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Le défi du samedi
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25 avril 2009

Qu'est ce qu'il ne faut pas faire !!!!! (Teb)

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25 avril 2009

RupQure (Captaine Lili)



Quitte à quitter, quêtons la quintescence, ma Cunie, ma Cunégonde.
N'enquête pas, je cumule les Q, oui !

Quentin, Cupidon cupide.

23 avril 2009

Pour patienter jusqu'à samedi...

Si le cœur vous en dit, vous pouvez lire la participation de Stipe au défi 56 deux postes plus bas...

18 avril 2009

Ont déjà dit adieu...

Zigmund, Vegas-sur-Sarthe, Joye, shivaya-warduspor, Val, Poupoune, Tiniak, MAP, Teb, Captaine Lili, Plume Dame, Pandora, Martine27, Laura, Rsylvie, Papistache, Alice, Brigou, Virgibri, Tiphaine, Janeczka, MAP & Val, Tilleul, Akel, et puis certains plusieurs qui jouent une nouvelle fois parce qu'ils sont devenus boulimiques des adieux...

Devant le succès de l'aventure, nous allons donner, samedi, une première série  à 9 h 00, une deuxième à 12 h 00 et une autre — la troisième—  à 15 h 00  à 13 h00 et enfin une dernière (?) à 15 h 00.

Ça fait un peu star de  la scène qui refuse de partir et qui multiplie les concerts d'adieux, mais qu'y faire si, au défi  du samedi, le talent est dans la salle ?

 

18 avril 2009

Consigne #57

Consigne volée sur le blog de Goutte.de.mer


   Père Noël.
t'as rien compris. C'était clair pourtant, je t'avais écrit :  "une nintendo lite". Pas difficile quand même, ça se trouve dans n'importe quel Leclerc!
     La prochaine fois, je demanderai direct à mes parents. Peuvent pas être plus bêtes que toi.
    signé : Mathis

   
   
Mon amour.
Tes nouveaux copains te plaisent? Ils sont très gentils avec toi? Tant mieux. Tu sais, le cyanure, c'était pas la peine, j'ai un cancer généralisé. Pour hériter, tu n'avais plus qu'à patienter trois mois. C'est dommage, n'est-ce pas?
    Ta Louloute.

   


Chère Maman
    Suis parti en Chine.
 

 

    Oui, t'es une championne.  

 

    Mais moi, je supportais plus Julien Lepers.



    Chère belle-maman
Je vous quitte, votre fils et vous. Lui, parce qu'il n'était jamais là. Vous, parce que vous étiez toujours là. Comme d'habitude, vous allez me dire que je ne suis jamais contente. Ben... si, bizarrement, maintenant, je le suis.


    Adieu
    T.T pas 1 Kdo
    signé : Noël

   
Adieu 75 B
    Le plastique a changé ma plastique, je te quitte mon petit soutif !
    signé : Lolo
 

 

 

Ah les lettres d'adieu en tous genres... Saurez-vous en écrire une?
Avez-vous remarqué que les lettres données en exemple comprennent toutes moins de 300 signes? Nous, on est généreux, on ne voudrait pas vous frustrer. Alors, on vous autorise jusqu'à 500 signes. Maxi!
Mais moins, voire bien moins, ça, ce serait un vrai défi, non?

Évidement, pour satisfaire tous les appétits, on peut jouer plusieurs fois.

Bonne semaine!


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18 avril 2009

Participation au défi 56 (Stipe)

C'était encore mon bureau. Mais plus pour longtemps, puisque j'étais en fin de bail et que McKelvey devait fignoler les derniers détails de mon expulsion. Vu que l'air conditionné avait rendu l'âme, il y faisait aussi chaud qu'en Enfer. Une mouche se traînait sous mon nez. D'une chiquenaude bien appuyée, je la rayai du tableau, et j'étais en train de m'essuyer les doigts sur mon pantalon quand le téléphone sonna.
Je décrochai.
- Mouais, grommelai-je.

- C'est moi, m'appris la voix. Je passe diner ce soir, je dois te présenter quelqu'un.

C'était toujours simple avec lui, pas de chichis. Du genre à te retourner une réponse positive au carton d'invitation que tu ne lui avais jamais envoyé.

Je passai à l'échoppe en bas pour m'approvisionner en vin. Pour la bouffe je pris des cacahuètes mais aussi quelques sandwichs, des fois que son quelqu'un ne sache pas se contenter d'arachides.

J'avais pas l'air, mais mine de rien ça me faisait plaisir de le revoir. Et puis sa voix avait été plutôt rassurante. Enjouée? Peut-être bien…

Il se pointa très tard, mais pas en retard étant donné qu'il ne m'avait pas précisé d'heure. J'avais été tellement surpris, au moment même où il avait franchi la porte, de déceler comme un sourire sur sa tronche ravagée par les excès que j'en avais oublié le quelqu'un en question. On s'était embrassés comme deux vieilles canailles et on s'était mutuellement assurés qu'on allait pas trop mal.

Puis il me désigna la raison de son invitation. Une espèce de putain pulpeuse tant que cadavérique, fagotée dans des haillons provocants. Son visage n'était que son propre reflet et manifestait aussi peu d'expressions que le paillasson qui lui servait de présentoir.

Alors il était venu pour ça, pour me montrer qu'il trompait Linda avec un rejet de la rue?

- Je te présente Lady Dess. Lady, je te présente mon vieil ami.

- Enchanté.

En réponse, un hochement de tête. J'avais bien fait de prévoir large sur le vin, j'allai en avoir besoin pour que cette soirée ressemble à quelque chose de plus gai qu'une veillée funèbre.

Comme prévu, en fait de diner on passa notre temps à vider une bouteille de whisky dans un premier temps puis quelques autres d'un vin français dans les temps suivants. La lady se contentait de tremper ses lèvres dans le verre qui n'était pourtant pas si crasseux que ça.

Charles me parla de lui, du fait qu'il se sentait vieillir, de son argent claqué aux courses, du relatif succès de son dernier bouquin. J'avais fini par en oublier la présence de quelqu'un, au point que je faillis ne pas même m'apercevoir quand elle s'était levée pour prendre congé. Sans même un signe ostentatoire de salutation, elle se dirigea vers la porte et juste avant de refermer celle-ci derrière elle, elle prit la peine de considérer mon existence.

- Au revoir. Nous aurons l'occasion de nous rencontrer à nouveau…, me murmura-t-elle dans une voix à mi chemin entre le rauque et le sensuel.

Puis elle s'éclipsa définitivement.

- Qu'est-ce qu'elle a ? je demandai. J'ai dit une connerie, je l'ai vexée?

- Elle avait sûrement une urgence, elle a des astreintes.

- Charles. C'est quoi cette putain que tu m'as ramenée?

Il nous resservit du vin et toussa la fumée de sa clope dans un crachat catarrhal.

- C'est ma nouvelle quête. Je l'ai dans le sang. Je ne pense plus qu'à elle. Je n'ai plus d'espoir et j'ai plus de soixante-dix années au compte-tours. Tiens, c'est elle qui sera l'héroïne de mon prochain bouquin. Tu comprends, Lady Dess je l'ai dans le sang, c'est ma dernière compagne.

