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Le défi du samedi
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11 avril 2009

Eté 1976 (Berthoise)

Cet été-là, il faisait chaud. Dans la campagne, la terre criait sa souffrance sous le soleil plombé. La plaine d'ordinaire riche, nourricière, généreuse ne donnait qu'un maigre blé jauni et souffreteux.  Les maïs parfois si hauts étaient restés au ras du sol comme nanifiés.

Dans les pâtures, les bêtes broutaient une herbe sèche et rare, on avait même abattu quelques pommiers pour qu'elles puissent trouver un peu de verdure dans le feuillage. Les arbres gisaient au milieu des prés, triste paysage.

La rivière dans son lit avait baissé, découvrant des berges d'abord boueuses puis craquelées en grosses mottes de terre compacte et dure. Les mares avaient disparu, laissant derrière elles un fond nauséabond où pourrissait avant de sécher un mélange végétal et animal aux relents méphitiques. Les chemins tourbillonnaient de poussière à la moindre brise...

Devant les maisons, le sol des cours se craquelait. Aucune fleur n'égayait les plates-bandes. Le village, tous volets fermés, semblait muré dans un silence vibrant, car personne n'affrontait la chape qui étreignait la vie. Chacun essayait de se préserver, les mouvements étaient ralentis et réduits à l'indispensable. Le moindre effort provoquait la transpiration et l'impression douloureuse d'être agonisant. Quand le soir venait, tard, quand le soleil enfin acceptait de mettre un terme à son œuvre de chauffe, l'obscurité ne changeait rien ; on continuait à souffler. Dans la nuit, les insectes entonnaient un chant qui agaçait. Les draps poissaient au contact des corps en sueur.  Le sommeil fuyait jusqu'aux enfants qu'on entendait pleurer par les fenêtres ouvertes.

On espérait la pluie.

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Commentaires
T
eh ben, nous on avait décidé de se rapatrier en Guadeloupe, pour renouer avec la verdure et la poches d'eau fraîche... et boum, c'est la Soufrière qui nous a pété au nez.
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P
ça donne soif tout ça!! atmosphère très bien rendue.
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V
Belle piqure de rappel! Eté 76: la terre crevassée, les draps de bain sur le canapé, les douches à répétition, les pénuries de ventilateurs...
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B
Cartoonita > Tu y es allée à la bonne saison, non ?<br /> Tiphaine > Merci<br /> Valérie > Mais où étais-tu, Grands Dieux ? :D<br /> Zigmund > Même en vacances c'était dur.<br /> Joe Krapov > Merci aussi.<br /> Papistache > Bien vécu, bien vécu... c'était un peu dur à vivre quand même.<br /> Tilleul > Tu étais là ? <br /> rsylvie > et ton cœur s'enflammait.<br /> Le Zeph'> Aussi.<br /> Vanina > En bord de mer, c'était certainement moins dur.<br /> Joye > 1930 ? Non, je ne me souviens pas, mais où étais-je donc, Grands Dieux ?<br /> Map > à la tienne.<br /> Dame Plume > à la tienne aussi.
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C
La triste réalité de la sécheresse sévère. <br /> Le dernier paragraphe achève de me convaincre de ne jamais aller au Maroc en été, vivre la fournaise en lecture est bien suffisant !
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T
C'est beau comme une chanson de Charlelie Couture ! J'aime beaucoup!
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V
C'est marrant, je ne me souviens pas de l'été 76 :D.<br /> C'est une belle description.
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Z
cette année est restée dans les mémoires<br /> (avec en plus l'impôt sécheresse qui a été dur à avaler)<br /> c'était un bel été pour les vacanciers, et une catastrophe pour bp d'agriculteurs.<br /> très belle description
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J
Superbe description. Bravo !
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P
Un document à verser aux archives. Bien vécu, bien rendu.
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T
Magnifique! Je m'y revois! Bravo Berthoise!!
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R
torride atmosphmère<br /> trés bien dépeinte<br /> ...<br /> on attend la suite<br /> et surtout <br /> de l'eau ! beaucoup d'eau<br /> afin d'appaiser la quête d'un peu de fraicheur<br /> <br /> pst... j'ai souvenir de l'été 76<br /> adolescente, je connaissais mes premiers émois amoureux et autour de moi, ce n'était que plainte de cette eau que le ciel ne voulait nous offrir !
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L
Magnifique plaidoyer pour lutter contre le réchauffement de la planète !
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V
L'été 76, comme chaque été de ma jeunesse, je le passais au bord de la mer: que des bons souvenirs!<br /> Même si j'entendais les agriculteurs se plaindre...<br /> Une sécheresse richement décrite.<br /> Sourire<br /> Vanina
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J
Mon beau-père a connu les grandes sécheresses ici aux USA dans les années trente. Tu es beaucoup trop jeune pour les avoir connues, mais tu les évoques d'une manière magistrale ! C'est toujours un plaisir de te lire, Berthoise. Bravo !
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M
Une atmosphère tellement bien rendue que je ressens le besoin immédiat de me désaltérer !!!<br /> Un grand bravo Berthoise !
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P
la chaleur qui donne la soif sans la désoiffer
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