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Le défi du samedi
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26 mai 2009

Ceci n'est pas un texte (Virgibri)

Ceci n'est pas un texte. 

J’avais quinze ans environ. J’avais choisi une colonie de vacances de trois semaines avec des activités artistiques : photographie, calligraphie, danse.

Danse… Rien qu’à l’idée, j’avais peur. Mal dans mon corps, timide à l’excès, pas encore assez vieille pour comprendre ce que j’aimais dans le corps de l’Autre, complexée. Une adolescente, quoi. Et puis je détestais danser.

Pourtant l’approche de la prof fut aussi déroutante pour moi que géniale. Il s’agissait de danse contemporaine, un peu dans le style de Carolyn Carlson, que je ne connaissais évidemment pas. La première année de cette colo, je me suis tout pris en pleine tête. Tous mes sens étaient en alerte, bouleversés de tant d’émotions. Je le vivais même mal, cet excès.

J’ai décidé l’été suivant de réitérer. J’avais seize ans. J’étais prête, enfin. J’ai pu utiliser mon corps à des fins artistiques, sans être morte de honte. J’ai même fait alors mes premiers autoportraits, genre photographique que je n’ai jamais lâché depuis… Et puis il y avait la danse. J’acceptais enfin les conseils, les directions que mes pas allaient suivre : je recevais, et donc je donnais.

autoportrait

Je comprenais que mon corps pouvait être beau, en lui-même. Qu’il avait son propre langage, et que je pouvais créer sa grammaire, ma grammaire. Depuis, j’ai beaucoup occulté tout cela…

Pour les cours de danse, C. avait un gros poste à cassettes (oui, c’est d’un autre âge, je sais) qu’elle transportait partout. J’y ai entendu mille choses. Mais cet été-là, j’ai pris deux baffes musicales : La Callas, et René Aubry.

C., pour le spectacle de fin de séjour, faisait un solo sur « Casta diva », évidemment interprété par Maria Callas. Je n’avais jamais rien entendu d’aussi beau. J’en ai pleuré, lors de la première répétition. Je m’y revois encore…

Et puis il y a eu René Aubry. Musique instrumentale qui m’a accompagné les années suivantes, dans mon quotidien. On avait du mal à trouver ses albums dans le commerce, et ceux-ci valaient chers, à l’époque. Je les ai toujours.

L’écoute unique des morceaux de la consigne m’a ramenée à lui et à ces souvenirs d’adolescence. Mais si je suis honnête avec moi-même, je n’ai pas pu les réécouter parce qu’à la fin du film que j’ai déroulé de mon passé, j’ai accroché un wagon supplémentaire : vers la fin du deuxième séjour, j’ai poussé ma mère à me dire au téléphone ce qui n’allait pas. Je sentais à sa voix, à chaque fois que nous parlions, elle à la maison, moi dans une cabine, qu’une faille se faufilait. Et je n’avais pas mon père en ligne, lui, le silencieux gourmand de téléphone.

On lui avait découvert des ganglions et il devait se faire opérer. On mettrait en culture pour voir s’il n’y avait rien de malin ; mais lui, le sportif, non fumeur, buveur d’eau, ne craignait rien, n’est-ce pas ?

Nous étions en août 1992.

Il est mort en octobre 1993.



René Aubry. Après La Pluie 2
envoyé par RENEAUBRY. - Clip, interview et concert.

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26 mai 2009

Petite musique de nuit (Poupoune)

Je sais que c'est pour moi qu'elle met la petite musique. Pour que j'aie pas peur dans le noir.

C'est papa qui lui avait rapportée de voyage. Une jolie boite rose avec une danseuse rose qui tourne et la musique qui fait tin nin nin nin nin quand on ouvre la boite. C'était un truc de fille mais c'était joli. Moi il me rapportait pas de cadeau. Il disait que je comprends même pas que c'est pour me faire plaisir et que ça sert à rien de gaspiller et que de toute façon j'abîme tout. Mais j'aurais aimé ça, moi, une boite comme ça. Même rose. Alors elle me l'a prêtée parce qu'elle est toujours gentille avec moi même que papa et maman ils disent que c'est un ange.