On était tous les deux saouls comme des routiers et pourtant il me restait suffisamment de lucidité pour voir sur son visage cassé ce mélange de satisfaction et de mélancolie, de peur et de sang-froid.

On se finit au vin et à la cacahuète, à se parler de nos vies. Surtout de la sienne. Au moment des bilans il ne reste jamais assez de vin dans les verres pour faire passer le goût de l'amertume.

Il repartit raide bourré. Je ne le revis jamais.

Pulp, son dernier bouquin, raconte l'histoire d'un privé chargé par Lady Death, plus communément appelée La Faucheuse ou La Mort, de retrouver Louis-Ferdinand Céline afin de se "l'offrir".

Charles Bukowski avait tout juste terminé l'écriture de Pulp lorsqu'une leucémie l'emporta au royaume des poivrots. Par cette œuvre ultime, il signa son épitaphe d'une dernière pitrerie, donnant le premier rôle à cette Lady Death qu'il avait effectivement dans le sang. Sang-froid ou culot, il avait pensé à me présenter sa dernière compagne. De mon côté, j'avais pensé à oublier de lui dire que je l'aimais beaucoup.

Tu parles d'un dernier souper de cons…

Les premières phrases de ce texte sont des vrais zestes de Pulp.

 

18 avril 2009

Apostrophes 1966 ( Joe Krapov)

- Ne faites jamais ça ! Inviter des écrivains. Je peux vous dire qu’ici, au café
du Vieux Saint-Etienne, on en a bavé avec ces gens-là ! Je sais bien qu’à Rennes
rien ne prend sauf le feu mais il faut bien avouer qu’avec ces artistes-là, on
est jamais trop aidés ! »

Le type, accoudé au comptoir, écoute « l’oncle » Camille Cinq-Sens qui essuie
ses verres au fond du café sauf que le décor n’a rien de sinistre et que la tête
du patron, un gros jovial un peu chauve,  prête plutôt à rigoler.

- Prenez Verlaine et Rimbaud, par exemple. Vous voyez le trou de balle, là ? Il
y en a un qui a tiré l’autre, enfin sur l’autre, ici même, dans mon rade qui
n’est même pas de Brest même s’il est du tonnerre. Et fallait surtout pas qu’on
fasse appel aux flics. Vous imaginez le contrôle d’identité ? Rimbaud et
Verlaine en 1966 ? Encore que la maison Poulaga, la poésie, les sanglots longs,
pour eux c’est tout le monde au violon ! Heureusement que les frères Park sont
des costauds : ils te les ont arraisonnés, les deux déraisonnables, et les ont
renvoyés, les badauds ivres, par-dessus les toits, en deux coups de cuillère à
pot et deux réglages de Tornado dans leur époque d’origine.

Euh, dites, au fait… Ce que je vous raconte là, n’allez surtout pas le répéter à
ma nièce, Isaure Chassériau. Nos petits tripatouillages avec sa machine à
voyager dans le temps, on fait ça dans son dos. Ca la fâcherait de savoir qu’on
utilise son joujou pour satisfaire nos curiosités intellectuelles,
Jacques-Henri, Jean-Emile, Agatha et moi.

Oh bien sûr, ce sont des soirées privées, entre amateurs. Chaque semaine on va
récupérer dans le passé ou l’avenir un ou deux énergumènes qui se piquent
d’écrire et ont eu ou auront, paraît-il, un petit succès d’édition. Mais moi
j’ai des doutes !

Le nommé Patrick Modiano, par exemple, s’il écrit comme il bredouille, je ne
pense pas que ça soit bien lisible, ses bouquins ! On lui avait réservé la place
de l’étoile, sous la balle de Verlaine, et on a eu la rue des boutiques obscures
avec lui ! Ali Charabia en personne !

D’ailleurs, les écrivains de l’avenir, on en est vite revenus, c’est rien que
chanstiqués et compagnie ! Prenez Amélie Nothomb, par exemple, on lui avait
préparé un repas sympa : elle n’a rien bouffé ! C’est une maladie qu’elle a
chopé petite, à cause des vêtements qu’elle portait en Inde, un anorak sikh, je
crois, ça a fait d’elle une méta-phtysique du tube digestif, elle a un sceptre
potoman de coincé quelque part, ça l’oblige à boire tout le temps, ça lui fait
le visage émacié, les yeux gigantesques et pousser des chapeaux ridicules sur le
sommet de la tête. Son séjour au Japon ne l’a pas arrangée : après nous avoir
causé un peu de ses péplums, elle a été prise, d’un coup, de stupeur et de
tremblements et elle est allée se planter à l’entrée des toilettes où elle a
réclamé un franc de droit de passage à toute personne dans le besoin de s’y
rendre ! C’est Agatha qui a dû s’y coller pour l’amadouer et la ramener dans le
bousin d’Isaure, direction le 21e siècle et ses 3,7 romans annuels. C’est pas
moi qui réclamerai de lire celui qui fait rien que 0,7 ! Quoique… Les plus
courtes sont peut-être bien les meilleures finalement.

Je vais vous dire un truc aussi : ça a fini par nous coûter une fortune ce genre
de sauteries ! Balzac, vous savez, çui qui a un cousin qui s’appelle Pilate et
une cousine qu’est tellement bête qu’elle croit voir Ulysse dans la vallée, vous
ne pouvez pas imaginer ce qu’il peut consommer comme café ! Proust, il paraît
qu’il vaut son pesant de madeleines comme romancier. Moi je veux bien, mais
alors, qu’est-ce qu’il peut en tremper, le cochon, dites donc ! On a bien rigolé
avec Rabelais mais ce salaud-là, il bouffe autant que Pantagruel et Gargantua
réunis. Et l’addition, il s’en fout du tiers comme du quart livre !

Non, nous on a arrêté avec les écrivains, Victor Hugo qui voulait faire du
spiritisme pour causer avec Napoléon, Lautréamont qui se croyait chez les Ch’tis
et voulait aller à la ducasse, ça va bien mais un peu, les caprices des stars du
stylo ! Le plus sympa, c’était le dernier. Il s’appelait Caran d’Ache. Joe
Krapov nous a expliqué que son surnom venait de « karandach » qui veut dire «
crayon » en russe. On n’imaginait pas, à voir sa barbe, ses longs cheveux, sa
carrure de rugbyman, que ça puisse être quelqu’un d’aussi raffiné et de délicat.
Un vrai artiste que Jurassic Park était allé nous dénicher dans le Sud-Ouest de
la France. Pas très connu en fait ou alors de manière anonyme. Il n’y avait ni
agents littéraires ni Galligrasseuil ni « le Masque et la plume » à l’époque. On
écrivait encore en hiéroglyphes, avec des petits dessins, des symboles, des
animaux. Et sur de la pierre. D’ailleurs le gars, quand il a décidé de faire
carrière pour commercialiser son code de la route, il s’est installé dans une
grotte, à Lascaux. Très gentil ce monsieur ! C’est avec lui qu’on a compris
qu’on faisait fausse route. « Dans l’écriture, c’est le crayon qui fait tout.
Pas de crayon, pas d’écrivain ! »  nous a-t-il dit en signant des autographes
sous ses caricatures de Bison futé.

