d’anglais hors d’âge. Et Henri et moi. Il faut absolument qu’il monte voir les belvédères, lui, c’est plus fort que le roquefort. D’habitude je fais la gueule, et parfois ça lui rabaisse son envie de regarder de haut. Mais là, je ne sais pas pourquoi, j’ai accepté le plan, toute joice. L’air marin doit être euphorisant.

 

Bon, ben c’est pas tout ça, mais l’heure tourne et on est toujours coincé là. Je regarde ma montre : il est vingt-trois. Qu’est ce que je vous disais : dix-sept minutes exactement que le foutu machin est en panne et que personne ne s’est soucié de nous secourir. Ah en bas il y a du monde, hein ! Il y a au moins douze clampins qui se paient notre binette en nous montrant du doigt. Les cons.

 

J’en ai ma claque. Et ce ballot d’Henri qui n’arrête pas de me tripoter et de me souffler dans le cou. Pour me rassurer ? Tu parles. Comme si j’avais besoin d’être rassurée. Il me connaît mal. Une tueuse à gages, ça n’a peur de rien. N’empêche que ça m’emmerde d’être piégée là. Et qu’il commence aussi à m’emmerder sérieux, à me souffler dessus comme ça. Je ne vais pas tarder à lui en retourner cinq en travers de la tronche.

 

Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté de l’accompagner en Normandie. Ou en Picardie. Je ne sais pas bien dans quelle région on est. D’habitude je n’accompagne pas les clients. Bon, d’accord, d’habitude je ne couche pas avec eux non plus. De toute manière, c’est décidé, il n’ira pas plus loin. Il m’énerve trop. C’est dangereux de jouer avec les nerfs d’une fille comme moi.

 

Les gamins commencent à en avoir classe eux aussi. Ils se tortillent, ils trépignent. Encore heureux qu’ils ne chialent pas. Je parie que la fillette va avoir envie de faire pipi dans pas longtemps. J’espère qu’elle va pouvoir se retenir. Ou au moins qu’elle va épargner mes godasses. Faut pas rigoler avec ça. Les chaussures, c’est sérieux, foi d’Angélique. Je suis une vraie collectionneuse. J’en ai un plein placard. Principalement des escarpins à talons, mais il y aussi des sandales, des bottes, des mules. Quarante-huit paires en tout. Je sens bien que ça enquiquine François, mais il n’ose rien dire. Même s’il ne sait rien de mon vrai métier, il sent confusément que c’est dangereux de me contrarier. C’est rare, l’intuition, chez un mec. Non, François, c’est le mari idéal. Il me fout une paix royale. Il ne se doute même pas que je sors avec ce crétin d’Henri depuis un mois. Et ça l’arrange, comme ça il peut passer toute la sainte journée à écrire je ne sais quoi sur son ordinateur.

 

Le vieil angliche n’arrête pas de loucher vers mon décolleté. Je lui décoche un de ces sourires angéliques dont j’ai le secret. Je sais me montrer à la hauteur de mon nom. En attendant le vieux en perd ses moyens, il est tout rouge, il frise l’apoplexie. Pourvu qu’il n’aille pas faire dans son froc lui aussi. Et la vieille qui me fusille du regard. Si elle savait ! Tiens d’ailleurs, ça me fait penser à un truc, je ne pourrais même pas les descendre là, j’ai laissé le flingue dans ma trousse de toilette, dans le coffre de la caisse.

 

Ah ! On redémarre ! Cool ! Enfin, vingt-six minutes quand même. Et l’autre pignouf d’Henri qui continue son manège. Ça, je ne vais pas pouvoir attendre de récupérer mon matos dans la bagnole. J’avais planifié d’exécuter le contrat plus tard, mais je n’en peux plus.

 

 

 

L’ECLAIR DU TREPORT, édition du 23 juin 2009

 

Flash.

 

Le cadavre d’un homme d’une cinquantaine d’années a été retrouvé dans un fourré à flanc de falaise. La victime n’a pas encore été identifiée, mais on sait d’ores et déjà qu’il s’agit d’un meurtre. La mort semble avoir été causée par un coup violent porté à la tempe avec un objet dont la forme rappellerait le talon d’une chaussure de femme, par exemple.