Elle le sait bien que j'ai pas fait exprès de la casser, la petite danseuse qui tourne... Et je sais bien qu'elle a pas fait exprès de crier comme ça. Elle était juste triste pour sa jolie danseuse, mais moi j'ai eu peur que papa et maman entendent et me fâchent alors j'ai voulu qu'elle arrête et elle a eu peur quand j'ai mis ma main sur sa bouche et elle est tombée. Elle s'est pas fait trop mal je crois mais elle a crié encore plus fort alors papa et maman ils sont venus et ils ont dit que cette fois trop c'est trop ça suffit c'est plus possible.

Maintenant tous les jours elle met la petite musique juste pour moi devant le conduit de l'aération. J'entends tout bizarre comme si c'était loin et que ça résonne mais j'aime bien quand même et je fais tourner la danseuse dans mes doigts. Parce que quand ils m'ont enfermé sous l'escalier, papa et maman, ils ont pas pensé à me la prendre.

26 mai 2009

Plaisir d’été… (Tilleul)

Allongée dans l’herbe frémissant sous une brise légère,

Je vois le ciel bleu parsemé de moutons blancs…

Les beaux jours sont éphémères,

Profitons de l’instant !

 

Un ru minuscule, tel un ruban d’argent

Frôle mes pieds nus en les rafraichissant

Son eau limpide avance doucement

Parmi les joncs et les roseaux tremblants

 

Chênes et hêtres se taisent un instant,

Pour écouter ce clapotis charmant.

Un peu plus loin, perché sur le vieux pin,

Un pic martèle l’écorce du sapin

25 mai 2009

On prend un p'tit café ?

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25 mai 2009

... (tiniak)

soleil absent
brume vierge

mon âme attend
sur la berge

l'ombre s'entend
dire un mot

l'océan courbe
le dos

l'oreille espère
un signal

jailli d'un vert
abyssal

à sa lisière
émouvante

frissonne l'air
atlante

qu'un marin joue
dans les ris

à l'infini

je soupire
mon désir


et ne veux
pas finir


que tu n'aies
su venir

m'entendre te le dire

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25 mai 2009

Quelques notes de bonheur... (Citronnelle)

Dimanche, 19h30, une  journée ensoleillée se termine.

Je suis allongée sur le transat, je lis. Dans le lecteur CD, un disque que j’ai retrouvé par hasard. Offert par Jane, c’est sûr, mais à quelle occasion ? La pendaison de crémaillère peut-être...

J’adore cette heure de la journée. Le soleil s’est enfin délesté de ses feux trop violents pour ne conserver que sa douce et pale tiédeur.

Je pose mon livre, renverse la tête contre le dossier et ferme les yeux.

Mes trois hommes jouent de l’autre côté de la maison. Au foot, sans doute,  je les entends taper dans le ballon. J’entends aussi les cascades de rire perlé et clair des enfants. Ils adorent jouer avec leur père, les occasions sont rares. Et moi,  j’adore les sentir joyeux, tous les trois.

Quelques oiseaux sifflotent encore et semblent apprécier, eux aussi, le charme de cette fin d’après-midi. Le bourdonnement de quelques insectes se mêle aux notes du CD qui se faufilent depuis le salon jusqu’à mes oreilles. Un léger vent bienveillant passe sur ma peau.

Je me laisse aller en douceur à des pensées vagabondes. 

Le bonheur, c’est si simple parfois...

Je m’étonne de cette capacité que nous avons (un instinct de survie sans doute ?) à oublier si souvent le monde qui nous entoure. Le marasme financier, la crise écologique... Les enfants qu’il faudra aider à devenir des hommes dans un monde rempli de chausse-trapes...

La musique devient plus dense et plus douce la lumière sur mon visage.