Alors depuis, voyez-vous, on n’invite plus que des dessinateurs ou des peintres.
Ils sont beaucoup plus intéressants, beaucoup plus drôles, aussi. Jérôme Bosch,
par exemple, il n’a pas dessiné que des bougies pour les moteurs de 4 chevaux
Renault. Le douanier Rousseau, c’est comme dans le sketch de Fernand Raynaud :
il a beau être douanier, c’est loin d’être un imbécile !  Et Goya, quand il nous
a chanté son tube, « Bécassine c’est ma cousine », on a vraiment bien rigolé.
Trop too much !

Si vous voulez, venez donc samedi prochain. On aura Marcel Duchamp et Léonard de
Vinci. M’est avis que ça ne va pas être triste non plus !




       

 

 

               


   

18 avril 2009

Les patauds ivres (tiniak)

Des frugalités s’ajoutant les unes aux autres avaient fini par constituer notre copieux repas. Leurs reliquats nous encombraient le bout des doigts qui les titillaient compulsivement sans plus d’appétit, vraiment pas. Les fromages et les saucissons eux-mêmes ne prétextaient plus que nos verres fussent encore si bien remplis. Car nous ne buvions plus qu’aux fins de parfumer notre haleine bavarde, l’estomac bien assis, l’œil pétillant, une gauche mollesse au coude nonchalant.

 

Nous étions parvenus à ce moment du soir, qui se fait des manières d’alcôve, de boudoir, dans le frustre éclairage écharpé des bougeoirs, et prête aux confidences, aux délires, ou à certain espoir.

 

Et l’océan grognait, pas loin, au bout du long quai des clampins.

 

- Tu restes au rouge ?

- Ah, ça ! Je ne m’explique d’ailleurs pas que tes penchants anarchistes ne te portent davantage à certain intégrisme en la matière : le rouge, c’est notre affaire, à nous, les réfractaires !

- Ben, j’en bois, hein. Mais ça m’assomme.

- Attends ! Le blanc, sérieux, ça rend fou. C’est laid comme un col blanc, un blanc-seing, une vierge, même une belle…

- … Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelle… oui, oui.

- Ah, ne commence pas à me railler. J’ai écrit ça comme on chie un bon coup, voilà tout.

- Le saucisson.

- Pardon ?

- C’est le saucisson qui m’a converti au blanc.

- Ah… bon.

- Rouge alors ?

- Allez, verse !... "potache doué pour le canular", tu dis ?

- C’est ce qu’on a dit.

- Ouais… ça me va. C’est mieux que "génie adolescent", en tout cas (il s’esclaffe). Et de Paul ?

- Ah, Paul, c’est autre chose. Le privilège de l’âge, peut-être (nous gloussons) ?

(il s’étire) Ben, tu vois… il me plaît bien moi, ton sous-marin-sous-les-toits. Il a quelque chose qui me ressemble, non ?

- C’est pas un bateau, c’est un sous-marin !

- Oui, mais son capitaine lui aussi est ivre ; lui au moins (nous repartons à rire).

- La mer, c’est le large. C’est l’avantage.

- Ah oui ? Toi aussi t’as baisé ta mère en rêve ?

- Bwaah, t’es vraiment trop con, des fois (nous pouffons).

- Sans rire, t’y es passé aussi, non ? sur la mer dont le sanglot faisait mon roulis doux

- Oui, je me souviens d’un rêve étrange, mais pas pénétrant, en fin de compte.

- Riquiqui (il sourit) ?

- C’est ça, riquiqui (je souris).

- L’amère…

- Hein ?

- Non, je disais : l’amer-tume…

- Ah.

- Il en sue un peu dans tes vers, c’est ça qui colle bien avec ton optimisme aveugle et chimérique… et bordélique (il glousse) !

- Ouais, un vrai bordel aqueux (je glousse) ! Mais là, tu fais autrement plus bordélique que moi, quand même.

- Quoi ! La morale et la langue (…) réduites à leur plus simple expression, mon credo.

- On avait dit pas de gros mots (nous gloussons) !

 

Vint l’heure de s’aérer.

Comme lui bon marcheur, je le raccompagnais en faisant maints détours. Avec lui qui voyait très franchement une mosquée à la place d’une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d’un lac, la nuit qui désertifie les bourgades, peupla de monstres et de mystères la petite ville portuaire où nous étions convenus de nous retrouver chaque fois que se ferait sentir le besoin de se faire voyant, par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.

 

Avant de le quitter, de le rendre à son ombre, j’ai lassé sa chaussure.

- Eh ben, avec ce que tu tiens, à ton arrivée, pour sûr, tu vas te faire appeler Arthur.

18 avril 2009

Joyeux anniversaire Tristan (Papistache)

Les hologrammes projetés sur les nuages de la capitale, cet hiver, avaient marqué Chrystel. Pour l’anniversaire de Tristan, son compagnon depuis neuf ans, elle lui offrirait un tête à tête avec l’écrivain de son choix.
“AtouKlone® ressuscite, à la demande, de vos héros, les mannes et les cendres.”
Elle avait économisé ; l’imprimante avait sorti, ce matin, sur film d’algues, les mille pages du catalogue. Elle laisserait son mari effectuer son choix tout seul.

Tristan faillit s’évanouir.  Le voyage retour de sa journée de travail mensuel en orbite autour d’une des lunes de Jupiter — neuf jours — l’excitation de retrouver son épouse et la surprise du catalogue AtouKlone® firent vaciller ses jambes.

Chrystel appela le canapé et y fit s’assoir son époux flageolant. Ils feuilletèrent les pages de l’épais magazine. Tristan vouait une admiration sans bornes à la littérature archaïque. Il possédait même cinq ouvrages imprimés sur papier végétal, dont un du vingtième siècle. Maupassant. Il dinerait en tête-à-tête avec Maupassant.

Chrystel lui fit remarquer qu’un délai de trois ans et six mois était nécessaire pour tous les auteurs du XIXe siècle. Trois ans ! Voltaire, alors ? Inutile d’y songer. Un quart d’heure avec Voltaire atteignait la somme exorbitante de sept  bouilles. Sept bouilles ! ! ! Les salaires annuels cumulés du couple ne dépassaient pas la demi-bouille.

Léopold Sédar Senghor ? Chasse gardée des milliardaires chinois. Il fallut se reporter aux pages en 2D. Les écrivains à moins  de six cents fayards. Tristan, indécis, se laissa conseiller. Mireille Havet ! Pour quatre cent soixante quinze fayards, on pouvait passer six heures en compagnie de Mireille Havet et l’attente n’était que de deux heures : le temps du clonage et du transport.

Mireille Havet ? Tristan n’avait jamais rien lu d’elle. Sa compagne acheva de le convaincre en lui apprenant qu’elle avait été l’amie, la confidente du grand Guillaume Apollinaire, l’inoubliable auteur des Onze mille verges, son livre de chevet lors de ses premières missions autour de Saturne.

