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Le défi du samedi
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18 avril 2009

Go et Oulipo au Luxembourg…(zigmund)

imagesMonsieur Perec, je tiens à vous remercier encore d’avoir accepté notre invitation. C’est une superbe journée, vous rencontrer le temps d’un repas en terrasse dans ce petit restaurant non loin du jardin du Luxembourg est un véritable bonheur.

 Nous sommes venus à deux, car je souhaitais vous faire rencontrer mon frère Berthold. Il y a 20 ans, lorsque son premier roman a été publié, le compliment dont il a été le plus fier, a été qu’on le compare à vous. C’est lui qui m’a fait découvrir votre existence, vous êtes son « idole ».

 Seul face à vous, je n’aurais jamais osé cette rencontre, alors j’ai eu l’idée, puisque les défiants du samedi m’y autorisaient, de vous offrir en quelque sorte comme cadeau à mon frère.

 Et les voilà, fébriles et enthousiastes,  partis dans une grande discussion sur l’Oulipo, prêts à inventer de nouvelles contraintes, et partis à la recherche de  textes à triturer pour en faire des lipogrammes. J’explique ma tentative, lettre morte pour l’instant,  de lipogrammer sans e « mignonne allons voir si la rose » de Ronsard. (sans o çà pourrait être rigolo aussi…) Nous parlons aussi des jeux littéraires des « papous dans la tête » sur France Culture. Nul doute que sur internet (explications rapides sur la chose) existent des blogs consacrés à l’Oulipo, mais le temps manque à chacun…Parfois fusent quelques définitions de mots croisés : « on est douillet quand elle est petite » (6 lettres)* ;  « il est d’un autre siècle » (en dix lettres)**

Au café,  la discussion est toujours animée, et c’est un vrai  plaisir que de les écouter, les voilà comme deux vieux potes.

Après le café, Berthold (qui sait que j’en meurs d’envie) propose à Georges de disputer avec moi, quelques parties de Go au soleil dans le jardin tout proche. Au cours de ma vie de joueur de Go, j’ai usé jusqu’à la corde, une bonne partie des calembours tirés du traité Le livre de Perec sur le Go*** …

2008_05_Paris_SFO__51_

Le reste de l’après midi s’est continué en discussions littéraires (Berthold versus Georges) et stratégiques (Georges versus moi) autour de ce goban magique ; de l’issue des parties âprement disputées je ne vous dirai rien...Georges Perec a eu le temps de progresser à ce jeu qu’il aimait mais maitrisait mal. Au paradis, je crois qu’on joue au go entre deux lipogrammes, tout en écoutant du jazz ou de la musique classique…un peu comme lors de cette  journée magique hors du temps. 

 

 *-------(cherchez un peu…)

  **----------(voir note précédente)

 ***Petit traité invitant à la découverte de l'art subtil du go (Christian Bourgois, 1969) (avec Pierre Lusson et Jacques Roubaud   

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17 avril 2009

En attendant la consigne...

Vous connaissez tous maintenant la devinette du vendredi!!!!

12 avril 2009

Que je peaufine la liste de mes invités...

Sans_titre_1 1- Joye ; 2-Vegas sur Sarthe ; 3- MAP ;

4-zigmund ; 5-Rsylvie ; 6-Shivaya Warduspor ;

7- Val ; 8- Laura ; 9- Poupoune ;

10- Tiphaine ; 11- Joe Krapov ; 12-tiniak ;

13- Papistache ; 14-Virgibri ; 15-Captaine Lili...

12 avril 2009

Consigne #56

Sous le signe de la littérature...

Vous pouvez 'louer' ou inviter un écrivain le temps d'un diner.
Qui invitez-vous?
Pourquoi?
De quoi parlez-vous?

Avec possibilité d'inviter un écrivain décédé, bien sur. Et de développer l'intrigue...

A vous de jouer!

book

12 avril 2009

Saga

Pour éviter que nos (les vôtres) belles bannières ne se perdent, elles se sont regroupées ICI.
Et, dans le futur, nous cliquerons sur la catégorie
: *Bannières historiques

Profitez de la visite pour revoir les bannières que Joye n'avait pu résister à dévoiler sans attendre.