Je  m’absente...

Et pendant quelques instants les grains de sable cessent de glisser dans le sablier.

Puis soudain, une brûlure fraîche dans le creux de mon cou me ramène dans le temps.

Je souris. J’ouvre un œil.

« Faudrait peut-être faire à manger ! Les enfants ont faim. »

Je m’entends répondre : « Vas-y, je t’en prie. Fais comme chez toi ! »

Mon homme s’éloigne en traînant les pieds. Ostensiblement, il me semble.

Mon sourire ne me quitte pas.

La musique s’arrête.

Je tends l’oreille et bientôt m’arrivent les premières notes de « Bloody Sunday ». Je souris encore. Réponse du berger à la bergère ?

Je  me refuse à quitter cet état d’apaisement. Je tente de retenir encore quelques instants la douce mélopée de cette fin de journée...

BOUHHH !

Je sursaute en lâchant un cri ! Mes deux serins (envoyés en mission par leur papa ?) viennent de grimper sur la chaise longue et entreprennent une partie de chatouilles en piaillant : « On a faim ! » Je leur laisse le plaisir de glisser leurs mains dans mon cou et sous mes aisselles en riant de bon cœur. Puis je me tortille et  m’extirpe pour aller me réfugier en courant derrière le vieux poirier.  La course poursuite commence. Je contourne le premier, fais tourner le deuxième dans les airs. Olé !

Le ciel s’est teinté de mauve.

La mélodie de Jane s’est tue pour aujourd’hui...

Je m’engouffre dans la maison en criant « Moi, aussiiiiiiiiiiiii j’ai faim !  Qu’est-ce qu’on mannnnnnge ? ? ? »

Retour express dans le tourbillon de ma vie !

25 mai 2009

Initiation à l’art contemporain (PHIL)

J’ai appuyé sur le lien, un lien parmi d’autres, et l’ordinateur a gémi une espèce de lamentation qui m’a furieusement rappelé l’atelier du menuisier. Bien que sachant pertinemment que c’était là l’effet de quelque instrument à cordes, j’ai néanmoins eu la vision d’une scie circulaire attaquant vaillamment un morceau de chêne. Mon odorat frémissait déjà et j’imaginais les copeaux jonchant le sol de notre malheureux bureau.
J’ai levé les yeux vers Elle. J’ai croisé son regard qui, d’une fugitive perplexité est vite passé à une affliction navrée suffisamment expressive pour qu’elle s’exonère de tout recours à l’oralité. Je suis passé outre et j’ai récidivé. Je veux dire, j’ai cliqué sur un autre lien permettant soi-disant d’écouter le morceau de musique en entier. Rien ne s’est passé et c’est sans doute tant mieux, je ne sais pas. Je ne suis peut-être pas doué avec les liens, allez savoir. Bref il me semble que j’en avais assez entendu. De point de vue de mes oreilles, si je puis dire, la chose était parfaitement insignifiante, mais l’imagination fait feu de tout bois, alors avec une scie musicale en action, les images n’ont pas tardé à affluer.
En fait la scie du menuisier n’a fait que m’effleurer et j’ai aussitôt après pensé spontanément à une promenade que nous avions faite il y a de ça une bonne vingtaine d’années. Je me souviens que les filles étaient encore petites. Nous avions passé la frontière pour aller visiter une mine d’asphalte quelque part dans le val de Travers, au-delà de Fleurier. Je ne me souviens plus du nom du lieu et j’ai la flemme de chercher sur la carte. Par contre je me rappelle de Môtiers, un village pimpant où nous nous étions arrêtés dans l’après-midi. Et si je m’en rappelle, c’est parce que nous y avions découvert tout à fait fortuitement une exposition d’art contemporain en plein air qui prenait la forme d’une promenade découverte dans le village et la campagne environnante, avec un questionnaire pour les enfants, bref une sorte de rallye pédestre, gratuit de surcroît, et qu’est-ce qu’on allait rigoler.
A cette époque je n’étais absolument pas ouvert à l’art contemporain. Je ne fréquentais pas encore les musées de façon très assidue et je m’en tenais prudemment aux expositions sur l’impressionnisme. En toute honnêteté, je ne me souviens pas exactement de ce que nous avons vu. Quelles œuvres de quels artistes ? Mystère. Je pense aujourd’hui que le niveau devait être particulièrement relevé. Peut-être y avait-il une installation de Tinguely ? Ce ne serait pas impossible. Des nanas de Niki de Saint Phalle, alors ? Mmmm, ce serait possible aussi, mais ça ne m’a pas marqué. Par contre je revois très bien, accrochés ça et là, des aphorismes de Ben, blanc sur noir, et je me souviens que ça nous faisait marrer qu’on appelle ça de l’art. Comme nous faisaient marrer les tables non débarrassées après le petit déjeuner et figées pour toujours par Daniel Spoerri. Comme nous faisait marrer le bulldozer jaune gisant au milieu d’une carrière, légèrement transformé, mais de façon suffisamment évidente pour que le visiteur puisse l’identifier aisément en tant qu’œuvre d’art. Nous regardions tout ceci d’un œil incrédule, pas tout à fait convaincus qu’il ne s’agissait pas là d’une vaste supercherie. Dans une clairière, vers la fin du parcours, nous avons découvert des troncs toujours enracinés et grossièrement sculptés à la tronçonneuse, je n’invente rien, c’était écrit sur le papier, et j’ai pensé que nous avions touché le fond.
Du mugissement d’une scie circulaire à celui d’une tronçonneuse, il n’y a qu’un pas (une stridence, plus exactement). C’est pourquoi, ayant déclenché un gémissement lamentable dans les haut-parleurs de mon ordinateur après avoir cliqué sur un lien, et ayant de ce fait accessoirement déclenché l’agacement de mon épouse, je suis passé en songe de l’atelier du menuisier à une clairière ornée d’arbres maladroitement transformés en totems.