La porte s’effaça à l’approche de l’accompagnateur de la poétesse amie du grand pornographe. Ce dernier, comme Maupassant, était inaccessible à la bourse des deux tourtereaux. Mireille Havet fit son entrée. Un frisson la parcourut quand Tristan lui toucha la main mais son visage se détendit quand elle aperçut la silhouette de Chrystel sous le dôme de lumière de la serre exotique. Tristan signa, d’une arabesque du pouce droit, le récépissé de l’accompagnateur qui rappela qu’il s’annoncerait dans six heures pour raccompagner Mademoiselle l’écrivain.

Tristan connaissait des passages de l’œuvre d’Apollinaire par cœur, il brûlait d’en savoir plus sur la vie privée du poète. Sa conversation ennuya vite la jeune auteure. La société AtouKlone® avait choisi de la faire revivre à l’aube de son dix-neuvième anniversaire. Dans la gorge de Tristan, empressé, les questions se bousculaient. La langue vive de son épouse ne cessait d’humecter ses lèvres. Les yeux de Mireille Havet buvaient le moindre battement de cils de Chrystel.

Des fraises ! Elles avaient souhaité manger des fraises. Ensemble. Tristan s’exécuta. Sauter dans une rame express du métro aérien sans rails, rejoindre la base spatiale de la capitale, effectuer le voyage aller retour vers les jardins lunaires ne lui prendrait que trois heures à cette période de l’année. Pour vingt-cinq fayards, il rapporterait deux peulvens de fraises. Chrystel et Mireille Havet seraient comblées, d’autant qu’il leur restait un scribe de vin doux des collines dispersées.

A son retour, ses deux peulvens de fraises à la main, il constata que la pénombre régnait dans l’appartement. Trois heures, le voyage n’avait pas duré plus. Le jeune homme se dirigea vers la chambre dont la porte ouverte laissait échapper une douce lumière irisée. Comblées ? certes elles l’avaient été ; les deux jeunes femmes, dénudées, jambes enlacées, partageaient leur sommeil sur la couche maritale.

Deux peulvens de fraises arrosées d’un scribe de vin doux, n’était-ce pas, également, la manière de commémorer fort dignement un anniversaire ? Tristan, découvrant pour la première fois le gout acidulé des fruits parfumés, tourna lentement les pages du magazine d’AtouKlone® ; Chrystel fêterait l’anniversaire de sa naissance d’ici quatre mois et deux semaines. Quatre mois et deux semaines, cela lui laissait le temps de reconstituer leurs économies...

18 avril 2009

Vertiges (Virgibri)

_ Arthur… Je peux vous appeler Arthur ? J’ai passé ma vie à utiliser votre nom de famille, mais jamais votre prénom.

Il sourit vaguement. Je prends cela pour un consentement.

_ Honnêtement, je ne sais que vous dire. Vous êtes là, et… Je suis comme une adolescente, un peu dépassée.

_ L’adolescence…, murmure-t-il dans un soupir.

_ Oui, la vôtre a été quelque peu « agitée » d’après ce que l’on sait de vous…

_ Mmm.

Il se roule une cigarette. Je ne fume pas mais j’aurais presque envie de lui voir en rouler une pour moi.

_ Arthur… Je me suis toujours interrogée sur le Harar. Pourquoi ce choix ? Pourquoi l’Afrique ?

Il allume sa cigarette, avale longtemps la fumée et ferme les yeux. Je me sens terriblement cruche. Je décide de me taire. En fait, je ne veux le faire parler que pour découvrir chaque grain de sa voix.

La nuque légèrement en arrière, il recrache lentement la fumée et se met à parler.
J’écoute, hypnotisée. J’aurais envie de me distinguer, qu’il ne me trouve pas pesante ou bécasse, alors que je bois ses paroles.

Je ne sais combien de temps il a parlé. J’admire ses fines mains lorsqu’il garde les yeux fermés. J’ai hésité à sortir mon appareil photo pour le prendre dans cette position, abandonné.

Je souris.

_ Arthur, je sais que vous étiez intéressé par la photographie, là-bas…

Son œil s’allume encore plus. Et là, comble du comble, nous causons photo, Rimbaud et moi ! Je lui parle de mon envie de tout à l’heure de saisir ce moment incroyable. Il ne réagit pas. Je ne passe pas outre. J’aurais peut-être dû.

Je dois lui sembler bien fade. Je sens qu’il ne va pas tarder à partir, une fois que le vin sera fini…

_ Arthur, si je n’avais pas aimé les femmes, je sais que j’aurais cherché un amour masculin vous ressemblant…

_ L’amour…, soupire-t-il dans un souffle.

_ …

Je reprends quand même, quitte à être ridicule –comme on l’est toujours face à ses idoles.

_ Arthur… Vous avez été mon premier amour littéraire. Je ne comprenais grand-chose à douze-treize ans, et c’est la même chose aujourd’hui. Mais vous étiez une lumière insaisissable, un radeau poétique, une porte vers Ailleurs.

Silence.

_ Merci. Merci d’avoir été comme un trésor qui ne semblait appartenir qu’à moi. A vingt-et-un an, je me suis dit une seule chose : « Je ne serai jamais Rimbaud ». Je crois que c’est mieux ainsi.

Il écrase sa cigarette. Se lève doucement. Remet son col en place. Ce geste m’étonne.

Et puis, sans que je m’y attende, il passe sa main dans mes cheveux, et caresse ma joue. Il me regarde droit dans les yeux. Je frissonne. Il sourit. Il est magnifique quand il sourit.

_ Au revoir, Mademoiselle Arthur !

Il s’éloigne en riant, les mains dans les poches.

Je reste longtemps face à la bouteille et à la chaise vides.

New-York, 15 avril 2009, vers 16h30,

face à l’Empire State Building




                   


18 avril 2009

Le poète (Captaine Lili)

Il est arrivé en retard, le cœur au vent, les yeux ouverts sur tous les paysages… boissons, femmes et hommes compris. On ne donne pas rendez-vous à un poète, on l’attend seulement. C’était dans une rue, au cœur d’une ville de rêve. Ce sera comme quand on a déjà vécu : un instant à la fois très vague et très aigu… Ô ce soleil parmi la brume qui se lève !

Nous étions seul à seule et marchions en rêvant

Il m’a dit : « et les soucis que vous pouvez avoir sont comme des hirondelles sur un ciel d’après-midi, - Chère, - par un beau jour de septembre attiédi. »

Il disait aussi comme nous, les femmes, aimions sentir battre nos cœurs sous nos mantes à des pensers clandestins, en nous sachant les amantes futures des libertins, et comme Colombine rêve, surprise de sentir un cœur dans la brise

Il m’a dit « regardez ! Le ciel si pâle et les arbres si grêles semblent sourire à nos costumes clairs qui vont flottant légers, avec des airs de nonchalance et des mouvements d’ailes. »

Il s’est penché, à mon oreille a murmuré… « L’allée est sans fin sous le ciel, divin d’être pâle ainsi ! Sais-tu qu’on serait bien sous le secret de ces arbres-ci ? »

Il a déclamé : voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches, et voici mon cœur, qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches, et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux. Et puis : écoutez la chanson bien douce qui ne pleure que pour vous plaire. Elle est discrète, elle est légère : un frisson d’eau sur de la mousse !

