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Le défi du samedi
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21 février 2009

Ouest-France - Normandie Matin - rsylvie

OUEST FRANCE  -  Normandie matin
rubriques faits d'hiver.      par Rsylvie

ben oui, j'étais dans la salle avec Ginette ma co-locatrice.
On est toutes deux employées comme femme de ménage chez madame Éketoubrille.
On papotait chiffons, en attendant notre tour au prétoire,
quand un journaliste pour le très fameux magazine people « défiDUsamedi  »,
s'est approché de nous avec son gros micro alors…


-« alors moi l'avocat, j'le tiens fermement parc'qu'il est vivace.

j'lui nettoie son p’tit surplus de chaire verdâtre et
j'lui pique 3 cureDENT dans l'….

 

………          ………………………………………...................... 

bip …  BIP…. censure…..      

afin de ne pas blesser les oreilles de  nos auditeurs

 

-« et j'le fous à l'eau.....
après y a plus qu'a maintenir la tête sous l'eau
et attendre que ça passe !
Si si, j'vous assure ça passe toujours....
Bon j'avoue que la tige n'est pas toujours bien droite
mais orientée vers la lumière avec précision, elle retrouve sa fierté et
vous donne une magnifique plante verte, au feuillage persistant .....
si vous n'oubliez pas de l'arroser régulièrement.

Et oui….faut d’l’eau, beaucoup d’eau.

Enfin c’est c’que j’allais faire quand …

quand cette pauvre madame, qui rentrait tout juste de ses vacances aux Seychelles,
a poussé un cri d’effroi….
L’avait plus une feuille sur la tige !

C’est sur, il manquait d’eau. Mais de là, à l’noyer » !!

 

 

….il n’y a qu’un pas,……………………………………………                      ....…...

et         c’est ce que je vais m’empresser de vous démontrer.

Si l’on veut bien, enfin, me laisser la parole !.......................... ..............

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21 février 2009

Passion (Walrus)

Sa femme le trompait, il en était certain. L'ennui, c'est qu'il ignorait avec qui, mais au bout du compte, il s'en fichait...
Un beau soir, rentrant d'avoir promené le chien, il la trouve, étranglée !
Les flics lui trouvent, eux, d'excellents mobiles et un alibi... débile.
De fil en aiguille, il se retrouve inculpé de meurtre et on lui colle un avocat commis d'office.
Lui se contente de dire qu'il n'y comprend rien et que de toute façon, sans elle, sa vie n'a plus de sens.
Le procès arrive et son avocat n'a encore établi aucune stratégie de défense.
Vient le moment de la plaidoirie.
"Mon client a, selon l'accusation, commis un crime abominable, néanmoins je vais vous demander de l'acquiter pour les raisons suivantes : il est impossible qu'il ait pu assassiner sa femme.
En effet, j'étais l'amant de cette dernière. Tout se passait au mieux jusqu'au jour où elle s'est mise dans la tête de me faire divorcer pour refaire ma vie avec elle. Comme de mon côté, je ne tenais absolument pas à perdre mon épouse, cette riche héritière que vous connaissez tous, elle m'a menacé de mettre celle-ci au courant de nos ébats. Raison pour laquelle je l'ai étranglée. Si je n'avais pas été commis d'office, je n'en aurais rien dit, mais mon serment d'avocat me fait une obligation de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver mon client, alors..."

21 février 2009

Sainte Canette (Tilleul)

Je vous demande d’excuser mon client. Le jour où la femme de sa vie l’a quitté pour entrer au couvent, il est resté pendant des heures au pied du mur du monastère… Il gardait l’espoir de l’apercevoir encore une fois, ne fût-ce qu’une seconde au travers d’un vitrail… Pouvez-vous imaginer son chagrin ? Il n’était plus lui-même quand il a injurié les forces de l’ordre…Mais ce n’est pas sa faute si il a bu plus que de raison ! C’est la vue de cette statue, logée dans une niche, qui lui a donné soif...

                   

briquess

21 février 2009

NOT GUILTY BY REASON OF INSANITY!!! - Joye

L'avocat commence sa plaidoirie : « Ma cliente, Iowagirl, a commis un crime abominable, néanmoins je vais vous demander de l'acquitter parce que…

 

Son acte n’était pas condamnable.

Elle a seulement pété un câble !

Sa peine était bien calculable,

Mais c’est une dame canonisable !

De crime, elle n’en est pas capable !

Son cas est donc bien comprenable !

Pourquoi ? C’est simplement captable

Qu’elle frappe avec sa grand’ cartable

Un pinailleur de langue curable !

Tant pis pour lui, sa tête cassable !

Il faut être plus charitable

Envers ce coup coagulable !

Et donc le crime est commuable !

Son amour communicable

Est aussi assez compactable :

N’importe qui de comparable

Verra cet acte comme compensable,

Sans parler de concevable !

Elle voulait être conciliable !

Sa liberté ? Pas confiscable !

Son débit est conjugable !

Son français est considérable !

Trouvons stupide le dur constable

Qui jugeait sa langue méconnaissable !

Il était donc contribuable,

À sa propre mort bien contraignable !

Vous croirez peut-être contestable

Qu’elle le tue, inconsolable,

Parce qu’il la trouvait critiquable !

Chers amis, le consommable

Dans cette affaire est le constable !

Et ma cliente…incorrigeable !

Tournons la page. Tout con vocable

Profite d’un us controversable !

Qu’elle parle notr’ langue, cette non-coupable !

Je trouve ça, moi, bien convenable ! »

 

 

L’avocat reprend sa place. Les membres du jury, au moins ceux qui n’avaient pas encore perdu connaissance lors de ce discour effrayants, ont tout de suite voté un non-lieu et la vilaine Iowagirl assassine incorrigible de la langue française, retrouve sa liberté.

21 février 2009

Propriété intellectuelle ® ? (Joe Krapov ®)


- La parole est à maître Sankoz ®, avocat de la défense.

- Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les jurés, jusques à quand enfin le ridicule en grève refusera-t-il de tuer ceux qui viennent ici à l’instar de M. Nicolas Broutille ®, chef d’entreprise et ci-devant partie civile, encombrer les tribunaux de leurs peccadilles ? Ce procès est une farce italienne, une pantalonnade et je me fais fort, sans même faire dans la dentelle, de transformer l’argumentation de la partie adverse en hachis de Parme entier. Car que reproche-t-on à Monsieur Lamoule ®, mon client, et que ne lui a-t-on pas reproché ?

Cet humble commerçant en sex-toys, boules de geishas, pilules bleutées, accessoires et revues de la plus basse pornographie n’est qu’une pauvre victime de la crise économique mondiale qui sévit actuellement partout. M. Roger Lamoule ® a été contraint d’abandonner son emploi de gérant des Portes du Paradis ®, un sex-shop situé rue d’Echange à Rennes ®. Il s’est reconverti dans l’aide informatisée aux candidats potentiels de la Staraque ® et autres pousseurs-pousseuses de chansonnettes. M. Lamoule ® est devenu maître-chanteur d’un genre particulier certes puisqu’il n’a pas craint d’exercer par correspondance sa nouvelle activité de vendeur de corps beaux et de merlettes chanteuses. »

(Rires dans la salle).