25 mai 2009

Une onde (Captaine Lili)

Une onde.
Une onde de choc.
Une pulsation.
Un nerf. Un muscle. Je ne sais quoi. Qui vibre.
Et qui ne vibrait pas. Depuis si longtemps qu’elle a oublié que ça bougeait, avant. Quand elle était petite. Quand elle avait l’âge des boites à musique et des rêves qui tournent.
Un sillon. Une ombre creusée. Une ligne marquée.
Et son cœur qui saute.
Et son cœur qui explose.
D’émotion indicible.
Même pas une joie.
Une onde. Une onde de choc.
Qu’elle n’attendait pas.
Qu’elle croyait perdue. Enfouie dans ses espoirs tués.
Le reflet d’elle qui se dessine. Autre.
L’impossible qui gagne.
Les frémissements qu’elle sentait. Qu’elle savait. Qu’elle a laissés au creux de leurs certitudes.
Son visage enfermé dans la boîte à musique.
Et la danseuse qui se remet à danser. La vie qui calligraphie.
Sur sa joue droite, la commissure des lèvres comme une fossette.
Sur son front, trois plis esquissés, pour une suite à la partie gauche.
Une ombre fugitive. Et pleine.
Des larmes en battements.
Parce qu’elle se souvient. De sa moitié de visage, figée.  Du courant électrique dans ce nerf facial. Qui faisait mal et la condamnait. La musique chuchotait trop bas. On ne voyait que le silence.
Une onde.
Un espoir fou. Comme un galet dans un lac.
La peur aussi.
Le presque trop.
La boîte à musique qui l’affole. Les rêves qui tournent.
Peut-être qu’elle enfermera les douleurs. Une partie.
Peut-être que…
Un nerf, un muscle. Qui se dé-paralysent. Jusqu’où ?
Une onde en question.
Une pulsation.

24 mai 2009

On prend un p'tit café ?