Il a échappé une confidence… Je ne sais pourquoi mon esprit amer d’une aile inquiète et folle vole sur la mer. Tout ce qui m’est cher, d’une aile d’effroi mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?

Parfois, sur une clef de sol impossible juchées, les notes ont un rhume et les do sont des la

Nous avons marché en silence puis il a repris « Va, sans nul autre souci que de conserver ta joie ! Fripe les jupes de soie et goûte les vers aussi. Les vers, c’est de la musique avant toute chose, et pour cela préfère l’Impair plus vague et plus soluble dans l’air, sans rien en lui qui pèse ou qui pose. C’est des beaux yeux derrière des voiles, c’est le grand jour tremblant de midi, c’est par un ciel d’automne attiédi, le bleu fouillis des claires étoiles. Oui, de la musique encore et toujours, que ton vers soit la chose envolée qu’on sent qui fuit d’une âme en allée vers d’autres cieux à d’autres amours. Que ton vers soit la bonne aventure éparse au vent crispé du matin qui va fleurant la menthe et le thym… »

Il y a lui, il y a moi et tout bruit s’apaise autour. A peine un vague son dit que la ville est là qui chante sa chanson, qui lèche ses tyrans et qui mord ses victimes ; et c’est l’aube des vols, des amours et des crimes. Caché sous les mots, le soir est venu.

La lune est rouge au brumeux horizon et s’en va la chanson amoureuse, la sérénade d’automne.

Dans le vieux parc solitaire et glacé, deux formes ont tout à l’heure passé.

Un papier froissé est resté :

Mes yeux mouillés de vent amer dans cette nuit d’ombre et d’alarmes sont deux étoiles sur la mer. Mes yeux joyeux dans le ciel clair par cette nuit sans plus d’alarmes sont deux bons anges sur la mer.

J’ai la fureur d’aimer.

Prince et princesses, allez, élus, en triomphe par la route où je trime d’ornières en talus, mais moi, je vois la vie en rouge.

* extraits de Paul Verlaine, Choix de poésies, éditions Grasset, coll. Les Cahiers Rouges.

 

18 avril 2009

Mes dîners conviviaux (Joye)

J'ai dîné avec de belles plumes, toujours superbes, ma foi
J'ai pris tapas, ah oui ! quelle classe ! chez caro, que de joie !

Mes quelques plats pour Janeczka étaient tous des succès
Elle m'a chanté un rap de fée, avec sa harpe, après.

Dîner de gouache pour Papistache était plein de merveilles
Sous une guitoune, gelée-Mamoune au citron-et-groseilles.

J'ai tant ri avec Valérie, belle comme dans une peinture
Et puis cette fille, elle s'est enfuie, hélas, dans sa voiture !

Walrus m'a invitée, en plus, à un beau restaurant
Près d'une échoppe de miscroscopes, ce qu'il adore tant.

J'ai soupé avec ma tilleul dans son jardin joli
Elle m'a aidée à prononcer son pseudo, hihihi !

Un méchoui d'Captaine Lili à bord d'un grand navire
Et puis dans l'Oise avec Berthoise, c'était un beau délire !

Tiphaine a raconté des scènes de sa prochaine pièce
Et rsylvie a tout repris dans ses poèmes-déesse !

Jolie Tiniak, en chapeau claque, était resplendissante
Et puis Laura, son bel aura de poète, exaltante.

Un soir, Poupoune avec une spoon m'a servi de la glace
Et Vanina, lors d'un repas, a souri comme un as !

À l'agora la Pandora a bu pas mal d'ouzo
Comme digestif, apéritif et entremets !  Banco !!!

Avec le Zeph', Alice et Teb, j'ai pu faire ripaille
Et Cartoonita, tout de suite, ah ! Oui ! Une boustifaille !

Et alors, Shivaya-warduspor (la rime reste un défi)
Mais notr' repas fut un gala, j'en reste ébaudie !

Pour Plume Dame, y avait pas de drame, une jolie collation
À satisfaire un légionnaire tout plein d'admiration.

Petit festin chez le gratin dans une très belle mangrove
Petit pique-nique, tout beau, tout chic, pour Isaure et Krapov.

Non, pas d 'oubli, avec Virgibri, au barbecue texan,
Et Martine 27, de la dînette,  ah oui, sur l'île de Man !

Vegas-sur-Sarthe, une à-la-carte, oui, à la Tour d'Argent
Avec Akel, pour mettre du sel, le nec plus élégant !

Cinderela, ah, oui, celle-là, en rentrant tard du bal,
Au sur-le-pouce pour la petite douce, je donnais mon aval !

Et puis pour MAP, ma plus belle nappe sur une table pour deux
Ou même pour trois, à Mardi Gras si Zigmund vient, heureux !

Tant d'entrecôtes pour vous, mes potes, les auteurs que je trouve bien
Car y a pas mieux de tous les lieux qu'un défiant samedien !!!

Bisou.

18 avril 2009

Ça mange quoi, un écrivain (Vegas sur sarthe)

Moi qui gagne à être connu et cinq euros trente au Loto tous les deux mois , je regarde ce courrier comme si c'était un OVNI: "Vous êtes le gagnant de notre grand jeu L'Invité du Samedi ; passez une soirée inoubliable avec l'un des personnages suivants en l'invitant à votre table".
Y sont marrants, eux... y'a des dizaines de noms là d'dans et que des écrivains ! Ça mange quoi un écrivain?
Vu qu'on est déjà jeudi, je m'propulse vers la cuisine en parcourant d'un oeil la liste... enfin, le foutoir passe qu'y z'ont pas pris la peine de les ranger par sexe ou par époque, par genre ou par ordre alphabétique.
J' serais moins dans la mouise si y les avait triés par goûts culinaires: les gros mangeurs, les picoreurs, les végétariens, les diabétiques.
Même si cette "soirée inoubliable" doit nourrir nos esprits plus que nos estomacs, je dois faire honneur à mon hôte, et je tremble à l'idée de passer à côté d'une super rencontre à cause d'un mauvais filet d'boeuf ou d'un reste de calamars... tiens, je viens d'me priver d'un coup de Chateaubriand et de Jules Verne !
Y sont marrants, eux... Connaissent pas la crise économique; j'ai ouvert le frigo et si Rabelais était devant, il prendrait ça pour une verrine.
L'inventaire est vite fait: les haricots sont trop verts et bons pour des goujats... du réchauffé pour La Fontaine.
J'ai bien un reste de dindon pour Feydeau, mais un peu faisandé; si j'osais je le baptiserais bartavelle histoire d'attirer Pagnol à ma table!
Une forte odeur m'inquiète... Ah c'est juste mon calembour qui date un peu, mais je les aime bien faits: qui en voudrait à part Sartre qui n'est plus à une nausée près.
J'inviterais bien Boris Vian, mais où j'vais trouver des cantilènes en gelées ou des Cent Sonnets en si peu de temps?
Je sens ma soirée inoubliable qui capote... "mon frigo est désert c'est la faute à Voltaire, plus rien dans mon frigo c'est la faute à Rousseau". C'est pas malin, ça et ça résout pas mon problème.
Y aurait bien quelques écrivains belges, Edmond Picard qui doit y tâter en surgelés ou Robert Poulet une fois.
Si j'savais faire un festin avec trois fois rien... Bon sang! Mais c'est bien sûr!  Y en a un qui a écrit des bouquins la dessus, c'est comment déjà? Oui, Coffe, Jean Pierre Coffe! Ah oui, seulement y l'ont pas mis dans la liste.
Ben tant pis... j'vais faire simple, j'vais inviter mon ancêtre, mon cousin espagnol Lope de Vega.
C'est pas que Felix soit drôle, c'est pas sa faute, les dramaturges sont tous comme ça, mais j'suis sûr qu'il aimera la paëlla réchauffée...