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11 avril 2009

Histoire d'une p'tite soif (rsylvie)

tite_soif

11 avril 2009

Tantale (Pandora)

Il a l’impression que sa langue occupe toute sa bouche, et il peine à respirer. Elle est tellement grosse qu’il  ne risque pas de l’avaler s’il tombe inconscient. Sauf s’il la mâche avant. De toutes façons, ils ne le laisseraient pas leur échapper en s’évanouissant. Ils seraient vite là à le ranimer. En lui donnant des coups de pieds dans les côtes. Ou un seau d’eau glacée… De l’eau… Oui, ce serait tout à fait leur genre, lui balancer de l’eau glacée à la figure pour le regarder laper avidement les quelques gouttes au sol, comme un chien. Non, on traiterait mieux un animal, même dans ce pays. Boire…

Ils lui ont pris ses vêtements et il git nu dans sa pisse et ses excréments. Il n’a même plus la force de tenir accroupi et la hauteur de la cellule ne lui permet pas de se mettre debout. Au moins il n’urine plus, il n’a rien bu depuis… Combien déjà ? Sans fenêtre, c’est vraiment difficile de se rendre compte du temps qui passe. Il a tellement soif.


Ses lèvres craquelées lui font mal mais sans salive, il ne peut plus les humidifier. A quoi bon d’ailleurs? Il a peur de ne plus réussir à rentrer sa langue s’il la sort. Il pleut dehors. Un orage tropical. Il entend les gouttes qui martèlent la tôle ondulée du toit de sa cellule. Il boirait même de l’eau croupie…


Tantale !

En sept lettres. Supplice du bras trop court. C’est le mot qu’il cherchait. Quand il faisait ses mots croisés à la terrasse du café, juste avant que ces hommes ne l’emmènent et ne l’enferment.


Si au moins il comprenait ce qu’ils veulent de lui.

11 avril 2009

Soif !‏ (Le Zeph')

defidusamediw

11 avril 2009

L’As des As (Tiphaine)

Il était une fois quatre amis qui vivaient en harmonie dans une maisonnette au cœur de la forêt des Cartes Oubliées. Quiconque passait par là remarquait immédiatement l’impressionnant toit qui était couvert de tuiles décorées aux quatre couleurs. La petite porte d’entrée était surmontée d’une plaque en céramique qui indiquait à l’éventuel visiteur les formalités à accomplir pour en franchir l’accès :

Maison des As, Règlement :

1. Enlever son chapeau,

2. Ne parler que quand on y est invité,

3. Déposer armes et parapluies sous le paillasson,

4. Jokers, s’abstenir.

Les quatre As n’aimaient pas les visites imprévues et souhaitaient se prémunir à tout prix des bouleversements dont ils n’étaient guère coutumiers.

Un beau jour, en réalité, nous pouvons bien vous le dire, il faisait toujours beau dans la forêt des Cartes Oubliées mais c’est une sorte de convention littéraire que nous nous devons d’appliquer… Un beau jour, un étrange personnage apparut au bout du sentier. Un drôle de bonhomme, qui avait l’air d’hésiter à chaque pas et paraissait même parfois sur le point de rebrousser chemin. Bon gré, mal gré, il arriva enfin sur le seuil du logis et lut la pancarte avec une application touchante. Il enleva son béret rouge et son épée puis les déposa comme convenu, sous le paillasson. Débarrassé de ses attributs, il semblait encore plus intimidé…

Après quelques minutes, il se décida enfin à frapper. La porte s’ouvrit et l’individu sus non nommé pénétra dans un salon au milieu duquel une chaise avait été placée probablement à l’intention du visiteur. Il marqua un temps d’arrêt et son visage montra tous les signes d’un intense questionnement. Tandis qu’il se perdait en tergiversations, une voix l’interpella soudain en l’enjoignant de décliner identité et motif de la visite.

Il s’exécuta fébrilement en expliquant qu’il avait pour nom Tudinaire et qu’il était le valet de la Reine Denim (fort connue pour ses djinns mais là n’est pas la question). Cette dernière priait les quatre As de bien vouloir déterminer rapidement lequel d’entre eux était l’As des As car la forêt des Cartes Oubliées souffrait de plus en plus d’un cruel manque d’organisation. Il lui fallait un chef, d’urgence…

Dans la pièce voisine, planqués derrière un miroir sans tain, les quatre As regardaient leurs reflets en chiens de faïence… L’heure était grave… L’instant tant redouté venait de se produire… Il leur fallait élire un chef…

Le plus petit d’entre eux prit alors la parole :