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24 mai 2009

Trois images : Trois Haïkus (MAP)

Dessus la portée

pétillent en « glissando »

des notes en fleurs.

mapPhoto

* * *

Du livre noyé

s’échappent les personnages

au fil du courant.

mapPhoto_1

* * *

Vivant métronome.

Cœur égrenant les secondes.

Horloge du temps.

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* * *

MAP

24 mai 2009

MUSIQUE (Joye)

- Pourquoi tu pleures ?

- ...

- Cette musique que tu écoutes ?

- ...

- Elle est belle ?

- ...

- C'est quoi cette enveloppe ?

- ...

- Ahhhhhh, on t'a envoyé un disque ?

- ...

- Comme cadeau ?

- ...

- Mais c'est gentil, ça, faut pas pleurer !

- ...

- Mais arrête de sangloter, ma chérie, est-ce si triste ?

- ... !!!

- Je peux écouter ? Oui ?  Allez, donne un peu tes écouteurs.

- ...

- Glups !  Mais qui t'a envoyé ça ?  Ah oui ?  Alors, oui, je comprends que tu pleures.

- ...

- Bah oui, à entendre cette musique, c'est clair que la personne qui te l'a envoyée te déteste !  Ah oui, carrément !

- ...

- Bah non, ne pleure pas, on va se venger. On va lui envoyer du Tiny Tim, tu veux bien ?  Alors, oui, c'est fini, hein, ces larmes. Va chercher ton manteau, on ira directement à la Poste après.

- ...

- Oui, oui, oui, ma douce, la vengeance est une platine qui s'écoute froide, parfaitement.

MUSIQUE

23 mai 2009

Consigne #62

Cette semaine, quelque chose d'un peu différent: une consigne musicale!

Au choix: 3 instrus pour vous inspirer. Le jeu: ne pas dévoiler quel(s) morceau(x) vous avez choisi et laisser les lecteurs deviner!

(les titres sont en écoute partielle, il suffit de cliquer sur 'play full song here' pour qu'ils jouent en entier dans une nouvelle fenêtre)

Et comme toujours:
music

22 mai 2009

Je voulais participer au défi de cette semaine (Berthoise)

Je voulais participer au défi de cette semaine, c'est vrai, aujourd'hui c'est férié, je peux bien prendre un peu de temps pour écrire une bafouille. Mais, je sèche.
 
Il s'agit d'écrire la vie d'une Mireille Iks dont on apprend la mort par courrier.
 
J'ai essayé d'imaginer une vie palpitante, émouvante, déroutante, étonnante. Je n'ai trouvé sur mon chemin que banalité, train-train et routine. Ne sont venus que des souvenirs d'enfance.
 
Ma Mireille à moi, je l'ai vue sous les traits de la femme de ménage qui aida maman pendant sa maladie. Une grosse femme joviale, qui avait du mal à marcher mais qui repassait et briquait les sols, choses que maman ne pouvait plus faire après son opération. Maman qui se sentait un peu coupable de laisser à quelqu'un d'autre le soin d'entretenir son logis, tricotait en contre-partie des pulls pour Mireille, puisque c'est ainsi que nous l'appellerons. Mireille avait un tour de taille impressionnant, et un giron capable de soulager tous les chagrins. Je soupçonne ma jeune maman d'avoir versé quelques larmes dans ce giron-là, malheureuse qu'elle était de se sentir diminuée et malade. Maman tricotait donc avec des aiguilles de 2 ½ et de la laine layette aux couleurs de bébé, des pulls d'une largeur sans fin, dans un joli point ajouré. Quand le pull était terminé, elle l'enveloppait dans un papier de soie et nous allions en visite  chez Mireille. Elle était veuve et vivait dans une petite maison au fond d'une cour ombragée de glycine, seringa et autres arbustes odorants. Maman et Mireille s'installaient dans la pièce à vivre, salle à manger-salon, en un mot la cuisine. Elles sirotaient un café que Mireille allongeait d'une goutte, elles papotaient, soupiraient, chuchotaient. Moi, j'avais le droit d'ouvrir un coffre aux trésors où s'entassaient des jouets, souvenirs, bricoles et babioles sans valeur qu'elle gardait pour les offrir aux enfants de passage. Je vous raconte un temps où les enfants avaient deux jouets par an, un à Noël, un autre pour leur anniversaire. Et comme Mireille me permettait de partir avec la trouvaille qui me faisait envie, je la regardais avec autant de considération que le Père Noël et son coffre me semblait une hotte merveilleuse.
 