18 avril 2009

Invitation (MAP)

J’ai voulu inviter chez moi  Alberto Uccello, poète de son état,  en triste état d’ailleurs, car comme tous les poètes dignes de ce nom il est ce qu’on appelle vulgairement un « crève la faim ».

La poésie ne nourrit pas son poète hélas !

Il est tellement difficile de vivre de sa plume !

Alberto Uccello m’interpréta quelques odes très musicales, me raconta ses difficultés … son désespoir m’apitoya ! Après un bon repas nous nous rendîmes au jardin et là il me fit la démonstration de la façon dont il parvenait à gagner sa pitance … le plus poétiquement possible …

Voyez vous-mêmes !
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Au_jardin

MAP

18 avril 2009

« R……comme » (Rsylvie)

 Roulleaux, Réan, Rostopchine

S.R…….
Sylvie Roulleaux - Sophie Réan
Sofia, Sophie - Sylvie, Sophie…. souvent l’on m’a appelée de la sorte.
Alors, de là à partager le couvert avec la Comtesse, il n’y avait pas l’ombre d’un pont-levis. Que, du haut de mon château des Nouettes, près de L'Aigle dans l’Orne, je franchissais allégrement. 

Le relevé cadastral de littérature enfantine, consulté l’autre jour, avait tout naturellement confirmer mes doutes. C’était bien moi cette petite fille , source d’inspiration de l’écrivain. C’est pourquoi, au détour d'un chemin,nous avions convenu d’un repas ensemble, afin de mettre un point final au roman de celle que l’on appelait, le Balzac des enfants. 

Au moment même où je vous parle, nous nous apprêtons, après avoir mangé une friture trop salée et un poisson rouge disséqué en filets finement découpés, à entamer un excellent dessert régional qu’un fermier a déposé ce matin même, devant la porte de l’arrière cuisine.

 Je portais sur la table un pain tout chaud et un grand vase plein d’une excellente crème épaisse. L’écrivain, affamée, se jeta dessus  et mangea tant et tant qu’elle failli s’étouffer d’une bouchée de travers. Heureusement pour elle, il lui fut possible de se désaltérer avec l’insipide breuvage versé dans la théière reçue en cadeau, le jour de ses 4 ans.

Des fruits confits ! Goûtons-les pour voir s’ils sont bons », Dis-je en ouvrant la boite offerte par Madame Rostopchine.

-« Prenez-en deux, Madame la Comtesse. Voici des poires, des prunes, des noix, des abricots, du cédrat, de l’angélique ». Elle hésita un peu, examina lesquels étaient les plus gros, Et enfin se décida pour une poire et un abricot.

-« Vous me direz (si si je le sais, vous vous questionnez » !
Mais non » !
Mais si » !!!
-« Je vous dis que vous vous  q  u  e  s tio nnez ! )
Non mais, qui c'est qu’écrit l’histoire !
Hein ! qui sait » ?

Donc, vous me dites : mais pourquoi elle ? »
et bien, parc’que le cas de la comtesse de Ségur montre qu’une vocation très tardive d’écrivain peut être particulièrement réussie : (elle a en effet écrit son premier livre à cinquante-huit ans).
Ainsi, j’ai encore toutes mes chances et tout espoir m’est permis
Alors, j’écrois encore »…..
signé       Rsylvie.


18 avril 2009

Jules prend deux boules (Shivaya Warduspor)

Je voulais présenter à mon jules une super vieille pour qu’y voie qu’j’suis pas si défraîchie, pis chais pas c’que j’ai foutu mais on s’retrouve avec un poète à dîner...

  Jules, tu parles d’un blase ! Il présente bien, c’est sûr mais... chais pas... ça colle pas avec son allure de grande gigue.

 

- Et sinon, ça fait longtemps que vous écrivez vos trucs ?

- Je serais tenté de vous dire « depuis toujours », mais disons que les premiers poèmes que j’ai rassemblés dans un recueil, Brumes du passé, j’avais seize, dix-sept ans. Mais j’ai été véritablement publié au début des années 20 avec mes Poèmes de l’humour triste.

 

Rhooo la la ! Pis l’a pas l’air marrant marrant en plus... je sens que la soirée va être longue... mais bon, il est là, on va pas le mettre dehors quand même...

 

- Humour triste ? Ah c’est marrant ça !

 

Aïe ! Déjà qu'elle nous plombe la soirée avec un artisse, v’là-t-y pas qu’elle va nous le fâcher. Bon, soyons à notre hôte...

 

- Humour triste ? Vous pourriez peut-être, euh...

- Mais certainement… que pensez-vous de ceci : Tu mourus de pansympathie, une maligne maladie.

- 

- 

- Oui alors, votre réaction me comble d’aise. A dire le vrai, je n’aime pas tant ces fioritures qui font de la poésie une chose qui se veut impénétrable. Comme dit Verlaine, je la préfère « sans rien qui pose ou qui pèse ». Peut-être alors préféreriez-vous quelque chose dans ce goût-là : Tous les thés, a priori, seront pleins de sots douceâtres ; mon amant a trop d’esprit, je voudrais les bras d’un pâtre.

- Ah il a dit ça Verlaine ?

 

Ouh mince, à c’propos, chais pas si y m’reste d’la verveine !

 

- Oui, bon. Dîtes voir un peu, mon cher Jules... les poètes, on dit que c’est des gens qui sont toujours dans la lune. C’est pour dire que c’est un peu des genres de visionnaires, quoi. Hein ?

 

Ecoute-le l’autre qui s’la joue ami d’la poésie ! J’le crois pas ! S’il était seulement moitié aussi lèche-cul avec ma mère...

 

- Mon chéri ? Quand as-tu lu un poème pour la dernière fois ?

 

Ah la vaaaache !

 

- Mais ma chère, à entendre votre gouaille, j’ose penser que vous êtes un poème à vous toute seule aux oreilles de votre époux... auquel je donne raison. Il est bien question de vision en poésie....

 

Et toc!

 

- ... un jour, j’ai même écrit : Un jour la terre ne sera qu’un aveugle espace qui tourne confondant la nuit et le jour.

 

Y s’fout d’ma gueule, là ? Chuis sûre qu’y s’fout d’ma gueule... Bon, j’dis rien parce que j’ai rien compris, mais chuis sûre...

 

- Et sinon, des poèmes d’amour, vous en avez faits aussi ?

 

- Partout où ton pas est allé

Et partout où ta main se pose,

Il reste de toi quelque chose

D’indéfinissable et d’ailé

 

Aussi j’aime ce que tu touches

Comme si c’était un peu toi ;

Partout où tu passas, je vois

Le clair sourire de ta bouche.