- M. et Mme Broutille ® me font bien rigoler. Excusez-moi, Monsieur le Président, mais consécutivement à leur lune de miel récente, ils ont de la marmelade dans les yeux ! Comment ne pas voir en effet que les poupées chantantes envoyées par M. Lamoule ® à ses nouveaux clients n’étaient rien d’autre en effet que des poupées gonflables à l’effigie de Mme Carla Broutille ®  au sein desquelles un dispositif de lecture de fichiers MP3 ® se déclenchait lorsqu’on appuyait sur le téton gauche, faisant entendre le voix de la Callas ®, de Céline Dion ®, de dame Félicity Lott ® ou celles de Caruso ®, Jean Ferrat ®, Serge Lama ®, ce en vue d’inciter les jeunes talents à forcer un peu plus sur les cordes vocales que sur la cigarette avant d’envisager une carrière musicale. »

- Mais, maître… ». Roger Lamoule ®, entre deux de ses bâillements, essaie d’interrompre l’avocat qui a visiblement la frite, bien lancé qu’il est dans sa plaidoirie.

- Mon client est-il accusé d’atteinte au droit à l’image ? Pas du tout ! Il n’est pas responsable non plus du détournement d’usage qu’a subi l’objet du délit. La poupée Carla ®, puisqu’il faut l’appeler ainsi, s’est vendue comme des petits pains le mois dernier lorsque les employés de l’usine Broutille ® se sont mis en grève contre leur patron. Tout le monde garde encore en mémoire l’image de ces syndicalistes brandissant la poupée, scandant « Carla ® avec nous ! » et lui faisant chanter à pleins poumons « L’Internationale ® ». Mais sommes-nous ici pour une accusation de complicité de grève illicite, injure ou diffamation ? Pas plus ! Encore moins pour des faits de sorcellerie. Les quelques farceurs situationnistes qui croient que le veau d’or est toujours debout et que le vaudou est toujours Debord ® se trompent. Planter des aiguilles dans la poupée Carla ® n’aboutit à rien qu’à un grand « Pffff… ». Même pas une petite « clique » ou un grand « claque ». Autant marabouter des bouts de ficelle, envoûter des plafonds de cave, magnétiser des aimants à Vérone ®. »

- Abrégez, maître Sankoz ® », demande le Président, sinon on va encore devoir couper en deux votre contribution au « Défi du samedi juridique » ! »

- Mon client, Mesdames et Messieurs, a commis le crime abominable d’écrire sur l’emballage et les prospectus publicitaires vantant les mérites de sa Galatée ® à la voix dilatée cette accroche : « la poupée qui fait nom ».

Or monsieur Broutille ®, suite à une affaire juteuse réalisée par un de ses adjoints, commercialise en Chine des mannequins d’un genre un peu particulier. Comment appelez-vous, M. Broutille ® votre top-modèle pour l’export ? »

- La poupée qui fait nain ®. »

(Manifestations d’étonnement dans la salle).

- On peut voir ici, Messieurs dames, reprend l’avocat en brandissant une photo, ce que produit désormais M. Broutille ® dans son usine de vêtements : un modèle de pin-up qui sert de nain de jardin sur les balcons des HLM ® en Chine ® ! Cela fait quatre pages que vous vous esquintez les yeux pour une vulgaire affaire de simili plagiat de slogan, pour une querelle de voisinage entre mercantis concernant la propriété intellectuelle des mots « la poupée qui fait » ! Avons-nous réellement du temps à perdre avec les appétits mesquins de ces marchands du temple ? Surtout, qui, de nos jours, à part un Ch’ti d’Arleux, de Dourges ou de Wahagnies peut se montrer incapable de faire la différence entre la poupée qui fait non et « cheul  poupée qui fait nin » ? »

(Rumeurs de stupéfaction dans la salle)

- Pour terminer et vous prouver qu’il n’est pas très difficile d’enfreindre la folie de telles lois et de telles moeurs, qu’il me soit permis de questionner le plaignant. Monsieur Broutille ®, quand votre épouse Carla ® se rend au supermarché pour faire ses courses, comment appelez-vous le chariot dans lequel elle entrepose les victuailles de la semaine ? »

- Un… Un caddie ® ? »

- Parfait ! Et quel est le nom de la danse nouvelle à laquelle s’adonnent des adolescents gominés sur les places publiques de nos cités ? »

- Le rockabilly ®? »

- Vos références culturelles datent un peu, M. Broutille ® ! Vous êtes carrément à côté de la plaque. Et en disant ça, je vous aide ! »

- La Tecktonik ® ? »

- Voilà, Mesdames et Messieurs ! La démonstration est faite. Le plaignant n’hésite pas lui-même à utiliser des termes qui sont des marques déposées dûment enregistrées auprès de l’INPI ®. Il vient de faire la preuve que nul ne peut survivre dans un monde où l’on privatise tout, y compris les noms et les mots. Je vous remercie de réfléchir à cela avant de délibérer. »

- Mais maître… » hasarde encore M. Lamoule ®.

- Ta gueule, Roger ®, répond l’avocat à voix basse. T’inquiète pas, c’est gagné. »

- C’est que… On ne risque pas d’avoir des ennuis avec Michel Polnareff ® ? »

***

Effectivement, à l’issue des délibérations, le diffuseur de la poupée qui fait nain ® a été débouté de sa plainte contre le fabriquant de la poupée qui fait nom. Le tribunal a condamné le couple Broutille ® à payer les frais de justice de Roger Lamoule ®. Madame Broutille ® ne décolère pas :

- Mais enfin, Nicolas ® ? Pourquoi as-tu répondu « Caddie ® » à cette question sur ces endroits où je ne vais jamais ? Tu sais très bien que je fais tout livrer par Fauchon ® directement à la maison ! ».

M. Broutille ® ne dit rien. Il sort piteusement du tribunal et s’enfuit rapidement, la queue entre les talonnettes ®.

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21 février 2009

Instinct primaire (Papistache)

Mesdames et messieurs les jurés, ma cliente a commis un crime abominable, néanmoins je vais vous demander de l'acquitter pour les raisons suivantes :

Cette frêle créature, derrière ces vitres blindées qui la protègent tout en l’enfermant — d’ailleurs a-t-elle vraiment mérité ce traitement réservé d’ordinaire aux criminels de haute volée ? — a assassiné son mari. C’est exact. D’une manière qui vous a choqués au cours du procès. 

Je vous rappelle qu’elle s’est présentée vierge au soir de ses noces et que précisément, c’est au petit matin que la parentèle abasourdie a découvert le forfait. Vierge, innocente. Chez ces gens-là, mesdames, messieurs, on ne connait du mariage que l’acte de procréation. Bestial.

Vierge. Innocente. Totalement remplie de son désir de maternité. Chez ces gens-là, que notre société trop souvent enferme, comme ce soir ma cliente en son bocal, on ne badine pas, mesdames, on copule pour l’avenir de l’espèce. Alors, cette jeune épousée, une fois ses ovaires comblés a ressenti une grande oppression. Un espace vital réduit, une chiche liberté... et là, offerte à ce mâle perforant, elle a mesuré, en une fraction de seconde, qu’il lui fallait impérativement éliminer celui qui  allait lui disputer les maigres allocations que la société lui octroierait.

La société ? Vous, nous, mesdames, messieurs. Ma cliente a tué son époux parce qu’elle allait devenir mère et que le cri de ses entrailles le lui a enjoint.

Mais aussi songez que nous en sommes responsables et c’est pourquoi nous allons la libérer de cette cage de verre alors que son abdomen distendu montre à tous que la vie s’apprête à en sortir. Oui responsables, car qui, sinon, vous ou moi, l’avions soumise à cette ignoble alternative ? Assurer un avenir à sa progéniture ou risquer de le voir contrarié par la vorace attitude du mâle que nous avions  introduit dans sa couche virginale.