- Tudinaire , voilà ce que tu diras à ta maîtresse. Il nous est impossible de choisir, nous avons déjà retourné la question plusieurs fois depuis plus de mille ans, chacun d’entre nous a l’étoffe d’un manageur de première main, c’est le peuple de la forêt des Cartes Oubliées qui devra trancher par l’intermédiaire d’un vote. Il aura lieu dans huit jours, sous le grand chêne, à midi pile…

La voix se tut subitement. Le Valet Tudinaire attendit un moment. En vain. La porte s’ouvrit et il crut comprendre que c’était là la réponse qu’il attendait. Il finit donc par partir, non sans avoir hésité à de nombreuses reprises…

Huit jours plus tard, les habitants de la forêt se réunirent au lieu convenu. Ce n’étaient que bruissements inquiets et frôlements de papiers à mesure que la rumeur enflait et que l’heure du vote arrivait... Placardée sur l’immense tronc, une affiche indiquait aux électeurs les quatre programmes des quatre candidats.

Pour mettre fin au suspense qui vous étreint indubitablement, nous vous livrons sans attendre les slogans tels qu’ils étaient accrochés sur les quatre branches du grand chêne.

- Votez pour l’As Ticot ! Vous serez dans le dico !

- Avec l’As Sassin, plus besoin de médecin !

- Avec l’As Pirine, vous aurez bonne mine !

- Votez pour l’As Oif ! Ouaf ! Ouaf ! Ouaf !

Les habitants de la forêt des Cartes Oubliées n’étant pas cabots, ils votèrent en masse pour Oif, son slogan ayant fait mouche.

C’est ainsi, chers amis des défis, que l’As Oif devint l’As des As ce qui illustre parfaitement le vieil aphorisme pékinois que d’aucuns attribuent à Confucius lui-même :

« Tire Li Pin Pon Sur Le Chihuahua ! »

11 avril 2009

Soif (Alice)

Soif de tes mains Soif

Soif de ta peau Soif

Soif de ton corps Soif

Soif de tes mots Soif

Soit de tout toi Soif

Soif

Ma bouche orpheline

Soif…

11 avril 2009

Eté 1976 (Berthoise)

Cet été-là, il faisait chaud. Dans la campagne, la terre criait sa souffrance sous le soleil plombé. La plaine d'ordinaire riche, nourricière, généreuse ne donnait qu'un maigre blé jauni et souffreteux.  Les maïs parfois si hauts étaient restés au ras du sol comme nanifiés.

Dans les pâtures, les bêtes broutaient une herbe sèche et rare, on avait même abattu quelques pommiers pour qu'elles puissent trouver un peu de verdure dans le feuillage. Les arbres gisaient au milieu des prés, triste paysage.

La rivière dans son lit avait baissé, découvrant des berges d'abord boueuses puis craquelées en grosses mottes de terre compacte et dure. Les mares avaient disparu, laissant derrière elles un fond nauséabond où pourrissait avant de sécher un mélange végétal et animal aux relents méphitiques. Les chemins tourbillonnaient de poussière à la moindre brise...

Devant les maisons, le sol des cours se craquelait. Aucune fleur n'égayait les plates-bandes. Le village, tous volets fermés, semblait muré dans un silence vibrant, car personne n'affrontait la chape qui étreignait la vie. Chacun essayait de se préserver, les mouvements étaient ralentis et réduits à l'indispensable. Le moindre effort provoquait la transpiration et l'impression douloureuse d'être agonisant. Quand le soir venait, tard, quand le soleil enfin acceptait de mettre un terme à son œuvre de chauffe, l'obscurité ne changeait rien ; on continuait à souffler. Dans la nuit, les insectes entonnaient un chant qui agaçait. Les draps poissaient au contact des corps en sueur.  Le sommeil fuyait jusqu'aux enfants qu'on entendait pleurer par les fenêtres ouvertes.

On espérait la pluie.

11 avril 2009

L'inavouable potomanie d'Emma (Val)

Emma n’avait que faire des voitures. Elle se moquait ouvertement de ceux qui bichonnaient leurs engins de tôle. Pour elle, c’était le comble de la beaufferie. Elle raillait également ces pauvres mecs qui se sentaient forts et bien montés en volant de leur grosse et puissante voiture en érection. Elle pensait volontiers que les grosses bagnoles bien tape à l’œil étaient le pénis de substitution des impuissants et de tous les frustrés.