 

- Aaah, bah oui ! Ah bah, je veux... hein ? Hein, mon ange ? C’est beau ça, dis ! Et sur Dieu, vous auriez quelque chose ? Non, je dis ça parce que c’est pour ma belle-mère, ’comprenez ?

- Oh ça va, hein ! Tu vas pas t’en prendre à elle même quand elle est pas là ! Et pis c’est pas un crime quand même de vouloir marier sa fille à l’église !

 

Vas-y Jules cloues-y le bec !

 

- Loin de moi l’idée de prendre aucun parti. Sachez seulement que je crois possible le pouvoir de l’invisible... comme une absence qui aurait la faculté d’agir et de dire.

Ainsi le poète aime à suivre toute illusion qui l’enivre.

 

Oh la la y s’souvient d’tous ses trucs par cœur ?

 

- Oh la la! Vous vous souvenez d’tous vos trucs par cœur ?

 

Ah oui, ben c’est fin encore, ça tiens. C’est quand même lui qui les a écrits ces trucs.

 

- Ah oui, ben c’est fin encore, ça tiens. C’est quand même lui qui les a écrits ces trucs, voyons !

- Oui ben moi j’ai beau écrire la liste des commissions j’ai besoin de l’emmener quand même au supermarché, hein, gros malin !

- Oui... la mémoire nous joue à tous des tours. Or, il se trouve qu’à moi, ils me plaisent bien ces détours. Ils m’habillent le souvenir.

Mémoire, sœur obscure et que je vois de face

Autant que le permet une image qui passe...

- Ouh ! Zut, ça m’fait penser j’ai oublié d’sortir la glace du congel’ ! Vous en prendrez, hein ?

- Merci oui, madame, mais pas pistache.

- Mangue-banane, pour moi, chou... ça vous va mangue-banane, Monsieur Supervielle ?

 

C’est ça, et puis j’te la sers en pagne, aussi ?

 

- Mangue-banane, c’est parfait.

Je ne puis adorer une ardeur sans y mêler l’amour de mangues et goyaves.

J’ai longtemps vécu en Amérique Latine. J’y ai beaucoup goûté les saveurs assassines.

Je sais une tristesse à l’odeur d’ananas qui vaut mieux qu’un bonheur ignorant les voyages.

 

- Oui, bon d’toute façon j’ai que vanille.

 

18 avril 2009

J’avais pourtant mille questions à lui poser (Val)

Je m’en souviens comme si c’était hier. Ils sont venus me chercher en pleine nuit. Ils étaient deux, habillés en conducteurs de fiacre. Ils m’ont laissé une demie heure pour m’habiller, m’ont ensuite pris chacun une main et m’ont conduite jusqu’au véhicule, tracté par deux beaux chevaux. L’un des deux a pris place a coté de moi, tandis que l’autre est monté à l’avant pour conduire l’attelage. Durant tout le trajet, nous n’avons pas parlé. Je n’avais pas peur, je savais ou ils me conduisaient.

Le fiacre s’est arrêté dans la cour pavée d’une habitation cossue. J’ai su que je devais descendre seule et frapper à la porte. Je me souviens avoir regretté d’avoir enfilé un jean à la va-vite avant de partir. J’aurais dû prévoir…

J’ai à peine eu le temps de frapper qu’un valet est venu m’ouvrir. Dés qu’il m’a vue, il a tourné les talons sans un mot, et j’ai su que je devais le suivre.

Nous avons emprunté un grand escalier, puis un long couloir. J’aurais aimé regarder autour de moi, mais la chandelle que tenait le valet était la seule source de lumière. J’imaginais les tableaux aux murs, les tapis qui couvraient le parquet, la délicatesse de la rampe de l’escalier, mais je ne distinguais que l’arrière du crâne dégarni de ce valet que je devais suivre.

Il m’a indiqué une porte. J’ai frappé, il a disparu. Personne ne m’a répondu, mais j’ai compris que je pouvais entrer. J’ai ouvert la porte tout doucement, et je l’ai vue.

Elle était là, assise en face de moi, dans un fauteuil. Elle m’a souri d’un air tendre et bienveillant. Je me suis approchée sans dire un mot et ai pris place dans le fauteuil qu’elle m’indiquait de la main, juste en face d’elle. J’aurais aimé scruter cette chambre pour en imprimer chaque détail, mais la lumière était trop faible, une simple bougie posée sur une petite table de chevet, juste assez pour sortir de l’ombre nos deux visages et le plateau métallique sur lequel elle était posée, près d’une carafe en verre.

Elle m’a tendu un verre. D’apparence, on aurait dit du cognac. Elle a allumé sa pipe et moi une cigarette. Elle n’a pas paru étonnée de mon petit briquet Bic, ni même de mon jean ou encore de mes tennis.

Elle me regardait tout en fumant et buvant. Sans rien dire. J’en faisais de même. Mes yeux s’arrêtaient sur chaque détail d’elle. J’ai scruté son chignon noir, ses grand yeux doux, ses seins enserrés par le tissus, ses mains blanches, sa robe longue. L’approche silencieuse a duré presque une heure, je le jurerais.

Lorsqu’elle eut terminé son verre, elle s’est levée et s’est approchée de moi. Elle a pris ma main, je me suis levée. Je me tenais debout face à elle, prête à lui poser la première question de la liste que j’avais préparée. Lorsqu’elle a vu que j’allais ouvrir la bouche pour lui parler, elle a brutalement plaqué ses lèvres contre les miennes. Je n’ai pas cherché à fuir l’étreinte.

Elle m’a conduite jusqu’à son lit. Nous y sommes restées jusqu’au petit jour. Et puis j’ai su d’instinct que je devais partir. Tant pis pour mes questions.

18 avril 2009

... (Laura)

Tout a commencé avec une lettre que j’ai envoyé à mon écrivain préféré, Gérard de Nerval (mort en 1855). Je vous en livre une partie :

 

« Cette lettre va certainement vous paraître très audacieuse mais c’est l’admiration et l’indignation qui me motivent ; admiration pour toute votre œuvre que je lis avec plaisir et étudie depuis plusieurs années ; indignation parce que c’est cette année le bicentenaire de votre naissance et presque personne ne parle de vous. Pourtant, Dieu sait que vous le méritez au moins autant que certains à qui on consacre des commémorations grandioses !... 

Il m’est venu une idée pour fêter dignement cet événement : partir sur vos traces comme je l’ai déjà fait seule … mais cette fois-ci… avec vous. Et bien que je n’aie pas votre talent, je ferais un livre de ce pèlerinage.  

Nous pourrions nous donner rendez-vous au 168 rue Saint-Martin à Paris. »

 

A ma grande surprise, il a accepté de me rencontrer… à l’endroit que j’avais choisi et m’a offert  un apéritif dans l’appartement de son enfance.    

 

Nous sommes allés au Louvre voir le « Souvenir de Mortefontaine » de Monsieur Corot et comparer nos propres souvenirs sur place dans le Valois. Nous avons emmené avec nous Camille Rougier pour qu’il nous dessine dans le paysage de votre jeunesse. Nous avons lu  ensemble « Faust », Hoffman et puis encore Goethe.  