Car, je soutiens que c’est nous, humains qu’on dit civilisés, qui avons —notre curiosité est si maladive et obscène — ourdi la situation qui a généré ce meurtre. Elever une vierge en la laissant tout ignorer de son milieu naturel et lui adjoindre de notre propre chef un géniteur à son côté, c’est nous qui devrions nous trouver sur le banc, à sa place.

Imaginons un état de grâce, loin du carcan de ce que la science a produit de pire. Croyez-vous que l’inimaginable se serait produit ? Non, mesdames, non messieurs, le galant aurait pris la fuite une fois son plaisir éprouvé, la belle se serait baissée pour cueillir à poignées son ordinaire et même son extra.

Mesdames, messieurs, nous avons voulu contraindre la jeunesse et la beauté et avons récolté le sang et l’horreur. Je vous assure que j’ai vu, de mes propres yeux, dans les  buissons des sauvages garrigues de la Corse se perpétrer mille acrobaties copulatoires, et plus, sans que jamais la moindre victime ne soit à déplorer. Vierges ou presque, amants frénétiques ou patients, chacun repartait au soir vers de nouvelles aventures. Moi-même... mais ce n’est pas le sujet de ma plaidoirie.

Je vous demande d’acquitter ma cliente, mesdames et messieurs les jurés ; si la nature vous avait fait naître orthoptères plutôt que primates vous auriez agi comme elle. Ma cliente, Mantis religiosa, doit être acquittée et remise en liberté séance tenante. Comprenez-vous les enfants, que ce que vous  avez pris pour un acte de cruauté n’était qu’un geste d’amour ? Relâchez cette mante religieuse et allongez-vous dans l’herbe — enduisez toutefois vos épaules de crème solaire — et prenez la loupe que je vous tends. Observez toujours les animaux dans leur milieu naturel. Croyez-vous que vous tireriez des enseignements sur les mœurs d’un lion encagé entre trois grilles et un mur de béton sale ?

Dévissez le couvercle et ouvrez vos yeux.

— Papa, pour la Corse, tout à l’heure, qu’est-ce que tu as voulu dire ?
— Une autre fois, mes enfants, une autre fois... je vous laisse à vos observations in naturalibus, je vous appellerai pour le goûter.

21 février 2009

Affaire de famille - Pandora

- Ma cliente a commis un crime abominable, néanmoins je vais vous demander de l’acquitter. Votre honneur, je vous demande la plus grande indulgence pour ma cliente. Cliente, qui bien sûr, est très désolée de ce qu’elle a fait…

[Plus fort]Cliente, qui bien sûr, est très désolée de ce qu’elle a fait…

- Maitre, ce n’est pas la peine de répéter la même chose, la Cour n’est pas sourde

- La Cour non, mais MA CLIENTE peut-être!

[La cliente sursaute, interrompue dans ses pensées, et baisse enfin la tête devant le regard courroucé de son défenseur]

- Voyez d’ailleurs, comme elle est contrite. De plus, tous ici peuvent remarquer que son état n’est pas normal. Ce sourire niais dénote une grande perturbation mentale et je suis étonné que l’expertise psychiatrique ait conclu en sa responsabilité. Allons votre honneur, même mon cocker a l’air plus éveillé !

[Les personnes assises au premier rang peuvent voir le coup de pied discret sur le tibia de la cliente qui essayait de protester…]

- Pensez-vous qu’une incarcération soit justifiée dans cet état ? Tout ça pour quelques mots malheureux ?

- Maitre, il s’agit de plus que « quelques mots malheureux »

- Des insultes de cours de récréation

- « Espèce de sale Pute », « je vais te tuer Salope » et « Je vais t’exploser ta gueule de pétasse » ? Dites-moi de quelle école il s’agit pour que je n’y envoie pas mes enfants…

- Votre honneur, les mots ont dépassé la pensée (fort limitée) de ma cliente…

- Si ce n’étaient que les mots, Maitre…

- Vous voulez parler de la gifle peut-être ?

- Maitre, relisez l’acte d’accusation mais ne nous faites pas perdre notre temps !

- Excusez-moi Votre honneur, mais cette gifle n’est qu’un malentendu

- Je vous confirme que la plaignante entend mal depuis la gifle, mais je ne vois pas de malentendu

- Ma cliente ne voulait pas faire de mal à la plaignante

- Ah bon Maitre, que voulait-elle faire alors ?

- Ecraser un insecte.

- Ecraser un insecte ?

- Oui, une horrible araignée qui s’apprêtait à attaquer la plaignante

- Maitre, vous vous moquez de moi ? Savez-vous ce qu’il en coûte en cas d’outrages à la Cour ?

- Votre honneur, je vous garantis de la bonne fois de ma cliente et vous le répète : elle n’a pas toute sa tête. Vous voyez bien d’ailleurs qu’elle est blonde

- L’expert affirme pourtant le contraire…

- Le coiffeur de ma cliente peut pourtant l’attester

- Je ne parle pas de sa couleur de ses cheveux, Maitre

- Pardon votre honneur. C’est peut-être parce que ma cliente n’est pas malade.

- C’est ce que le psychiatre expert a conclu, oui….

- Elle n’est pas malade votre honneur, mais elle n’est pas dans son état normal. Elle est amoureuse…

[La cliente relève la tête et sourit béatement à son avocat]

- Maitre, parlez clairement et qu’on en finisse

- Votre honneur, ma cliente a cru que la plaignante jeune et ravissante, mais délinquante notoire, soit dit en passant, voulait s’en prendre à son mari et s’est défendue avec toute l’énergie d’une femme amoureuse. Mais elle ne recommencera plu, n’est-ce pas ?

 

[La cliente fait non énergiquement de la tête]

 

- Ne la mettez pas en prison je vous en prie, vous allez briser cette femme, vous allez briser un jeune couple…

- Très bien Maitre, je relâche votre cliente avec une amende et des indemnités pour la plaignante, mais seulement si vous vous engagez devant la Cour de ne plus défendre à l’avenir que des clients de sexe masculin ou apparenté. La Cour ne supportera plus ce genre de débordements, même de la part d’une femme jalouse. C’est clair ?

- Oui votre honneur. Merci beaucoup votre honneur. Mon épouse et moi-même vous sommes infiniment reconnaissants. N’est-ce pas chérie ?

[Et la cliente de remercier le juge d’une voix timide (qui ne ressemble plus du tout à celle qu’elle avait quelques jours plus tôt quand elle s’en était prise à la jeune cliente de son mari) et de se précipiter dans les bras de son époux et défenseur]

Moralité : On a toujours besoin d’un avocat. Tant qu’à l’avoir chez soi, autant l’avoir dans son lit

 

 

21 février 2009

Naître ou ne pas naître!! - Violette7

Je m'adresse à vous, mères entre toutes.......les mères.......Elle ne pouvait pas.......Non, elle ne pouvait pas, elle ne pouvait plus.....Les cheveux collés au front par la sueur des efforts et les yeux perdus dans un regard suppliant, un visage hurlant la  crainte de l'abandon et de l'irréversible, la peur de l'impossible et de l'inutile, elle a crié "non, non, je ne peux plus, je n'en peux plus, je ne veux plus, je n'en veux plus.......!" Qui parmi vous peut juger cette ultime faiblesse tandis qu'il suffisait.......de donner encore et encore?.......Qui , peut être certain, qu'à cette même place et à ce même instant il aurait pousser encore? Parce que depuis la nuit des temps, il en est ainsi?
Je fais appel au plus profond de vous.....au cri puissant d'une délivrance qui n'en finit pas, un cri qui d'elle à moi, de moi vers vous retentit et.......vous demande de l'entendre.......Je vous demande de l'entendre....de l'entendre et de lui pardonner........
J'étais dans la salle....... d'accouchement.......