Vous voyez, rien de drôle, rien de triste, de choquant, d'émouvant. C'est bien peu, un souvenir d'enfance, l'évocation rapide d'une dame gentille qui nous aima, ma mère et moi, dans des moments difficiles ; est-ce assez pour participer ?

22 mai 2009

Dommage (Adi)

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22 mai 2009

Lettre de Caro Carito

Cabinet Aimé Léperripe et Cie                                            
13 impasse des Maures, 2 allée des myosotis
Saint Germain en Laye

Jeudi, 29 août 2009

 

A l’attention de Mme Katia Laipouls-Scière                  

Madame,

Notre cabinet notarial a achevé il y a peu un rapprochement avec le cabinet de généalogie de Mlle Laure Niaire. Le mariage contrat ayant été conclu il y a à peine deux semaines, nos services n’ont pris connaissance de votre dossier, resté en cours d’étude, que récemment.

Dans un premier temps, après une recherche succincte, nous n’avons pas trouvé trace d’une quelconque Mme Ikse. Il faut dire, qu’en période prénuptiale préparatoire, il nous a été impossible d’approfondir les raisons qui avaient fait noter à la défunte notre adresse. Notre étude a été accaparée par les formalités administratives, les déménagements divers et variés et les affaire urgentes, nous obligeant à traiter avec un délai certain une partie de nos dossiers. Vous noterez d’ailleurs que notre papier à entête n’est pas encore conforme à notre nouvel état civil.

Heureusement, l’arrivée d’un jeune stagiaire zélé, disposant d’un triple cursus, notarial, bien sûr, en droit et en histoire, Nicolas Manhouvot, a permis de reprendre la recherche à zéro. Après avoir achevé sa mission de mettre sur serveur l’historique de notre société – qui remonte au début du 20ième siècle avec M. César Aimé -, il a pu retrouver un extrait de naissance, grâce au nom de jeune fille de Mme Ikse, plus connue au début du siècle dans notre ville sous l’accorte patronyme de Julie Sansieuse.

Vous trouverez ci-joint, le contrat de mariage de cette jeune femme, danseuse exotique au cabaret, Le chapeau vert, qui a fait place depuis à l’école maternelle des libellules, avec feu Roger Pasdechance. Le contrat stipulait que Mme n’hériterait de la fortune, coquette, de son époux, que si elle donnait jour à un enfant de sexe mâle. Notre étude a été sollicitée trois ans après la signature de cet acte, à la mort de M. pasdechance qui laissait une veuve inconsolable, sans aucun souci matériel et mère d’un enfant prénommé Béranger.

Nous n’avons pas d’autre renseignement à vous communiquer. Néanmoins, le jeune Nicolas Manhouvot se propose de vous aider dans votre recherche pour un modique forfait de 145,23 € TTC comprenant les frais de dossier.

Nous espérons que nous avons répondu à votre attente. Nous restons à votre disposition pour toute précision et nous vous prions, Madame, d’agréer l’expression de nos salutations distinguées.

Pour M. Aimé Léperripe………….