 

Il m’a tout expliqué avec patience.

 

Le soir, nous avons retrouvé au Café des Aveugles ses amis Gautier, Dumas, Petrus Borel et Arsène Houssaye pour dîner. Nous avons parlé d’Hugo et de la bataille d’Hernani.

 

Nous avons fini la soirée à deux Rue du Doyenné puis au château des Brouillards à Montmartre.

 

Je lui ai dit que je dirais le lendemain  à Jenny Colon tout le bien que je pense de lui ; elle l’aimerait ainsi comme lui l’aimait.

 

Il m’a confié ses angoisses ; je crois qu’il n’aura finalement  jamais besoin d’aller chez le docteur Blanche. Il a accepté de m’emmener vers l’Allemagne, l’Orient et de m’initier aux secrets alchimiques. Nous irons ensuite en Belgique, en Hollande, à Londres... 

 

Je veux essayer de lui donner l’équilibre d’une amitié sincère et peut-être m’aidera t-il un peu à me faire connaître, lui qui a tant de relations… Je serais la première et la meilleure lectrice des « Filles de feu » d’ « Aurélia ou le rêve et la vie. » 

 

Il a évoqué ses « Chimères » mais grâce à moi, il choisira  la vie. Je n’aurais pas à aller fleurir sa  tombe, ni à me recueillir où il s’est pendu. Il ne sera plus « le  ténébreux, - le veuf, - l’inconsolé » mais un homme aimé par une femme et convoité par d’autres.

 

Nous bâtirons ensemble des « Petits châteaux de Bohème

18 avril 2009

Invitation poétique (Poupoune)


Comme en sa prime heure, j'entends

le doux chant de l'ondine

vibrer tout contre ma poitrine

quand se mêlent à l'unisson

nos deux passions

 

C’est à la lecture de ces vers que j’ai su. Il me les avait adressés directement, alors fini de jouer l’oie blanche. On ne se connaissait pas. J’en avais le rose aux joues et le feu au ventre, mais ses poèmes m’étaient bel et bien destinés.

 

J’ai saisi l’invisible et sa taille fluide

m’a tout fait oublier de l’horreur et du vide

et de l'heure avancée.

J’ai saisi l’invisible et je l’ai tant aimé.

 

Tout ça me paraissait trop… beau, trop tôt.  

 

et je bois ce trésor, ton parfum, ce nectar

où logent les envies que nous aurons plus tard

à satisfaire encore

 

… que nous aurons plus tard à satisfaire encore. Envisageait-il de passer de la romance virtuelle à une vraie histoire dans la vraie vie ?

 

si je veux t'épouser, je le ferai d'un geste

si je veux t'embrasser, il suffira d'un mot

 

Trop beau, trop tôt.

 

et puis

dans l'affleurement de ce baiser, déjà vibre ma lippe emprisonnée par deux tendres et juteux délices déjà mes doigts qui t'apprivoisent le cou déjà mon souffle dans ton souffle tient, déjà nous

 

Ouuuuh la la.

 

Quand, à portée de vue, tu ne chanteras plus

nous nous connaîtrons nus, dans le jour

ma reine.

 

Je n’y tenais plus.

Allez, franchement, qui aurait résisté à l’envie de rencontrer cet amoureux-là ? Alors je l’ai invité. Et que de promesses pour cette rencontre…

 

déposer sur tes lèvres

de mon amour la sève

et ma vie et mon rêve

en profession de joie

 

Je le lisais, encore et encore, étonnée, émue à ne plus savoir comment le dire, impatiente de donner corps à cette drôle d’idylle.

 

une étoile si lente à fendre le cosmos

est allée se nicher sous ta paupière close

à côté de ton rêve où le mien s’assoupit

 

dans tes bras je repose et s’achève la nuit.

 

Je n’étais pas sûre d’être à la hauteur de toute la beauté qu’il m’offrait mais l’invitation lancée, plus question de reculer…

 

étrangement
ma vie, ma vie

tout ce désastre me ravit

manque m'en plus que je mesure

de notre amour la démesure

 

Il est venu.

 

On s’est découvert avec l’évidence de ceux qui se sont toujours connus.

Nos corps, nos regards, nos souffles semblaient n’avoir jamais existé que pour s’accorder l’un à l’autre.

On a connu des délices que je ne peux écrire sans en altérer la beauté.

 

Il est reparti.

Il reviendra.

 

je t'offrirai mon bras

pour entrer dans la danse

nouvelle, nouvelle et éternelle

qui toute résistance effacera

 

J’ai bien fait de l’inviter.

18 avril 2009

Les mots ne s’usent (Tiphaine)

Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un écrivain dans sa famille.

Moi, j’ai cette chance.

Et cette malchance aussi.

J’ai grandi dans un monde de mots et de livres.

C’est beau les mots, c’est beau les livres…

Je peux louer ou inviter un écrivain le temps d’un dîner ?

C’est bien vrai ? !

Alors j’invite papa.

J’invite papa.

Je ne le loue pas.

Papa ne se loue pas. Il ne sait pas se louer.

Je le loue moi, pourtant…

J’aime ses mots. Sans ses mots je ne serais pas.

Ses mots m’ont faite.

Ceux qu’il a écrits, et ceux qu’il n’a pas dits aussi.

J’invite papa.

Il est assis en face de moi. Il est intimidé je crois. Il regarde son assiette d’un air qu’il doit vouloir détaché. D’habitude, il lui suffit d’opiner à tout ce que je dis, il me sait bavarde…

Au téléphone, mon jeu c’est d’essayer de dépasser la minute de conversation avec lui. Rarissime. En général, j’ai droit à trente secondes au mieux. « Je te passe ta mère. Bisous. »

En voiture, je parle, je parle, et il répond parfois. Tant que nous abordons des sujets culturels, la conversation roule toute seule, comme la petite auto. Nous ne nous sommes jamais fait flascher. Aucun danger. C’est ce qui n’est pas dit qui illumine, qui irradie…

Sur la photo que nous enverrait la gendarmerie, on verrait un père et sa fille derrière un pare-brise. Bouches fermées. On pourrait croire que nous ne disons rien.

C’est faux.

J’invite papa.

Il regarde son assiette. Il sourit parfois parce que j’essaie de le faire rire, j’aime bien quand il rit. Y’a son sourire qui s’échappe soudain de sa barbe…

Quand je pense à lui je vois un immense bureau en bazar, des feuilles griffonnées partout, une équerre en plastique sur laquelle il a inscrit « papa », un stylo relié à un fil parce qu’il en a assez qu’on le prive de ses outils…

Je me suis emparée du stylo qu’il ne voulait pas me donner.

J’écris pour qu’il sache que je l’aime puisque les mots qui sortent de ma bouche sont trop violents pour lui.

J’invite papa.Il ne partira pas avant que je le lui dise en face :

Je t’aime papa.

Il est gêné. Il se retire derrière sa barbe. Il finit par parler, quand même :

- Il ne faut pas trop dire ces mots là, sinon, ils s’usent…

Non, papa, certains mots ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas…

Je t’aime papa.

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