21 février 2009

Défi d'Enriqueta

Je me souviens encore de la dernière plaidoirie de maître Ernest Bonimenteur au palais de justice de Bruxelles.  "Ma cliente a commis des crimes abominables, néanmoins je vais vous demander de l'acquitter pour les raisons suivantes" l'auditoire était suspendu aux lèvres de Maître Bonimenteur, un des plus brillants avocats de sa génération, qui n'avait jamais perdu un seul procès en vingt ans de carrière. Chacune de ses plaidoiries était attendue avec impatience car elles étaient de véritables bijoux où chaque mot était pesé et ciselé avant d'être admis à prendre place dans ce discours, cette épopée, ce récit mythique.
Maître Bonimenteur était petit et rond mais dés qu'il commençait à parler il séduisait son public qui l'écoutait religieusement, il devenait alors l'être le plus grand et le plus beau qui ait jamais arpenté un tribunal. Comme tout le monde, je m'attendais à un grand moment, à un instant historique et je me réjouissais d'avoir été envoyée pour couvrir cette affaire - l'affaire de la Belle de glace comme disaient les médias - par mon journal parisien "La vérité alternative". J'étais la spécialiste juridique de mon journal, j'avais l'habitude des tribunaux et ce n'était pas la première fois que je voyais Maître Bonimenteur à l'œuvre mais rien dans ma longue carrière ne m'avait préparée à faire face à ce que j'entendis ce jour là.
Maître Bonimenteur défendait une jeune femme de 21 ans accusée d'avoir assassiné quatre-vingt-dix-neuf personnes dont trente-trois handicapés, trente-trois enfants et trente-trois personnes âgées, elle avait avoué et avait été prise sur le fait alors qu'elle étranglait sa dernière victime. De plus, on avait retrouvé chez elle de nombreux bijoux ayant appartenu à soixante de ses victimes. Elle avait justifié ses actes en disant simplement qu'elle en avait eu envie. Anne Clozot, l'accusée était une belle femme, grande et mince, avec une magnifique et longue chevelure brune qui encadrait un long visage hâlé, dominé par une grande bouche sensuelle et des yeux verts émeraude. Ele n'exprimait aucun regret et regardait l'asssemblée comme si elle était la reine d'Angleterre.

Rien dans sa vie passée ne pouvait lui servir de circonstance atténuante et nous nous demandions comment Maître Bonimenteur, malgré son génie, allait pouvoir s'en sortir. Quand il se leva pour prendre la parole, le silence était tel qu'on aurait pu entendre respirer un insecte. Sa voix grave et profonde s'éleva jusqu'aux voûtes construites par le génial Joseph Poelaert :  "Ma cliente a commis des crimes abominables, néanmoins je vais vous demander de l'acquitter pour les raisons suivantes..." il marqua un courte pause avant de déclarer puissamment " je l'aime et je vais m'enfuir avec elle!".
A partir de cet instant, la situation devint véritablement irréelle, chacun réagit à sa façon à cette incroyable déclaration : certains poussèrent des cris rauques ou stridents, d'autres grincèrent des dents ou se mirent à gémir, quelques personnes se levèrent et ouvrirent la bouche mais aucun son n'en sortait. Le juge Alondonc écarquillait démesurément les yeux et se tournait en alternance vers le procureur du Roi, ses assesseurs et le jury qui restaient pétrifiés, comme pour vérifier qu'il n'était pas en train d'halluciner. Mais cela ne fut rien par rapport à ce qui suivit. Le temps semblait s'être arrêté depuis que Maître Bonimenteur avait pris la parole, aussi, bien que j'eus l'impression que cela durait une éternité, il ne s'écoula que quelques secondes avant qu'il ne s'empara de la main d'Anne et qu'ils ne bondissent hors du box des accusés en direction de la barre des témoins qui se mit aussitôt à tourner sur elle même pour dévoiler un escalier colimaçon en pierre dans lequel ils s'engouffrèrent. Cet accès se referma avant que les gendarmes aient pu faire quoi que ce soit. L'émotion fut alors à son comble, quelques femmes s'évanouirent, quelques hommes se mirent à rire frénétiquement, le procureur du Roi hurlait  "Arrêtez-les! Arrêtez-les" et le pauvre juge Alondonc s'écroula victime d'un malaise cardiaque.
Je connaissais ces légendes qui faisaient du palais de justice une des entrées d'un monde parallèle, une cité souterraine appelée "Brüsel" mais je n'aurais jamais imaginé que cela fut vrai. On ne revit jamais ni Ernest Bonimenteur, ni Anne Clozot, et on ne trouva jamais le moyen de faire réapparaître l'escalier de pierre, ce fut un grand scandale dans toute l'Europe pendant plusieurs semaines, avant que les médias ne se lassent et ne trouvent un autre sujet vendeur. Mais moi, je n'ai jamais oublié ce moment unique de ma carrière que je vous conte aujourd'hui alors qu'il a eu lieu il y a trente-deux ans, trois mois et huit jours.


21 février 2009

Oh ! Non ! Voilà qu’elle remet ça ! (Val)

Mesdames, Messieurs les jurés,

.

Je vous demande de tourner la tête, et de regarder quelques instants la mine déconfite de ma cliente. Regardez ses yeux embués, ses lèvres tremblantes, sa figure désolée…

Observez-la attentivement, et demandez-vous !

Est-elle cette abominable ravisseuse que nous dépeignent les médias et les associations de parents mécontents ? Je vous le demande !

.

Son crime n’est certes pas excusable. Néanmoins, ma jeune cliente a des circonstances atténuantes.

Je vous prie, Mesdames, Messieurs les jurés, de faire preuve d’un peu d’empathie, et de revivre avec elle la journée qui a précédé ses actes odieux.

Le crime qu’elle a commis n’est pas un acte motivé par une malveillance malsaine, mais plutôt le résultat de l’accumulation de petits déboires qui ont fait déborder le vase, trop plein, de ma cliente.

.

- Ce vingt-quatre décembre, elle devait le passer dans la maison familiale de son époux, comme les sept Noël qui avaient précédés celui-ci.

- Son époux, bien décidé à l’épargner cette année de cette corvée, était finalement revenu sur sa parole, repoussant encore d’une année la délivrance tant attendue.

- Son beau-frère, qu’elle aimait tant, et avec qui elle avait partagé ses pauses cigarettes les années précédentes, avait cette année, pour la première fois, été remplacé par un autre. Ce nouveau beau-frère, au contraire de l’ancien, n’était pas du genre de ceux à qui elle avait envie de planter une fourchette dans le derrière.

- Les deux tantes de son époux, celles qu’elle considère comme ses amies, étaient aux abonnés absents cette année parce qu’elles allaient au bout de leurs envies, ELLES !

- La grand-mère de son époux, qui la distrayait beaucoup également, avait préféré suivre ses deux filles « rebelles » et ne serait pas là non plus.

.

Vous vous demandez ou je veux en venir et je le comprends tout à fait.