.

Emma avait bien sûr une voiture, mais une toute petite, qui était simplement pratique. Pas jolie, pas rapide, pas équipée. Juste pratique. Ça tombait bien, c’était la seule chose qu’elle demandait à une voiture. Sa vieille Saxo avait le même statut que son robot de cuisine : une machine qui facilitait son quotidien. Une machine stupide, mais nécessaire. Ni plus, ni moins.

.

Elle n’avait rien demandé, cet après midi là. Elle voulait simplement rendre service… Une voiture pour transporter des objets sales, elle en avait une : la sienne. Peu lui importait qu’on charge son coffre de terre ou de ciment. Une bagnole, c’est comme un robot, ça se lave ! D’ailleurs, elle avait du mal à comprendre que ses amis se refusent à charger des choses salissantes dans leur bagnole. Une voiture, ça sert à ça, après tout !

En échange, sans qu’elle ne demande rien, on lui avait remis le sésame. Elle avait décliné, mais les amis avaient insisté pour qu’elle la prenne, au cas ou elle en aurait besoin…

.

Elle vit sa vieille Saxo partir, et regarda de plus près le robot dernier cri garé dans sa cour. Elle dut admettre que la « chose » était tout de même très belle, pour une bagnole. Une petite sportive allemande gris métallisé, aux lignes élégantes, mais un peu trop clinquante. Ses amis aimaient s’entourer d’objets de luxe qui faisaient leur petit effet. Elle faillit tourner le dos à l’engin avec dédain et rentrer chez elle lorsque soudain, elle fut prise d’une violente soif : il fallait qu’elle s’assoie au volant. Et vite !

.

Elle ouvrit la portière brusquement, s’installa à la place du conducteur, et sa soif était toujours présente. L’envie était trop forte. Il fallait qu’elle aille plus loin pour l’épancher. La clef lui brûlait les doigts comme une bouteille déposée sur une table nargue l’assoiffé. Presque malgré elle, elle l’enfonça et la tourna.

.

Quelques secondes plus tard, elle réalisa qu’elle était sur la route au volant de la belle allemande , comme on est surpris parfois en portant son verre à ses lèvres et en constatant qu’il est déjà vide. Il était trop tard pour faire demi tour. Quitte à apaiser cette soif soudaine, autant l’anéantir complètement.

.

Elle fit un tour en ville, et il fut plutôt décevant. Sa gorge restait sèche, presque douloureuse. L’eau tiède des ronds-points et feux rouges ne la désaltérait pas. Elle rêvait d’un verre d’eau glacée, rempli de glaçons, de ces gorgées qui donnent d’agréables frissons, mais aussi cette petite culpabilité de faire quelque chose de mauvais pour soi. Boire de l’eau glacée n’est pas très bon pour l’organisme, c’est bien connu. Mais c’est si tentant, quand on a soif…

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Elle suivit les panneaux bleus et se retrouva sur l’autoroute. Sa soif diminuait. Maintenant, elle buvait par gourmandise. Les cent cinquante chevaux hennissaient sous le capot. Eux aussi, ils étaient assoiffés. C’était un cri de complainte qu’ils poussaient à chaque accélération. « Plus d’eau, donne-nous plus d’eau. Plus fraiche, encore plus fraiche, l’eau ! ». Les pneumatiques aussi semblaient boire le bitume. La voiture entière avalait la route d’une gorgée. Et Emma frôlait la potomanie. Elle but beaucoup. Beaucoup trop. Beaucoup trop vite. Elle but comme boit un adolescent qui découvre les boissons alcoolisées. Elle but de l’adrénaline jusqu’à l’ivresse.

.

La crise dura une bonne heure, et puis elle n’eut plus soif. Il fallait rentrer, à présent. La voiture avait beaucoup trop bu, et comme Emma tenait à sa réputation, elle avait pris soin de passer à la station service avant de rentrer. Elle rangea la belle sportive à l’endroit précis ou elle l’avait démarrée, eut la précaution de remettre le compteur à zéro et ferma la portière avec ce sentiment étrange qu’ont les fêtards les lendemains de cuite.

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Quand ses amis revinrent, elle leur expliqua, l’air détaché, qu’elle avait eu une course urgente à faire, et s’excusa d’avoir touché au compteur… elle s’était trompée de bouton !

