Alone in the dark (Walrus)
Quelle coïncidence pour ce cinquante-neuvième défi : la cinquième séquence du jeu culte mentionné dans le titre se passe dans la 59ème rue, laquelle traverse Manhattan. Cette rue aboutit sur le pont de Queensboro bien connu des fans de Spiderman.
La peinture de Hopper, exécutée en 1942, représente un restaurant. Les européens que nous sommes en majorité y verraient plutôt un bar, mais il s'agit bien d'un restaurant aujourd'hui disparu, situé sur Greenwich Avenue, également à Manhattan. Voilà pourquoi je parlais de coïncidence. Coïncidence toute relative, Greenwich Avenue se situe quand-même à environ quatre kilomètres à vol d'oiseau (de nuit) de la cinquante-neuvième laquelle ferme le côté sud de Central Park. Elle s'intitule (la peinture, pas la cinquante-neuvième) "Les oiseaux de nuit" traduction approximative du titre anglais (ou américain, c'est comme il vous plaira) "Nighthawks" et est actuellement la propriété du Art Institute of Chicago.
Tout cela, bien entendu, vous laisse froids. Moi aussi ! Mais c'est pas moi qui dis souvent que je devrais faire plus long, hein ! Et de toute manière, je devais placer la phrase de Janeczka. Je sais, je sais, je n'ai pas, jusqu'à présent, spécialement brillé par le respect des consignes, mais il faut un début à tout.
Revenons donc à ce que m'inspire la toile proposée par l'administratrice de blogs la plus déjantée de la blogosphère.
Tout ce que je hais est dans cette toile : le contraste violent entre les ténèbres extérieures et la lumière crue de ces endroits qui se veulent "clean", comme on dit là-bas. Ombres tranchées, pas de relief, pas de chaleur, pas d'intimité. Chaque personnage est bien distinct, séparé comme à la hache de son voisin. Comme par ces frontières rectilignes des états de l'Union.
Seuls ! Ils sont seuls. "Alone in the dark", malgré la lumière éblouissante de ce froid décor de série noire. Ces oiseaux de nuit, de nuit intérieure où ils sombrent, sombres.
Vous savez à quoi ça me fait penser (outre à Philip Marlowe) ? À ces paroles du grand Jacques :
On est deux à vieillir
Contre le temps qui cogne
Mais lorsqu'on voit venir
En riant la charogne
On se retrouve seul.
Voilà pourquoi je préfère Brassens.