Ma jeune cliente, qui avait rêvé d’un Noël en « famille », se résignait à passer un réveillon entourée certes de son époux et de ses enfants, mais également :

- d’un beau-père chasseur, et fier, de surcroit, d’avoir voté pour qui-nous-savons.

- d’une belle-mère très attentionnée, qui ne songeait qu’à la faire arrêter de fumer pour la nouvelle année.

- d’un nouveau beau-frère qu’elle se refuse à comparer avec le répudié qu’elle aimait tant et pour qui elle éprouve une profonde empathie mêlée de tristesse.

- d’une belle-sœur, qui passerait probablement sa soirée à faire le procès de ce dernier –sans qu’il puisse se défendre- et ce, dans l’indifférence générale, voire dans l’unanimité de l’auditoire. 

.

Le décor est planté, Mesdames, Messieurs les jurés.

.

Certes, le crime épouvantable qu’elle a commis était prémédité.

MAIS !

Songez qu’elle n’a jamais imaginé -ne serait-ce qu’un quart de seconde- gâcher la fête de Noel de cette famille dont elle faisait partie. Jamais !

Elle aurait pu ! Elle n’y a tout simplement pas pensé, Mesdames, Messieurs, parce que son cœur est trop doux pour commettre pareil délit.

.

Notez, par ailleurs, que la victime n’a subi aucun traumatisme majeur, et qu’aucune plainte pour coups et blessures n’a été déposée.

Evidement, vous allez objecter :

« Le pauvre homme a été enlevé, bâillonné, attaché, enfermé dans le coffre d’une automobile, puis séquestré dans une chambre, le soir de Noël, alors qu’il avait tant de travail…Et que ce kidnapping –le terme est juste-  a mis en péril la distribution des cadeaux »

.

Je ne vous contredirai pas. Les faits sont là, et ils sont impardonnables.

.

Maintenant, je vous implore !

Laissez de côté les faits -gravissimes- survenus avant, et concentrez-vous quelques instants sur la libération de l’otage, si vous le voulez bien.

Ma cliente, consciente d’avoir mal agi, prise de remords terribles a, d’elle-même, délivré Monsieur Noel à minuit.

.

Contre cet homme –la victime- qui pourtant l’avait toujours plus ou moins ignorée, même lorsqu’elle était enfant, elle n’éprouvait aucune rancœur. Elle avait simplement souhaité l’avoir pour elle durant quelques heures…

.

Notez bien, Mesdames, Messieurs les jurés, que ce crime, aussi atroce soit-il, était dépourvu de toute autre motivation que cette envie désintéressée. A aucun moment ma cliente n’a soutiré de l’argent à Monsieur Noël. Elle n’a d’ailleurs exigé aucune rançon. Elle l’a juste voulu pour elle, tout simplement…

.

C’est un crime passionnel, Mesdames Messieurs les jurés ! Je vous l’affirme !

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La victime, elle-même, a certifié, dans sa déclaration, que sa ravisseuse l’avait détaché de son plein gré, sans compensation. Elle lui aurait même indiqué une porte de sortie avant de lui demander pardon.

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Le préjudice est énorme, effectivement. Monsieur Noël, évidemment, a pris un retard considérable sur sa tournée et beaucoup de parents ont dû le relayer pour la distribution (Parents qui, d’ailleurs, sont les seuls à demander des dommages et intérêts, Monsieur Noël n’ayant pas déposé plainte, entre parenthèses).

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L’acte est irréparable, mais ma cliente est dans le repenti. Elle affirme –et je la crois- que c’est avec son cœur qu’elle a libéré sa victime. Elle a songé à tous ces enfants qui attendaient Monsieur Noël. Elle a pensé surtout à l’inquiétude intolérable de Madame Noël.

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A aucun moment elle n’a pensé le relâcher par crainte des représailles. Elle s’y est résolue, tout simplement, parce qu’elle aimait assez cet homme, pour comprendre -et surtout accepter- que sa vie soit ailleurs qu’auprès d’elle.

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Pour toutes ces raisons, Mesdames, Messieurs les jurés, je vous demande – ni plus, ni moins- l’acquittement.

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21 février 2009

Mini Plaidoirie (MAP)

Mesdames et Messieurs les Jurés mon client a commis un crime abominable, néanmoins je vais vous demander de l’acquitter pour les raisons suivantes …

………………………………………………………………………………...

A ce moment de sa plaidoirie Maître Termeau porta les mains à sa poitrine. Le public crut à un mouvement de manches théâtral destiné à impressionner le jury mais l’avocat s’écroula soudain, victime d’un infarctus, au grand dam de son client !

D_f_r_

21 février 2009

Doute raisonnable? - Martine27

L'avocat commence sa plaidoirie

"Mon client a commis des crimes abominables, néanmoins je vais vous demander de l'acquitter"

Dans le tribunal c'est le tollé général.

Le président a bien du mal à ramener le calme dans son tribunal.

Nous, les jurés ne pouvons nous empêcher de nous lancer des coups d'œil outrés. Oui, bien sûr on nous a dit que nous devions être parfaitement impartiaux, de laisser le bénéfice du doute à l'accusé, etc, etc. Il n'empêche que depuis près d'une semaine on nous abreuve des horreurs que ce monstre a fait subir à d'innocentes victimes et voilà que son avocat nous demande de l'acquitter. On croit rêver !

Pour ma part je regarde un homme en particulier assis dans la partie réservée aux familles. C'est le père d'une des jeunes filles. Elle avait miraculeusement survécu aux sévices subis et après avoir identifié son agresseur, malgré l'amour de sa famille, elle s'était laissé sombrer et s'était suicidée. Et là je vois ce père perdre une fois encore son enfant à cause des propos de ce… non essayons de rester calme.

Le chahut s'étant enfin calmé, l'avocat reprend.

"Oui, Monsieur le Juge, Monsieur l'Avocat Général, Mesdames et Messieurs les jurés. Un fait important vient d'être porté à ma connaissance, juste avant le début de cette audience et il me faut en référer dès maintenant pour que justice soit vraiment rendue à mon client"

Bien sûr les parties civiles s'insurgent, comment un nouvel élément dont elles n'ont pas eu connaissance, c'est inacceptable.

Après un bref débat, le Président accepte que l'avocat de la défense poursuive son argumentation.

Alors dans un grand effet de manches, celui-ci demande au greffier d'introduire son témoin.

Et là devant les yeux ahuris de l'assistance entre un homme en tous points semblables à l'accusé.

"Monsieur le Juge, Monsieur l'Avocat Général, Mesdames et Messieurs les jurés, je vous présente le frère jumeau de mon client. Comment pouvez-vous affirmer que c'est bien mon client qui a commis ces abominations et non son frère ? Certes une des victimes l'a reconnu, mais qui a-t-elle reconnu, mon client ou son frère ?"

Je vois le père de la jeune suicidée s'effondrer un peu plus.

Un des avocats des parties civiles prend la parole.

"Mais nous avons relevé son ADN, il n'y a aucun doute"

"Seulement voilà" pérore, très satisfait de lui l'avocat de la défense "les vrais jumeaux, ce qui est le cas de mon client et de son frère ont des ADN absolument semblables. Seules leurs empreintes digitales pourraient permettre de les identifier formellement. Or, vous n'avez pas trouvé une seule empreinte sur les lieux des crimes. Je demande donc, au nom du principe selon lequel le doute doit bénéficier au prévenu de relaxer purement et simplement mon client".