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Le scénario, depuis ce jour, se répète régulièrement. Addiction honteuse, inavouable.

. La Saxo d’Emma, bizarrement, tombe très souvent en panne. Elle a de la chance, Emma, ces amis à la grosse sportive allemande lui prêtent volontiers la leur quand la sienne est immobilisée.

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Emma ne se désaltère plus du premier frisson, celui de l’eau plate, même très glacée. Sa soif est devenue plus exigeante. Elle invente et teste désormais mille cocktails différents pour l’apaiser. Son préféré reste le subtil mélange de l’eau de pluie et de l’épingle à cheveux. Elle prise également les chemins creux par temps clair, mais les preuves de son vice sont plus longues à dissimuler après la crise.

.

Ses proches, ignorant son addiction honteuse, lui conseillent de changer de voiture, la sienne n’étant plus très fiable . C’est vrai quoi, une voiture qui tombe en panne tous les mois, c’est du jamais vu ! C’est pas qu’ils en ont mare de lui prêter la leur, mais la situation n’est pratique pour personne…

.

Emma leur répond innocemment qu’elle changerait bien de voiture, mais elle n’y attache que si peu d’importance…

Une bagnole neuve et clinquante, c’est le comble de la suffisance ! Et encore plus si elle est puissante

.

Non, vraiment, Emma préfère garder sa petite voiture pratique. Les bagnoles, c’est pas son truc. Elle, elle est si sobre comparée à ces insensés inconscients qui se croient invincibles, une fois au volant de leurs pénis en tôle…

.

11 avril 2009

Elle a soif (cartoonita)

Elle ne pense qu’à ça
Ça ne la quitte pas
Non, elle ne survivra pas
Si le petit ruisseau ne coule pas
Il faut qu’elle s’abreuve
Mais il n’est plus là

Elle se regarde de haut en bas
Et amère, fait le constat :
Silhouette ratatinée, de ne plus être enlacée
Mains recroquevillées, de ne plus être menottées
Lèvres sèches, de ne plus être embrassées.
Sourire fané, de plus être frôlé
Peau racornie, de ne plus être caressée
Poitrine retombée, de ne plus être titillée
Mamelons rabougris, de ne plus être suçotés
Cuisses flétries, de ne plus être écartées
Lèvres sèches, de ne plus être arrosées
Mont de vénus aplati, de ne plus être conquis
Besoin organique de son eau de vit

Déchirant besoin de Lui
Elle se meurt, sans Vit
Cette sensation de vide
Ces entrailles arides
En manque, pas remplies
Glissade d’un corps putride
Saturé d’envies non assouvies
Descente dans la non-vie
Plus de vis-à-vis
Sans vit

11 avril 2009

Sois fait (Shivaya-warduspor)

Sois futile
te servira toujours un vers

Sois funambule
de shamp' sous la douche

Sois farfadet
l'aube pour être à l'heure à l'apéro

Sois fairplay
faire du stop sous cette chaleur, c'est la mort

Sois finaude
à l'amour, apaise les gorges chaudes

Sois fourmi rouge
et rien ne bouge, soit tea for two et l'addition, merci

Sois facétieux
trinque avec les étoiles

Sois frivole
un oeuf c'est l'anarque, soit wanadoo paie un coup

Sois ferrailleur
ici on tète à tout heure

Sois flibustier
li guipières ci dimodé

Sois fatale
mens ça dessèche

Sois féconde
fée blonde ou brune, mais fais quelque chose, fait soif

11 avril 2009

Le verre (Vanina)

Soif2

11 avril 2009

Agenda du 11 avril

Prochaines parutions à 12 h 00 puis à 15 h 00.
Voir ici

11 avril 2009

Après la pluie (Virgibri)

Virgibri55

Ils étaient là, face à face. Elle avait longtemps attendu ce moment espérant que ce serait LE bon, enfin, oui. De discussions sans fin aux promesses coquines, elle l’avait fait patienter deux mois sur le net. Mails, dial, MSN, puis l’image qu’elle avait cédée via la webcam, à bout de patience : elle voulait le voir aussi.

Passées ces premières épreuves, elle avait accepté de le rencontrer. Sans se précipiter, elle avait voulu le tester sur bien des plans, comme on choisit une nouvelle voiture après un essai de conduite. C’était affreux, elle le savait et l’assumait parfaitement.