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Commentaires
P
Merci Tilleul !<br /> :-)
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T
J'ai lu avec beaucoup de plaisir.. On jurerait que c'est vraiment Angélique qui a écrit ce texte...<br /> Bravo Phil!
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P
Ah ? Quelqu'un s'appelle François, ici ? Il a épousé une tueuse ?
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R
génial... la chute, inattendue et délicieuse<br /> enfin, ça dépend pour qui !<br /> par contre, vous vous zetes donné le mot avec brigou, pour nous fouttre la trouille dans tous les trucmuches qui montent tout seul !!<br /> <br /> pst "le françois que ça arrange, comme ça il peut passer toute la sainte journée à écrire je ne sais quoi sur son ordinateur" serait pas un co-écrivain du défi du samedi ???
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P
Poupoune : Angélique n'est pas une tueuse sérieuse. Un peu comme Lucien, tu vois, mais en moins ballot. Au fait, une question, t'en as buté beaucoup, des couillons de ce genre ?<br /> :-D
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P
Elle manquerait pas un peu de sang froid, l'Angélique, hm? Quand même, pour une tueuse à gage, est-ce bien sérieux de bâcler le travail pour si peu? En même temps, le couillon qui fait gazou-gazou dans le cou... c'est vrai qu'on peut tuer pour moins que ça. Et je sais de quoi je parle ;o)<br /> C'est pas sympa de me faire pareille concurrence, mais bravo quand même!!
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V
Piouh, Phil, ça tape haut ! J'aime beaucoup le langage d'Angélique.
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H
Bonjour !<br /> Le blog littéraire Le Hangar vous invite à rejoindre sa communauté ! Le Hangar a pour premier but de publier des textes d'internautes mais aussi des critiques de livres, des chroniques sur d'autres types d'arts etc... Vous pouvez créer votre profil et voir ceux des membres déjà inscrits, vous abonner à la newsletter, donner votre avis sur les livres, proposer vos propres critiques etc...<br /> Nous organisons également des concours, le premier vient de se terminer le 20 juin et jusqu'au 5 juillet tous les internautes peuvent voter pour l'un des cinq texte finalistes qui leur aura le plus plu ! Votez vous aussi !<br /> <br /> Nous espérons vous voir bientôt sur http://le-hangar.com<br /> Hazel, du Hangar.
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W
Faut pas pomper l'air à une fille qu'a les pieds échauffés par ses pompes !
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P
Merci à tous. Effectivement comme chacun sait, Poupoune se nomme en réalité Angélique. <br /> Pour la petite histoire j'ai un jour fait partie des 12 clampins qui se gaussaient de voir le machin en panne, mais j'ignore s'il abritait effectivement une tueuse à gage.
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Z
chapeau bas !<br /> il est vingt trois c'est 23 mn <br /> enfin I presume<br /> encore bravo
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M
Magnifique, vous êtes un certain nombre à être doués pour les ambiances noires ici...<br /> <br /> Avec des talonnettes, on tue aussi mais plus lentement...<br /> Bravo Phil, c'est très réussi !
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J
C'est bien ce que je disais : il y a une consigne subliminale (obligation de mettre en scène un auteur du Défi) et Phil a représenté Poupoune dans un épisode de sa vie tumul-tueuse !<br /> Pour la culture géographique et touristique, c'est ici : http://www.ville-le-treport.fr/tourisme-154.html<br /> Pour la musique au générique de fin je suggère les VRP : http://www.deezer.com/track/1137712 Bienvenue en Picardie, des vacances toujours réussies. J'Henri encore !
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B
J'aime bien l'idée Phil ! .. et c'est plein de petits détails que j'ai adoré.
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A
"Je lui décoche un de ces sourires angéliques dont j’ai le secret. Je sais me montrer à la hauteur de mon nom."<br /> <br /> ARF !! tu as devancé ma pensée. Zut alors !<br /> <br /> Du reste, c'est excellent et plein d'imagination. J'ai tout bonnement adoré !<br /> <br /> <br /> P.S : vu vos participations, j'aurai du mal à trouver autre chose !... arf<br /> <br /> <br /> ;o)
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V
Ah, j'aime bien Angélique, moi. <br /> :D
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P
Comment ça ? Elle ne fréquente pas les défis du samedi ?
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J
Pas grave, Phil. J'imagine que Nothomb ne t'a jamais lu, et tant pis pour elle !!!
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P
Joye, MAP : merci. Il y a déjà une aventure d'Angélique parue récemment dans mon carnet vert. <br /> ps : je n'ai jamais lu Nothomb.<br /> <br /> Papistache : il y aurait une faille dans ma falaise ? zut alors...
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P
Belle galerie de personnages... mais vingt-trois quoi ? Heures ? Il doit faire nuit surtout si le courant est coupé ! Alors, les clampins ? comment y voient-ils ?<br /> <br /> Finalement, les nerfs d'une tueuse à gages c'est pas très très costaud...
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M
Mon commentaire a été avalé !!!<br /> Je disais donc :<br /> Ce n'est pas exactement ce qui s'appelle "pendre la crémaillère" dans ce cas !!!<br /> Angélique la tueuse à gages est bien loin d'Angélique Marquises des ANGES !!!<br /> Bien trouvé Phil !
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M
Ce n'est pas exactement ce qui s'appelle "pendre la crémaillère" ...<br /> Angélique tueuse à gages, ça nous change évidemment de la Marquise des Anges !!!<br /> Bien trouvé Phil !
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J
Et si la police marchait à côté de ses pompes ?!? Je crois bien que c'est la fillette qui l'a fait, en dépit des paroles d'Angélique !!!<br /> <br /> Quelle coïncidence, je viens de terminer Journal d'Hirondelle, où le narrateur est un tueur à gages ! Je parie donc mon chapeau que ta narratrice l'assassine qu'évoque Nothomb...aha !<br /> <br /> ;-)<br /> <br /> Quel talent, Phil, bravo !!! Tu as surtout bien fait pour y filer les nombres, si tu ne les avais pas mis en gras, je ne m'en serais pas aperçue !
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