Tandis que la tempête fait à nouveau rage dans le prétoire, l'avocat se rengorge, les deux frères échangent des regards satisfaits, les familles des victimes ne savent plus si elles doivent hurler de rage ou s'écrouler en larmes.

Je regarde le juge, manifestement l'argument avancé porte.

Non ce n'est pas possible, ce monstre ne va quand même pas arriver à s'en tirer, parce qu'il paraît évident à tout le monde que ce frère sorti par miracle du néant est un complice, peut-être même a-t-il aidé à commettre tous ces meurtres !

La justice ça ne peut pas être ça ! La justice non, mais la loi oui, c'est bien ce qui se peint sur le visage des avocats des parties civiles et du juge.

Au-dessus de nous, la statue de la justice doit verser des larmes sous son bandeau !

Brusquement, je me rends compte que dans le remue-ménage généré par ce rebondissement, le père solitaire a disparu, il doit être aller pleurer de désespoir loin de tout ce simulacre de justice.

Peu à peu le calme revient, le juge et les avocats se concertent pour savoir comment faire pour éviter de relâcher un monstre, non deux monstres dans la nature.

Et voilà que le Père revient, il semble étrangement calme.

Il avance jusqu'au banc des familles et poursuit, sans être arrêté, sa marche vers le banc des accusés.

Là, toujours calmement il brandit une arme et comme au stand de tir, il tire. Une fois. Deux fois. Trois fois. Les jumeaux et leur avocat s'écroulent une fleur rouge en plein milieu du front.

Puis parfaitement serein le Père dépose l'arme, lève les mains, se retourne et adresse un grand sourire libéré aux familles des victimes.

La justice vient d'être rendue. Même si la loi elle n'y trouve pas son compte.

Au-dessus de nous, je suis sûre que la statue de la Justice sourit.

 

PS – Cette petite histoire m'a été inspirée d'un fait réel dont j'ai eu connaissance il y a maintenant très longtemps et qui m'avait particulièrement choquée à l'époque. Un homme reconnu par la victime qu'il avait manquée avait été relâché parce qu'il n'avait pas été possible de déterminer quel était le jumeau responsable de l'agression. Il y a peut-être maintenant des méthodes pour distinguer un jumeau d'un autre en dehors des empreintes digitales, je n'en sais rien. De même que n'étant pas juriste je n'ai guère de connaissance sur les textes de loi concernant le doute bien fondé et autres joyeusetés.

21 février 2009

Creme d'avocat - Janeczka

Mesdames et messieurs les jurés du jury (pas forcément du Jura), nous sommes ici réunis pour juger ma cliente, pour le meilleur et, espérons-le, sans le pire.

 

Car, avouons-le, ma cliente a commis un crime de nabot minable... mais avant de la pendre haut et court et de sortir le goudron et les plumes, considérez plutôt ceci: condamner ma cliente serait en fait un crime condamnable.

 

Car ma cliente est une femme admirable. Une femme à la beauté sans égal et à l’intelligence sans pareil, mais surtout, une femme à l’esprit vif et à l’humour contagieux.

Sa popularité en est la preuve flagrante. Ma cliente n’est pas n’importe qui! En deux mots, ma cliente, c’est quelqu’un!

 

En vérité, je vous le dis: ma cliente est humaine. Et, bien sûr, personne n’est parfait...

Même si ma cliente est fort proche de la perfection, il lui arrive aussi de faire des erreurs de jugement – espérons qu’il n’y en aura pas d’autres aujourd’hui!

 

En somme, comme vous l’aurez compris, ma cliente a décidé de se représenter elle-même. Donc, je suis ma cliente, et ma cliente, c’est bibi... et comme vous le savez, le client a toujours raison!

 

Je vous laisser méditer là-dessus.

21 février 2009

Défi d'Adi

La salle était pleine. Toute la région était venue, c’était le procès du siècle !

Moi, coincé dans le fond de la salle j’attendais le verdict. Patiemment.

Je n’étais là que pour ça. Savoir si elle serait reconnue coupable. Cette vieille mégère abominable.

Le procureur général venait de faire son réquisitoire, c’était au tour de l’avocat de la défense de faire sa plaidoirie.

« Oui, effectivement, ma cliente a commis une chose horrible.

Personne ne peut contester cela.

Cependant, vous devez l’acquitter pour des raisons qui me semblent évidentes !

Oui, la vieille dame que vous voyez là a commis ce qui parait être l’irréparable, emportée par la tristesse, la colère, elle l’a fait.

Oui, mesdames et messieurs les jurés, elle a assassiné sa belle fille.

Tous les témoins qui se sont présentés nous ont confirmé le mobile de ma cliente. Il y a même eu des témoins de l’acte.

Mais expliquez moi, comment vous pourriez condamner cette pauvre vielle à la réclusion pour ce crime, alors que l’assassinée est vivante ! »

La salle tremblait, suspendue aux lèvres de l’avocat de la défense. Moi-même, je savais ce qu’il allait dire, mais le choc des mots fut terrible !

« Vous le savez tous, vous étiez là, vous l’avez vue.

Si belle et si gracieuse, mais surtout vivante, elle était là. Elle est venue déposer en tant que témoin de son propre meurtre.

Si besoin est, mesdames, messieurs, je vous rappelle que la définition de l’homicide induit la mort d’un être. Or il n’en est rien ici.

Certes la vieille est coupable d’avoir voulu intenter à la vie de sa belle fille. Vous devez seulement la punir pour cela. D’ailleurs à ce sujet, je pense que quelques travaux d’intérêts généraux seront suffisants. »

Quel toupet ! Tout ceux présent dans la salle d’audience savait que la sorcière devait être punie à bien plus que de simples TIG.

« En conclusion, je vous demande de ne pas reconnaître ma cliente coupable du meurtre de Blanche Neige ».

Les sept nains, Cendrillon, les différents princes charmants, la petite sirène, la Belle au bois dormant ne pouvaient en croire leurs oreilles. Moi, le vilain petit canard, je ne doutai pas que les jurés prennent la bonne décision. C’était impossible qu’ils décident d’acquitter la belle mère de Blanche Neige.

21 février 2009

Bienvenue (Poupoune)

Il est gentil lui. Je comprends pas bien ce qu’il dit, mais il est gentil. J’espère qu’après on pourra partir. Je sais pas pourquoi ils nous laissent pas tranquilles. Ça fait trois jours déjà. Je suis fatiguée. Je comprends pas ce qu’on a fait de mal. Ils nous ont mis en prison. Je comprends pas pourquoi. On a rien fait. Je voulais pas trop venir parce que j’avais peur de l’avion. Mais en vrai l’avion c’était rien. Pourquoi ils nous laissent pas tranquilles ? On a fait trois dodos en prison déjà. Mais maintenant je voudrais être avec maman. J’ai douze ans. Judelcia en a cinq. C’est long trois dodos en prison. Il faut nous laisser tranquilles maintenant.

"Inspiré d'un fait tristement réel survenu en France"

http://www.educationsansfrontieres.org/?article17874


21 février 2009

Plaidoyer contre le port du casque à l’insu de son plein gré (tiniak)


Mon client, pardon, ma cliente… ′fin bon, la personne que vous vous préparez à juger méhamessieurs les Membes du Jury, Mahame La Pésidente, a certes commis un crime abominabe, mais je vous demande néanmoins de l’acquitter nonobstant pour les raisons suivantes… ′ttendez, ah oui : comment peut-on, méhamessieurs les jurés, Mahame La Pésidente et vous, M’sieur Avocat Gééral, comment peut-on condamner, dans une démocratie évoluée comme la nôt’, au sièk où nous vivons, dans ce lieu où nous nous trouvons à l’instant où je vous parle, cette… nob’ enceinte vouée à établir et rendre justice au nom des lois de la Hépubique citoyenne, comment peut-on condamner une victime ?... hein ? déjà… et qui puzé, une victime innocente… donc, bon.