L’homme devenait à son tour un produit de consommation. Mais là, arrivée à trente-cinq ans, elle voulait une valeur sûre. Regarder Friends ou Ally Mc Beal devenait pathétique à force de s’y reconnaître. Pourtant, le personnage d’Ally lui parlait tellement ! Elle se souvenait encore de certains épisodes, comme celui dans lequel l’un des personnages masculins n’avait qu’un seul défaut : il mangeait et parlait en même temps. Des morceaux de salade restaient collés à ses dents. Ou encore celui qui avait un rire de cochon, horrible. Et Ally qui ne pouvait pas aller au-delà de ces défauts, à la fois minimes et énormes.

Le test de la promenade sur les quais de Paris avait été une réussite. Marche lente, furetage dans les vieux livres, pause sur le Pont des Arts, crêpe dans les Halles… Parfait : il n’avait rien contre la douceur ni contre une grande dose de romantisme.

Sa voix, aussi. C’était important, la voix, pour elle. Elle n’avait rien de renversant, mais rien de repoussant non plus.

Elle avait donc échafaudé toute une liste de paramètres et de critères à cocher, à remplir, à nuancer. L’un des derniers tests était celui du restaurant. Et elle savait très bien que le dernier, le plus fatal, le plus excitant et le plus angoissant aussi, viendrait après : faire l’amour ensemble.

Ils étaient donc là, face à face, dans ce restaurant. Elle aurait voulu le laisser choisir, mais elle s’était dit qu’il valait mieux se régaler les papilles en cas de déconvenue, plutôt que de prendre le risque de mal manger.

Les petites assiettes tournaient devant eux, contenant des mets japonais délicieux. Le rythme irréprochable des tapis donnait presque le tournis. Ou avait au moins un caractère hypnotique.

La discussion ronronnait. Rien d’extraordinaire, non plus, mais comparé à d’autres mâles qu’elle avait voulu rencontrer, celui-ci avait un certain relief. Les assiettes défilaient, s’empilaient doucement entre eux. L’atmosphère était lourde au dehors comme au-dedans : le temps était à l’orage, il faisait chaud et moite. Elle, sensible à ce genre changement, commençait à étouffer. Lui ne semblait pas en souffrir. Il parlait. Et il tentait de lui frôler la main, doucement.

La bouteille d’eau et celle de vin blanc trônaient entre leurs verres. Leurs verres quasi vides. Et par principe, elle refusait de se servir. Oui, l’égalité des sexes, blabla, ne pas attendre que l’homme fût galant si l’on voulait être traitées en égales de ces messieurs, gnagnagna. Toutes ses copines tenaient ce discours. Mais elle résistait. Somme toute, cela faisait aussi partie du jeu de séduction.

Au-dessus des algues et des sashimis, il lui faisait des yeux de merlan frit : il avait été fort patient jusque-là, mais on sentait bien que son désir était prêt à rompre les digues. Emoustillé par l’idée que c’était enfin LE soir où ils feraient l’amour, il se lâchait dans ses propos. La mangeant des yeux, il jouait sur le double sens de ses phrases et parlait de son envie de goûter ses sushis en prenant tout son temps ou, au contraire, de dévorer ses makis…

Elle souriait à peine, faisant semblant de ne pas comprendre l’ambigüité de ses propos. Elle ne pensait qu’à une chose : savoir s’il allait enfin la servir en eau. Elle n’en pouvait plus de ressentir la soif, mais elle s’obstinait à attendre. Fichue sauce soja salée ! Et cette température qui ne cessait d’augmenter… De petites gouttes de condensation perlaient le long de la bouteille en verre.

Les assiettes continuaient à s’empiler. Ils n’avaient évidemment plus faim depuis longtemps. Etrangement, elle qui était non fumeuse, avait envie d’allumer  une cigarette à ce moment-là. Enfin, elle se voyait fumer une cigarette, imaginant que cela la calmerait. Sans savoir si cette drogue douce avait tant de vertus. L’eau s’était réchauffée mais peu lui importait : elle rongeait son frein en attendant. Lui, croyant qu’elle ne voulait plus rester en ce lieu, mais bien avoir chaud pour d’autres raisons, s’empressa de demander l’addition, émoustillé.

Et là, il se saisit de la bouteille d’eau, enfin. Elle vit parfaitement le mouvement de son bras, de sa main, lentement se décomposer. Au même rythme, un sourire commençait à percer sur son visage de femme douce mais opiniâtre.