21 mai 2009

Aux anges - Tiniak

- Vé, Janine! sais-tu ce que je viens d'apprendre par la poste ?
- allez, raconte, ma belle, que tu me fais languir.
- te souviens, Mireille ?
- Mireille ?
- Mireille !
- pas Mireille au piano, kémmèmeu ?
- naaaan, tu me fais peine! Mireille des Aiguilles.
- ké, elle est encore en vie, celle-là ?
- ébé nan, justement pas. c'est une aide-soignante de où elle était
qui me l'a annoncé dans une lettre. c'teu dame, elle m'a retrouvée
dans un carnet à elle, dis... parmi d'autres !
- tu veux pas dire... ?
- ébé, si ! je pense bien.
- maaaaa ! ça va pas faire que des heureuses à réveiller des
souvenirs qui fâchent, vé !
- avouiye. bon, pour moi, il y a prescription, eh : j'ai eu trois maris.
mais pour La Fanette, La Bernadette, La Proserpine Poelpré... ça va
faire un joyeux raffût, je te le dis !
- maaa, peuchère! tu penses, on peut dire qu'elles vont pas être aux
anges.
- ébé voilà, tu me souffles ma réponse.
- ... ?
- ... au courrier, il faut bien que j'y réponde.
- tu vas quoi dire ?
- que si elle le brûle le carnet de l'aiguilleuse, la dame, on sera toutes
aux anges.
- abévouyeu, peuchère.

21 mai 2009

Réponse à Katia L.-S.‏ (Joe Krapov)

20 mai 2009

Lettre a une inconnue - Janeczka

lettrelettre2

(Et pour ceux qui n'arrivent pas a lire mes pattes de mouches, la version audio:)

20 mai 2009

Les 80 ans de Mireille (MAP)


Monsieur G. Hourmant

Pâtissier diplômé S.G.D.G
Grand Lauréat de la Brioche Huppée
18, Rue des Tourtelettes
03 130 bis   Pavez de Baune Zaintanssion                                   Pavez, ce 10 Mai 2009


Chère Madame,


Suite à votre missive en date du 08 Mai 2009, je viens apporter mon témoignage quant à la rencontre que j’ai faite avec Madame Mireille Ikcx. Au risque de reprendre une expression connue, je dirais qu’il s’agissait simplement d’une brève rencontre. Les faits remontent à bientôt 14 ans.

Sans doute aurais-je oublié cette histoire depuis longtemps s’il s’était agi d’une cliente achetant l’habituelle brioche du dimanche ou  l’assortiment de gâteaux choisis en fonction des goûts immuables de la famille ou des amis.  Mais il en va tout autrement dans ce cas.
Cette dame avait à l’époque 80 ans, je suis bien obligé de m’en souvenir car elle m’a commandé ce jour-là un gâteau tout chocolat  -jusque-là, rien que de très normal- mais il fallait qu’il soit assez grand pour pouvoir y disposer 80 bougies pour son anniversaire. J’avoue que personne ne m‘a jamais fait une telle demande ! J’ai accepté car cela représentait une bonne vente pour moi mais après avoir cherché parmi tous mes moules à manqué, tourtières et autres moules à tartes je dus bien constater qu’aucun n’avait la taille souhaitée …

Etant plutôt inventif j’eu alors l’idée d’utiliser un accessoire qu’aucun pâtissier n’a sans doute été obligé d’employer jusqu’à ce jour. J’allai retirer d’une des roues de ma voiture  un enjoliveur. Après l’avoir bien nettoyé j’en recouvris le fond d’une triple couche de papier aluminium et j’obtins un moule du diamètre voulu.

Le lendemain j’allai livrer moi-même « l’œuvre » sur laquelle j’avais disposé les 80 bougies … Eh bien vous me croirez si vous voulez chère Madame, je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi heureux à la vue d’un gâteau  d’anniversaire. J’en ai été tout retourné !
Vous auriez vu la joie de petite fille de Madame Ickx  qui battait des mains, poussaient des exclamations joyeuses, pouffait de rire … Un moment inoubliable !

Mireille Ickx m’expliqua alors qu’étant d’une famille plus que  pauvre  on ne pensait même pas dans sa jeunesse à  fêter les anniversaires, c’était donc la première fois que cela lui arrivait  !!! Elle avait économisé depuis plusieurs mois l’argent nécessaire à cette dépense. Très touché par ses révélations, je mentis sur le prix réel du gâteau afin que toutes ses économies ne disparaissent pas dans cet achat festif.