Car oui… mais, oui… Michel-Line est une victime innocente… si.

Et mon plaidoy… euh, -rie, je veux dire, -yer… Et mon propos… n’a d’autre but que d’en faire devant vous, la démonstration claire, nette et inbue…-dubitable.

Gardons à l’esprit, méhamessieurs les jurés, Mahame La Pésidente et vous, M’sieur Avocat Gééral, que dehors, de l’aut’ côté de ces murs qui nous préservent de l’obscuristantrisme fangieux, le recul de nos valeurs fondamentales avance à grand pas et demeure à l’affût du moindre de nos faux-… z’erreurs. Et que de la tenure, -neur, de notre jugement dépend la solidité même de ces murs… sociétales, -taux… ou tard, oui tôt ou tard, il fera beau voir (′fin, je dis beau voir… vous m’suivez) qu’ayant failli ne sera-ce, -rait-ce qu’une fois de trop, l’ignominie aura pignon sur gnou… rue. A not’ place même, méhamessieurs les jurés, Mahame La Pésidente et vous, M’sieur Avocat Gééral.

Michel-Line est une victime innocente.

Il fera beau voir qu’à condamner cette personne, ici présente en la personne de Michel-Line, pour le meurte sauvage de Simone, son ex-épouse, on ne fasse le procès du premier en accablant injustement le deuxième sexe.

Mais j’vais même vous dire mieux, Mahame La Pésidente, méhamessieurs les jurés : ceci ne sera pas… t’être.

Passeu, kesseu j’vais faire… j’vais mêm’ vous dire mieux : kesseu nous allons faire, méhamessieurs les jurés, Mahame La Pésidente et vous, M’sieur Avocat Gééral, en acquittant Michel-Line ? Nous allons pas loin… pas moins, que rende son honneur à un ête bafoué par la société sociétale, jusque dans le fort intérieur de son foyer marital.

D’intime, la quession se fait délicate… vous en conviendrez facilement, méhamessieurs les jurés, Mahame La Pésidente et vous, M’sieur Avocat Gééral. En matière de mœurs, quand on en vient au meurte, c’est qu’il y a tekchoz qui a dérapé dans la machine humaine.

En l’occurrence, oui.

Michel-Line a changé de sexe pour des raisons tragiques, vous vous en doutez. Je n’insisterai pas sur le passé douloureux de Michel, pour me réjouir davantage de la vie rayonnante et lumineuse de Line, danseuse de revue, connue du Tout-Paris. Vie, fastueuse et enjouée que vous êtes sur le point de briser, méhamessieurs les jurés, Mahame La Pésidente et vous, M’sieur Avocat Gééral.

En l’occurrence, oui, la machine a dérapé quand l’ex-femme de Michel qui se croyait abandonnée de son époux disparu, l’a finalement reconnu chez son coiffeur… simplement passeu, bon. Avec le casque et le tablier, elle l’a reconnu. Et comme lui, n’avait pas reconnu le dernier de ses cinq enfants… oui, cinq enfants… une belle et généreuse contribution à l’effort national, avouez, ′fin, soyons-en d’accord, méhamessieurs les jurés, Mahame La Pésidente et vous, M’sieur Avocat Gééral. Alors vous connaissez la suite : Simone lui réclame de casquer, il s’y refuse et voulant protester de son nouveau statut, lève les bras au ciel, entraînant malgré lui le corps de Simone en s’agrippant par mégarde sous ses aisselles, si bien que, bon, le crâne de Simone est allé se loger contre les résistances du… euh, casque… où la défunte a péri dans des conditions atroces, je dis bien atroces, ce que nous ne contestons pas. Ni lui-elle, ni moi.

Et c’est ici que je conclue, méhamessieurs les jurés, Mahame La Pésidente et vous, M’sieur Avocat Gééral, en vous posant à nouveau la quession, que dorénavant vous entendez maintenant désormais d’une oreille toute autre : comment ?... oui, je vous l’demande, comment peut-on ?... hein ?

Je vous remercie de votre attention.


15 février 2009

Déjà dans l'assiette (Mouarf!)

Avocat

Enriqueta ; Val ; MAP ; Martine27; Janeczka; Adi ; Poupoune ; tiniak ; rsylvie; Walrus ; Tilleul ; Joye; Joe Krapov ; Papistache ;

14 février 2009

Consigne # 48

L'avocat commence sa plaidoirie :

"Mon client (ma cliente) a commis un crime abominable, néanmoins je vais vous demander de l'acquitter pour les raisons suivantes..."

Vous étiez dans la salle.
avocat_usa_immigration_2009

S'il vous plaît, quand vous envoyez votre participation (samedidefi@hotmail.fr) pensez à préciser votre pseudo. Certain(e)s d'entre nous usant de plusieurs adresses courrielles, il est parfois difficile de se souvenir de qui est qui.

Merci.

14 février 2009

Défi de Cinderela

Samedi midi. Pas de Lila-sitting aujourd'hui, Anna est en vacances. J'ai donc passé une matinée tranquille et sur la fin de cette matinée, justement, je suis allée chercher le courrier. Je tiens encore la lettre à la main quand Kant franchit la   porte de la maison. Je me jette à son cou :
- Les   fleurs hier plus cette lettre aujourd'hui... vraiment c'est trooooop, jamais je ne me serais attendue à tout ça !!!!
(Ndlr : l'histoire des fleurs est racontée   chez les Equipières)
 
  Kant sourit.
  - Je t'ai envoyé une lettre Cindy ?
  - Oh oui et elle est vraiment vraiment très romantique.
  - Je peux voir, s'il te plaît ?
  - Bien sûr.
 
  Kant commence à lire la lettre.
  - Dis-moi Cindy, il n'y a rien qui te choque dans cette lettre ?
  - Non pourquoi ?
  - La demande en mariage par exemple...
  - Et alors ? demandai-je, très étonnée. Tu ne m'aimes pas ?
  - Si bien sûr.
  - Et donc tu ne veux pas te marier avec moi ?
  - On est déjà mariés. Ensemble. Au cas où tu ne t'en souviendrais pas...
  - Ca n'empêche pas !!!
 
  Kant est maintenant franchement hilare.
  - Cindy... comment dire ? Tu as vu à qui la lettre est adressée ?
 
  Je reprends la lettre : "Mon cher Charles".
  - Ah euh oui... j'ai cru que c'était l'émotion ?
- Emotion ou pas, répond Kant qui n'arrive plus à garder son sérieux, rien ni personne ne pourra m'obliger à signer une lettre "Charlotte".
  - Tant pis, ai-je soupiré avec fatalité. C'était pourtant une si jolie lettre...