Il se versa un verre, en finissant la bouteille et en s’étonnant qu’elle n’eût pas soif.

Elle, la bouche presque pâteuse, avec cette désagréable impression d’avoir la langue gonflée, ne put sortir un seul mot. Elle pensa très fort à Ally Mc Beal à ce moment-là. Elle se leva sans un mot, croisa la serveuse qui revenait avec l’addition, sortit rapidement du restaurant pour qu’il ne puisse pas la rattraper, et s’échappa par quelques petites rues presque en courant, malgré la chaleur.

Non, l’homme avec qui elle voudrait passer le reste de sa vie ne pouvait pas la laisser mourir de soif. Et elle ne pouvait pas faire avec.

Elle reprit son rythme de marche assez lent et régulier. Le ciel était sombre. Il se mit à pleuvoir très doucement. Elle leva les yeux vers le ciel, et sourit. Lorsque la pluie s’intensifia, elle s’arrêta de marcher, pencha la tête en arrière, ramenant ses cheveux pour dégager son front et sourit complètement.

Inconsciemment, elle se mit à entrouvrir la bouche pour avaler l’eau. Elle était belle et étrangement offerte. Comme si elle faisait l’amour avec la pluie.

Sur le trottoir d’en face, un homme sans parapluie la regardait. Il la trouva magnifique.

Il traversa.

11 avril 2009

Manque d'O (tiniak)

l'entre-jambe qui n'en peut mais
brûlant de désir insatiable
la langue qui reste de marbre
quand il est temps de s'embrasser

le puits qui n'a rien délivré
à cette caravane errante
quand la chaleur est accablante
et dense dans la main de Rê

la pluie même qui se déguise
se faisant mine de buée
évite un rang de peupliers
brume qui n'en fait qu'à sa guise

sur la cathédrale qui frise
des diables sans rien à cracher
visent des brebis réchappées
d'un été qui les martyrise

que dire à ces tristes tétées
pleurant sur de pauvres mamelles ?
que cet argile qui grumelle
fut un temps d'un géant le pied ?

ne crains-tu pas, humanité
que l'eau se fasse enfin si rare
que ni l'enfer ni le curare
jamais ne puissent t'apaiser ?

par manque d'eau, vrai!

11 avril 2009

Je nage (Laura)

Je nage, l’eau m’emprisonne dans sa brûlante béatitude
Les lumières de la piscine éclaboussent mes angoisses
Et j’ai soif d’aller plus loin, mieux et beaucoup plus vite
Vers la fin du bassin qui me regarde, me nargue et s’efface
M’incitant à recommencer une longueur encore et encore
Jusqu’à l’épuisement total de mes espoirs et de mes rêves.
Je nage jusqu’au bout de ma soif de et de mes forces.
Pour un instant aquatique enflammant mes lèvres et ma gorge.
Une sensation de malt blond à l’heure intelligente
Qui réconforte dans l’abandon et le partage.
Des bulles magiques qui s'évaporent dans le sommeil qui se mérite.

11 avril 2009

Abécédaire de la soif (Joe Krapov)

Anisette : A la Sainte-Anisette, le méridional fait risette. A la sainte Anicroche, il remet ses mains dans ses poches et part en sifflotant vers le bar le plus proche.

 

Apéro : à l’ère du rap et de la re-pop, certains préfèrent encore l’âpre apéro à l’opéra. Tant pis pour eux, si, Parsifal achevé, il ne leur reste plus que des coques de pistaches et des apéwalkyricubs ratatinés.

 

Bière : Breuvage bien souvent belge. Bien des buveurs commencent par elle et finissent en elle.

 

Bistouille : Bienvenue chez les Ch’tis où l’on vous sert le café arrosé d’un verre d’eau de vie de genièvre, le tout étant nommé ainsi : bistouille. L’abus de bistouille vous amène à dire des carabistouilles.

 

Boit-sans-soif : Injure émise par un marin alcoolique à petite contenance ou par un dromadaire amoureux d’une Schtroumpfette (voir plus bas à « chameau).

 

Carafon : Les carabins qui boivent le fond des carafons s’en prennent des carabinées et s’en vont, caramels, caracoler du caraco dans le fond du jardin, près de la caravane, là où sont les cab.. commodités.