- Voyez-vous me dit-elle j’ai voulu un énorme gâteau comme pour rattraper tous ceux que je n’ai jamais eus !!!  Puis-je vous demander encore une chose Monsieur Hourmant ajouta-t-elle, je serais vraiment très heureuse si vous vouliez bien partager ce dessert avec moi, allez chercher votre femme, vos enfants, vos vendeuses, vos commis !!!! Dites oui s’il vous plaît, dites oui  !!!

Comment résister !!! Je passai un coup de fil et quand tout le monde fut installé autour de la table j’allumai les bougies … Les yeux de Mireille Ickx brillaient, les petites flammes  dansantes s’y reflétaient … Croyez moi chère Madame c’est un moment que je n’oublierai jamais ! Je n’ai plus eu de nouvelles de Madame Ickx par la suite, je sais maintenant, grâce à votre courrier qu’elle était pensionnaire dans votre Maison de Retraite. 

En souvenir de cette brève rencontre, je voudrais  vous demander de bien vouloir acheter une  belle gerbe de roses rouges  que vous disposerez sur sa tombe – vous trouverez ci-joint un  chèque correspondant à cette dépense-  Je vous en remercie à l’avance.

Je vous prie d’agréer, chère Madame l’expression de mes plus sincères salutations.

G. Hourmant



ANNIV

20 mai 2009

Mireille en mauve (Zigmund )

 

 

Chère madame,

 

Ce sont mes parents qui m’ont présenté Mireille, qui militait à leurs côtés dans divers mouvements laïcs, roses ou rouges.

 

C’était ce qu’à l’époque on appelait une vieille fille, (effectivement déjà âgée,) je dirais une femme libre. Son grand regret était de n’avoir pas pu devenir institutrice à cause d’une tuberculose ; c’est cette maladie qui l’avait fait renoncer à l’amour de sa vie, un soldat américain rencontré à la libération. (À cette époque, on décourageait les malades d’avoir des enfants). En peu de temps elle était devenue ma copine, et je n’avais qu’à traverser  la rue entre la fac où j’étais étudiant et sa mansarde pour me faire offrir un café ou un alcool (« dis pas à ton père que je te saoule ! ».

 

Capable de distribuer des tracts ou de vendre l’huma en manteau de fourrure, ou alors entièrement habillée de violet, sa couleur préférée, elle faisait figure d’excentrique, même parmi ses amis «anarchistes ». Nous allions ensemble à l’opéra et je me souviens qu’au sortir de la belle Hélène,  nous chantions à tue tête « avouez que ces déesses ont de drôles de façons…pour enjôler les garçons ».

 

Quand elle a eu un peu de sous, elle s’est construit une jolie maison, qu’elle a nommée « guette l’ami », avec une salle de bains entièrement violette. (Nous avions mission de lui procurer le papier hygiénique mauve ce qui était rare à l’époque). 

 

Plus tard mes activités m’ont éloigné d’elle mais je ne l’ai pas oubliée.

 

Je sais que c’est elle qui a pris la décision d’entrer en maison de retraite quand elle s’est sentie trop faible. Je n’ai pas pu lui rendre visite, le peu qui lui restait de famille était plus intéressé qu’intéressant. Ces ignorants se sont probablement hâtés de brader ses livres chéris. Quant à ses amis, ils étaient  très âgés, et n’ont pu se rendre disponibles pour aller la voir.

 

Je constate avec fierté qu’elle est allée jusqu’au bout de ses convictions : je suppose que si vous étiez seule à suivre son cercueil c’est aussi parce qu’elle avait tenu bon et exigé un enterrement civil dans un environnement extrêmement calotin. Je vous joins un chèque afin que vous déposiez de temps en temps une rose rouge sur sa tombe. Merci de l’avoir accompagnée à la fin de son chemin.

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