14 février 2009

Bis et Pépita (Tiphaine)

Je ne sais pas si vous connaissez la petite ville de Forges-Les-Os. Elle n’est pas très connue, à vrai dire. Quelconque est l’adjectif qui me vient à l’esprit. Une église qui n’a rien de particulier, une petite supérette à côté de la mairie, il y eut une poste avant l’époque de la décentralisation à outrance mais c’était il y a bien longtemps… Aujourd’hui, il ne reste guère que quelques rues sans âme véritable et une petite centaine de personnes qui attendent que le temps passe. Essentiellement des personnes âgées, les jeunes sont partis depuis longtemps à la capitale dans l’espoir parfois illusoire de trouver là-bas qui un travail, qui un amour, qui un semblant de vie. Forges-Les-Os végète et seuls quelques historiens se souviennent qu’elle fut la ville natale d’un inventeur de génie qui exporta sa science dans les contrées reculées de l’ancien empire Ottoman. Aucune plaque ne le signale d’ailleurs, Forges-Les-Os n’a ni passé ni futur. A peine un présent.

Que vous dire d’autre sur cet endroit oublié des dépliants touristiques ? Le maire est un homme sans histoire, depuis des générations on exerce ici cette fonction de père en fils et personne ne trouve rien à y redire. C’est dans l’ordre des choses. Le curé ? Cela fait bien longtemps qu’il n’y en a plus, les âmes ferventes prennent leur auto chaque dimanche pour la grande ville voisine. Le docteur ? Quel docteur ?

Non, Forges-Les-Os est une petite ville quelconque sans grand intérêt ni personnage particulièrement saillant.

A la réflexion, il y aurait peut-être bien ce Valentin Noli…

Valentin Noli n’est pas un facteur comme les autres. Non, ce n’est vraiment pas un facteur comme les autres… Pour commencer, c’est le seul facteur. Ah ! Vous devriez voir son vélo, vraiment ! Il est rose, comme son cœur. Valentin Noli est un doux rêveur comme on n’en fait plus. C’est miracle s’il fait une tournée sans une seule erreur de distribution. Mais Valentin est un gentil garçon, personne ne s’en est jamais plaint à la direction générale. Il faut dire que c’est le chéri de ces dames, plus d’une pense à lui en s’apprêtant le matin, choisissant avec soin le délicat déshabillé qui la mettra le mieux en valeur quand elle ira d’un pas négligent à sa rencontre. Ensuite, il ne leur reste plus qu’à entendre avec impatience que midi arrive enfin. Mais Valentin n’a jamais le temps de glisser ses délicates mains dans la moindre boîte aux lettres, ses admiratrices, dès « poltron miné », guettent sa silhouette gracile derrière les rideaux légers des maisons. Seuls quelques grincheux demeurent insensibles à son charme. Jean-Pierre Bachi-Bouzouk en est un. Réfractaire au plus haut point. A peine entend-il la joyeuse sonnette du vélo rose qu’il se précipite sur sa zapette et monte le son de sa télévision…  

Mais Valentin ne s’en chagrine pas. Il est d’un naturel heureux et confiant. Son voisin ne peut pas avoir un cœur de pierre, il est juste un peu… bougon. Un ours grognon à qui la vie n’a pas encore offert la chance d’être touché par la grâce de l’amour. D’ailleurs, il est un signe qui ne trompe pas, c’est un « bis » qui sépare leurs maisons et, chaque fois qu’il fait sa tournée, Valentin sourit tendrement en espérant qu’un jour ce bis se transformera en bise… et c’est avec entrain qu’il appuie allégrement sur les pédales de son engin, songeant avec délice comme il est bon d’aimer.

Car Valentin est amoureux. Amoureux fou. Ah ! La belle Pépita, la délicate, la mignonnette, la pucinette coquette de son cœur… Chaque jour, il lui conte fleurette et les yeux de la demoiselle s’allument, toute la rue des Mimosas s’embrase soudain de son sourire à couper le souffle. Et les dames de Forges-Les-Os se pâment d’envie derrière leurs fenêtres fleuries…

14 février. Aujourd’hui, c’est la saint Valentin. Notre facteur, comme tous les matins, se rend à la ville voisine pour chercher le courrier qu’il doit distribuer. 78 missives l’attendent avec impatience. Notre Valentin constate avec surprise que 77 lui sont adressées. La 78ème, il la connaît bien, c’est celle qu’il a adressée lui-même à la belle Pépita.

Enfer et stupéfaction ! Valentin revient à vive allure chez lui, étale brusquement son butin sur le petit bureau et l’examine avec un peu plus d’attention. 24 cartes, la plupart signées, envoyées par les quelques veuves et célibataires de la ville. Au hasard, il ouvre quelques lettres, les mêmes tournures enflammées reviennent, les cœurs brisés, les espoirs, les je t’aime absolus… Celles-là ne sont pas toujours signées, elles portent parfois un petit prénom féminin ou un indice sensé guidé notre facteur vers l’élue de son cœur. Les « je t’attendrai à minuit rue des Capucines » côtoient les « j’aurai ma petite robe bleue » et plus rarement les « je serai entièrement nue ».

Valentin n’en revient pas. Fébrilement, il recherche l’éventuelle lettre que sa dulcinée pourrait lui avoir adressée. Il trouve enfin. Elle ne l’a pas oublié. Juste trois petits mots au dos d’une carte. Il respire enfin. Il reprend ses esprits.

Il est bientôt dix heures, Valentin devrait déjà avoir entamé sa tournée. A quoi bon se presser, pense-t-il soudain. Il n’a qu’une seule maison à visiter.

Il entend soudain le son d’une télévision dans la maison voisine. C’est alors qu’une idée lumineuse traverse le cerveau du gentil facteur.

Puisque tout le monde s’accorde à dire qu’il est un étourdi notoire, pourquoi ne pas profiter de l’occasion ? Elle est si belle ! Il suffirait qu’il dise qu’il a égaré la tournée du jour, tout simplement…

Dans la salle à manger de monsieur Bachi-Bouzouk, le générique d’Amour Gloire et beauté retentit à tue-tête.

Il y a mieux à faire, songe Valentin Noli en regardant toutes ces lettres éparpillées devant lui, bien mieux… Il commence par faire le tri des adresses et ne retient que celles qui pourront convenir à la réalisation de son plan. Par chance, toute la ville l’appelle Valentin, très peu de personnes connaissent son nom de famille et 69 missives contiennent simplement l’adresse « A mon Valentin, 38 bis rue Saint-Eusèbe, Forges-Les-Os ». Décidément, la chance est avec lui ce matin. Il s’empare ensuite d’un blanco et d’un effaceur et, scrupuleusement, il élimine tous les « bis ».

Il est presque midi. Valentin enfourche son vélo rose et fait retentir sa sonnerie joyeuse. Aussitôt, son voisin se précipite sur sa télécommande et, les yeux rivés sur l’écran, il ne sait rien des 69 lettres que le facteur dépose dans sa boîte.

A midi 5, la rue des Mimosas s’enflamme et les dames de Forges-Les-Os enragent derrière leurs fenêtres fleuries.

A ses supérieurs, le lundi suivant, Valentin déclare le rouge aux joues : « Je suis vraiment désolé, je n’avais pas la tête à mon travail ce samedi... Quelques erreurs ont peut-être été commises... Quelques lettres égarées ? ». Aucune réclamation n’a pourtant jamais été faite depuis, pas la moindre plainte et Valentin est toujours le facteur bien aimé de sa ville.

A chaque saint Valentin, les dames de Forges Les Os rivalisent d’imagination, elles espèrent en secret être celle qui détournera le gentil facteur des bras de l’odieuse Pépita. En vain.

Cette année, Valentin et Pépita ont décidé de se marier, les hommes de la ville se réjouissent.

En secret.

Et monsieur Bachi-Bouzouk, me direz-vous ?

On murmure qu’il est amoureux et que, chaque nuit, une demoiselle l’attend « entièrement nue »…

En secret.

 

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