 

Chameau : Pour se prémunir de la soif, le chameau et le dromadaire emmènent avec eux une grosse réserve d’eau. Ils posent par-dessus un targui tout de bleu vêtu. Le targui est un peu l’animal de compagnie des dromadaires et des chameaux. Celui des touaregs qui porte un bonnet rouge s’appelle le grand Schtroumpf. Celle qui vient d’Europe et ressemble à Rimbaud s’appelle Isabelle Eberhardt. Au printemps, les porteurs de bosses organisent entre eux des concours de contenance. Celui qui a la plus grosse gagne. Arguant de leurs victoires passées à ce genre de concours, les vieux chameaux font croire aux jeunes femelles chamelles qu’ils ont de la bouteille. Ils glosent dans le creux de leur oreille et promettent de leur faire profiter de leur longue expérience. Méfiez-vous, les Schtroumpfettes ! La longue expérience du grand Schtroumpf n’est peut-être qu’un serpentin traînant de papier recyclé qui fait tout ce qu’on veut sauf des étincelles.

 

Champagne : Champagne pour tout le monde, caviar pour les autres, y compris pour ceux qui sont tombés du ciel à travers les nuages !

 

Danaïdes : Parce qu’elles ont zigouillé leurs horribles boit-sans-soif de cousins, les sœurs Danaïdes ont été condamnées à avoir le foie dévoré perpétuellement par un vautour de Vichy. On se mélange peut-être un peu les pédales avec les Grecs et les Latins mais c’est une histoire du même tonneau si je ne m’abuse, docteur.

 

Désert : « Que de sable ! Que de sable ! » aurait dit le maréchal MacMahon. Il aurait dit aussi : « C’est vous le bédouin ? Continuez !». Le désert est le lieu par excellence où se produisent les mirages, parfois même en rafale. C’est pour cette raison que le mot « désert » commence par un D comme Dassaut.

 

Evian : Passe moi l’éponge ! Evian ! Fais moi gouzy !

 

Fontaine : Il ne faut jamais dire « Fontaine je ne boirai pas deux tonneaux ».

 

Gazeuse (eau) : Il vaut mieux qu’il y ait du gaz dans l’eau que de l’eau dans le gaz.

 

Kronenbourg : Petite cité d’Alsace où les troupes du duc d’Aumale prirent le parti, en 1664, de ne se livrer à aucune bataille contre qui que ce fût (de bière). Au contraire, les troupes avant-gardistes se mirent à la cueillette des olives afin d’agrémenter la cérémonie de l’apéro (voir ce mot). En souvenir de ce 1er bataillon de militaires pacifico-écologistes, il fut permis, par dérogation, de ne plus mettre un « m » devant le bourg de Kronenbourg (alors que, faut-il le rappeler, « embrouillamini » s’écrit ainsi).

 

Mac Mahon : Le maréchal aurait aussi déclaré : « Le délirium tremens est une maladie terrible. Ou on en meurt, ou on en reste idiot. Et je sais de quoi je parle, je l'ai eu ».

 

Mousse : Si tu ne veux pas t’en faire, bois en une, petit matelot !

 

Pépie : Les moineaux qui ont la pépie se fabriquent un jour de liesse d’une flaque de Pepsi.

 

Pschitt : Boisson présidentielle (1995-2007) permettant d’éliminer bien des soucis.

 

Vichy : Il y a ceux qui sont pour la prise de la pastille et ceux qui, n’en ayant cure, préfèrent suivre un régime soutenu. Après tout, si ça les botte ! Il y a des gens comme ça qui aiment bien être occupés. Qu’on n’ait pas évacué tous les miasmes reste quand même préoccupant.

 

Vodka : Vodka, nié Voda !

 

Walrus : Successeur élu et non encore détrôné, pour notre plus grand bonheur, de sa Majesté le roi Gambrinus.

 

Whisky : Va le porter au juge blond qui fume : personnellement je n’en bois pas . C’est une boisson à gogos.

 

Zubrowka : Il faut remercier la Pologne pour au moins trois merveilles qui se sont bien exportées : Janeczka, la musique de Frédéric Chopin et la vodka Zubrowka (prononcer joubrouvka) avec son herbe de bison qui trempe au milieu de la bouteille. Encore un doigt pour Joe Krapov ! Non, pas l’auriculaire, le majeur !

 

Zébu : Le cri de cet animal qui ressemble quelque peu au dromadaire est le zépussoiffement. Le zébu zépussoiffe.


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